cosmicboy a écrit : 09 avr. 2019, 00:08 Julien laisse entendre en quelque sorte qu'il y aurait un monde des particules, des atomes, celui de la physique quantique et qu'il y aurait à côté de cela un monde des objets macroscopiques, donc qu'il existerait comme ça deux physiques, qui cohabiteraient gentiment en s'occupant chacune de son domaine, et que tout irait pour le mieux ainsi dans le meilleur des mondes... C'est l'idée contre laquelle Einstein justement s'est battu, pour lui la description physique du monde par la physique quantique était insuffisante, en montrant notamment que des objets du monde macroscopique pourraient se retrouver dans des superpositions d'états incompatibles.
Tout à fait d'accord. C'est d'ailleurs un point sur lequel
Legett insiste souvent dans ses interventions.
Comme vous le rappelez, il n'y a pas deux physiques, une qui marcherait dans le domaine microscopique, la physique quantique et une autre physique, la physique classique, qui serait valide à l'échelle macroscopique où la notion d'état superposé perdrait toute pertinence en raison de l'impossibilité (en fait de nature technologique et non pour des raisons de principe) de mettre en évidence les effets d'interférence caractérisant de tels états superposés.
En fait, le problème de la mesure quantique est (à mon avis, mais j'ai bien du mal à voir comme je pourrais avoir tort sur ce point) indissociable du problème de l'irréversibilité (modélisation de l'irréversibilité qui peut être obtenue avec des modèles mathématiques proches de ceux proposés par
Prigogine et Petrosky). La décohérence ne suffit pas, quoi qu'ait pu en penser
Zurek, ne serait-ce qu'en raison de
son caractère réversible.
Il y a toutefois une difficulté supplémentaire, propre à la physique quantique : la possibilité, objet de votre remarque, d'ajouter vectoriellement deux états quantique, possibilité se traduisant, notamment, par la manifestation des effets d'interférence dans des expériences de type fente de Young à photon unique.
Mon sentiment, c'est qu'il faut aussi prendre en compte les
approches time-symmetric de la physique quantique propres à l'école de pensée des Aharonov, Bergmann, Lebowitz, Albert, Vaidman, Popescu, Tollaksen, Elitzur, Rohrlich, Bamber.... J'ai l'impression que l'interférence des photons avec eux-même tout en respectant la symétrie T, tout en permettant, cependant, la prise en compte de l'irréversibilité propre à tout enregistrement d'information, passe par une
approche ne se laissant pas brider par le principe de causalité propre à nos limitations d'accès à l'information.
Comment réaliser (entre autres) un mariage correct de la symétrie T de la mesure quantique, de son irréversibilité (l'eau et le feu donc), des effets d'interférence (jamais observables individuellement mais observables seulement de façon émergente relativement à des ensembles) caractérisant des états superposés pourtant quasi-classiques...
...Si on le savait, je pense qu'on aurait résolu le problème de la mesure quantique, un problème qui, à mon sens, n'est toujours pas résolu comme vous en faites la remarque.