ABC a écrit : 01 juin 2020, 12:53C'est la même chose que si on laissait des générations successives de singes taper sur une machine à écrire en éliminant ceux qui ne tapent pas un ou deux mots dans le bon ordre (et avec la bonne orthographe) de l'histoire du petit poucet. Au bout d'un certain nombre de générations (qu'on pourrait calculer), nos générations de singes successifs finiraient par taper correctement, et sans faute d'orthographe, cette petite histoire.
Dash a écrit : 02 juin 2020, 09:12Tu fais bien de préciser afin que certains n’interprètent pas erronément que la chenille s’adapte! En réalité, rien ne s’adapte, c’est juste que seules survivent celles dont les mutations (
comprendre « erreurs hasardeuses ») permettent de mieux interagir et donc survivre dans un cadre, un contexte donné (
comprendre « l’environnement » dans lequel vit la chenille).
C'est précisément cette question que je posais implicitement en proposant, sous une forme affirmative, une réponse que je crois fausse à cette question. C'est ce que suggère la métaphore de singes tapant au hasard des lettres sur un ordinateur (métaphore critiquable comme l'a signalé JF). Déjà, sans que ce soit irréprochable (une métaphore l'est rarement), il serait préférable de remplacer les singes par un générateur de lettres aléatoires. Ça éviterait au dispositif de tirage de ne fournir que des S, puis de démanteler l'ordinateur après avoir uriné dessus.
Cette métaphore visait à illustrer l'insuffisance du recours au hasard + la sélection naturelle pour expliquer l'atteinte d'une aptitude de la chenille à ressembler, au point de parvenir à tromper ses prédateurs, à un serpent venimeux en position d'attaque.
Il faut trop de temps pour arriver, par hasard, à pareil résultat très élaboré par des essais-erreurs successifs. La durée de vie de l'univers est largement insuffisante pour cela comme l'illustre la métaphore des
urnes de Ehrenfest (0). J'ai développé cette métaphore et ses conséquences dans
le fil le temps où elle m'a semblé y être mieux placée.
En effet, une partie des évolutions se passe peut-être (1)
sans création d'entropie, par des aller-retours dans le
temps macroscopique via un déroulement dans une sorte de "temps caché" (cf. le
handshake de John Cramer).
Ce "temps caché" est susceptible d'être modélisable en rajoutant
une deuxième dimension au temps (2), une dimension d'écoulement du temps cachée, car ne s'accompagnant pas d'une
création d'entropie, donc ne laissant pas de traces irréversibles, c'est à dire des traces de son passage reproductiblement observables, car :
- fortement redondantes (grâce au sacrifice, dans des bains thermiques, de zillions d'informations classées informations non pertinentes)
.
- stables vis à vis des agressions de l'environnement,
.
- stables vis à vis de leur recueil (contrairement aux grandeurs non simultanément mesurables en physique quantique comme le spin horizontal et le spin vertical d'un atome d'argent par exemple)
.
- ainsi que facilement décodables et interprétables à notre échelle macroscopique d'observation macroscopique.
Il s'agit donc (en partie) d'un questionnement relativement à l'écoulement irréversible du temps et à une possible
deuxième dimension du temps s'ajoutant la la dimension du temps directement et reproductiblement observable à ce jour. Cette hypothèse d'une deuxième dimension du temps est envisagée par induction à partir de ses effets indirectement observables et pour tenter d'apporter une réponse au
paradoxe de l'irréversibilité.
Ce paradoxe, c'est le conflit entre le caractère réversible des lois de la physique et l'irréversibilité de l'écoulement du temps (attention, la violation de la symétrie T, par la
désintégration du Kaon neutre par exemple, n'est pas la flèche du temps. cf.
La flèche du temps requiert une violation de symétrie CPT Sean Caroll).
Ce type de questionnement s'apparente aux débats se produisant parfois, un peu avant l'acquisition de nouvelles connaissances (de type Boltzmann/Mach), entre ceux qui subodorent quelque chose (3) et ceux qui considèrent (relativement à une hypothèse envisagée mais pas encore prouvée et jugée possiblement à vraisemblablement douteuse) que, puisqu'à ce jour on ne parvient à rien prouver de façon scientifiquement à la fois correcte et convaincante, c'est qu'il n'y a rien à observer (selon une application rigoureuse du rasoir d'Occam proche du principe de parcimonie).
A noter que, concernant l'écoulement irréversible du temps et l'
interprétation rétrocausale de certains effets, il s'agit bien plus que d'une question posée au hasard, une question que n'importe qui pourrait poser n'importe comment. Derrière cette interprétation, il y a une soixantaine d'années de travaux de recherche de haut niveau (cf. la
formalisation time-symmetric de la physique quantique) appuyés par des observations qui ont été
- suggérées par cette interprétation
- puis confirmées par des réalisations expérimentales.
cf.
(0) A la réflexion, une métaphore mathématique serait intéressante pour simuler, de façon très grossière, non pas seulement l'effet du hasard, mais l'effet du hasard couplé à la sélection naturelle. Cette métaphore serait la suivante :
- on a toujours nos 100 billes d'un côté (disons dans l'urne 0),
- on fait un tirage au hasard,
- chaque fois qu'un numéro est tiré,
- on change la bille d'urne pour la passer de l'urne initialement pleine (urne 0) vers l'urne initialement vide (urne 1),
- on élimine la bille si elle est déjà du côté de l'urne 1 initialement vide au moment du tirage (et tente de revenir en arrière, sur son arbre d'évolution, vers l'urne 0, la "mauvaise urne"),
- on procède au tirage suivant si la bille a déjà été éliminée par notre modèle très grossier de sélection naturelle.
A mon avis, on devrait arriver à vider l'urne pleine
dans un délai très très court (le calcul est très simple, mais je ne l'ai pas encore fait). Par contre, il va y avoir une sacré mortalité, mais vu qu'il s'agit de billes, ce dommage à la billodiversité n'est pas bien grave.
Évidemment, la métaphore tient alors compte d'un effet d'élimination simulant la sélection naturelle (et non le seul effet du hasard) mais elle pèche par son caractère beaucoup trop rudimentaire. L'objectif à atteindre est trop simpliste. Vider l'urne pleine 0 et ne retenir que les billes qui sautent de l'urne 0 initialement pleine vers l'urne 1 initialement vide c'est sélectionner, par hasard + sélection, une propriété définie par
une seule et unique information binaire.
Pour améliorer cette métaphore mathématique, il faudrait considérer, non pas un processus de sélection d'une population de billes par
une seule et unique variable binaire (0 ou 1), mais une information plus représentative d'une vraie propriété un peu complexe, autrement dit,
une chaine de caractères de l'ordre de 10^(23/facteur de compression d'une information fortement redondante) caractères (caractères choisis binaires, par exemple, par commodité, afin de faciliter la mise en forme du calcul).
(1) C'est mon avis, mais un nombre non négligeable de physiciens de premier plan envisagent aussi ces allers-retours inobservables dans le temps macroscopiquement observable. Cf. déjà en physique purement classique, les travaux de James F. Woodward concernant :
Les
Aharonov, Vaidman,
Connes, Rovelli, Popescu, Tollkasen, Bamber, Bamber, Elitzur, Cohen...
Legett et consort disposent eux aussi d'un certain nombre de raisons scientifiquement défendables d'envisager une interprétation time-symmetric et rétrocausale de différents effets (dont l'effet EPR, mais pas que).
(2) Plusieurs études suggèrent cette direction de recherche. Cf.
(3) Concernant
Mach et Boltzmann, le débat concernait l'hypothèse atomique, hypothèse qualifiée par Mach, à juste titre à cette époque, de métaphysique. La preuve scientifique de validité de cette hypothèse a finalement été apportée bien plus tard par Einstein par son
étude du mouvement Brownien.