curieux a écrit : 20 mai 2022, 14:32je ne sais pas si la physique classique ne fait que confirmer cette dissymétrie, Bref, compliqué tout ça...
Oui, pas mal. Toutefois, en physique classique, il n'y a pas d'irréversibilité. La dynamique des évolutions y est unitaire (et même T symétrique).
Dans l'espace des mouvements d'un système physique classique, l'inversion du temps laisse invariant le feuilletage 1D formé des feuilles 1D représentant ces évolutions dans leur espace de mouvement (cf. le cadre théorique approprié, celui de la géométrie simplectique, utilisé par feu JM souriau, pour y modéliser l'évolution des systèmes physiques en physique classique dans "Structure of dynamical systems" par exemple). Le théorème de Boltzmann fait appel à l'hypothèse du chaos moléculaire, une fuite d'information hors de portée de l'observateur macroscopique...
...or la physique classique est une physique objective. Elle est sensée décrire "le monde tel qu'il est" (fin 19ème, les physiciens pensaient que çette expression avait un sens) indépendamment de toute considération d'observateur et d'observation.
Ce n'est toutefois pas l'avis de feu Prigogine. Il conteste le point de vue dominant parmi les physiciens d'aujourd'hui. Selon le point de vue majoritaire, l'irréversibilité d'une évolution serait une conséquence de notre myopie d'observateur macroscopique (cf.
Le temps macroscopique de Balian ou les remarques de Gell-mann sur ce même sujet par exemple)...
...mais feu Prigigine n'est que peu suivi par ses pairs dans cette direction. L'hypothèse d'existence de phénomènes objectivement irréversibles, une irréversibilité qui pourrait se passer de considérations d'échelle d'observation et de la grille de lecture qui lui est attachée, est toutefois défendu par l'école de pensée dite de Bruxelles-Austin (dont Prigogine a été le principal initiateur).
Dans le cadre de notre physique d'aujourd'hui, à savoir le couple platonique physique quantique/Relativité générale, Stehen Hawking a, pendant très longtemps, été partisan d'une violation de symétrie CPT, une violation d'unitarité d'évolution lors de l'effondrement d'une étoile en trou noir, une irréversibilité, une fuite d'information "objective" donc. Il avait lancé un pari sur ce sujet avec un collègue physicien. 20 ans plus tard, il a admis s'être trompé. Bref, l'irreversibilité ne serait donc qu'apparente.
Je n'ai pas encore complètement fini d'explorer cette question de non violation de symétrie CPT pour savoir comment interpréter, sans erreur, la notion sous-jacente de conservation de l'information (découlant de l'unitarité des évolutions induite par cette symétrie). Je commence à pencher (sans certitude complète toutefois) pour le point de vue selon lequel le caractère supposément apparent de l'irréversibilité de l'écoulement du temps (l'illusion persistente de l'écoulement du temps comme le disait Einstein peu avant sa mort en réponse à la famille d'un ami qui venait de mourir) ne serait pas, au contraire, une illusion réaliste, l'idée selon laquelle les lois de la physique, notamment l'irréversibilité de l'écoulement du temps, pourraient se passer du rôle de l'observateur (un reste de croyance à caractère physique classique).
Même si ce que je dis là s'avère vrai, il y a beaucoup d'articles scientifiques sur la question du temps à lire en détail pour avoir une compréhension partielle mais pas trop fausse de la question du temps.