7- L’étude australienne (Sarantakos, 1996) a été citée pour montrer que les enfants élévés par des parents gays et lesbiens en Australie étaient désavantagés par rapport aux enfants élevés par des couples hétérosexuels.
Les résultats inhabituels de cette étude, qui contredisent le corpus des résultats de toutes les autres études dans ce domaine, sont attribuables, selon Charlotte Patterson aux biais liés à l’échantillon et à la méthodologie.
Les arguments méthodologiques que vous développez ensuite sont intéressants. Pourtant, votre raisonnement incarne un sophisme que l’on appelle le « double standard ». Vous retenez les critiques méthodologiques exigeantes seulement lorsque les résultats d’une recherche ne vous plaisent pas.
Un relecteur de l’article de Sarantakos révèle que les caractéristiques de sa méthodologie et de son échantillon ont très probablement déformé les résultats et les invalident en tant qu’indicateurs du bien-être des enfants de parents gays et lesbiens de trois points de vue au moins :
(1) les enfants élevés par des parents gays et lesbiens vivaient un niveau inhabituellement élevé d’ostracisme social et d’hostilité ouverte de la part des autres enfants et de leurs parents, ce qui a probablement joué dans la constatation de niveaux inférieurs d’interaction et d’intégration sociale avec leurs pairs (voir pp. 25-26).
Que les enfants éduqués par des parents de même sexe puissent être victimes d’ostracisme est une hypothèse vraisemblable. Mais cela implique d’autres questions : les parents ne l’avaient pas anticipé? Ils ne s’y étaient pas préparé et n’y avaient pas préparé leurs enfants?
(2) pratiquement tous les indicateurs sur le fonctionnement des enfants étaient basés sur les rapports subjectifs d’enseignants qui, comme le note régulièrement l’auteur, ont pu avoir une opinion biaisée (ils connaissaient la structure familiale de l'enfant) (pp. 24, 26 et 30) ;
Les personnes qui effectuent la mesure sont des enseignants. Dans des recherches semblables sur les indicateurs précoces de la schizophrénie, les enseignants se sont montré les meilleurs juges de la marginalité développementale des enfants et leurs mesures se sont révélées être le meilleur indicateur isolé de l’irruption postérieure d’une schizophrénie à l’âge adulte. Pourtant, vous dites que la variable dépendante était mesurée de façon « subjective » par des personnes qui auraient pu être « biaisées » par leurs préjugés. Diable que vous avez raison, tellement raison. Mais moi, ne pratiquant pas le double standard, je vous rappelle que c’est le cas de presque toutes les mesures effectuées dans les études qui soutiennent votre point de vue. Pire! Ici les personnes qui effectuaient les «mesures subjectives» n’étaient pas impliquées personnellement et n’avaient pas « à priori » de parti pris. Tandis que dans les recherches qui ne trouvent pas de différences, les personnes qui mesurent sont les parents de ces enfants. Alors, que valent en définitive les résultats de recherches actuelles sur les conséquences développementales d’une éducation au sein d’une famille de parents de même sexe?
(3) la plupart des enfants élevés par des parents gays et lesbiens, mais pas les enfants élevés par des parents mariés hétérosexuels, avaient vécu le traumatisme du divorce de leurs parents, dont on sait qu’il est significativement lié avec un ajustement social et des performances scolaires inférieurs. Bien que les différences observées par Sarantakos sur les enfants soient une anomalie dans le contexte de la recherche sur l’orientation sexuelle des parents, ils sont tout à fait consistants avec les résultats des études sur les effets du divorce sur les enfants (Voir par ex, Amato, 2001 et Amato & Keith, 1991).
La revue Children Australia dans laquelle Sarantakos a publié sa recherche est un journal régional qui n’est pas très connu en dehors de l’Australie. De sorte qu’il ne doit pas être considéré comme une source fiable pour la compréhension de l’état des lieux des connaissances scientifiques dans ce domaine particulièrement quand les résultats contredisent ceux qui ont été de manière répétée confirmés dans des études publiées dans des journaux scientifiques plus reconnus. Pour résumer, l’étude de Sarantakos n’invalide pas l’ensemble de résultats rapportés par les autres études empiriques sur ce sujet.
Les paramètres à prendre en compte pour le développement des enfants sont davantage la misère, la dépression d’un parent, les conflits parentaux que la structure familiale ou l’orientation sexuelle des parents en elles-mêmes.
Dix sur dix, pour votre premier commentaire! Le groupe cible et le groupe contrôle n’étaient pas comparables et on ne sait pas si les chercheurs ont mesuré l’effet de leur variable indépendante ou un autre effet. Comme je ne pratique toujours pas le double standard, j’ajouterais donc que si cette erreur invalide les résultats de cette recherche, elle invalide dans la même vague la presque totalité des recherches qui sont favorables à votre thèse puisque ces recherches ne s’étaient pas assurée de la comparabilité des groupes ou n’avaient même pas de groupe contrôle.
Pour le reste du commentaire, vos spéculations ressemblent à celles de Cameron. On ne peut pas transposer des données enregistrées dans un contexte pour interpréter des données tirées d’un autre contexte, du moins pas plus qu’à titre d’hypothèse.
« Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. » George Orwell