Il y a un certain Stanislas Dehaene dans le paysage...
http://banquetonfray.over-blog.com/arti ... 38081.html
La troisième personne que je voulais citer, c’est Pierre Janet bien entendu, autre titulaire de la chaire de psychologie qui, au côté de Charcot, effectue les premières recherches expérimentales du somnambulisme, de l’hypnose, de l’hystérie, de l’écriture automatique, de tous ces états de conscience modifiée un petit peu étranges qui, à l’époque, passionnent le public et qui montrent que dans ces états il existe effectivement une forme d’envahissement du sujet par des idées qui sont largement automatiques et non conscientes. Il effectue en fait les premières études, qu’on pourrait appeler préfreudiennes, de patients névrosés, possédés par des idées fixes, et il montre que certaines de ces idées relèvent effectivement de la petite enfance. Beaucoup de ses idées sont en fait des précurseurs des idées de Freud, on ne peut vraiment pas considérer que les idées de Freud surviennent dans un vide, ce que montre très bien le livre d’Henri Ellenberger. Dès 1913 Pierre Janet a un débat tout à fait vif avec Freud parce qu’il revendique la paternité des idées qui sont présentées par Freud et qu’il a développé dans un livre en 1889 « L’automatisme psychologique », dans lequel il montre que beaucoup de nos activités relèvent, en totalité ou en partie, d’automatismes non conscients. Pierre Janet revendique également la paternité du mot subconscient. Il le dit - et il semble que ce soit vrai puisqu’on n’a pas retrouvé ce mot auparavant - que le mot subconscient lui est dû et qu’il a introduit volontairement ce mot pour décrire cette série, ce bouillonnement des buts non conscients et qui parfois sont très anciens. En conclusion, il est tout à fait clair que à la fin du XIX siècle le concept d’opération non consciente est déjà très largement familier des psychologues parisiens en particulier, et je crois dans le monde, William James le souligne de façon tout à fait nette. (49:30)
Avant lui, il y eut B.F. Skinner...
https://www.afis.org/Freud-et-Skinner-c ... ient-de-la
Le concept d’inconscient étant d’usage courant à la fin du XIXesiècle, Freud a placé dans ce fourre-tout une série d’entités mentales : complexe de castration, stade sadique-anal, etc. À partir de 1897, il délaissera la recherche de faits observables au profit de spéculations sur la « réalité psychique », grâce à laquelle tout devient interprétable en fonction de sa théorie, tout comme celles d’Adler, de Jung et al. Skinner est aux antipodes. Il expérimente avec des animaux (intelligents et peu coûteux) pour étudier méthodiquement des comportements bien observés et leurs différents contextes. Il en déduit qu’un comportement s’explique fondamentalement en fonction de stimuli qui le précèdent et des effets qui suivent, sans oublier l’équipement génétique qui prédispose ou limite. Il découvre que des changements minimes de conséquences de comportement (délai, fréquence, probabilité) peuvent provoquer des modifications substantielles de réactions. Il développe une psychologie qui attache une importance déterminante aux contextes des apprentissages successifs. Une série de psychologues prolongeront ces découvertes vers des pratiques efficaces comme l’« analyse appliquée du comportement », les thérapies comportementales, l’enseignement programmé, etc.
Notons toutefois que Skinner a mené des études expérimentales rigoureuses sur l’enseignement programmé, dont il est le principal pionnier [22].
Skinner prônait la prudence, la remise en question et la poursuite des recherches en cas de désaccords : « Les scientifiques ont découvert la valeur de rester sans réponse jusqu’à ce qu’une réponse satisfaisante soit trouvée. C’est une dure leçon. Il faut un long apprentissage pour éviter les conclusions prématurées, pour se garder d’émettre des propositions sur la base d’observations insuffisantes et pour éviter des explications qui sont de pures inventions » [23].
Notons encore qu’il a maintes fois souligné que l’activité scientifique est un comportement qui, comme tout comportement, est fonction d’un contexte, de stimulations et de renforçateurs. Freud, lui, estimait être le seul à pouvoir décider du contenu de la psychanalyse. Il écrivait après la rupture avec Adler, Stekel et Jung : « La psychanalyse est ma création. [...] Personne mieux que moi ne peut savoir ce qu’est la psychanalyse, par quoi elle se différencie d’autres manières d’explorer la vie psychique et ce qui doit être couvert de son nom » [24]. Skinner avertissait au début d’un exposé méthodique sur le behaviorisme (qu’on appelle souvent « comportementalisme » en français) : « Je ne parle pas comme le béhavioriste. Je crois que j’ai écrit un exposé cohérent, mais celui-ci reflète ma propre histoire environnementale » [25]. Et dans son autobiographie : « Mes théories étaient seulement ce que j’ai été conditionné à dire. […] la conséquence inévitable de ce qui m’est arrivé et de ce que j’ai lu ». [26]
Toutes les questions de psychologie ne se prêtent pas à la vérification expérimentale. Il en va ainsi de la compréhension de l’agencement de l’histoire d’un individu ou d’un groupe. On peut alors adopter une démarche « compréhensive » ou « herméneutique ». Cette démarche implique de respecter des règles comparables à celles des sciences expérimentales : rassembler beaucoup d’observations empiriques confirmées ; toujours envisager plusieurs explications des faits ; choisir l’explication qui rend le mieux compte de la réalité empirique ; garder à l’esprit que la cohérence d’une explication ne constitue pas ipso facto la preuve de sa vérité ; rester disposé à remettre l’explication sérieusement en question si de nouvelles observations viennent la contredire ou si une autre explication apparaît plus adéquate.
Freud a fort peu respecté ces règles. Il était persuadé de la vérité de ses interprétations et de ses théories. Durant quasiment toute sa carrière, il s’est montré sûr de lui et dogmatique. Il écrivait par exemple en 1914 que les conceptions d’Adler sont « radicalement fausses (“radical falsch”) » [27]. Et en 1933 : « Un dicton populaire assure que nous avons à apprendre de nos ennemis. Je déclare que ceci ne fut pas mon cas » [28].
Diable, diable... ça fait désordre...
C’est tout un monde avec ses méthodes, ses codes, ses publications. C’est tout aussi incompréhensible pour un non initié que des articles de physique, de maths, de biologie, de tout ce qu’on veut pour un non initié.
La psychanalyse n'a rien à voir avec les mathématiques, la physique, la biologie... qui sont toutes des disciplines scientifiques, pas la psychanalyse.
Quand on ne peut pas énoncer clairement, intelligemment, pour un néophyte ou un profane des concepts sans jargonner, c'est qu'il y a peut-être un souci quelque part, non?
Stanislas Dehaene, Frank Ramus,... sont compréhensibles, même si leur lecture et leur écoute peuvent être ardues.