ABC a écrit : 20 juin 2021, 21:41Si d'aventure une possibilité
de transfert instantané d'information par effet EPR se faisait jour (en violation du no-communication theorem interdisant, sur la base d'hypothèses actuellement conformes à l'observation, toute communication instantanée à distance avec l'effet EPR) la Relativité
de Lorentz deviendrait le cadre théorique approprié. Elle autorise en effet une possible violation d'invariance
de Lorentz que la RR interdit.
thewild a écrit : 21 juin 2021, 08:34Pas forcément.
Les quelques éléments complémentaires ci-dessous sont intéressants pour cerner
de façon plus précise les raisons amenant certains physiciens (minoritaires) à envisager un référentiel quantique privilégié, cf. par exemple
The speed of quantum information and the preferred frame: Analysis of experimental data
Valerio Scarani, Wolfgang Tittel, Hugo Zbinden, Nicolas Gisin
Retrodiction in quantum mechanics, preferred Lorentz frames, and nonlocal measurements
O. Cohen & B. J. Hiley
Voilà encore, à titre d'exemple, ce que nous dit K.R Popper en 1982 à ce sujet, défendant l'interprétation bohmienne
de la physique quantique (cf.
Pilot-wave theory, Bohmian metaphysics,and the foundations of quantum mechanics Lecture 5 )
We have to give up Einstein’s interpretation of special relativity and return to Lorentz’s interpretation and with it to . . . absolute space and time. . . . The reason for this assertion is that the mere existence of an infinite velocity entails [the existence] of an absolute simultaneity and thereby of an absolute space.
Whether or not an infinite velocity can be attained in the transmission of signals is irrelevant for this argument: the one inertial system for which Einsteinian simultaneity coincides with absolute simultaneity . . . would be the system at absolute rest - whether or not this system of absolute rest can be experimentally identified [une interprétation typiquement réaliste de la réduction du paquet d'onde dans le cadre de l'expérience EPRB].
Voilà ce que nous dit Bell quant à lui sur ce même sujet :
The idea that there is an aether, and these Fitzgerald contractions and Larmor dilations occur, and that as a result the instruments do not detect motion through the aether - that is a perfectly coherent point of view. . . . The reason I want to go back to the idea of an aether here is because in these EPR experiments there is the suggestion that behind the scenes something is going faster than light.
Now if all Lorentz frames are equivalent, that also means that things can go backwards in time. . . .[this] introduces great problems, paradoxes of causality, and so on. And so it is precisely to avoid these that I want to say there is a real causal sequence which is defined in the aether.
C'est d'ailleurs aussi le point
de vue exprimé par I. C. Percival, cf.
Quantum transfer functions, weak nonlocality and relativity. Percival défend lui aussi une interprétation réaliste
de l'effet EPR et il préfère lui aussi sacrifier l'invariance
de Lorentz plutôt que sacrifier le principe
de causalité (point sur lequel, pour ma part, j'ai fini, trèèèès lentemement, par changer d'avis).
Eh bien justement, il existe précisément une autre option pour conserver le
réalisme de l'état quantique malgré l'effet EPR (où plutôt, plus précisément, du double état quantique, l'un évoluant du présent vers le futur et l'autre du futur vers le présent, cf the two state vector formalism) mais sans avoir pour autant à sacrifier l'invariance
de Lorentz (contrairement à l'hypothèse d'un référentiel quantique privilégié). Elle demande toutefois d'accepter une violation (faible car inobservable) du principe
de causalité au niveau fondamental.
Cf.aussi
Can a Future Choice Affect a Past Measurement's Outcome?
Yakir Aharonov, Eliahu Cohen, Avshalom C. Elitzur. (voir plus loin pourquoi, en fait, il n'y a pas, selon moi,
de violation
de causalité).
et
Weak-Measurement Elements of Reality Vaidman (1).
cf. l'interprétation "rétrocausale" défendue par l'école
de pensée des
Aharonov, Bergman, Lebowitz, Albert, Vaidman, Tollaksen, Popescu, Rohrloch, Bamber, Elitzur, Kwiat et pas mal d'autres
... et une bonne cinquantaine d'autres physiciens.
cf aussi
le passé bouge encore, Cones.
De ce point
de vue, il est intéressant
de noter que, déjà, en physique classique, l'interprétation gravitationnelle du principe d'inertie dans le respect du principe
de Mach passe par une interaction constructive entre perturbations gravitationnelles
retardées se propageant
du passé vers le futur et perturbations gravitationnelles
avancées se
propageant à rebrousse-temps du futur vers le passé.
cf.
THE ORIGIN OF INERTIA James F. Woodward
Only three answers to this question seem to be available:
- Relativity notwithstanding, the force really is propagated instantaneously. The occurrence of so-called "non-local" interactions in quantum phenomena (reported even in the popular press of late) might make such a scheme seem plausible.
.
- Some sort of a local field, maybe not our A field, is really the cause of inertia.
.
- When you push on an object a gravitational disturbance goes propagating off into either the past or the future. Out there in the past or future the disturbance makes the distant matter in the universe wiggle. The wiggling stuff out there makes up the currents that cause disturbances to propagate from the past or the future back to the object. They all arrive from the past or future just in time to produce the inertial reaction force you feel.
Trying to ascribe inertia to some origin other than gravity, we see, gets us into rather deep water. We are left with the fact that the least implausible explanation of the origin of inertia is
gravitational disturbances that propagate to and from the distant future out there. Support for this view of reality can be found in Wheeler and Feynman's absorber theory that accounts for electromagnetic radiation reaction forces in essentially the same way
Il est intéressant
de noter que le respect
de la conservation
de l'énergie vis à vis du phénomène
de réaction de radiation conduit à une modélisation elle aussi time-symmetric des ondes électromagnétiques à la
Wheeler et Feynman, les ondes avancées interférant avec les ondes retardées pour engendrer le phénomène dit
de réaction
de radiation.
Doit-on, sur cette base, admettre qu'il y a réellement rétrocausalité ? En fait, à mon sens, il ne s'agit pas réellement
de preuve
de rétrocausalité car l'observa
cteur ne peut rien faire
de ces effets "rétrocausaux". C'est l'observateur, par
ses limitations d'accès à l'information et avec ses gros doigts malodroits d'observac
cteur macroscopique et non un principe fondamental qui asymétrise l'écoulement irréversible du temps du passé vers le futur (2). C'est mon avis mais plusieurs physiciens, tels que
Rovelli et une
partie de l'école
de pensée
de Aharonov, sont du même avis.
(1) Toutefois, l'attribution d'un caractère
de réalité indépendante
de l'utilisateur à la mesure faible, comme à toute autre grandeur physique d'ailleurs, ne me semble philosophiquement pas tenable. Disons plutôt (selon moi) que les résultats
de mesure faible font partie des observations reproductibles dont il est tout à fait possible
de tirer parti
à des fins prédictives.
De ce point
de vue, pour ma part, j'adhère au contraire (aujourd'hui) au point
de vue positiviste d'un Fuchs (cf
quantum bayesianism) plutôt qu'au point
de vue réaliste d'un E.T. Jaynes (E.T. Jaynes insistant pourtant sur le caractère absolument essentiel, en physique, des considérations
d'inférence statistique).
(2) contrairement à ce que propose l'école
de pensée
de Bruxelles-Austin : Prigogine, Petrosky, A. Bohm, Gadella,
de la Madrid, Résibois, Platuleanu... favorable à une interprétation
de l'écoulement irréversible du temps comme un
fait de nature,
réel,
objectif,
valide à toutes les échelles d'observation, indépendant donc,
de toute considération d'observateur et d'acte d'observation. Pour ma part, je ne suis plus
de cet avis.