DictionnairErroné a écrit : 01 févr. 2022, 15:12
Ivan Illich n’est pas dans cette logique programmatique sectorisée qui s’adosse de fait au "principe de responsabilité". Or, Ivan est critique de cette notion et de son principal propagandiste, Hans Jonas, "je ne peux être responsable, confie-t-il à David Cayley, que des choses sur lesquelles je peux agir."
Si j'ai bien compris, Illich et Jonas n'étaient pas des fans du "principe
de responsabilité". Si tel est le cas, je ne les comprends pas. Ils se désolent
de notre servitude infantilisante dans notre
société. Cela n'indique-t-il pas une perte
de responsabilité? Transférer nos responsabilités vers une servitude où tout est pensé d'avance pour nous, nous n'avons qu'à suivre sans réfléchir et s'en laver les mains puisque nous n'avons aucune responsabilité.
Il faut replacer ces personnages et leurs réflexions dans le contexte
de leur époque, qui correspondait à un foisonnement d'idées avec des tas d'agitations sociales, des remises en cause sociétales...
Il y eut un coup
de jeunisme tumultueux dans
la population, le vent
de la révolte soufflait contre des structures dont certaines étaient archaïques, dépassées,voire sclérosée, plus en phase avec leur époque.
La société de consommation explosait, tout devenait possible, pratiquement tout
de suite.
On ne disposait pas
de suffisamment
de recul,
de distanciation,
de garde-fous.
Plus fondamentalement, apprendre est, explicite Ivan Illich, de toutes les activités humaines, celle qui requiert le moins l’intervention d’autrui. Les recherches en matière d’éducation révèlent que la contribution de l’enseignant n’est pas cruciale dans la transmission du savoir. Le « droit » d’aller à l’école est donc en réalité un fardeau : en enfermant les enfants dans les salles de classe, l’école les empêche d’apprendre efficacement par le contact direct avec la réalité. Ivan Illich reproche à l’enseignement obligatoire d’entretenir la confusion entre la méthode et le contenu, d’entraver l’ouverture d’esprit, et surtout la volonté personnelle d’apprendre.
Ce qui n'est pas tout à fait exact.
Idéalement, dans une
société "adulte" et responsable, ce serait formidable.
Dans
la pratique, ça ne fonctionne pas, ou pas bien, ou pas suffisamment en raisons des environnements sociétaux.
Sans tuteur, l'élève ne risque pas d'aller bien loin, surtout quand
la complexité des savoirs a explosé, ce qui se traduit par une masse
de données et d'informations qu'il faut savoir recueillir, trier, organiser, et dont il faut se servir dans l'élaboration du savoir.
Illitch a une approche plutôt sociologique
de la situation
de l'élève, il ne disposait pas
de connaissances approfondies au niveau
de son fonctionnement interne,
la machinerie cérébrale, sa plasticité, ses capacités d'adaptation...
Les neurosciences apportent davantage
de connaissances quant aux dispositifs d'éducation.
Un individu ne naît pas élève, il le devient, avec des efforts à fournir. Il est équipé pour apprendre, il dispose
de structures d'apprentissages opérationnelles, si et seulement si elles sont mobilisées. Apprendre sans efforts ne dure jamais bien longtemps et semble bien une illusion.
On peut tricher, nuancer, donner l'impression que.. toujours cette bonne vieille histoire
de la carotte et du bâton; mais plus réalistement du faisceau
de la récompense versus celui
de la punition (MFB et PVS).
Il faudrait réussir à transformer les contraintes liées aux efforts en plaisir à fournir des efforts, ce qui est également un apprentissage, donc un conditionnement...
Illitch est intéressant car il a pointé les contradictions propres aux comportements des humains confrontés au développement des sociétés industrielles. Ce qui caractérise l'humain, ce sont bien ses contradictions multiples. Mais il doit faire avec.