Gwanelle a écrit : 21 janv. 2025, 15:42S'il vivait dans une
société dictatoriale n'ayant jamais connu
la démocratie, très peu
de gens auraient compris sa déclaration dans le sens où il voulait qu'on
la comprenne, car il utilise un biais devenu extrêmement commun dans les démocraties modernes :
la confiance exacerbée en l'opinion majoritaire.
Oui et il se décompose, me semble-t-il, en 2 biais, 2 obstacles très "costauds" au relèvement des défis écologique, climatique ET
de contraction des ressources.
1/ le biais selon lequel il est convaincu (sans preuve autre que son intime conviction) que seule une très petite minorité reconnait l'existence et le caractère anthropique du réchauffement climatique.
2/ le biais selon lequel un béotien ou un "scientifique" non spécialiste
de ces sujets, clamant par exemple que le réchauffement climatique n'existe pas ou n'est pas d'origine anthropique, a plus
de valeur (puisque c'est son intime conviction) que le très large consensus
de scientifiques compétents sur ce sujet affirmant qu'il y a bien réchauffement climatique et qu'il est bien d'origine anthropique.
Le consensus scientifique sur le climat : 97 % ? 100 % ?
Afin d’avoir une idée sur le pourcentage exact de scientifiques qui reconnaissent le réchauffement climatique anthropique, John Cook a réalisé en 2016 une méta-analyse et arrive la conclusion suivante : les résultats oscillent entre 90 et 100%, convergeant plutôt vers le chiffre de 97%.
Ce besoin
de considérer ce que l'on croit comme suffisamment évident pour ne pas requérir
de preuve repose parfois (par exemple)
- sur un besoin de protection de la bonne image d'une activité dans laquelle on est partie prenante
- ou encore le déni d'avoir à modifier un mode de vie ou un système de valeurs auquel on est profondément attaché
- ou le rejet d'une part de responsabilité qu'on préfèrerait attribuer à des coupables.
On peut aussi avoir besoin
de croire qu'une théorie largement vérifiée est fausse pour se glorifier d'y avoir découvert une erreur... On peut toutefois être convaincu que
la terre est ronde sans avoir spécialement besoin
de le croire.
Nos convictions (avec ou sans preuve) ne répondent pas systématiquement à un besoin
de croire, mais :
- quand elles sont clairement en opposition à des preuves reconnues par des autorités ayant une compétence largement reconnue pour exprimer un avis (rejet de l'argument d'autorité sans en avoir la compétence)
- s'accompagnent de l'expression et de la propagation prosélyte de défiance à l'encontre d'autorités/instituts reconnus pour leur compétence dans le domaine concerné
il y a souvent un biais comme le désir
de croire ou
de manipuler.
Ce problème
de défiance envers les organismes compétents est un biais qui me semble augmenter. Il nuit à
la possibilité d'informer, former et convaincre l'opinion publique mondiale que les crises climatique et écologique sont
de nature anthropique, menacent notre avenir et demandent
de faire face en modifiant nos modes
de production et
de consommation.
En particulier,
la confiance spontanément attribuée à ce que dit "une icone" quand elle représente "mon camp", devrait être d'un niveau raisonnable afin
de ne pas se laisser abuser et défendre l'indéfendable parce que c'est "mon incone" qui l'a dit.
Le relèvement des défis climatique et écologique a besoin :
- d'une lutte efficace (à trouver) pour réduire l'impact de la désinformation climatique et écologique et l'incitation (par exemple à visée électorale) à un classement inapproprié des priorités et une minimisation des changements et arbitrages à négocier
.
- d'actions et modes de communication favorisant l'implication, la motivation, l'adhésion à un projet commun malgré de forts sentiments d'appartenance s'opposant à toute recherche d'arbitrage entre objectifs incompatibles. En particulier, on associe trop souvent ce sujet à un "camp" politique. Cela fait fuir tous ceux qui n'appartiennent pas à ce camp là (1).
Enfin, pour ma part, face à interlocuteur refusant d'entendre une information donnée malgré
de très fortes présomptions, voir même des preuves factuelles solides, le choix efficace me semble être, si le sujet est important,
de l'identifier tôt et
de passer à autre chose pour ne pas perdre trop
de temps... ...voir même
de courage.
(1) Coloriser un sujet vital, pour tous les clubs
de football sans exception, aux couleurs du PSG, ce n'est pas le meilleur moyen pour motiver les supporters
de l'OM. Je n'ai pas le sentiment d'être particulièrement caricatural. Les réactions
de type meute sont parfois un peu pénibles, mais elles sont là et bien là. C'est une donnée du problème. Il faut en tenir compte.
thewild a écrit : 21 janv. 2025, 16:05Un dictat écologique implique par définition d'imposer des mesures radicales à des populations qui ne sont pas d'accord.
La non-adhésion
de l'opinion publique est justement impliquée par le principe
de dictat.
Oui. Tout à fait.
thewild a écrit : 20 janv. 2025, 15:38D'aucuns suggèrent, y compris sur ce fil, que
la seule issue est un dictat écologique...
ABC a écrit : 20 janv. 2025, 17:05Une solution qui ne pourrait pas marcher. Aucune chance que les mesures à prendre, et ce à une échelle internationale, puissent être mises en place [
par dictat, cad] sans une forte adhésion
de l'opinion publique mondiale (et l'acceptation des dirigeants des pays autoritaires, un problème dont
la solution ne présente pas non plus un caractère d'évidence

).