La littérature est-elle justiciable ?
Ce sont les propos du juge Judson qu’il faut surtout retenir, dans le texte de son jugement (15 mars 1962) : La question est de savoir si l’œuvre est obscène et non si certains passages ou mots le sont. L’établissement d’une dominante de l’œuvre nécessite l’examen de l’intention de l’auteur.
Se trouve ainsi posée une frontière qui protège les lettres, les arts contre une intrusion juridique qui ne tiendrait pas compte de sa nature d’œuvre symbolique (non factuelle) et sa valeur artistique. Enfin, puisqu’il s’agit d’une œuvre d’art, devient inadmissible le démembrement du corps de cette œuvre.
Jacques Soulillou, dans L’impunité de l’art, clarifie ainsi la question de l’impunité : « Là se produit un phénomène intéressant qui confère au concept de dépénalisation des productions symboliques son identité : la défense de l’œuvre ne s’appuiera pas sur la liberté d’expression […] mais sur cette idée que le corps de l’œuvre-roman, poème, pièce de théâtre, film de fiction, tableau […] ne saurait être mutilé, amputé de morceaux qu’on exhiberait à la foule pour en exciter la vindicte. »
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