Mireille a écrit :Parce que entre rêver de gravir le Mont-Everest et se servir de sa volonté pour se sortir d’une condition il y a autant de différence qu’entre fiction et réalité.
Tu essentialistes la volonté comme quelque chose de tangible alors qu'il n'est qu'un raccourci du langage pour faciliter l'expression de certaines idées. Compréhensible dans certains contextes, ça devient absurde d'en faire une force a part entière qui serait "en nous" tel un pouvoir caché qui ne demanderait qu'à s'éveiller. C'est d'ailleurs un problème récurent chez toi : tu essentialistes tous les concepts abstraits que les derniers livres ésotériques en date que tu lis te rentrent dans le crâne.
J'ai pas raison ?
Tu gagnerais vraiment à te renseigner sur ce qu'est le langage et ses limites. Peut-être comprendrais-tu enfin que 90% des questions existentielles que tu te poses reposent sur des amalgames sémantiques...
Bref, puisque tu ne comprends toujours pas ce que j'essaie de te t'expliquer, je vais te donner un exemple (qui se trouve être une anecdote personnelle.... en ce moment j'y vais à fond question anecdote), et quel meilleur exemple pour illustrer le pouvoir de la volonté que celui de l'addiction à une drogue ? En effet, ne dit-on pas qu'il faut avoir de la volonté pour arrêter de fumer ?
J'ai été fumeur la moité de mon existence et je ne compte plus le nombre de fois ou j'ai essayé d'arrêter. J'avais beau le vouloir, au fond de moi, pour la santé de mon portefeuille plus que pour l'état de mes poumons, les besoins physiques me rattrapaient toujours et je n'ai jamais tenu plus de quelques jours sans cigarettes. La tentation a toujours été trop forte.
Enfin, ça c'était jusqu'à il y presque deux mois, où par un curieux hasard, j'ai réussi à tenir un jour sans fumer, puis deux, puis trois, etc. En fait, j'ai profité d'une grippe pour essayer d'arrêter (parce que fumer quand on est à la limite de pouvoir respirer, c'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler une bonne idée) mais c'est une astuce que j'avais déjà essayé auparavant plusieurs fois, en vain. Pourtant, cette fois-ci, ça a marché. Alors oui, ce n'est pas facile tous les jours et j'ai parfois envie de m'en griller une, donc je ne peux pas encore affirmer avoir vaincu mon addiction à 100%, mais le fait est qu'à l'heure d'aujourd'hui
j'arrive à supporter la tentation et que j'ai na pas touché une cigarette depuis presque deux mois ! Deux mois, alors que je n'avais jamais réussi à tenir plus de quelques jours, même en utilisant l'astuce de la grippe.
Et c'est là que ça devient intéressant : Ai-je pourtant plus de volonté aujourd'hui qu'avant ? J'estime que non. J'ai toujours autant voulu arrêter de fumer, mais ce coup-ci, par un incroyable hasard des circonstances dont j'ignore complétement les facteurs déterminants, j'ai réussi à tenir. Mon cerveau était à ce moment disposé à le faire. C'est tout.
Ayant (presque) réussi à vaincre mon addiction, je pourrais m'enorgueillir de ma réussite, m'étaler longuement sur le mérite que j'ai a avoir bravé les difficultés et donner des leçons moralisatrices à ceux qui échoueraient toujours à arrêter de fumer, mais ce serait contraire à ce que je pense car j'estime simplement avoir eu de la chance. Pour une raison que j'ignore (et vous n'imaginez pas à quel point je suis le premier surpris) j'ai réussi à arrêter de fumer (ou presque) avec une aisance déconcertante alors que toutes mes autres tentatives se sont soldés par des échecs lamentables, et je ne dois mes efforts fructueux qu'au hasard des circonstances.
Certes je dois faire des efforts, mais le fait est que ces efforts fournis sont incomparablement plus facile à supporter que lors de mes autres tentatives ! Comment cela se fait-il ? Cette volonté mystique que tu mets sur un piédestal n'y est pour rien. J'ai eu de la chance, c'est tout, et ce qu'il serait intéressant de savoir, c'est de connaitre les facteurs qui cette fois-ci m'ont aider afin qu'on puisse aussi aider les autres fumeurs.
Comprendre les causes pour mieux en faire usage, tu comprends ?
Je pense que cette petite anecdote illustre d'une certaine façon la vie de tout à chacun, ainsi que ma façon de voir le monde. J'estime que nous sommes ce que nous sommes et faisons ce que nous faisons que par le hasard des circonstances et que certains ont simplement plus de chance que d'autres. Il est facile de s'enorgueillir quand on est du bon côté du hasard, de se persuader qu'on ne doit le fruit de nos efforts qu'à nous même, mais il me semble plus réaliste et plus intelligent de voir le monde avec un peu de recul scientifique, sous l'angle du déterminisme.
Je ne crois pas au libre arbitre, ni au mérite, ni à la volonté en tant que pouvoir auto-déterminant, donc parler de volonté sans nous expliquer comment insuffler cette volonté chez une personne qui en aurait besoin, c'est prendre des airs de savants pour parler en l'air si tu veux mon avis.