André a écrit :À ce titre, ne pourrait-on pas considérer que la Grèce antique, l'empire romain à certaines époques et celui de Gengis Khan étaient laïques avant la lettre ?
Certainement pas. Etre tolérant envers les religions n'empêchait pas le fait qu'il y avait une religion de la cité (enfin pour Gengis Khan je ne sais pas trop.)
La société romaine et grecque était fondamentalement religieuse, sur tous ses aspects, que ce soit la politique, la guerre, la culture, la vie domestique, le commerce, l'industrie...
Par exemple, aucune décision du Sénat romain n'était valable si elle n'était pas validée par les dieux, aucune bataille ne pouvait être déclenchée si les augures n'y étaient pas favorables, en cas de décision financière, on demandait la bénédiction de Mercure/Hermès, en cas de maladie, la décision de faire des sacrifices à Esculape avait la même valeur que celle d'aller voir un médecin (qui d'ailleurs invoquait lui même le dieu), avant d'ouvrir un nouveau commerce, on appelait la bénédiction des dieux.
Bien sur, ça n'empêchait pas d'être pragmatique, les cultures romaines, surtout, l'était particulièrement. Le fait d'invoquer à tout bout de champs les dieux ne voulait pas dire que l'on faisait tout en fonction d'eux. Par exemple, avant une bataille, un général romain pouvait recommencer 5 fois des augures pour obtenir le résultat qu'il voulait. Ca ne veut pas dire qu'il n'y croyait pas, mais étant pragmatique et sur de sa stratégie, il demandait plusieurs fois l'approbation des dieux pour obtenir une bonne réponse, considérant qu'en cas d'échec, soit les dieux n'étaient pas assez clair, soit c'est lui qui avait fait une erreur dans les augures.
Il n'empêche que la religion joue un rôle fondamentale dans l'ensemble des aspects de la société et qu'un grand nombre de décision ne se faisait pas si on considérait que les dieux n'y étaient pas favorable. Pareil pour le médecin, qui invoquait Esculape mais soignait quand même lui même, considérant que si le dieu pouvait guérir, il fallait quand même aider à la guérison par un traitement.
Donc on est très loin d'une séparation de l'Eglise (qui d'ailleurs n'existe pas chez les romains ou les grecques) et de l'Etat (qui n'existe pas vraiment non plus.)
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)