Pion a écrit :Disons que vous mourez, ou du moins votre corps cesse de fonctionner et se décompose, mais que parallèlement a cela votre conscience qui sur le coup s'était assoupie comme quand vous vous endormez, vient qu'a s'éveiller! Du coup vous n'avez plus de corps ou d'outil avec lequel vous aviez l'habitude de communiquer de vous exprimer ou même de vous identifier aux autres ou a vous même, vous seriez ainsi conscient d'exister mais sans rien et nul part, un peu comme dans le Néant.
Scénario entièrement spéculatif et en plus contradictoire. Comment avoir conscience si l'élément qui la détermine (le fait de ressentir le monde, donc d'avoir un corps pour ressentir) est absent ?
Ainsi cette soit disant éternité que vous ne voulez pas vous serait quand-même imposé.
Ainsi soit-il... je vois pas bien ce que je pourrais y faire et au final, la question ne m’intéresse pas, vu que je peux justement rien y faire.
Bien entendu tout ça n'est qu'une supposition, mais comment me prouver qu'un scénario semblable est impossible?
Simplement parce que quasiment tout montre actuellement que la dualité corps/esprit est une vision de la conscience qui est dépassé et que cette dernière est clairement lié au corps et dépendant de son fonctionnement, si bien qu'il est impossible que sans corps et sans organe sensoriel, il y ait une conscience.
Pour avoir une conscience, il faut pouvoir faire la différence entre soi et le reste du monde, et pour pouvoir faire cette différence, il faut pouvoir percevoir ce monde. Sans corps, ça n'est pas possible à moins d'inventer des trucs ad hoc pour absolument s'accrocher à l'idée d'une conscience détaché du corps, comme l'âme, une dimension parallèle d'au delà...
Mais comme je l'ai dit, on l'expérimente tous régulièrement en moins définitif à chaque fois qu'on s'endort, donc je ne vois pas pourquoi l'arrêt du corps produirait un effet très différent de l'arrêt volontaire d'une partie de la conscience à chaque épisode de sommeil.
D'ailleurs, si l'âme existait, pour qu'elle raison se mettrait-elle aussi en off dès lors qu'on dort ? Pourquoi ne vit-on pas des espèces de NDE à chaque sommeil ?
Moi, tout ce que je constate, c'est que rien de concret, hormis notre peur de la mort n'amène à penser qu'il existe quoi que ce soit après la vie. Je constate aussi qu'à mon avis, la plupart des gens sont trop heureux de s'imaginer éternel pour réfléchir à la terrifiante implication que ça représente en terme d'insignifiance face à l'infini.
Je pense qu'il mesure mal l'alternative en supposant une alternative paradis/néant éternel plutôt qu'une alternative perpétuation/fin définitive. Dans cette optique, le néant fait effectivement peur, mais dans la mesure où tout est insignifiant face à l'infini, avoir le paradis ou le néant ne change pas grand chose.
De toute façon, je doute que l'être humain soit réellement capable d'appréhender clairement l'infini. Moi même je n'en suis pas capable et c'est bien ce qui m'effraie. La fin définitive de la conscience et donc l'absence de conscience de sa propre mort a quelque chose que je trouve rassurant.
Ca permet une posture ôh combien confortable d'une diminution des regrets si on fait le bilan de sa vie, dans la mesure où l'on regrettera de n'avoir pas fait ce qu'on rêvait, mais que de toute façon, comme personne ne viendra nous demander de compte et que tout ça n'a pas de finalité, on pouvait bien mener la vie qu'on voulait ou même n'importe quelle vie pourvu qu'on y ait été un minimum heureux et qu'on ait quand même de bon souvenir.
Ca permet de relativiser ce qu'on estime être des échecs et de se concentrer sur l'essentiel, à savoir les moments biens, même dans le cas où la balance n'aurait pas été en leur faveur.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)