Cela m'apparaît bien réducteur. Il me semble que les choses sont bien plus complexes :Kraepelin a écrit :Ce rapprochement est souvent fait par des camarades sceptiques. Il m'apparaît sans fondement. La parapsychologie repose toujours sur des idées prévalentes. Celles-ci prennent racine au stade égocentrique du développement intellectuel des enfants, lorsqu'ils sont en proie à la "pensée magique" (voir Piaget). Les recherches expérimentales auxquelles la parapsy donne lieu, aussi rigoureuses qu'elles puissent être, sont dépendantes de ces idées prévalentes irréductibles. Les parapsychologues croient dans l'existence de phénomènes zozo. Ils ne cherchent pas autre chose que de confirmer leurs croyances.«Penses-tu que la psychanalyse soit davantage fondée que la parapsychologie ?»
- Sur la pensée magique : Je ne pense pas qu'elle soit à l'oeuvre dans toute la parapsychologie. Historiquement, et pour autant que je sache, les premiers parapsychologues espéraient trouver une base causale, déterministe et nomothétique aux phénomènes "psi". L'absence d'évidence en faveur d'un organe spécial dans le cerveau ou d'ondes spéciales comme support du "psi", a, dans une deuxième temps seulement, fait renoncer la plupart des parapsychologues à ce genre d'interprétation. Historiquement, la parapsychologie s'est d'ailleurs constituée en rupture avec le spiritisme qui, aux mêmes phénomènes ou supposés phénomènes, attribuait une cause bien plus "magique" (les esprits des morts). Aujourd'hui, la plupart des parapsychologues continuent d'éviter les interprétations en terme d'"esprits des morts" et cherchent de nouveaux modèles à travers certaines interprétations de la mécanique quantique, le monisme idéaliste genre Berkeley, la psychanalyse, la phénoménologie, etc. Je pense qu'on pourrait presque voir la position sceptique comme une variante - réductionniste ou éliminativiste - de parapsychologie : les phénomènes "psi" ne sont rien d'autres que des illusions cognitives, perceptives, etc. L'avantage de cette façon de voir c'est qu'elle peut concilier le rationnalisme critique et sceptique avec la reconnaissance de l'importance sémantique et de la réalité subjective de ces phénomènes ; et qu'elle voit aussi le bon côté des phénomènes "psi" : ils peuvent nous apprendre des choses sur le fonctionnement de notre perception et de notre cognition, dans des situations inhabituelles.
- Tous les parapsychologues ne croient pas en l'existence du "psi". Au minimum, ils y sont juste ouverts. Certains parapsychologues n'obtiennent d'ailleurs jamais de résultats favorables à l'hypothèse "psi" (ex. : John Beloff). Certains parapsychologues changent même de camp (ex. : Susan Blackmore). (NB : on m'a dit que le contraire arrivait aussi, mais je n'ai pas d'exemple en tête).
On a exactement la même chose pour la parapsychologie : les résultats obtenus dans certaines études ne sont pas niés en tant que tel par les sceptiques (*). C'est l'interprétation qui diffère. Les résultats sont expliqués en terme d'illusions perceptives, cognitives, etc. et de biais divers dont notamment les biais de publication.Kraepelin a écrit :Rien de semblable dans la psychanalyse. La psychanalyse repose sur une série d'observations cliniques. Ce sont des observations que l'on peut filmer sur vidéo. Ces observations peuvent être interprétées autrement.
Pareil chez les parapsychologues. C'est logique. Un parapsychologue de bonne foi ne peut pas, en même temps, penser ne pas avoir la meilleure interprétation "provisoire" de ces observations et continuer de défendre cette interprétation bec et ongles. Comme je l'ai mentionné plus haut, des variations théoriques et même des changements de camps existent chez les parapsychologues suite aux confrontations avec le réel. Les parapsychologues sont généralement au courant des critiques des sceptiques mais ne les trouvent pas entièrement pertinentes pour X raisons. De même, je ne doute pas que les psychanalystes sont au courant des critiques des anti-psychanalyse mais ils ne les trouveront pas entièrement pertinentes pour X raisons. Dans les deux cas : Est-ce que cela prouve que les critiques en question ne sont pas valables ? Non. C'est peut-être les X raisons (ou une partie des X raisons) qui sont mauvaises.Kraepelin a écrit :La psychanalyse prétend simplement proposer la meilleure interprétation "provisoire" de ces observations. Si tu as mieux à proposer comme interprétation, vas-y! Si c'est vraiment mieux, tu trouveras preneur chez la plupart des psychanalystes. Pourquoi? Parce que les hypothèses psychanalytiques ne sont pas irréductibles. Même Freud considérait la psychanalyse comme un modèle provisoire attendant d'être remplacé par des modèles reposant sur une meilleure connaissance du SNC.
Miky
(*) En règle générale du moins. En effet, la fraude explicite est généralement considérée en dernier. Voir de la fraude partout, c'est d'ailleurs céder à ce qui est souvent reproché aux zozos : le conspirationnisme.