Le fait de dire : "je ne me trompe jamais et ma première impression sur quelqu'un est toujours la bonne", outre ce qu'elle implique sur la vanité de celui qui l'affirme soulève plusieurs questions qui entrainent des conséquences tout à fait discutables :
D'abord qu'un être humain puisse être totalement décrit de façon si succincte qu'on puisse en avoir une impression valable en, disons, quelques minutes. C'est faire fi de sa complexité, de son parcours et de son évolution. Cela implique un manichéisme assez primaire : qu'un être humain puisse être classé comme gentil ou méchant et que ce qualificatif puisse représenter son essence même, sans possibilité de changement.
C'est aussi négliger l'aspect relationnel et circonstanciel de cette impression. Il ne tient pas compte que le comportement d'un être humain avec un autre est une relation unique et valable uniquement, à un moment donné, dans des circonstances données, entre deux personnes. La même rencontre dans des circonstances différentes pourra donner une impression tout à fait différente. Pourquoi donc lui attacher tant de poids ?
Enfin, il introduit un biais très gênant : le caractère absolu et péremptoire (qui engage fortement celui qui le proclame) de cette déclaration le poussera à adopter dans la suite de la relation un comportement qui confirmera cette première impression. A l’extrême, on peut rendre infernal quelqu'un de plutôt gentil en le harassant ou, au contraire, trouver des excuses à des comportements déviants si on a pour son auteur les yeux de Chimène. On a donc le pouvoir de faire en sorte d'avoir toujours raison. En d'autres termes, ce qui se passe après dépendra de cette première impression et ne peut donc pas servir de justificatif si elle s'avère erronée.
Pour ces raisons, je continue à espérer que ma première impression sur Mireille ne sois pas la bonne.

Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances. Marcel Proust
Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint
Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins ! Georges Brassens
Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné ? Dieu