Wooden Ali a écrit :Quel est ce domaine absurde?
Celui où il existe une vitesse limite, banane ! Aucune intuition basée sur l'expérience du monde habituel ne permet d'admettre une telle chose. Les vitesses s'y additionnent. Point. Dans ce monde où les faits démontrent que ce n'est plus vrai, toute l'expérience qu'on a pu acquérir et qui nourrit nos intuitions est caduque.
Mmm... Je réponds à votre remarque (et à rien d'autre. Pas question de donner raison en quoi que ce soit aux remarques de Richard bien sûr).
Penser qu'il existe une vitesse maximale limite n'est pas choquant à mon sens. Dans l'interprétation Lorentzienne par exemple, cela se comprend comme la limite de vitesse de propagation des ondes dans un milieu. En revanche, c'est l'hypothèse d'une vitesse minimale (l'hypothèse totalement gratuite d'un feuillet d'univers tachyonique par exemple) que je trouverais physiquement absurde.
Par ailleurs, la composition relativiste des vitesses s'écrit :
v = (v1+v2)/(1+v1v2/c²) mais à condition que (par exemple)
- la vitesse v1 de R1/R soit mesurée dans le référentiel inertiel R
- la vitesse v2 de R2/R1 soit mesurée dans le référentiel inertiel R1
- la vitesse v de R2/R soit mesurée dans le référentiel inertiel R
Toutefois, elle s'écrit aussi (toujours en Relativité Restreinte)
v = v1 + v2 à condition que :
- la vitesse v1 de R1/R soit mesurée dans un référentiel inertiel quelconque
- la vitesse v2 de R2/R1 soit mesurée dans le même référentiel inertiel
- la vitesse v de R2/R soit mesurée dans le même référentiel inertiel
L'écriture de la composition relativiste des vitesses sous sa forme non additive (celle qui est la mieux connue) est tout à fait correcte mais correspond seulement au fait que les vitesses intervenant dans cette formule ne sont pas toutes mesurées avec les mètres, avec les horloges et avec la synchronisation entre horloges distantes d'un même et unique référentiel inertiel.
Si la Relativité Restreinte rendait caduque le caractère additif de la composition des vitesses, l'hypothèse d'un milieu de propagation des ondes de matière et de lumière serait
mathématiquement (et non seulement philosophiquement) incompatible avec la Relativité Restreinte. Or on sait bien que l'interprétation Lorentzienne de la Relativité (la Relativité dite de Lorentz-Poincaré), ou son rejet, est une question de préférence philosophique et non une question purement physique et/ou mathématique.
Cela dit, je ne crois plus trop à l'hypothèse d'un référentiel quantique privilégié dont le caractère privilégié serait intersubjectif (comme défendu par des physiciens tels que D. Bohm, J. Bell, A. Valentini, V. Scarani ou I. Percival par exemple).
En effet, cette hypothèse avait à mes yeux l'avantage de préserver une interprétation réaliste
ET respectueuse de la causalité dans l'espace-temps de Newton (un espace-temps de Minkowski muni d'un référentiel inertiel privilégié si on préfère le dire comme ça, mais c'est un peu comme si on disait d'un trajet Paris Lyon que c'est un trajet Paris Marseille suivi d'un trajet Marseille Lyon) de la non localité quantique se manifestant dans des expériences telles que celle d'Alain Aspect ou encore celle de GreenBerger, Horne et Zeilinger (confirmée expérimentalement en 1998).
La structure causale de l'espace-temps de Newton est en effet compatible avec des actions instantanées à distance, donc avec (par exemple) une interprétation réaliste de l'effet non local d'une mesure locale de polarisation sur l'un des photons d'une paire de photons EPR corrélés.
Les travaux sur la mesure faible et l'interprétation time-symmetric de la physique quantique (
http://jamesowenweatherall.com/SCPPRG/A ... eSymQM.pdf), et les travaux de C. Rovelli, P. Martinetti et A. Connes sur le temps (
http://arxiv.org/abs/gr-qc/0212074v4,
http://arxiv.org/abs/gr-qc/9406019v1, "forget time"
http://www.fqxi.org/data/essay-contest- ... i_Time.pdf), suggèrent d'accepter que l'écoulement irréversible du temps perçu à notre échelle, celui qui émerge de la notion thermodynamique statistique d'entropie (notion propre à une catégorie d'observateurs), n'ait pas nécessairement cours à l'échelle quantique.
Dans la formulation time-symmetric de la physique quantique (The Two-State Vector Formalism of Quantum Mechanics: an Updated Review, Yakir Aharonov, Lev Vaidman, 10 Jun 2007
http://arxiv.org/abs/quant-ph/0105101v2) les corrélations time symmetric de mesures fortes antérieures et postérieures à des résultats de mesure faible peuvent être interprétées comme découlant d'actions rétrocausales (Can a Future Choice Affect a Past Measurement's Outcome? Yakir Aharonov, Eliahu Cohen, Doron Grossman, Avshalom C. Elitzur, Sep 2012,
http://arxiv.org/abs/1206.6224).
Bref, si on accorde au principe de causalité seulement un statut d'émergence statistique (et non un statut de principe fondamental qui serait valide aussi à l'échelle quantique), il devient possible d'admettre des interactions remontant le temps et d'interpréter, comme proposé dans la formulation time symmetric de la physique quantique, le hasard quantique comme contenant des informations provenant du futur.
Cela permet d'obtenir une interprétation réaliste ET invariante de Lorentz de la non localité quantique (Could time-symmetric interactions reconcile relativity and quantum non-locality? Dustin Lazarovici (Jul 2014)
http://arxiv.org/abs/1401.4895) et d'expériences étonnantes comme l'expérience du choix retardé (A Delayed Choice Quantum Eraser, Yoon-Ho Kim, R. Yu, S.P. Kulik, Y.H. Shih, Marlan .O. Scully, (Mar 1999)
http://arxiv.org/abs/quant-ph/9903047v1 ; Experimental realization of Wheeler's delayed-choice GedankenExperiment Vincent Jacques (LPQM), E. Wu (LPQM), Frédéric Grosshans (LPQM), François Treussart (LPQM), Philippe Grangier (LCFIO), Alain Aspect (LCFIO), Jean-François Roch (LPQM) (Oct 2006)
http://arxiv.org/abs/quant-ph/0610241v1)...
... et dans ce cas, on n'a plus besoin de référentiel quantique privilégié violant l'invariance de Lorentz.