D'accord. Mais, dans ce cas-ci, l'"efficacité" de l'astrologie est la même que celle de n'importe quel ensemble de conventions sociales jouant un rôle de liant inter-personnel. L'astrologie est une sorte de "jeu de rôle" dont les bases dans la réalité (objective, tangible, observable) restent superficielles, voire fictives.
Oui oui, si cette définition peut vous convenir, elle me va aussi.
Oui oui, vaste sujet... mais la critique ne semble jamais avoir pour vocation de rendre compte des errances de l'astrologie
Si vous lisez l'anglais, lisez le document auquel je fais référence ("Concepts of modern astrology"). Vous verrez que ce n'est pas vrai. En fait, les critiques de l'astrologie sont diverses, et peuvent être basées sur des arguments négatifs (critiques des problèmes théoriques de l'astrologie) ou positifs (démonstration que l'astrologie ne permet pas de prédire quoi que ses soit). De manière générale, vous trouverez
sur ce site de nombreuses références bibliographiques qui devraient vous intéresser.
Merci pour ces références, je les avais déjà remarquées, de même que celle-là
https://www.sceptiques.qc.ca/ressources/lectures mais faute du temps je n'ai pas encore pu en prendre connaissance dans le détail... L'article que vous référencez ci-dessus est de loin le plus complet que j'ai pu lire. Toutefois il effleure à chaque fois les problématiques : savez-vous s'il a donné lieu à un livre ? Je vois dans les notes de l'auteur de nombreux articles. Quel dommage que tout cela ne soit pas traduit en Français pour que les francophones y aient accès facilement...
J'illustrerai qq uns de mes propos précédant par qq remarques sur ce texte.
- A part Gauquelin et Couderc, quasiment aucune référence à la littérature française qui en matière de critique et de théorie a proposé des choses souvent inconnues des anglophones (et réciproquement, je le reconnais le premier). Mais quelques courants se sont détachés de l'universalité de l'astrologie pour tenter de l'imaginer "conditionnelle" c'est à dire ne s'exprimant pas au-delà des déterminismes traditionnels. Sans parler des exigences et expériences de Mme Fuzeau-Braesch, ou du Rams, à reproduire certes, mais elles existent.
- L'énumération des contradictions théoriques et pratiques est très présente. Seulement si je la considère comme essentielle, je la considère aussi comme une étape, non comme une fin en soi. Au final, c'est toujours à l'astrologue de faire avec ses contradictions...
- Pourtant si la critique allait plus loin en proposant des voies d'explication ou de rationalisation de l'astrologie, je suis certain que cela bousculerait vraiment les astrologues. Mais il semble que les sceptiques n'ont jamais tenté de construire un modèle causal concurrent des modèles astrologiques existants. Probablement parce que cela aurait été considéré au premier degré comme une défense de l'astrologie. Mais l'histoire montre qu'il n'y a rien de tel qu'une théorie concurrente pour en mettre à terre une autre. Bien sûr que les astrologues auraient essayé de s'appuyer dessus, mais de là à en tirer profit je n'y crois pas trop. En effet, imaginer un système sans ésotérisme, sans finalité, sans analogie, et que restera-t-il à l'astrologie ???
- L'approche technique, mis à part le calcul des combinaisons possibles, peut encore aller bien plus loin, mais c'est déjà ça.
Merci donc pour cette référence.
Je crois pourtant que si cela n'était qu'une étape, elle pourrait aller plus loin et bousculer véritablement la tradition astrologique
Dans l'esprit de qui? Si c'est dans l'esprit de la plupart des gens, je pense que l'astrologie est prise au sérieux par pas grand monde (sauf, peut-être, dans certains pays plus "traditionnalistes" comme l'Inde). Dans l'esprit de croyant, il n'y a pas grand argument rationnel qui bousculera quoi que se soit (là encore, il n'y a qu'à constater la résistance de Roger Héquet à tirer des conclusions de ses échecs répétés et/ou son refus de tester sérieusement son système astrologique).
Bien sûr, mais quels palliatifs lui proposez-vous mis à par ses contradictions ??? Pensez-vous qu'il soit capable de produire une expérimentation et d'en modéliser la part de hasard ?
Ensuite "dans l'esprit de qui ?" bousculer la tradition astrologique effectivement... vous avez raison cela ne concerne finalement pas grand monde, mais vu les centaines de milliers de livres de prédictions astrologiques qui se vendent chaque année (en France j'entends), je crois que dans le grand-public il y a suffisamment de personnes à "intéresser".
JF a écrit :Cette même "surcomplexité" est un des problèmes fondamentaux de l'astrologie:...
Oh oui ! Mais la dénoncer fait-il vraiment avancer les choses ? Je crois au contraire que la déconstruire serait plus utile
Je trouve qu'il y a comme une contradiction entre cette remarque et ce que vous disiez précédemment: "mais la critique ne semble jamais avoir pour vocation de rendre compte des errances de l'astrologie".
Je ne vois pas bien où est la contradiction (ce pourquoi j'ai pu l'écrire sans m'en rendre compte ?), mais pour affiner peut-être ce propos, je voulais dire qu'à mon avis il est possible de renouveler la critique de l'astrologie en étant plus exigeante avec elle, à savoir viser avec l'astrologie contemporaine ce que l'histoire par exemple fait avec des auteurs comme Aristote, Plotin ou Kepler : tenter de rendre de compte sans ésotérisme de certains textes qui paraissent absurdes ou contradictoires avec leurs pensées habituelles. Si au lieu de faire l'énumération des contradictions on cherchait à reproduire les raisons de la noyade astrologique dans la complexité on pourrait être mieux à même de mettre l'astrologue face à ses contradictions.
Cette "surcomplexité" est bien une errance, qui offre aux astrologues un refuge contre toute critique.
Tout à fait d'accord, mais selon quelles modalités ? La constatation est belle, mais après ?
Un exemple de ce sur quoi j'aimerais travailler à propos de la complexité d'un thème de naissance par exemple. En partant du principe que l'astrologie n'est que hasard, et que ses correspondances symboliques sont suffisamment élastiques pour porter des jugements sur quasiment toutes situations qu'elles s'approprient (parce que les symboles astrologiques sont des
catégories pas des concepts) . Alors au plus le nombre "d'énoncés astrologiques" (vénus en carré à mars, soleil en lion, mercure en maison 10, etc) est important, au plus l'astrologue a de cordes à son arc et peut donc (a posteriori bien sûr) produire un long discours sur tel ou tel événement. Or, lorsqu'il a à sa disposition un thème de naissance avec en moyenne plus de 50 énoncés à sa disposition, que se passe-t-il quand il multiplie les cartes de naissance de référence ? Il multiplie le nombre d'énoncés à disposition. Or ce que l'on appelle les techniques de prévision que sont la révolution solaire ou les progressions et autres directions correspondent justement à une multiplication des énoncés disponibles pour l'interprétation astrologique. Comprenez : si avec les transits classiques ça ne marche pas, une nouvelle carte complètera ce manque avec un grand nombre de nouveaux énoncés. Or, que font les astrologues par exemple avec le Bourse (ce qui me fait hérisser les cheveux) ? Ils interprètent des cartes de naissance de personnes morales (entreprises, pays, etc) en cherchant des configurations astrales particulières, mais sans faire l'inventaire du nombre de thèmes qu'ils utilisent, donc du nombre d'énoncés astrologiques à disposition. Or, si le nombre de thèmes de naissance est de l'ordre de 10exp28 d'après l'article que vous citiez, le nombre d'aspects entre planètes lui, est bien plus réduit (5 aspects traditionnels). En multipliant les thèmes de référence, l'astrologue s'approche donc d'un nombre d'énoncés disponibles du même ordre que le nombre total d'aspects à disposition.... D'où la probabilité de trouver de qu'il cherche à un moment où à un autre : c'est mathématique. En astrologie mondiale cela marche aussi comme ça.
Or, ceci rend compte assez précisément et simplement du pourquoi de la capacité de l'astrologie à interpréter a posteriori tout et son contraire, échouer dans la prévision : si la complexité est un avantage rétroactivement, elle est un terrible obstacle dans la prévision quand on se réclame de l'acausalité...
Mais voilà, j'en ai encore mis une tartine, je vous demande pardon.
Merci pour votre résumé historique. Juste une question: "hépatoscopie" ("foie" - "observer"), c'est pour "lecture (divinatoire) des entrailles"?
Oui, bien sûr : au départ la divination astrale n'est pas de l'astrologie, d'où le "mythe des origines" qui existe chez les astrologues la faisant remonter à 5.000 ou 28.000 ans (en pleine glaciation ;-) ).
Je pense que je vais en rester là. Vous avez sans doute raison sur le fait que ces digressions nuisent à vos échanges sur la précession des équinoxes. Si j'ai d'autres questions, je partirai une enfilade.
Merci bien, même si j'ai fait tout le contraire sur ce post....
Serge