Le discours est "simpliste", mais simple à comprendre.
Que ça soit simple à comprendre ne veut pas dire que c'est juste. Votre manière de présenter les choses, tout comme le vocabulaire employé fait plus idéologique que sérieux.
Je reconnais lire de temps en temps la revue "Alternatives économiques" *, recommandée en son temps par un professeur d'économie à la fac pour les cours d'économie politique.
Vu l'état de l'économie en tant que science sociale en France, si j'avais un conseil à vous donner, c'est de surtout de diversifier les sources et de lire la presse étrangère en plus de la presse française (voir en priorité), parce que c'est pas en France que les débats d'économie sérieux se font, même si quelques très bons économistes sont français. Malheureusement, les médias ont encore un peu tendance à considérer que les sciences sociales sont seulement affaire d'opinion et de raisonnement et sont donc peu regardant sur les "experts" qui sont invités à s'exprimer.
Le concept d' "économie réelle" s'oppose à l'économie des marchés financiers dont le développement correspond à la dérégulation néo-libérales des années 80
Il n'en reste pas moins parfaitement flou et impraticable et je vous mets au défi de me fournir les critères qui permettent de mettre une activité économique dans la catégorie "économie réelle" plutôt que dans l'autre.
Ensuite, l'injection des millards d'euros dans l'économie de la zone euro par la BCE, connue sous l'expression "assouplissement quantitative" permet de contourner les traités européens pour soutenir l'économie. Mais le problème est la forme que prend cette injection: non pas directement aux états qui le transmettraient aux banques qui prêteraient à leur tour aux entreprises, aux ménages pour relancer la croissance, mais cela se fait aux banques, qui le prêtent aux états, ce qui n'est pas logique.
Là encore, c'est une vision très simpliste de la situation, limite fausse.
A la base, l'action de la BCE, via le mécanisme LTRO visait à accorder au banque des prêts pour se substituer au marché interbancaire défaillant. En gros, quand l'économie fonctionne, les banques se prêtent en générale entre elles pour assurer la fluidité du système financier et donc le crédit. Malheureusement, en période de crise, la suspicion entre les banques fait qu'elles ne se prêtent plus entre elle et prête également moins à l'économie pour assurer leur solidité économique, ce qui conduit certaines banques à ne plus avoir à accès à des financements indispensables à leur fonctionnement, surtout lorsque ces banques ont en plus des actifs douteux en stock.
Dans le même temps, le stress sur les banques s'était déplacé sur les dettes des Etats, conduisant la BCE à racheter de la dette sur le marché secondaire (puisque sur le marché primaire, elle n'a pas le droit) pour tenter d'éviter une augmentation trop importante des taux d'intérêt de ces dettes et donc une faillite des Etats, sachant que ces derniers étant très liés aux banques (qui détiennent une très grandes part de la dette de ces Etats parce que s'était des actifs peu risqué, donc utilisable comme collatéral dans des activités bancaires).
Il s'agissait d'éviter qu'une faillite d'Etat ne débouche sur des faillites bancaires et une explosion d'une bonne partie de l'eurosystème au passage.
Et c'est seulement en 2015, après que la situation sur les dettes souveraines ait été un peu stabilisé et que le risque de faillite bancaire ait cessé de paraître immédiat que la BCE, face à la faiblesse du crédit bancaire, à décider de faire un assouplissement quantitatif, en rachetant massivement des dettes d'un peu partout. Avec un succès mitigé pour le moment.
Le problème de tout ça, effectivement, c'est qu'au final, malgré les milliards, le crédit repart difficilement, mais c'est pas dû à un illogisme du circuit de l'argent (je vois pas en quoi le fait que la BCE prête aux Etats d'abord ou aux banques changent fondamentalement quelque chose dans ce problème), mais à un environnement contradictoire pour les banques.
Contradictoire parce que les banques sont tenus à la fois d'être solide depuis les règlementations post-crises de 2008, mais aussi d'assurer une certaines rentabilités à leurs clients et actionnaires dans un monde pourtant hyper-concurentiel mais aussi, et c'est un gros problème, où les prix et les taux d'intérêts sont totalement faussés par l'injection massive de liquidité par les banques centrales. En clair, on leur demande de gagner plus d'argent et avec plus de sécurité de tous les côtés dans un environnement qui permet d'en gagner moins.
En fait, on est largement dans un cercles vicieux, puisque les banques ont peur de prêter, ce qui conduit la BCE à leur fournir encore plus d'argent et à rendre défavorable le fait de placer cet argent chez elle ou en bon du trésor, mais ce faisant, ça fausse les prix, donc ça n'incite pas à user cet argent pour financer des projets qui ne paraisse pas avoir un retour sur investissement suffisamment rapide (par peur que la BCE ne change de politique, notamment), mais ça incite plutôt à investir dans des projets avec un gain rapide ou dans des actifs sûr dont le taux d'intérêt ne peut que monter si la BCE sort de sa politique (les dettes d'Etat, notamment).
Pire, la situation arrange finalement les Etats, qui se financent pour rien, donc n'ont pas d'intérêt à trop réduire leurs dettes, laissant planer la menace d'une nouvelle crise de dette souveraine tout en finançant avec cette dette des choses qui ne sont pas forcément à même de suffisamment peser sur la croissance pour rendre la politique de la BCE vraiment efficace.
Et encore, là je fais la version courte, un vrai économiste pourrait sans doute éclaircir mieux que moi l'affaire et parler des contradictions dans les comportements des agents économiques dans la période actuelle, qui fait que les certitudes d'autrefois sur les relations de causes à effet économique volent largement en éclat.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)