Kraepelin a écrit :Ne mélange pas les pommes et les oranges. Le mépris n'est pas l'insulte. Aucune règle ne peut nous contraindre à "estimer" nos visiteurs. [Le mépris*] des visiteurs est tout à fait dans les limites de l'acceptable.
*Je précise que j'ai légèrement modifié la phrase originale de Kraepelin en changeant un mot pour mieux pouvoir apporter mes propos.
Acceptable de quelle façon ? Légalement ? Pourquoi pas. Mais moralement, si on condamne les insultes parce qu'elles peuvent blesser les gens, alors logiquement on doit aussi condamner les marque de mépris qui peuvent l'être tout autant (voir plus, pour les raisons que j'ai expliqué précédemment). Or c'est ce qui me dérange en l'état et c'est ce qui fait que je trouve ta position un peu paradoxale : bien souvent - et cette discussion en est la preuve - les gens s'insurgent face aux insultes, mais se complaisent en même temps dans le mépris sournois et implicite de l'autre quand ça leur convient, ce qui revient à accorder plus d'importance à la forme qu'au fond sans considérer l'impact que son comportement peut avoir sur la personne. Donc très sincèrement, les insultes me semblent un moindre mal face aux marques de mépris sournoises et à l'indifférence générale, car elles ont le mérite d'être visibles et donc critiquables. C'est plus fair-play et intellectuellement plus honnête.
Pour ma part, je préfère largement me prendre une insulte dans la figure que de subir le stratagème sournois de quelqu'un qui chercherait à me pousser à bout de manière détournée, par des marques de mépris subtiles, des propos mensongers ou des moqueries déguisées, et comme je ne me crois pas beaucoup plus différents des autres, je pense que c'est aussi valable pour la plupart des gens. En fait, cette tendance à focaliser sur les insultes m'apparaît juste être une façon d'exprimer sa frustration, par désespoir de cause (quand ce n'est pas juste pour le plaisir de râler) : On est tous plus ou moins confronté a l'adversité, donc se faire insulter apparaît comme une libération : ça permet de s'indigner ouvertement, avec la possibilité en prime de décrédibiliser l'adversaire (une forme d'attaque ad hominem inversée, en somme : "tu m'as insulté, donc tu as tort").
Donc vouloir censurer les insultes m'apparaît être un piètre remède, pire que le mal, car en interdisant les insultes - ou du moins, en focalisant trop sur celles-ci - on incite indirectement les gens à se faire du mal autrement, de manière moins "saisissable". C'est d'autant plus malvenu que l'impact que peut avoir une insulte dépend en réalité beaucoup du contexte et qu'il serait franchement injuste de sanctionner toutes les injures sans considérer le contexte dans lequel elles sont dites.
Par exemple, qui se sent ici honnêtement diminué par les insultes de Luc Ferron ? Très franchement, ça nous passe tous trois kilomètres au dessus (pour ma part, je me sentirais infiniment plus blessé si un membre pour qui j'ai de l'estime me mettait dans ses ignorés). Je trouverais donc absurde, pour reprendre cet exemple, de sanctionner Luc pour ses insultes (en revanche pour spamming...).
Bref, à défaut de pouvoir rendre les gens plus sages, autant ne pas les inciter à être malhonnête.