eatsalad a écrit : 15 déc. 2017, 14:45"Comment expliquez-vous ce furieux désir (de sacrifice)?
"FETHI BENSLAMA Il y a eu un détournement de la figure du martyr en islam.
Dans la tradition, le martyr est un combattant qui rencontre la mort sans la vouloir, elle fait partie du risque de son engagement. Or les mouvements djihadistes l’ont transformé en un désir d’aller vers la mort par haine de la vie. Or le martyr a un destin surhumain. Il ne meurt qu’en apparence et accède à une jouissance exceptionnelle. Des personnes peuvent accepter de mourir pour une vie supérieure, quand pour eux la vie ne vaut plus la peine d’être vécue."
C'est peut-être un très bon psy, ce n'est pas un bon historien. Il ignore visiblement jusqu'à où pouvait aller l'incitation au martyre, la soif du martyre (au sens mort au combat) du temps du Prophète et des premiers califes (référence sacro-sainte des djihadistes). A la bataille de Badr, Mahomet a rappelé les délices du Paradis pour les
chuhada (pluriel de
chahid, martyr). Un ado qui n'aurait même pas dû être là a trouvé ça génial, il se l'est fait confirmer. Ayant obtenu cette confirmation, il s'est jeté seul sur l'ennemi, sans aucune chance d'en sortir vivant ou même de lui infliger un dommage, avec la bénédiction du Prophète (voir Sira, Tabari). Ce n'est pas un cas isolé. L'expression de Ben Laden qui a tellement choqué, "
nous aimons la mort plus que vous aimez la vie" était courante chez les premiers djihadistes, y compris Omar, deuxième calife qui a conquis par généraux interposés l'Egypte, la Palestine, la Syrie, l'Irak, la Perse.
D'une manière générale, il est parfaitement vain d'espérer mettre les djihadistes actuels en contradiction avec les pratiques du Prophète et des premiers musulmans.
"Que pensez-vous de la comparaison entre le radicalisme islamiste et l’emprise sectaire ?
Dans la secte, l’individu s’assujettit aux fantasmes ou à la théorie délirante d’un gourou, à son exploitation économique, voire sexuelle. Le djihadiste, quant à lui, adhère à une croyance collective très large, celle du mythe identitaire de l’islamisme, alimentée par le réel de la guerre, à laquelle on lui propose de prendre une part héroïque, moyennant des avantages matériels, sexuels, des pouvoirs réels ou imaginaires. La différence est patente."
Il ne semble pas connaitre tellement non plus les mouvements sectaires extrêmes. Ali Sina (j'y reviens toujours) développe sur de nombreuses pages les analogies de comportement et discours entre Mahomet et Jim Jones, le gourou du Temple du Peuple (suicide collectif de plus de 900 personnes en Guyana en avril 1978). Il conclut, à juste titre à mon sens, que si le premier n'a pas ordonné de suicide collectif c'est, selon toute vraisemblance, seulement parce qu'il ne s'est jamais senti acculé.
Demander du paranormal ou psi répétable, conforme aux critères scientifiques les plus courants, c'est demander les villes à la campagne.