Le quantique, sujet privilégié des zozo et pour cause !

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LePsychoSophe
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Re: Le quantique, sujet privilégié des zozo et pour cause !

#176

Message par LePsychoSophe » 28 févr. 2018, 18:46

Chanur a écrit : 02 déc. 2014, 12:02
Nicolas78 a écrit :Si je comprend bien, il prend en exemple l'observation c'est ça ? Pas la conscience ?
Et si je comprends bien, vous n'avez pas lu l'article de Wiki sur la décohérence.
Ce n'est pas l'observation qui compte. C'est l’interaction avec un milieu ayant une myriade de degrés de liberté. Que ce soit un humain, un dinosaure ou une feuille de papier photo.
que signifie degrés de liberté dans cette assertion?

Car si je comprends bien, ce n'est pas l'observation mais l'interaction... OK donc valable pour ce qui n'a pas de conscience alors??? Si l'on considère le modèle de la TII ou T2I qui évoque le degré de conscience Phi de 0 à l'infini (?) alors plus le degré de conscience est élevé plus l'interaction "quantique" est forte?
Y t-il un effet proportionnel de ce degré de liberté?
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Nicolas78
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Re: Le quantique, sujet privilégié des zozo et pour cause !

#177

Message par Nicolas78 » 28 févr. 2018, 19:16

LePsy a écrit :Car si je comprends bien, ce n'est pas l'observation mais l'interaction...
Pour bcp de physiciens, oui, je tes répondu sur l'autre post :
Nico a écrit :Oui, c'est même une majorité :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Probl%C3% ... #Solutions

Quand à la théorie la plus en vogue :
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9co ... C3%A9rence
Elle ne fait pas intervenir la conscience. Mais l'interaction entre la matière.

Ceci-dit, sur un tel sujet, sans réellement de consensus, et sur un sujet si prompt à chercher des solutions originales pour répondre à une myriade de problemes encore mal comprises...et ayant donc un écho plus ou moins fort dans la sphère épistémologique et philosophie, on peut penser que cette théorie sera soumise à un réductionnisme régulier.


Sinon voila un lien sur ce qu'est un degré de liberté en physique :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Degr%C3%A ... et_chimie)
Le lien Wiki explique pas mal ce truc, mais vue qu'il n'y à aucune source sur cet article...ya d'ailleurs peut de documents simples sur le sujet si on en reste à Google en dehors du Wiki. A approfondir.

On reste sur ce topic pour parler de ça ;)
Après, je te répondait car je suis le sujet. Mais évidement, ya des gens bien mieux renseigné. Je suis littéralement une merde en physique.
Tu peut lire le topic ici. Il y à Psyricien et ABC notamment qui on des discussions très intéressantes et asses soutenues sur le sujet !

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Re: Le quantique, sujet privilégié des zozo et pour cause !

#178

Message par ABC » 28 févr. 2018, 23:18

Chanur a écrit : 02 déc. 2014, 12:02
Nicolas78 a écrit :Si je comprend bien, il prend en exemple l'observation c'est ça ? Pas la conscience ?
Et si je comprends bien, vous n'avez pas lu l'article de Wiki sur la décohérence. Ce n'est pas l'observation qui compte. C'est l’interaction avec un milieu ayant une myriade de degrés de liberté. Que ce soit un humain, un dinosaure ou une feuille de papier photo.
La question posée est difficile. Elle n'a pas encore de réponse unanimement acceptée dans la communauté des physiciens spécialistes du domaine. En fait, le problème de la mesure quantique est (entre autres difficultés) indissociablement lié au problème de l'écoulement irréversible du temps, c'est à dire à la perte d'information que modélise la création d'entropie caractérisant la notion de phénomène irréversible (évolution irréversible dont la mesure quantique est un exemple emblématique).

La décohérence (cf. les travaux théoriques de Zurek et les expériences d'électrodynamique quantique en cavité microonde supraconductrice menées par Serge Haroche et ses doctorants) permet, certes, de prédire l'impossibilité d'observer les phénomènes d'interférence caractérisant la mesure d'une observable quand le système est dans un état propre d'une observable conjuguée. Un exemple typique et bien connu est celui, par exemple des interférences produites dans les expériences de fentes de Young, à photons uniques, comme ceux mis en évidence par les travaux de recherches menés de 83 à 85 par Alain Aspect et Philippe Grangier.

Le phénomène de décohérence ne rend pas compte de l'observation d'un résultat de mesure unique en violation de l'unitarité (donc aussi du déterminisme et de la réversibilité) des évolutions quantiques.

En effet, fondamentalement, la décohérence est sensée être déterministe et réversible (cf. Reversing the Weak Quantum Measurement for a Photonic Qubit Yong-Su Kim, Young-Wook Cho, Young-Sik Ra, Yoon-Ho Kim, Mars 2009, ainsi que Experimental demonstration of decoherence suppression via quantum measurement reversal, Jong-Chan Lee, Youn-Chang Jeong, Yong-Su Kim, Yoon-Ho Kim, Sept 2011).

Du point de vue de la théorie quantique actuellement en vigueur, à l'issue de la mesure quantique, le caractère superposé des résultats de mesures n'a pas disparu. Il est devenu inobservable. Dans ce modèle théorique, l'observateur lui-même se retrouve dans un état quantique superposé et, évidemment, il ne peut pas s'en rendre compte car il n'a pas d'accès à l'observation de ce phénomène, si tant est que cet état superposé de l'observateur ait une signification physique intrinsèque. Il s'agit là d'une conséquence (douteuse) de l'interprétation réaliste de la fonction d'onde vue comme propriété objective d'un système physique.

En effet, si on accorde une réalité physique objective à la fonction d'onde, l'observateur se trouve dans alors un état quantique superposé (c'est l'interprétation dite des mondes multiples d'Everett) à l'issue (par exemple) de sa mesure (à l'aide d'un Stern et Gerlach) du spin horizontal d'un atome d'argent initialement préparé dans un état de spin vertical.

Si on interprète au contraire (c'est le point de vue à ce jour majoritaire parmi les physiciens spécialistes du domaine) la fonction d'onde comme la connaissance maximale propre à un observateur des prédictions pouvant être faites concernant les résultats de mesures physiques relatives au système considéré par l'observateur en question, alors, la fonction d'onde en question n'a pas obligatoirement de signification physique intrinsèque. Pour que cette fonction d'onde ait une signification physique, on a besoin d'un observateur en mesure de l'observer (pas sûr donc, en particulier, que la notion d'état quantique de l'univers, base de la cosmologie quantique, puisse se voir attribuer une signification autre que purement mathématique).

Pour les positivistes, la fonction d'onde (l'état quantique pour ceux qui préfèrent ce vocable plus général) c'est la connaissance maximale que peut avoir un observateur particulier d'un système donné avec lequel il est en interaction. Dans cette interprétation, la fonction d'onde n'est pas la propriété intrinsèque d'un objet physique mais elle caractérise au contraire l'information maximalement accessible à un observateur donné relativement à l'interaction entre cet objet et cet observateur (cf. Quantum Information and Relativity Theory, Asher Peres, Daniel R. Terno)
LePsychoSophe a écrit : 28 févr. 2018, 18:46Car si je comprends bien, ce n'est pas l'observation mais l'interaction...
Le problème, c'est que la science est basée sur l'expérience, c'est à dire sur l'observation. La science se refuse à s'exprimer sur ce qu'elle ne sait pas observer, ou plutôt, sur ce qu'elle pense ou craint de ne pas être en mesure d'observer.

La science a besoin, pour se prononcer sur telle ou telle conclusion, de se référer à des expériences donnant lieu à des résultats d'observation présentant des régularités reproductibles, indépendamment de celui qui réalise l'observation, ainsi que du moment, du lieu et du référentiel où il les fait (à condition, bien sûr, que les conditions expérimentales soient rigoureusement "les mêmes" au sens que les symétries relativistes donnent à ce mot "mêmes").

On ne peut pas parler de quoi que ce soit en physique, que ce soit d'objets, de phénomènes, d'interactions ou de quoi que soit d'autre si on ne sait pas relier cet objet, ce phénomène physique, cette interaction à une expérience permettant des observations reproductibles.

Les réalistes (les De Boglie, Schrödinger, Einstein, Bohm, Bell, Bricmont et peut-être même Zurek, Laloë, Auffèves Garnier et Grangier ...) estiment que les objets et leurs propriétés existent indépendamment de l'observateur et de l'acte d'observation (avec une nuance pour Auffèves et Garnier qui, si je les ai bien compris, lient le résultat de mesure au couple observateur-appareil de mesure et non au seul objet lui-même), c'est à dire indépendamment de l'information recueillie à cette occasion.

Pour les réalistes l'observateur recueille une information qui existe déjà, avant même cette observation. D'autre part, les réalistes visent à interpréter la "réduction du paquet d'onde" comme un phénomène physique objectif, indépendant de l'observateur et de l'acte d'observation. Un exemple typique de théorie compatible avec cette interprétation réaliste de la "réduction du paquet d'onde" (le dit collapse) est la théorie dite GRW de Ghirardi, Rimini et Weber.

A l'inverse, un Peres ou un Fuchs au contraire, nous répètent à l'envi "unperformed experiments have no outcomes"; En Français : "des expériences non réalisées n'ont pas de résultats, soit, dit encore autrement, le résultat d'une mesure quantique (la mesure d'une propriété que, dans une vision au contraire classique, type fin dix neuvième, nous avons tendance à interpréter comme "objective") ne préexiste pas à la mesure.

Les positivistes se refusent à parler de "réalité" car la science (estiment-ils, il n'y a pas encore unanimité) ne sait parler que d'observation et pas de "réalité". Le concept de "réalité", les positiviste le classent dans la catégorie "concept métaphysique". Pour ma part personnelle, j'ai refusé à me rallier à ce point de vue pendant de très nombreuses années mais, petit à petit, j'en viens à penser que les positivistes ont peut-être raison, encore que Jaynes (cf. CLEARING UP MYSTERIES THE ORIGINAL GOAL) propose une position intermédiaire que je trouve très intéressante.

Les positiviste (les Peres, Legett, Gell-Mann, Rovelli, Bitbol, Grinbaum, Fuchs et compagnie... grosso-modo classables dans la catégorie des Bohr, Heisenberg, Bohr, Pauli et compagnie...) estiment avoir résolu le problème de la mesure quantique en disant que la seule chose sur laquelle la science soit en mesure de s'exprimer, c'est l'information, la connaissance acquise par un observateur. Quand on leur demande. Voui, mais si vous ne savez parler que d'observation et pas, intrinsèquement, d'objets et phénomènes physiques objectifs indépendants de l'observateur, cette information, elle a trait à quoi ?

Sans la moindre gêne, la réponse d'un Fuchs, l'un des principaux tenants du Quantum Bayesianism (qu'il rebaptisé Quantum Betabilitarianism = c'est à dire l'aptitude à faire des paris) est la suivante :

l'état quantique (notre meilleure représentation des "objets" étudiés par la physique) est un outil d'optimisation des meilleures prédictions que l'on puisse faire à partir d'une information incomplète détenue par un observateur, autrement dit un outil d'inférence statistique.

De ce point de vue là, il y a accord du point de vue d'un Fuchs avec le point de vue de Jaynes, mais Jaynes, lui, ne nie pas la pertinence scientifique du concept d'ontologie. Comme un Schrödinger, un Einstein, un Bohm ou un Bell, il considère, contrairement à un Bohr, à un Heisenberg ou à un Fuchs, que l'objectif de la science est bien de décrire "la réalité". Il a d'ailleurs à ce sujet, des arguments intéressants.

Bon... avec les positivistes, on navigue dans le domaine de l'information, de la connaissance et de la prédiction... bref, des seules observations. En même temps, il faut dire qu'il n'est pas facile de leur donner tort si l'on s'en tient stricto sensu à la méthode du rasoir d'Occam (encore que je me méfie un peu de cet outil méthodologique, certes très utile et très efficace, mais parfois un peu trop tranchant).

En particulier, selon le point de vue positiviste, dans le cas de l'effet EPRB (portant sur des paires de photons de Polarisation EPR corrélée), quand Alice fait une mesure de polarisation de son photon, le photon de Bob ne change pas d'état. Seule change d'état la connaissance acquise par Alice sur le photon de Bob lors de sa mesure.

Le point de vue réaliste au contraire (point de vue auquel j'ai très longtemps accordé ma préférence) attribue une réalité physique objective à la fonction d'onde et à la réduction du paquet d'onde lors de la mesure. Il se traduit donc, Cette violation de causalité est d'ailleurs le point de vue très intéressant et bien défendu par Vaidman notamment (bien que je ne sois pas encore totalement convaincu par l'interprétation réaliste du résultat de mesure faible dont découle l'interprétation rétrocausale des mesures fortes sur des mesures faibles antérieures) ainsi que par les Aharonov, Bergmann, Lebowitz, Albert, Vaidman, Tollaksen, Rohrlic, Bamber, Hosten, Kwait, Steinberg, Elitzur et un bon groupe de physiciens se rangeant à l'interprétation rétrocausale de la symétrie T de la mesure quantique (1) notamment celle se manifestant entre mesures faibles et mesures fortes.

J'ai pris soin, dans tout ce qui précède, d'éviter soigneusement le concept de conscience. Utiliser ce concept rajoute, à mon sens, une difficulté très importante à la discussion. Je ne prétends pas que le concept de conscience n'ait pas de sens ou soit sans intérêt, mais à quoi bon essayer de s'attaquer à l'Everest si on a déjà du mal à grimper en haut de la sainte Victoire par manque de souffle.

On peut, sans aborder le concept très difficile de conscience, avoir déjà beaucoup de grain à moudre en se contentant, plus modestement, de s'intéresser au concept d'information quantique déjà très très largement assez difficile pour que l'on puisse préférer s'y cantonner.

(1) et de la symétrie CPT quand la symétrie T n'est pas respectée, ce qui est le cas pour les interaction faibles. Cf. Time-Reversal Violation Is Not the "Arrow of Time" Sean Caroll, 2012

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#179

Message par LePsychoSophe » 01 mars 2018, 08:59

La théorie scientifique vise la prédiction et la réalité c'est pour qui? la philo???
Hawking dit cela.

Donc la plupart ne sont pas intéressé par la décohérence...

Everett évoque aussi la notion de conscience dans son équation.
wiki a écrit : le fait qu'un système quantique ne puisse jamais être « pur » et décorélé de son environnement entraîne la nécessité du postulat 5
donc il y a interaction permanente qui empêche une "vraie" mesure donc de voir cette partie de la réalité (qui est la plus élémentaire connue...).

C'est un peu comme en psychologie... l'individualisation d'un mental est illusoire dans la mesure où il ne se définie qu'au travers de l'interaction avec son environnement... je ne peux pas vraiment mesurer le mental de l'autre étant donné que c'est le mien de mental qui mesure... vlà pourquoi en psychiatrie les diagnostics sont... colorés et mouvants.
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Re: Le quantique, sujet privilégié des zozo et pour cause !

#180

Message par LePsychoSophe » 01 mars 2018, 09:21

Nicolas78 a écrit : 28 févr. 2018, 19:16
LePsy a écrit :Car si je comprends bien, ce n'est pas l'observation mais l'interaction...
Pour bcp de physiciens, oui, je tes répondu sur l'autre post :
Nico a écrit :Oui, c'est même une majorité :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Probl%C3% ... #Solutions

Quand à la théorie la plus en vogue :
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9co ... C3%A9rence
Elle ne fait pas intervenir la conscience. Mais l'interaction entre la matière.

Ceci-dit, sur un tel sujet, sans réellement de consensus, et sur un sujet si prompt à chercher des solutions originales pour répondre à une myriade de problemes encore mal comprises...et ayant donc un écho plus ou moins fort dans la sphère épistémologique et philosophie, on peut penser que cette théorie sera soumise à un réductionnisme régulier.


Sinon voila un lien sur ce qu'est un degré de liberté en physique :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Degr%C3%A ... et_chimie)
Le lien Wiki explique pas mal ce truc, mais vue qu'il n'y à aucune source sur cet article...ya d'ailleurs peut de documents simples sur le sujet si on en reste à Google en dehors du Wiki. A approfondir.

On reste sur ce topic pour parler de ça ;)
Après, je te répondait car je suis le sujet. Mais évidement, ya des gens bien mieux renseigné. Je suis littéralement une merde en physique.
Tu peut lire le topic ici. Il y à Psyricien et ABC notamment qui on des discussions très intéressantes et asses soutenues sur le sujet !
Merci bien. Si tu es une merde, alors je suis littéralement une sous-merde car je n'avais connaissance de cela. Je veux dire l'histoire comme quoi, on peut se passer de l'histoire de la conscience qui agit (ou de l'intention) sur l'état profond de la matière... Il ne m'en fallait pas plus à l'époque pour alimenter mes délires ésotériques...

Comme quoi l'hypothèse la plus simple semble la plus consensuelle.

Nous ne pourrons jamais mesurer ces foutus états si la mesure parasite le résultat... C'est la limite de la science alors...
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Re: Le quantique, sujet privilégié des zozo et pour cause !

#181

Message par LePsychoSophe » 01 mars 2018, 09:46

ABC a écrit : 28 févr. 2018, 23:18

Pour les positivistes, la fonction d'onde (l'état quantique pour ceux qui préfèrent ce vocable plus général) c'est la connaissance maximale que peut avoir un observateur particulier d'un système donné avec lequel il est en interaction. Dans cette interprétation, la fonction d'onde n'est pas la propriété intrinsèque d'un objet physique mais elle caractérise au contraire l'information maximalement accessible à un observateur donné relativement à l'interaction entre cet objet et cet observateur (cf. Quantum Information and Relativity Theory, Asher Peres, Daniel R. Terno)
vous m'avez tué avec cette phrase... :a7:

c'est exactement la même chose en psychologie lorsque le clinicien tente une analyste de son patient ou d'un individu autre.

... le fonctionnement psychologique... c'est la connaissance maximale que peut avoir un observateur particulier d'un système donné (la psychologie de l'autre) avec lequel il est en interaction. Dans cette interprétation, ... le fonctionnement psychologique... n'est pas la propriété intrinsèque... d'une personne ... mais elle caractérise au contraire l'information maximalement accessible à un observateur donné relativement à l'interaction entre cette personne (ou patient) et cet observateur ...

L'analogie n'est si grossière que cela.

En psychologie, l'interaction (conscience ou pas ou en partie) peut parfois faire stagner l'évolution du patient... l'interaction peut être néfaste car elle vient corrompre l'analyse. D'où la nécessité de bien connaitre son propre fonctionnement mental et d'être suivi régulièrement quand on veut bien faire son métier.

Néanmoins, et c'est là que le truc devient "indéfinie" ou relativement définie, c'est que la connaissance de son fonctionnement psychique ne peut passer que par l'autre (entendez les autres dont votre psy) donc eux-même soumis à leur propre connaissance (issu également de l'autre...) . Donc définir quelque chose en psychologie c'est définir relativement quelque chose d'éternellement mouvant...
Parler de réalité dans ce contexte est un tantinet complexe.

En tout merci pour ces éclairages ultra-intéressant. ça définie bien les limites de ce que l'on peut prétendre analyser, mesurer et comprendre de ce monde dans lequel on vit.

Les positivistes (si je me trompe pas, en philo, sont ceux qui pensent que la connaissance sera toujours de plus en plus accessible jusqu'à la connaissance absolue!) vont devoir revoir leur copie. Je pense qu'il y a une limite à la connaissance et là, vous venez de me donner une conceptualisation physique de mon positionnement là-dessus. Merci.

Cela me rappelle mes études en électronique où à l'époque, on nous parler d'une limite physique et chimique de l'infiniment petit pour la taille des circuits intégré (processeur notamment avec la cadence), et les phénomènes météo (avec la théorie du chaos ou les systèmes dits complexes) qui selon certains ne seront jamais prédictibles au-delà d'un certains nombres de jours...
Ou encore la théorie d'incomplétude...

Je pense qu'il y a bien des limites que l'humain ne pourra jamais franchir... frus-tra-tion :cry:
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Re: Le quantique, sujet privilégié des zozo et pour cause !

#182

Message par ABC » 04 mars 2018, 12:19

A cause de son lien au concept d'information, cette réponse est étroitement liée à la question de l'écoulement irréversible du temps. Je laisse la réponse ici quand même.
LePsychoSophe a écrit : 01 mars 2018, 09:46Les positivistes [réalistes naifs] (si je me trompe pas, en philo, sont ceux qui pensent que la connaissance sera toujours de plus en plus accessible jusqu'à la connaissance absolue!) vont devoir revoir leur copie. Je pense qu'il y a une limite à la connaissance et là, vous venez de me donner une conceptualisation physique de mon positionnement là-dessus.

Les positivistes estiment que seule compte pour la science l'information accessible par la mesure. Au contraire des réalistes naïfs, ils considèrent que seule est pertinente une approche épistémique (et non ontologique) de la physique. Pour Fuchs par exemple, l'information que nous recueillons par la mesure sur un système physique (et stockons dans son vecteur d'état quantique) ne décrit pas "la réalité de cet objet physique" (un concept qu'ils classent dans la catégorie métaphysique) mais est seulement un outil d'inférence statistique, un outil nous permettant de faire, sur la base d'une information forcément incomplète, des prédictions optimales sur ce que nous observerons dans le futur relativement à ce système.

Jaynes a un point de vue original. Il défend l'idée selon laquelle l'approche épistémologique et l'approche ontologique de la physique sont toutes les deux pertinentes et complémentaires (cf clearing up mysteries, the original goal).

Quoi qu'il en soit, attribuer à notre univers un caractère intrinsèque (indépendant de l'observateur et de son mode d'interaction avec l'univers) aux propriétés que nous mesurons est à mon avis une erreur conceptuelle. Ce que nous apprenons ne porte pas sur l'univers, mais sur notre interaction avec l'univers. Ce que nous appelons (à mon sens par abus de langage) "l'objectivité d'une propriété" correspond au fait que des observateurs distincts trouvent les mêmes résultats de mesure quand ils réalisent des expériences "identiques" (relativement aux informations pertinentes pour cette classe d'observateurs).

L'information est une notion statistique. Elle repose sur des mesures, c'est à dire des enregistrements physiques irréversibles. Un enregistrement irréversible se caractérise par une perte d'information, dite non pertinente, par regroupement en classe d'équivalences d'états microscopiques pourtant distincts (dans des classes d'états dits macroscopiques). Du point de vue de l'observateur macroscopique, un état macroscopique est en effet caractérisé par un petit nombre de grandeurs macroscopiques (cf relevant entropies and incomplete descriptions, et Le temps macroscopique de R. Balian)

L'information non pertinente, l'information qui manque à une catégorie d'observateurs donnée, est gigantesque par rapport à celle retenue comme pertinente, et ce n'est pas un défaut, c'est une nécessité. On ne peut pas enregistrer une information sans irréversibilité, c'est à dire sans rejet d'information classée comme non pertinente pour la catégorie d'observateurs concernés.

Même la perte d'information lors de la formation d'un trou noir, supposée absolue pendant un bon moment, est maintenant remise en cause (cf. Black holes don't erase information, scientists say, April 2, 2015 by Charlotte Hsu, University at Buffalo).

Les partisans de l'hypothèse selon laquelle, fondamentalement, l'évolution des systèmes physiques isolés (...mais à part l'univers ça n'existe pas, donc ???) présente un caractère systématiquement unitaire (donc déterministe, réversible et isentropique, c'est à dire conservant l'information) semblent nettement majoritaires vis à vis des Prigogine, Petrosky, Antoniou, Bohm, Gadella attribuant, au contraire un caractère absolu à l'irréversibilité des évolutions (autrement dit la fuite d'information hors de portée de l'observateur), la base de l'écoulement irréversible du temps.

Pour ma part, je pense cependant que ce débat n'est pas clos (cf. Flèche du temps. Est-ce la conséquence d'un manque d'information de l'observateur macroscopique ?)

(1) des observateurs distincts mais appartenant à une même catégorie d'observateurs interagissant de la même façon avec l'univers. Cela signifie que ces observateurs regroupent de la même façon les états microscopiques en catégories, appelées états macroscopiques, où ces états microscopiques sont indistinguables. Une bonne image (plus qu'une image puisqu'en fait c'est un exemple) ce sont les zillions d'états microscopiques, très nombreux mais cependant indiscernables à l'échelle d'observation macroscopique, dans lesquels une goutte d'encre a "fini" de se diluer dans un verre d'eau. "Fini" signifie qu'un état d'équilibre est atteint. Un état d'équilibre est un état où il ne se passe plus rien, c'est à dire quand les propriétés pertinentes pour la catégorie d'observateurs considérée (en l'occurrence "l'observateur macroscopique") sont devenues des constantes.

Le monde et ses propriété "objectives" reposent donc sur la façon dont nous regroupons les états microscopiques en états macroscopiques, des catégories au sein desquelles ces états microscopiques distincts nous semblent identiques. Grâce à notre myopie d'observateur macroscopique, des "états d'équilibre" (des bains thermiques) enregistrent de l'information pertinente vis à vis de notre mode d'interaction avec l'univers (et stable vis à vis de perturbations telles que des mesures successives. C'est l'origine de la reproductibilité des observations base de la méthode scientifique d'acquisition de connaissance).

La communication ne serait vraisemblablement pas possible vis à vis d'éventuelles entités dont le mode d'interaction avec notre univers reposerait sur un regroupement différent des états microscopiques en états macroscopiques. Ils n'observeraient pas les mêmes propriétés "objectives".

(2)... de l'écoulement irréversible du temps et de l'enregistrement d'information qui en est indissociable. C'est le caractère irréversible des enregistrements d'information qui explique notamment pourquoi nous avons des souvenirs du passé et pas de souvenirs du futur (malgré la symétrie CPT censée régner en maîtresse au niveau fondamental).

Un retour de l'univers et ses observateurs dans le passé (au sens d'un écoulement du temps macroscopique/écoulement du temps plus fondamental supposé), s'il se produisait, effacerait nos souvenirs (à part peut-être des bribes, et ce avec une mauvaise reproductibilité ?). Seules peuvent laisser des traces stables, des enregistrements irréversibles, les évolutions qui créent de l'entropie, celles qui se produisent dans le sens d'écoulement du temps que nous percevons (cf Comment on “Quantum Solution to the Arrow of Time Dilemma” de Oleg Kupervasser pour une discussion plus approfondie sur ce point plus délicat qu'il n'y parait).

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Compte rendu conférence de Physique Quantique, Palais des Congrès d'Arles, jeudi 22 Mars

#183

Message par ABC » 25 mars 2018, 15:01

Un petit compte rendu de la conférence sur la Physique Quantique du jeudi 22 Mars, au Palais des Congrès d'Arles
(objet l'un de mes précédents posts sur ce même fil consacré à la Physique Quantique)

Il y a eu 50 participants très exactement (1) dont le président de la CCI d'Arles, le président du Club de la mesure, une dizaine de membres du Club de la Mesure et quelques membres de l'association du café des sciences d'Arles.
Le reste du public était, pour environ une moitié, formé d'ingénieurs. C'est du au fait (selon les retours que j'ai eu) que le sujet fait un peu peur semble-t-il (alors que j'ai fait tous mes efforts pour rendre les concepts accessibles à un public non nécessairement de formation scientifique).

Les participants ont particulièrement apprécié différents supports utilisés pendant la conférence, notamment :
  • la vidéo de mise dans l'ambiance (lancée 10 minutes avant le début de conférence) réalisée par Rémy Cellard (stellar production)
  • des diapos de la conférence inaugurale de Serge Haroche de 2002 (notamment celles illustrant les innovations technologiques reposant sur la physique quantique)
  • les petites vidéo d'animation du site tout est quantique, de julien Bobroff illustrant :
    • la dualité onde-corpuscule
    • l'effet tunnel et le microscopie à effet tunnel
    • la quantification des niveaux d'énergie
    • le spin et le Stern et Gerlach
    • le laser.
Les questions qui ont suivi ont porté sur :
  • la façon la plus courante de créer des paires de photons EPR corrélés,
  • la façon dont l'effet EPR est utilisé pour transmettre la clé secrète en cryptographie quantique,
  • des questions plus générales concernant ce que la physique quantique nous apporte de nouveau et de différent par rapport à la vision du monde que nous donne la physique classique (une vision encore très largement présente dans nos esprits).
Le président de la CCI avait mis gracieusement la salle de conférence à notre disposition. Il a tenu à dire un petit mot pour exprimer sa satisfaction de voir que le sujet avait rencontré l'intérêt du public d'Arles et ses environs.

La conférence a été suivie, pour ceux qui s'y étaient inscrits (2), par un cocktail dinatoire favorisant la poursuite des échanges.

Bon. Si, j'ai suffisamment de courage, je ferai une prochaine conférence, cette fois sur l'écoulement irréversible du temps, fin mai 2019, un dimanche matin, au square Marc Baron à Saint Mandrier. Il s'agira de la vulgarisation d'une conférence (Where does the flow of time come from ?) présentée au congrès triennal d'Histoire des Sciences et techniques à Strasbourg en avril 2017. (presque) Tout est prêt pour cette nouvelle conférence en terme de bibliographie, de structure et de contenu. Il ne me reste "plus qu'à" élaborer les supports vidéo et power point.

(1) J'avais compté le nombre de sièges installés au départ et j'ai compté les sièges qui ont été rajoutés ensuite.
(2) cette inscription complémentaire au cocktail dinatoire était facultative car associée à une participation financière.

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Kant Locke
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Re: Le quantique, sujet privilégié des zozo et pour cause !

#184

Message par Kant Locke » 08 sept. 2018, 13:40

Salut ABC

Je viens de découvrir ton sujet que Dash m'a mentionné. J'avais fait un tableau pour un autre sujet, mais je pense qu'on pourrait en discuter ici.

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Ce vers quoi j'aimerais aller aussi, ce serait de mettre en tableau les observations que la mécanique classique n'explique pas convenablement.

On verra.

(On pourrait, aussi, discuter de ma frustration :evil: à propos des deux solutions en supersonic que j'avais expliqué et qui a été simplement ignoré parce que cela impliquait de changer plusieurs programmes informatiques )
Comment puis-je être libre ? Libre de quoi ?

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ABC
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Re: Le quantique, sujet privilégié des zozo et pour cause !

#185

Message par ABC » 02 mars 2019, 12:09

Kant Locke a écrit : 08 sept. 2018, 13:40Ce vers quoi j'aimerais aller aussi, ce serait de mettre en tableau les observations que la mécanique classique n'explique pas convenablement.
C'est assez bien présenté dans l'article physique quantique de wiki. On peut citer à titre d'exemple :

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