Etienne Beauman a écrit : 05 oct. 2020, 00:56 Le principe de causalité c'est la cause avant l'effet. En physique, le principe de causalité affirme que si un phénomène (nommé cause) produit un autre phénomène (nommé effet), alors la cause précède l'effet (ordre temporel).
A noter que les travaux actuels (je veux évoquer la formulation time-symmetric de la physique) posent la question du
statut de ce principe.
- Ce principe est-il une propriété des causes et des effets définis antérieurement de façon intrinsèque, indépendamment de ce principe ?
- Ce principe est-il en fait une définition ? Autrement dit doit-on appeler cause toute action en provoquant une autre mais à condition qu'elle lui soit antérieure (1).
De façon un peu surprenante (quand on n'est pas tombé sur les travaux de recherche scientifiques correspondants) la réponse n'est pas évidente. Elle dépend, en fait, d'une préférence pour une vision réaliste ou au contraire positiviste de la physique et des lois et propriétés que nous attribuons intrinsèquement (à mon sens à tort) à l'univers.
Pour ma part, j'ai désormais basculé de façon presque irréversible dans le camp positiviste (ça m'a pris plus de quinze ans parce que c'était contraire à des convictions réalistes issues de mon éducation). Je ne crois pas (plus en fait) à l'objectivité des lois de la physique et des propriétés de la physique (même les plus objectives, je pense
tout particulièrement aux constantes fondamentales de la physique).
Ce que nous appelons lois de la nature, sont en fait des modèles prédictifs de notre
interaction avec la nature, modèles ancrés, donc, dans l'
observation (et sa reproductibilité garantissant l'intersubjectivité). Ces modèles ne sont pas légitimés par leur fidélité à "la réalité" observée mais
par leur capacité prédictive autrement dit leur fidélité
aux observations (cf. Fuchs et le Quantum Bayesianism)...
...et il n'y a
- pas d'observation possible sans observateur
- ET pas d'observation possible sans enregistrement irréversible d'information (2)
(1) Bref, comment refuser à des mesures fortes pourtant
postérieures à des mesures faibles le droit d'être appelées causes de ces effets antérieurs sans faire appel au principe de causalité
jouant alors, en fait, le rôle de définition ?
Il y a bien une possibilité. Elle consiste à prendre en compte
les limitations d'action et d'accès de l'observacteur à l'information. Comme l'observacteur
ne connait pas les résultats de mesures fortes et ne peut agir sur ces mesures fortes au moment où se produisent les mesures faibles, l'observacteur ne peut pas se servir
lui de cette cause pour provoquer l'effet que ces mesure fortes provoquent sur les résultats de mesures faibles
qui leur sont antérieures.
Au contraire, si on met de côté l'observateur, on constate qu'il devient alors légitime de considérer l'inertie comme une interaction gravitationnelle provoquée
- par des ondes gravitationnelles dites retardées en provenance du passé
- et par des ondes gravitationnelles dites avancées en provenance du futur. (3)
Vu ainsi, le principe de causalité apparaît pour ce qu'il est vraiment, une limitation des possibilités d'action volontaire (immédiate et reproductible) et d'accès à l'information de l'observateur sur des évènements futurs...
...et c'est précisément là que se situe à la fois l'émergence de l'écoulement irréversible du temps et l'indéterminisme (manque d'information de l'observateur dont, notamment, l'absence de souvenirs du futur).
(2) et donc, quand Alice mesure la polarisation de son photon, dans l'état actuel de nos connaissances, il ne se passe rien du côté de Bob...
...encore que je cherche un moyen de faire mentir cette affirmation et que j'aimerais être sur que l'idée que j'ai en tête dans ce but (mesurer la durée d'une mesure quantique. A ce jour, ce n'est pas considéré possible) ne marche pas.
(3) Modélisation gravitationnelle, time-symmetric, invariante de Lorentz et respectueuse du principe de Mach du principe d'inertie. Cf. le travail de J.F. WOODWARD à ce sujet. J'ai déjà donné le lien sur cet article à de nombreuses reprises.