Une rumeur a touché dans les années 80 la société Procter & Gamble. Le logo de la compagnie, représentant la Lune et 13 étoiles, dessinerait trois fois le chiffre 6.
666. Procter & Gamble serait donc une société sataniste, et très vite les rumeurs s'amplifièrent, accusant la compagnie de reverser 10% de ses bénéfices à des sectes satanistes.
Ici, le logo. Tout le monde peut constater la nullité de l'interprétation qui en a été faite :

Ca semble absurde, évidemment. On pourrait penser que personne n'a pu croire a des histoires aussi tordues. Pourtant selon un sondage de cette époque, 4% des américains y ont assez cru pour boycotter les produits Procter & Gamble. Pire, la société recevait chaque mois des masses de courriers et appels téléphoniques de protestation (15000 appels par mois !), de bons américains choqués par la découverte des liens entre la société et le satanisme.
On pourrait aussi croire qu'il eut été facile pour Procter & Gamble de réfuter ces rumeurs. L''interprétation du logo paraît complètement folle. Pour stopper ce bruit de chiottes, au départ, Procter & Gamble n'a pas fait appel aux médias, mais a préféré s'attaquer directement à la source : les milieux religieux fondamentalistes. La société a donc envoyé à 48 000 organisations religieuses un dossier sur la rumeur.
Ca n'a pas été très efficace, les plaintes de consommateurs crédules continuaient. En juin 1982, Procter & Gamble a finalement décidé d'employer les gros moyens : campagne de presse massive et poursuites judiciaires contre ceux qui propageaient la rumeur. Ca a marché au début. Dès juillet, les plaintes téléphoniques passaient de 15000 à 6000. Malheureusement ça ne dura pas, le chiffre remonta rapidement et en quelques mois il se stabilisait à nouveau autour de 15000 appels.
Et cela dura plusieurs années. Finalement en 1985, en désespoir de cause, voyant que les explications rationnelles ne servaient à rien, les dirigeants de Procter & Gamble décidèrent purement et simplement de changer leur logo (qui datait de la fondation de la société, en 1882).
Moralité : un zozo, ça ne change pas. Réfutez ses conneries, expliquez-lui qu'il fait une interprétation délirante de faits anodins, au mieux ça le calmera quelques semaines, puis il oubliera la réfutation ou trouvera de nouvelles raisons de croire, et tout repartira de plus belle.