Merci à toi pour l’accueil. Je craignais un peu que ce passage n’attire trop l’attention. Mon intention était plus de me porter à la défense du STRASS que je trouvais injustement attaqué.Hallucigenia a écrit :sur le forum.
J’aime beaucoup l’expression « selon les études ». Quand on l’utilise on n’en cite généralement aucune. Et il y a ce mot magique dans l’expression : « les ». Comme si les études disaient toutes la même chose. C’est un argument d’autorité. Ça n’a aucune valeur. Soumettez-nous un échantillon quelconque d’études (pas nécessaire de choisir au hasard puisqu’elles disent toutes la même chose. Prenez celles que vous considérez être les meilleures). Nous les examinerons à leur juste mérite, notamment, mais pas uniquement, celui de leur validité interne et de leur validité externe.M'enfin...qui sait a écrit :Avoir besoin d'être en relation pour se donner le droit de copuler est une chose, mais être capable d'imaginer qu'une prostituée a du plaisir alors qu'une infime minorité est censée en avoir selon les études, ça relève d'un égocentrisme typiquement masculin à mon avis, ça manque un peu d'empathie (i.e. être capable de se mettre dans la peau de l'autre, avec jeu de mot)
Je n’ai pas la capacité à me mettre dans la peau de l’autre en effet. Vous semblez, vous, détenir cette capacité. Je vous remercie d’être entré dans la mienne pour voir que je manque d’empathie et dans celle de Martine pour comprendre que dans toute sa relation avec moi, il n'y avait que mensonge. Nous avons un magicien dans la salle !
Pour le commun des mortels, sexe et travail sont des univers séparés. À juste titre d’ailleurs, si j’ose dire, parce que lorsqu’on amène l’un chez l’autre ça annonce parfois des désagréments. Pour la travailleuse du sexe, l’un est à demeure chez l’autre quand elle est avec un client.
Je pense qu’on se représente plutôt mal la nature du plaisir chez la travailleuse du sexe parce qu’on confond, dans son cas particulier, plaisir sexuel et plaisir professionnel. Or, le premier n’est pas un passage obligé du second. Si vous croyez que toutes les travailleuses du sexe détestent leur travail il est inutile pour vous de poursuivre la lecture de ce message.
Pour les autres, la satisfaction sexuelle personnelle n’est pas un critère de satisfaction professionnelle particulièrement important chez les travailleuses du sexe. Le seul cas où cela est vrai, c’est celui des travailleuses qui ont choisi le métier d’abord et avant tout pour assouvir leurs besoins sexuels. « Je veux baiser, j’aime baiser, il ne m’importe pas de le faire avec un inconnu, tant qu’à faire si je suis rémunérée en plus, je vais en profiter. » Ça reste des cas plutôt rares, anecdotiques, et qui ne durent pas longtemps, j’en suis certain, à moins qu’il y ait d’autres motivations.
Le service sexuel est une prestation. L’objet de cette prestation est la satisfaction sexuelle et parfois affective du client, pas celle de la travailleuse. La satisfaction de la travailleuse vient d’ailleurs : les horaires de travail, la rémunération, les relations avec les agences et, bien entendu, les relations avec la clientèle et la fierté du travail bien fait, ce qui se mesure par la rétroaction avec le client. S’il aime le service, il vous complimente et il revient. Ces critères sont les mêmes dans toutes les industries du service.
La travailleuse du sexe n’a pas de désir pour le client, pas plus que la coiffeuse. Elles trouve certains plus ou moins moches que d’autres. Comme pour la coiffeuse. Elle trouve certains clients plus sympathiques. Comme pour la coiffeuse, ils sont plus agréables à servir. Des clients réussissent à l’exciter. Pour les unes ça n’arrive presque jamais, pour d’autres très souvent. Elle choisira alors de se laisser aller ou non. Ça arrive plus rarement avec la coiffeuse, j’en conviens.
La satisfaction au travail dépend aussi du plaisir à l’exercer et de la capacité à se réaliser dans ce travail. Comme dans tous les métiers et les professions, certains aiment plus leur travail que d’autres et certains se réalisent plus dans leur travail. Le travail du sexe n’est pas différent.
L’une des seules études disponibles qui a tenté de quantifier la satisfaction au travail des travailleuses du sexe et dont la méthodologie est clairement expliquée (c’est une condition sine qua non pour que je m’y intéresse) a été réalisée dans le Queensland en Australie en 2003. http://www.pla.qld.gov.au/Resources/PLA ... terOne.pdf tableau 32
Elle distingue 3 groupes : R : les travailleuses de rue (n=33), B les travailleuses des bordels (n=101) et I les indépendantes (n=82)
Leur travail:
Est varié et intéressant: R (70%) B (86%) I (79%)
Répond aux attentes qu’elles avaient: R (70%) B (84%) I (74%)
Est une source majeure de satisfaction dans leur vie R (9%) B (46%) I (52%)
Est prometteur pour l’avenir de gens comme moi R (37%) B (47%) I (65%)
Elle le choisirait à nouveau si c’était à refaire R (36%) B (64%) I (69%)
Selon Careerone, le jobboom autralien, 54% des Australiens se disaient satisfaits de leur travail en 2012.
Il y a une donnée fort intéressante dans ce sondage : seulement 9 % des prostituées de rue considéraient que leur travail est une source majeure de satisfaction dans leur vie. Et pourtant, 70% de ces prostituées considéraient leur travail varié et intéressant. Je pose une hypothèse. Quand tu te retrouves à la rue, il y souvent quelque chose de plutôt important qui a cessé de bien fonctionner dans ta vie. Et quand il y a quelque chose d’important qui a cessé de bien fonctionner dans ta vie, tu as tendance à être moins satisfait de ta vie. Ça devient difficile de trouver des trucs qui sont une source majeure de satisfaction. Mais tout ça a relativement peu d’impact sur le fait que tu puisses trouver un travail intéressant.
Chaque fois que je parle aux filles de Stella, elles n’ont cesse de me le dire. Ce n’est pas la prostitution qui amène les filles à la rue. Et pour les filles de la rue, ce n’est pas la prostitution qui est le problème, pas plus que les pimps d’ailleurs, parce que très peu de filles en ont un dans les rues de Montréal.
Votre mépris pour les hommes n’a pas d’égal. Mais je trouve votre mépris pour les femmes encore bien pire ! Elles ne sont les nunuches serviles et les victimes à sauver que vous croyez.M'enfin...qui sait a écrit :Selon moi, le problème du problème vient du fait que les hommes se sentent endroit d'obtenir ce qu'ils veulent, et que les femmes n'ont pas le choix de se soumettre à leurs lois.