"Aujourd'hui, la bande à Riss a touché au sacré universel de l'enfance et fait donc face à un mouvement d'indignation bien plus grand que lorsqu'elle s'attaque aux seuls musulmans. C'est ce qui arrive lorsqu'on considère la liberté d'expression comme un vaste bac à sable, dans lequel tous les coups de râteau sont permis. Et je ne peux m'empêcher de me demander quelles auraient été les réactions des survivants de "Charlie Hebdo" si, au lendemain de l'attentat du 7 janvier, un dessinateur avait caricaturé Charb baignant dans son sang, à l'entrée de la salle abritant le prix Pulitzer du dessin de presse, avec la mention "Si près du but...".
Cela aurait été une dégueulasserie du niveau de la caricature d'Aylan. Ni plus, ni moins."
Je sais pas pour les survivants, mais moi cette caricature m'aurait bien fait rire.
Et au bout du bout, c'est toujours le même appel à l'autocensure au nom des "limites" à la liberté d'expression et de la liberté de ne choquer personne. Comme je l'ai déjà dit, ce raisonnement ne peut servir que les fascistes, qui seront toujours outragés quoi qu'il arrive, jusqu'à ce que les limites de la liberté d'expression épousent leur fantasme répressif.
On peut avoir le droit d'être choquer par une caricature, de la trouver mauvaise, de ne pas y être sensible, on peut même faire de la publicité pour qu'il soit connu qu'on la réprouve et réunir ceux qui pense de la même manière dans une indignation publique. Mais c'est juste mettre un doigt dans l'engrenage de la dictature des idées que d'insinuer et soutenir l'idée que les journalistes se "couvriraient" sous la liberté d'expression, et donc qu'elle aurait des limites qui s'arrêteraient à l'émotion ou l'égo du public visé.
Rien que le fait que la journaliste évoque le fait qu'il y aurai un sacré universel de l'enfance est selon moi bien plus choquant que la caricature (et révélateur du fait que la journaliste ne passe sans doute pas assez de temps avec des enfants, parce qu'il faut ne pas connaître la cruauté dont ils sont capables entre eux pour souscrire à l'idée d'une innocence sacrée de l'enfance

).
Le sacré, c'est un outil de la police des idées, c'est l'acceptation de l'idée qu'il serait blasphématoire d'aller contre. Manier aussi facilement de tel concept dans une situation aussi triviale c'est irresponsable.
Il serait utopique de penser qu'il puisse exister une société sans tabou ou élément de sacré et dans lequel la liberté d'expression est à 100% respectée. Mais les journaux devrait au contraire s'efforcer de lutter pour le tabou et le sacré soit réduit au minimum dans une société qui se veut démocratique, parce que la raison qui devrait guider les citoyens est réduite chaque fois qu'une information est interdite par un tabou. Leur fonction même de média devrait les mener à peser leur mot quand il s'agit de défendre un tabou et de respecter la sacralité supposée d'un sujet, parce que ces deux notions ne sont justement pas dans l'intérêt de leurs fonctions.
Enfin, c'est tout de même amusant de voir tout le monde s’étonner qu'un journal connu pour être anti-clérical, ne respecte pas le "sacré universel de l'enfance" qui est une notion finalement très chrétienne à la base.
Maisbiensur a écrit :
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Je sais où est l'humour et où est la méchanceté gratuite.
Le plus drôle, c'est que ça illustre très bien la loi de Poe. Franchement, je n'aurais pas su que cette image a été faite au premier degré, j'aurais sans doute rit de l'image en pensant que c'était une caricature.
Franchement, je vois tout à fait un journal satyrique sortir une telle image pour justement se moquer du maire de Béziers et de son obsession anti-immigration (du coup, pas besoin, il le fait tout seul).
D'ailleurs, prise au second degré, je trouve l'image très drôle. En fait, c'est tout le journal municipal de Bézier qui est un modèle du genre en terme de caricature involontaire, mais c'est un autre débat.