Totolaristo a écrit :- Pas besoin d’ignorer qu’on prend un faux médicament pour que l’effet placebo se manifeste.
- Une consultation plus longue, avec une prescription chère et une confiance affichée dans l’efficacité du traitement favorise l’effet placebo.
- l’effet placebo est plus qu’une anomalie statistique. Le taux de survie du groupe sous effet placebo est supérieur à celui du groupe témoin sans traitement.
Ces trois points relèvent de cours magistraux en amphithéâtre... Mon problème étant que dans la pratique, c’est à dire dans le cadre d’une consultation, les deux premiers points semblent s’opposer....
Pas nécessairement, mais c'est une thérapie qui demande beaucoup de psychologie de la part des praticiens… et qui demande surtout un changement d'habitude mentale, ce qui n'est pas évident pour certains d'entre eux.
En fait, le taux de réussite s'améliore quand même si le patient ignore qu'il ne prend pas de molécule. Mais la manière de conduire la manip peut influencer fortement le résultat : si le médecin/acteur donne le substrat neutre en disant nonchalamment qu'il "n'y a rien là dedans !", l'effet placebo a moins de chance de se déclencher, la présentation n'est pas optimisée.
L'idéal pour le praticien en consultation, c'est de présenter le substrat neutre au patient comme "le symbole de la prise en charge de son propre état de santé !". Et d'insister sur le fait que des études ont montré que le "
substrat neutre"
* a un effet positif quant à la guérison (parce qu'il s'agit vraiment de "soigner", dans le sens de favoriser le rétablissement de la santé... exactement comme dans le cas d'une molécule).
* Dans ce domaine, les mots sont importants. Il faut trouver une dialectique adaptée qui permette une certaine manipulation psychologique du patient en vue de l'optimisation de l'effet placebo, sans nécessairement mentir. C'est une technique qu'utilise d'ailleurs la publicité et, dans son cas, pas nécessairement pour le bien du public...
Selon le premier point, je pourrais clairement dire à mon patient que je lui prescris un médicament sans effet.
Là, déjà, c'est mal parti de ta part, point de vue dialectique et conception du problème. Parce que ça a bien un "effet".
Et si certains épiloguent sur le terme "médicament" sous prétexte qu'un "médicament" doit obligatoirement contenir une molécule active, par définition… et bien il faut changer la définition. Il me semble d'ailleurs que changer la définition devrait être infiniment plus facile que de changer leurs habitudes mentales
(aux Cartaphilus et compagnies…)
Totolaristo a écrit :le deuxième point, il serait plus efficace que je lui dise que je suis persuadé que le traitement va fonctionner. Même si je sais que ce n’est pas le traitement à proprement parler qui aura un effet.
C'est un sujet qui génère une extrême confusion, ce que tu écris en est encore la preuve.
Le traitement, c'est aussi toi, tu en fais partie. C'est ta capacité de persuasion qui est en jeu. Le patient est sous ton influence, à toi d'en profiter pour son bien.
Bien sûr qu'il est plus efficace que tu lui dises que tu es persuadé que le traitement va fonctionner, plutôt que de suggérer par ton attitude que "ça ne sert à rien !".
Et c'est là que la position idéologique est importante : les Cartaphilus et compagnies

qui se lanceraient dans le placebo avec leur mentalité de m... ne pourraient que conclure que ça ne marche pas. Parce qu'ils ne feraient qu'afficher une attitude qui va conforter leur biais en influencant le patient négativement.
Totolaristo a écrit :...comment le présenter au patient de manière « loyale et éclairée » ?
Présenter de manière "loyale et éclairée", ça a aussi ses limites si on prescrit une molécule. Faut pas non plus que ça serve à se retrancher derrière pour sauvegarder son idéologie. Le médecin est le médecin et le patient ne comprend pas toujours tout, de toute manière. D'autant plus qu'il est surtout là pour aller mieux, pas tellement pour comprendre…
Et quant au coût, qui effectivement renforce l'optimisation de l'effet placebo et qui pour certains serait censé représenter un aspect négatif à l'emploi d'un placebo. Le problème peut être levé quand on sait qu'un remboursement conséquent renforce
aussi l'effet placebo
(bon d'accord, là, ça mériterait une étude
).