Jean-Marc Jancovici ne veut pas ravaler la façade de quoi que soit. Il livre des analyses, donne des informations, offre des constats (cf son intervention à la commission d'enquête de l'Assemblée Nationale), avec des sources documentées.
Affirmation aussi dénuée de sens que celles de nombre d'écologistes qui le vilipendent parce qu'ils jugent son attitude pro-nucléaire. C'est incroyable cette paresse intellectuelle qui règne, à base d'opinions, de stéréotypes qui dispense d'écouter, d'essayer de comprendre son interlocuteur, d'aller jusqu'au bout de ses arguments.
cf. le site Reporterre, avec Hervé Kempf, ou Fabrice Nicolino chez Charlie-Hebdo qui pratiquent ce genre de sport.
A l'heure actuelle, et en l'état des connaissances, Jancovici est l'un des rares à avoir une vision globale de haut niveau, avec une mise à disposition d'outils.
Il ne s'agit pas de défendre Pierre, Paul, Jacques ou Tartempion mais de constater. Combien d'individus en sont à l'heure actuelle capables? C'est cette constatation qui est inquiétante.
Qui peut intelligemment contester Jancovici? Les interlocuteurs va rencontrer, qui l'écoutent, avec qui il échange (c'est quand même curieux que Hulot, ou Dion, pour ne citer qu'eux, arrivent à communiquer avec l'homme, ce qui ne signifie pas pour autant qu'ils approuvent l'ensemble de ses propos et disent amen à tout.).
Ce type d'interlocuteurs fait vivre le débat démocratique contradictoire constructif.
La représentation politique actuelle des écologistes (politiques) est une catastrophe, par défaut d'avoir une ligne d'action cohérente, claire, lisible, et par entretien continuel de figures tutélaires toxiques (idem pour la Nupes), alors qu'il pourrait y avoir des avancées. La toxicité et la foire d'empoigne sont un frein à l'adhésion.
Aparté...
A rapprocher de "l'aventure" peu glorieuse du PS qui, au début du quinquennat Hollande (2007 et 2012), disposait de toutes les majorités possibles et imaginables (Assemblée Nationale, Sénat, conseils départementaux, régionaux, maires...) et a réussi le tour de force incroyable de n'en rien faire ou si peu, jusqu'à échouer lamentablement, avec le chant du signe, 1,75% recueillis péniblement pour la candidate de ce PS aux dernières élections présidentielles. Un exemple retentissant pour illustrer le marasme politique : comment réussir à si bien échouer?
J'ai cru, comme tant d'autres, à une possible inflexion, à un changement progressif, surtout après le carnage des années Sarkozy. J'ai remballé mes espoirs.
La droite traditionnelle n'a pas réussi à s'en sortir mieux, elle a suivi le même chemin. Etre un politicien est une chose, avoir la stature d'un politique en est une autre.
Fin de l'aparté...
François Demenne, ex-conseiller de Jadot, membre du GIEC, a d'ailleurs jeté l'éponge, désabusé.
Pour agir, il est nécessaire de disposer de leviers. Les propositions du Shift Project, avec Jancovici, en représentent quelques-uns, ce ne sont pas les seuls. Ils ont le mérite de pouvoir statuer précisément, d'être réalistes et pragmatiques, sans culture de l'illusion.
Sur le plan de la représentation politique actuelle, gouvernement et opposition en place, on cherche encore. Il est là le gros problème.
Ravaler la façade d'un type de société obsolète, continuer à nourrir cette société industrielle démentielle, assurément non.
Si on veut comprendre de quoi il retourne, précisément, il faut aller au fond des analyses, ce qui demande du temps et du courage.
L'autre option étant de continuer à brailler des slogans stériles et puérils.
Les écologistes radicaux se recrutent beaucoup au sein des jeunes générations. Combien sont prêts, quasi-immédiatement à lâcher leurs smartphones, les réseaux de streaming, et à ne plus y revenir ? A l'heure où il est d'urgence de dépasser les contradictions définitivement contre-productives, tant que nous en serons encore là, il y a peu de chances que la situation évolue positivement.
En 2009...
https://www.lejdd.fr/Societe/Jancovici- ... 51-3075659
...Dans son dernier livre, C'est maintenant! Trois Ans pour sauver le monde (Seuil), écrit avec l'économiste Alain Grandjean, il annonce rien de moins qu'une "tempête d'une brutalité inouïe" si les hommes ne réajustent pas leur mode de vie. "Il est probable que rarement dans l'histoire de l'humanité nous aurons disposé d'une telle quantité d'informations sur un désastre à venir." L'élévation des températures moyennes du globe, et son corollaire, la montée des océans, n'est plus un secret pour personne. Jean-Marc Jancovici, lui, fait entrer l'urgence dans les esprits: "Nous avons tous en tête l'image de la marée qui monte doucement. Au moment où l'eau va commencer à me lécher le gros orteil, je déplace la serviette, et le problème est réglé. Mais il faut remplacer la serviette par des ports, des centrales électriques, des villes. La mer ne va pas monter de manière continue mais va nous jouer des tours comme à La Nouvelle-Orléans." Sonnez, trompettes de l'Apocalypse!
"Il tient, c'est vrai, un discours très radical, reconnaît Cécile Ostria, mais il fait cela pour interpeller. Cette brutalité intrigue, suscite la curiosité et l'attention. A la Fondation, nous n'avons pas forcément la même manière d'exprimer les choses, nous essayons de ne pas décourager le public." Un refus des concessions qui atteint son paroxysme lorsqu'il évoque les relais d'opinion de notre société. "On peut être agacé par la persévérance de leur ignorance", lâche-t-il en visant, pèle-mêle, "élus, décideurs économiques et journalistes". Journalistes "ignares" ou "nuls", selon l'inspiration du moment, mais peut-être pas irrécupérables puisqu'il organise avec Jean-Louis Caffier tous les ans à leur intention une session de formation intensive au pied du mont Blanc, les désormais fameux Entretiens de Combloux...
13 années écoulées... Combien de temps perdu ?
Il y a des jours où on se sent las...
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