La croyance en Dieu dans 20 pays occidentaux

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André
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#101

Message par André » 22 mars 2005, 22:32

Mikaël
Hum, André, je sais pas si tu as bien regardé, mais le site traite en bonne partie de philosophie (ce que tu appelles les "tenants et aboutissants")...
J'avais très bien regardé !

J'ai fait exprès pour utiliser l'expression "tenants et aboutissants" au lieu de "philosophie", car c'est bien de ça qu'il s'agit.

Depuis des lustres, on considère la philo comme la science des sciences ou la science du Tout. Elle se divisait en différentes branches qui sont devenues obsolètes les unes après les autres à mesure que se sont développées les connaissances empiriques.

-La psychologie rationelle a été remplacée par la psychologie expérimentale.
-La logique se traite beaucoup mieux par les mathématiques.
-La cosmologie des philosophes est passablement sérile par rapport à la cosmologie moderne.
-La métaphysique ? J'aime bien la définition de Larousse : 2. (Souvent péjoratif). Spéculation intellectuelle sur des choses abstraites, et qui n'aboutit pas à une solution des problèmes réels. :twisted:
-L'épistémologie : (ma définition) terme ronflant inventé par les philosophes et qui consiste à déterminer les tenants et les aboutissants de la science, ce qui est essentiellement le rôle des scientifiques eux-mêmes.

En fait, il ne reste que la morale comme domaine propre à la philosophie, quoique la sociologie... ;)

En somme, la philosophie n'a plus d'objet.

André

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Mikaël
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#102

Message par Mikaël » 22 mars 2005, 23:23

André a écrit :Mikaël
Hum, André, je sais pas si tu as bien regardé, mais le site traite en bonne partie de philosophie (ce que tu appelles les "tenants et aboutissants")...
J'avais très bien regardé !

J'ai fait exprès pour utiliser l'expression "tenants et aboutissants" au lieu de "philosophie", car c'est bien de ça qu'il s'agit.
C'est plus court de dire "philosophie", de même qu'on va pas dire "théories et expériences" pour parler de la science.
André a écrit :Depuis des lustres, on considère la philo comme la science des sciences ou la science du Tout.
La philosophie n'est pas une science, il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes. Néanmoins, elle peut avoir un discours valide sur un certain nombre de choses.
André a écrit :Elle se divisait en différentes branches qui sont devenues obsolètes les unes après les autres à mesure que se sont développées les connaissances empiriques.

-La psychologie rationelle a été remplacée par la psychologie expérimentale.
Je dirais plutôt que la dernière est un prolongement de la première qui a pris son indépendance par rapport à elle mais qui lui est complémentaire. Appréhender le fait mental selon une optique en 1ère personne (donc plutôt par les raisons que par les causes), est non seulement une nécessité sociobiologique (pour vivre en harmonie avec les autres, il faut les comprendre et pas seulement les expliquer), mais c'est une étape qui peut déjà nous apprendre certaines choses, et un passage obligatoire étant donné que nos instruments de mesure objectif ne peuvent pas encore saisir toute la richesse du fait mental, notamment dans ces aspects qualitatifs.
André a écrit :-La logique se traite beaucoup mieux par les mathématiques.
Ce que tu dis est une hérésie :) Les mathématiques s'occupent des grandeurs (grosso modo), la logique s'occupe de l'art de raisonner comme il faut. Or tous les raisonnements ne sont pas mathématiques. Et les mathématiques ajoutent qqch à la logique pure, ce qui constitue justement leur objet propre : les grandeurs (grosso modo).
André a écrit :-La cosmologie des philosophes est passablement sérile par rapport à la cosmologie moderne.
Bof, les deux m'apparaissent assez stériles :) En tout cas, elles tendent à se rejoindre, il me semble. Mais je n'en dirai pas plus. Je ne suis spécialiste ni de l'une ni de l'autre.?
André a écrit :-La métaphysique ? J'aime bien la définition de Larousse : 2. (Souvent péjoratif). Spéculation intellectuelle sur des choses abstraites, et qui n'aboutit pas à une solution des problèmes réels. :twisted:
Ca ce n'est pas la vraie métaphysique telle qu'elle devrait être pratiquée :) Pour moi, la vraie métaphysique, en gros c'est la discussion au sujet de ceci.
André a écrit :-L'épistémologie : (ma définition) terme ronflant inventé par les philosophes et qui consiste à déterminer les tenants et les aboutissants de la science, ce qui est essentiellement le rôle des scientifiques eux-mêmes.
Pourquoi des philosophes n'auraient pas le droits de s'y intéresser aussi ? (au fait, quel est le philosophe qui a inventé ce terme ? je paris que tu l'ignores [moi également cela dit])
André a écrit :En fait, il ne reste que la morale comme domaine propre à la philosophie, quoique la sociologie... ;)
La sociologie décrit/explique comment se comportent les sociétés humaines. Elle ne dit pas comment on doit se comporter.

Miky
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"Esprit : Chacun sait ce que c'est qu'un esprit ; c'est ce qui n'est point matière. Toutes les fois que vous ne saurez pas comment une cause agit, vous n'aurez qu'à dire que cette cause est un esprit, et vous serez très pleinement éclairci." (Le baron d'Holbach, Théologie portative ou Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne)

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#103

Message par groucho_max » 22 mars 2005, 23:40

André a écrit :En somme, la philosophie n'a plus d'objet.
Je suis plutot d'accord.

Depuis qu'elle a perdu peu a peu ses prerogatives (i.e. l'art de poser des questions et la pratique de la raison, comme on dit le soir assis bien au chaud au fond des chaumieres), la decheance de la philosophie est irreversible: elle n'a plus rien a dire, si ce n'est se commenter sans fin. Bref, la philosophie ressemble de plus en plus a ce qu'a toujours ete la metaphysique: un restaurant qui propose un menu de trente mille pages, mais rien a bouffer *.

groucho max

*: bon mot de Robert Pirsig au sujet de la metaphysique, si je ne m'abuse.
"La metaphysique est une lanterne accrochee dans le dos qui n'eclaire que le sphincter." (Gustave Choupin in "Membrax contre Turlut")

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Mikaël
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#104

Message par Mikaël » 22 mars 2005, 23:58

groucho max a écrit :
André a écrit :En somme, la philosophie n'a plus d'objet.
Je suis plutot d'accord.

Depuis qu'elle a perdu ses prerogatives (i.e. l'art de poser des questions et la pratique de la raison, comme on dit le soir assis au chaud devant la chaumiere), la decheance de la philosophie est irreversible: elle n'a plus rien a dire, si ce n'est se commenter sans fin.
Ce n'est pas parce que les scientifiques savent se poser des questions et pratiquent la raison que la philosophie n'a plus rien à dire. Je ne saisis pas le lien logique entre les deux. Pour moi, la philosophie cherche à apporter des réponses (provisoires) sur un certain nombre de savoir, de savoir-faire et de savoir-être pour lesquels la science, stricto sensu, n'est pas (à elle seule) compétente. Ex. : qu'est-ce que la vérité ? comment l'atteindre ? comment dois-je me comporter avec mes semblables ?
groucho max a écrit :Bref, la philosophie ressemble de plus en plus a ce qu'a toujours ete la metaphysique: un restaurant qui propose un menu de trente mille pages, mais rien a bouffer
Au fait, j'aimerais revenir sur ce que tu disais dans une autre discussion. Pourquoi disais-tu que la métaphysique peut produire des énoncés syntaxiquement corrects mais sémantiquement sans contenu ? En quoi le fait qu'une proposition soit infalsifiable la rend-t-elle vide de sens ? Par exemple, supposons que je pense que Dieu a créé le monde et tout ce qu'il contient il y a 5 min. C'est une proposition infalsifiable. Pour autant, ça veut bien dire qqch, non ?

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#105

Message par ti-poil » 23 mars 2005, 01:40

.
Grouchou Max a écrit :la decheance de la philosophie est irreversible: elle n'a plus rien a dire, si ce n'est se commenter sans fin.
Peut-etre nous aider a reflechir le raisonnable et l'irraisonnable.
Le reel et l'irreel.
L'esprit et la matiere.

Bref plus rien a dire mais combien de reflexions.
----------------------------------
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#106

Message par groucho_max » 23 mars 2005, 03:01

Mikaël a écrit :j'aimerais revenir sur ce que tu disais dans une autre discussion. Pourquoi disais-tu que la métaphysique peut produire des énoncés syntaxiquement corrects mais sémantiquement sans contenu ? En quoi le fait qu'une proposition soit infalsifiable la rend-t-elle vide de sens ? Par exemple, supposons que je pense que Dieu a créé le monde et tout ce qu'il contient il y a 5 min. C'est une proposition infalsifiable. Pour autant, ça veut bien dire qqch, non ?
Je n'avais pas ecrit semantiquement sans contenu, mais ne satisf[aisant] aucun critere de "semantique empirique". Nuance.

Falsifiable, infalsifiable... dis donc, ca vire a l'obsessionnel chez toi.

groucho max
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#107

Message par Mikaël » 23 mars 2005, 04:03

groucho max a écrit :
Mikaël a écrit :j'aimerais revenir sur ce que tu disais dans une autre discussion. Pourquoi disais-tu que la métaphysique peut produire des énoncés syntaxiquement corrects mais sémantiquement sans contenu ? En quoi le fait qu'une proposition soit infalsifiable la rend-t-elle vide de sens ? Par exemple, supposons que je pense que Dieu a créé le monde et tout ce qu'il contient il y a 5 min. C'est une proposition infalsifiable. Pour autant, ça veut bien dire qqch, non ?
Je n'avais pas ecrit semantiquement sans contenu, mais ne satisf[aisant] aucun critere de "semantique empirique". Nuance.
Tu as dit :
La metaphysique, bien qu'etant capable d'accoucher des enonces syntaxiquement corrects, est un corpus vide de sens par le simple fait que ces derniers ne satisfont aucun critere de "semantique empirique".
Vide de sens et sans contenu sémantique, c'est-y pas un peu du pareil au même ? Et sinon, quelle différence fais-tu ?

Autre question : qu'appelles-tu "sémantique empirique" ?
groucho max a écrit :Falsifiable, infalsifiable... dis donc, ca vire a l'obsessionnel chez toi.
C'est parce que :

1°) Je tiens beaucoup à cette distinction.

2°) Je pense néanmoins que ce qui est infalsifiable peut être démontré vrai ou très probable, et avoir une certaine utilité.

Miky
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#108

Message par André » 23 mars 2005, 04:19

Mikaël
Je pense néanmoins que ce qui est infalsifiable peut être démontré vrai ou très probable, et avoir une certaine utilité.
Ça ne tient pas debout ce que tu dis là !
Ce qui est infalsifiable ne peut être démontré vrai par définition.
Comment un philosophe (ou seul un philosophe) peut-il faire une pareille affirmation ?

André :shock:

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Denis
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Chacun son métier

#109

Message par Denis » 23 mars 2005, 05:33


Salut surtout à André et à Miky mais pas exclusivement à eux,
André a écrit :
Miky a écrit :Je pense néanmoins que ce qui est infalsifiable peut être démontré vrai ou très probable, et avoir une certaine utilité.
Ça ne tient pas debout ce que tu dis là !
Ce qui est infalsifiable ne peut être démontré vrai par définition.
Sur ce coup-là, je suis plutôt de l'avis de Miky. Je pense que "infalsifiable" signifie "qui ne peut être démontré faux". Ce n'est pas synonyme de "indémontrable".

Une théorie infalsifiable peut être vraie, autant qu'une théorie indémontrable peut être fausse. Une théorie est infalsifiable si sa négation est indémontrable, et inversement. À moins que je me trompe.

Par contre, je suis plutôt de ton avis concernant la métaphysique spéculative. J'aime beaucoup l'anecdote suivante (tirée de cette page) :
many decades ago, the physicist Robert W. Wood was asked to respond to the toast, "To physics and metaphysics." By "metaphysics," people then meant something like philosophy, or truths you could recognise just by thinking about them. Wood answered along these lines:

The physicist has an idea. The more he thinks it through, the more sense it seems to make. He goes to the scientific literature, and the more he reads, the more promising the idea seems. Thus prepared, he devises an experiment to test the idea out. The experiment is painstaking. Many possibilities are checked. The accuracy of measurement is refined. At the end of all this work, however, the idea is shown to be worthless. The physicist discards it, frees his mind from the clutter of error and moves on to something else. The difference between physics and metaphysics, Wood concluded, is that the metaphysicist has no laboratory.
Un autre problème, avec la métaphysique, c'est que ses contours sont très mal définis. Certains cantons sont moins pétés que d'autres. De gros bouts relèvent carrément de la littérature, mais d'autres moins. Que faire de ceux-là?

Moi, je laisse le tout à ceux que ça passionne. Brasser des idées floues, ce n'est pas ma façon préférée de passer le temps, même si je ne peux pas toujours l'éviter. Ce ne sont malheureusement pas toutes les idées qui sont claires. Misère!

:) Denis
Les meilleures sorties de route sont celles qui font le moins de tonneaux.

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Mikaël
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Re: Chacun son métier

#110

Message par Mikaël » 23 mars 2005, 10:11

Denis a écrit :Par contre, je suis plutôt de ton avis concernant la métaphysique spéculative. J'aime beaucoup l'anecdote suivante (tirée de cette page) :
many decades ago, the physicist Robert W. Wood was asked to respond to the toast, "To physics and metaphysics." By "metaphysics," people then meant something like philosophy, or truths you could recognise just by thinking about them. Wood answered along these lines:

The physicist has an idea. The more he thinks it through, the more sense it seems to make. He goes to the scientific literature, and the more he reads, the more promising the idea seems. Thus prepared, he devises an experiment to test the idea out. The experiment is painstaking. Many possibilities are checked. The accuracy of measurement is refined. At the end of all this work, however, the idea is shown to be worthless. The physicist discards it, frees his mind from the clutter of error and moves on to something else. The difference between physics and metaphysics, Wood concluded, is that the metaphysicist has no laboratory.
Ben, dans un certain sens, les idées métaphysiques peuvent être testées aussi, mais pour les tester, on n'a pas besoin de laboratoire, on se sert de sa subjectivité.

Par exemple, la proposition suivante peut être considérée comme métaphysique :

"Il n'existe pas de surfaces colorées de dimension nulle"

D'un point de vue purement logique, il pourrait en exister. Le concept de surface colorée de dimension nulle n'est pas auto-contradictoire. Pour réfuter cette proposition, il suffirait d'en trouver une. Cependant, une surface colorée de dimension nulle ne peut pas donner lieu à une expérience possible (au sens large d'expérience subjective). Et ceci est quasi certain. Je défis quiconque de réussir à s'imaginer une telle chose.

Pour moi, la métaphysique a donc bien un lien avec l'expérience, mais pas l'expérience de telle ou telle chose en particulier, l'expérience en général.
Denis a écrit :Un autre problème, avec la métaphysique, c'est que ses contours sont très mal définis. Certains cantons sont moins pétés que d'autres. De gros bouts relèvent carrément de la littérature, mais d'autres moins. Que faire de ceux-là?
Il y a en effet un grand nettoyage de printemps à faire. J'ai commencé à m'y attelé un peu, d'ailleurs.

Miky
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Re: Chacun son métier

#111

Message par groucho_max » 23 mars 2005, 12:23

Mikaël a écrit :
groucho max a écrit :Je n'avais pas ecrit semantiquement sans contenu, mais ne satisf[aisant] aucun critere de "semantique empirique". Nuance.
Tu as dit :
La metaphysique, bien qu'etant capable d'accoucher des enonces syntaxiquement corrects, est un corpus vide de sens par le simple fait que ces derniers ne satisfont aucun critere de "semantique empirique".
Vide de sens et sans contenu sémantique, c'est-y pas un peu du pareil au même ? Et sinon, quelle différence fais-tu ?
Bordel de chameau hydrocephale a deux roues! Arf! Il y a une implication bien precise et des attributions tout aussi precises: {les enonces metaphysiques ne satisfonts aucun critere de semantique empirique} => {la metaphysique est un corpus vide de sens}.
L'enonce "mon aisselle gauche est sous mon pied droit" est syntaxiquement correct mais ne satisfait aucun critere de semantique empirique. Une accumulation d'enonces du meme type constitue un corpus vide de sens. La phrase (je te cite) "Dieu a créé le monde et tout ce qu'il contient il y a 5 min" est egalement un enonce de ce corpus vide de sens puisqu'il ne satisfait aucun critere de semantique empirique. Maintenant, si tu estimes que ce dernier enonce a un quelque interet parce que tu lui attribues une certaine valeur litteraire (= tu lui attribues la semantique d'un des mondes possibles du langage naturel) et bien soit, tu es libre: tu fais alors de la litterature, mais certainement pas de la science. Pour etre franc, j'appelle plutot ca de la branlette. La litterature est noble. Enfin, ca depend. Bref.
Autre question : qu'appelles-tu "sémantique empirique" ?
Il s'agit simplement du sens donne par le controle empirique. Ca m'avait l'air d'etre explicite.
groucho max a écrit :Falsifiable, infalsifiable... dis donc, ca vire a l'obsessionnel chez toi.
C'est parce que :

1°) Je tiens beaucoup à cette distinction.

2°) Je pense néanmoins que ce qui est infalsifiable peut être démontré vrai ou très probable, et avoir une certaine utilité.
Le point 1) ne regarde que toi mais il releve sans doute d'un abus puisque le falsificationnisme popperien se voulait etre une critique de l'inductivisme: il ne faut donc pas le mettre a toutes les sauces. Ensuite, pour le point 2), le critere de Popper est bancal: il est donc tres difficilement maniable et se trouve etre moins puissant qu'on ne l'imagine. Ce n'est d'ailleurs pas une nouveaute.

Il n'est peut-etre pas inutile de rappeler qu'une trentaine d'annees (si je ne fais erreur) avant la premiere publication de la theorie popperienne, Duhem avait deja fait remarquer, avec la finesse qui le caracterisait, quelque chose d'extremement important: une hypothese ne peut etre soumise seule au controle empirique, i.e. c'est toujours un faisceau d'hypotheses qu'on lui soumet. A cela s'ajoute le fait qu'une experience ne sera pas en mesure de dire laquelle (ou lesquelles) de ces hypotheses est "refutee": si A est une hypothese auxiliere a l'hypothese H et si de {H et A} il decoule une "evidence" experimentale E (je reste volontairement vague pour ne pas sombrer dans des details superfetatoires), i.e.

si {H et A} alors E,

alors tout va bien; si par contre tu trouves non-E, i.e.

si {H et A} alors non-E,

tu refutes la conjonction {H et A} "toute entiere". Ainsi, non-E pourrait contredire A sans que H ne soit concernee. En outre, pour pouvoir affirmer qu'une E "falsifie" H, un popperien (comme tu sembles l'etre) devrait etre certain que l'hypothese A est vraie (on fait de la logique du 1° ordre la). Mais cela lui est impossible puisqu'il presuppose - c'est l'essence meme du popperisme - qu'une assertion, quelle qu'elle soit, peut etre au plus falsifiable ou infalsifiable, mais ne peut certainement pas etre declaree vraie. Cela s'appelle etre dans la merde.
Voyons un petit exemple bidon (comme il se doit) pour ne pas donner la fastidieuse impression de causer dans le vide: supposons que l'on decide de verifier une des consequences de la relativite generale (RG) - comme cela a d'ailleurs ete fait - en observant une etoile a proximite (apparente) du soleil lors d'une eclipse, et supposons que l'on ne detecte pas la deviation des rayons lumineux prevue par la RG. A-t-on refute la RG (qui est ici notre hypothese H)? Oui, si l'on admet que l'optique classique est parfaitement verifiee et que notre instrument de mesure (telescopes et tout le tintoin) a fonctionne de facon aussi fiable que tout autre instrument de mesure du meme type avant lui (c'est notre hypothese auxiliere A). Non, si l'on n'admet pas le processus inductif - bienvenu au Club Popper! - qui fait que l'on ne peut pas etre sur (meme en termes de probabilites) de A. C'est ce que j'appelais etre dans la merde (pour un popperien).
Le falsificationnisme popperien, c'est sympa, amusant, et tout ce que tu voudras, mais il est en general, comme on vient de le voir, on ne peut plus inoperant. Alors, l'utiliser pour des trucs comme ton point 2), bof et re-bof.
Je prefere des trucs comme les theories formelles de l'inference inductive a la Solomonoff & Cie, qui est la version "epistemologique" (oh le vilain mot!) de l'idee de compression de l'information (selon Chaitin-Kolmogorov): dit grossierement, une bonne theorie est une theorie qui comprime le mieux l'information.
Mikaël a écrit :Par exemple, la proposition suivante peut être considérée comme métaphysique :

"Il n'existe pas de surfaces colorées de dimension nulle"

D'un point de vue purement logique, il pourrait en exister. Le concept de surface colorée de dimension nulle n'est pas auto-contradictoire. Pour réfuter cette proposition, il suffirait d'en trouver une. Cependant, une surface colorée de dimension nulle ne peut pas donner lieu à une expérience possible (au sens large d'expérience subjective). Et ceci est quasi certain. Je défis quiconque de réussir à s'imaginer une telle chose.
Tu balances une proposition sans en definir les hypotheses. Que signifient "etre coloree", "etre une suface", "etre de dimension nulle"? Il est donc impossible de dire quoi que ce soit de sense, tant logiquement qu'empiriquement.
Si maintenant - pour te faire plaisir - on suppose que ces hypotheses sont connues et qu'elles corroborent l'intuition qu'on peut avoir de ta proposition dans une premiere lecture, du point de vue logique, ta proposition est equivalente a

"L'ensemble des surfaces colorees de dimension nulle est vide".

Ce qui est demontrable (puisqu'initialement il s'agit d'une proposition de type existentiel, tu peux par exemple raisonner par l'absurde en supposant que cet ensemble n'est pas vide et aboutir a une contradiction du genre "la surface n'est pas coloree", "il ne s'agit pas d'une surface" ou "la dimension est non-nulle").
Si maintenant on se place du point de vue empirique, avec les memes precautions que ci-dessus, ta proposition est equivalente a

"La probabilite que l'ensemble des surfaces colorees de dimension nulle soit vide est epsilon-voisine de 1".

Tu trouves ca "metaphysique"? Oui, peut-etre. Mais il s'agit surtout d'une proposition sans interet. C'est tout. Et elles sont majoritaires. Le role de la science est justement de selectionner celles qui ont du sens ou un quelque interet.

groucho max

P.S.: premier et dernier post de taille aussi importante.
Dernière modification par groucho_max le 25 mars 2005, 09:07, modifié 3 fois.
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André
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Re: Chacun son métier

#112

Message par André » 23 mars 2005, 12:25

Denis a écrit :
André a écrit :
Miky a écrit :Je pense néanmoins que ce qui est infalsifiable peut être démontré vrai ou très probable, et avoir une certaine utilité.
Ça ne tient pas debout ce que tu dis là !
Ce qui est infalsifiable ne peut être démontré vrai par définition.
Sur ce coup-là, je suis plutôt de l'avis de Miky. Je pense que "infalsifiable" signifie "qui ne peut être démontré faux". Ce n'est pas synonyme de "indémontrable".

Une théorie infalsifiable peut être vraie, autant qu'une théorie indémontrable peut être fausse. Une théorie est infalsifiable si sa négation est indémontrable, et inversement. À moins que je me trompe.
Denis, je ne suis pas d'accord avec toi.

Dans mon esprit, infalsifiable équivaut à non testable et une démonstration est une démarche (test) expérimentale ou logique pour prouver la véracité d'une affirmation.

Une affirmation peut être vraie bien que non testable. Si elle est non testable (= infalsifiable), elle ne peut pas être démontrée vraie.

Si j'ai tort, qu'on me donne un exemple d'affirmation qui soit, à la fois, infalsifiable (=non testable) et démontrée vraie.

André

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Re: Chacun son métier

#113

Message par Mikaël » 23 mars 2005, 13:02

André a écrit :Dans mon esprit, infalsifiable équivaut à non testable et une démonstration est une démarche (test) expérimentale ou logique pour prouver la véracité d'une affirmation.
Infalsifiable veut putôt dire, comme la souligné Denis, dont la négation ne peut être démontrée. Autrement dit, est infalsifiable toute proposition pour laquelle on ne peut imaginer une situation expérimentale qui pourrait éventuellement conduire à considérer cette proposition comme fausse.
André a écrit :Une affirmation peut être vraie bien que non testable. Si elle est non testable (= infalsifiable), elle ne peut pas être démontrée vraie.

Si j'ai tort, qu'on me donne un exemple d'affirmation qui soit, à la fois, infalsifiable (=non testable) et démontrée vraie.
Il y en a plein. En voici quelques-unes :

- "Charlemagne a été couronné empereur en l'an 800"
- "Mikaël aime sa copine"
- "Il est mal de trahir ses amis"
- "André est doué de conscience de soi"
- "Certains corbeaux sont noirs"
- "Mikaël mourra un jour"
- "Dans deux ans, l'été sera chaud et l'hiver sera froid"

Miky
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"Esprit : Chacun sait ce que c'est qu'un esprit ; c'est ce qui n'est point matière. Toutes les fois que vous ne saurez pas comment une cause agit, vous n'aurez qu'à dire que cette cause est un esprit, et vous serez très pleinement éclairci." (Le baron d'Holbach, Théologie portative ou Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne)

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Re: La conjecture de Denis

#114

Message par Raphaël » 23 mars 2005, 15:27

Bonjour Denis. J'espère que tu es encore là.
Denis a écrit : Salut Raphy,

Puisque Mikaël, c'est Miky, Raphaël peut bien être Raphy. Le contraire m'étonnerait.
Ça me semble logique. On est d'accord sur au moins un point. (À moins que Mikaël s'en mêle. Là, tout risque de se compliquer. ;))
Les uns comme les autres sont susceptibles d'affirmer des choses improuvables. Mais il me semble que les amateurs de "scientifiquement démontré" affirment rarement des choses improuvables. Beaucoup moins souvent que les ésotéristes. Est-on d'accord là-dessus?
Non, je ne suis pas d'accord sur le "rarement".

C'est n'est pas rare d'entendre des sceptiques affirmer ce genre de choses:

-Dieu n'existe pas.
-Il n'y a rien après la mort.
-Les extraterrestres n'existent pas.
-La télépathie est impossible.
-etc.
Tiens. J'en fait ma conjecture, la conjecture de Denis : Il y a plus de zozos parmi les ésotéristes que de zézés parmi les sceptiques. Je rappelle que les titres de zozo ou zézé se méritent en affirmant un machin qu'on ne peut pas démontrer (avec ton astérisque).

Penses tu que ma conjecture tient la route?
Non, je ne serais pas prêt à dire cela.

Raphaël

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groucho_max
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#115

Message par groucho_max » 23 mars 2005, 16:29

bibi a écrit :L'enonce "mon aisselle gauche est sous mon pied droit" est syntaxiquement correct mais ne satisfait aucun critere de semantique empirique.
Stop! J'ai ecrit une ignoble connerie. Desole. Je vais me punir en buvant un verre d'eau plate. Ca m'apprendra a balancer mecaniquement le premier exemple stupide (et bancal a souhait) qui passe par inadvertance entre mes deux oreilles.

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André
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#116

Message par André » 23 mars 2005, 18:37

André
Une affirmation peut être vraie bien que non testable. Si elle est non testable (= infalsifiable), elle ne peut pas être démontrée vraie.

Si j'ai tort, qu'on me donne un exemple d'affirmation qui soit, à la fois, infalsifiable (=non testable) et démontrée vraie.
Mikaël
Il y en a plein. En voici quelques-unes :

- "Charlemagne a été couronné empereur en l'an 800"
- "Mikaël aime sa copine"
- "Il est mal de trahir ses amis"
- "André est doué de conscience de soi"
- "Certains corbeaux sont noirs"
- "Mikaël mourra un jour"
- "Dans deux ans, l'été sera chaud et l'hiver sera froid"
Je fais une distinction entre démontrer et montrer.
Une démonstration implique une démarche logique. L'évidence n'a pas besoin de démonstration.

Mikaël, je reprends tes énoncés un à un :

- "Charlemagne a été couronné empereur en l'an 800"
En autant qu'on peut se fier aux sources historiques: hypothèse falsifiable.

- "Mikaël aime sa copine"
- "Il est mal de trahir ses amis"
Réalités subjectives. La véracité de ces affirmations est une question de point de vue.

- "André est doué de conscience de soi"
Réalité subjective.

- "Certains corbeaux sont noirs"
C'est une évidence qui relève de l'observation immédiate; ça n'a pas besoin d'une démonstration.

- "Mikaël mourra un jour"
- "Dans deux ans, l'été sera chaud et l'hiver sera froid"
Évidences découlant des observations antérieures.


En fait, une affirmation peut être infalsifiable de deux façons: soit qu'on ne puisse concevoir aucune façon pratique d'en prouver la fausseté, soit qu'on en démontre la véracité.

Un exemple du premier cas: "Il existe des baleines rayées bleu et rose" est une affirmation infalsifiable.

Le deuxième cas est courant en mathématique.
Une conjecture est falsifiable. Dès qu'elle est démontrée vraie, elle devient un théorème et n'est plus falsifiable. L'infalsifiabilité est ici une conséquence de la démonstration.
Je pense, par exemple, à la conjecture de Fermat. Avant qu'on en ait démontré la véracité, on pouvait imaginer toute sorte d'opérations mathématiques pour la prendre en défaut, ce qui serait vain maintenant qu'elle est devenue un théorème.

André

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Mikaël
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#117

Message par Mikaël » 23 mars 2005, 20:35

groucho max a écrit :
bibi a écrit :L'enonce "mon aisselle gauche est sous mon pied droit" est syntaxiquement correct mais ne satisfait aucun critere de semantique empirique.
Stop! J'ai ecrit une ignoble connerie. Desole. Je vais me punir en buvant un verre d'eau plate. Ca m'apprendra a balancer mecaniquement le premier exemple stupide (et bancal a souhait) qui passe par inadvertance entre mes deux oreilles.
Pourrais-tu donner un exemple pas stupide et pas bancal ?

Petit encart sans grand rapport : Aujourd'hui, à l'école, on a lu un texte de Ernst Mach tiré de l'analyse des sensations. Je me sens très proche de ses vues, exception fait de son analyse du "Moi".

Miky
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"Pour douter, ne faut-il pas des raisons qui fondent le doute ?" (Ludwig Wittgenstein, De la certitude, § 122)
"Esprit : Chacun sait ce que c'est qu'un esprit ; c'est ce qui n'est point matière. Toutes les fois que vous ne saurez pas comment une cause agit, vous n'aurez qu'à dire que cette cause est un esprit, et vous serez très pleinement éclairci." (Le baron d'Holbach, Théologie portative ou Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne)

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#118

Message par groucho_max » 23 mars 2005, 21:12

Mikaël a écrit :Pourrais-tu donner un exemple pas stupide et pas bancal ?
W a un complexe d'Oedipe.
Petit encart sans grand rapport : Aujourd'hui, à l'école, on a lu un texte de Ernst Mach tiré de l'analyse des sensations. Je me sens très proche de ses vues, exception fait de son analyse du "Moi".
M'etonne pas vraiment.

groucho max
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Raphaël
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Re: Chacun son métier

#119

Message par Raphaël » 24 mars 2005, 01:50

Mikaël a écrit :
André a écrit :Une affirmation peut être vraie bien que non testable. Si elle est non testable (= infalsifiable), elle ne peut pas être démontrée vraie.

Si j'ai tort, qu'on me donne un exemple d'affirmation qui soit, à la fois, infalsifiable (=non testable) et démontrée vraie.
Il y en a plein. En voici quelques-unes :

- "Charlemagne a été couronné empereur en l'an 800"
- "Mikaël aime sa copine"
- "Il est mal de trahir ses amis"
- "André est doué de conscience de soi"
- "Certains corbeaux sont noirs"
- "Mikaël mourra un jour"
- "Dans deux ans, l'été sera chaud et l'hiver sera froid"

Miky
Moi aussi je reprends tes affirmations une par une pour te démontrer que la plupart sont facilement réfutables. (mais pas pour les mêmes raisons qu'André)

- "Charlemagne a été couronné empereur en l'an 800"

Je connais un chien qui s'appelle Charlemagne. Il n'a jamais été couronné.

- "Mikaël aime sa copine"

Rien nous garantie que c'est vrai. Peut-être même que tu n'as pas de copine.

- "Il est mal de trahir ses amis"

En principe, oui. Mais si ton ami s'apprête à poser une bombe dans le métro, est-ce que c'est mal de le trahir?

- "André est doué de conscience de soi"

Peut-être qu'André est un seulement un logiciel qui se fait passer pour un humain.

- "Certains corbeaux sont noirs"

Ça laisse supposer que la majorité ne le sont pas.

- "Mikaël mourra un jour"

Ou peut-être une nuit... OK, je t'accorde celle-là (sauf si tu es témoin de Jéhovah ;) ).

- "Dans deux ans, l'été sera chaud et l'hiver sera froid"

Rien ne garantie que l'été sera chaud dans deux ans. Une catastrophe naturelle pourrait déclencher une nouvelle ère glaciaire.

Raphaël

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petite parenthese

#120

Message par groucho_max » 24 mars 2005, 08:20

Mikaël a écrit :Petit encart sans grand rapport : Aujourd'hui, à l'école, on a lu un texte de Ernst Mach tiré de l'analyse des sensations. Je me sens très proche de ses vues, exception fait de son analyse du "Moi".
Puisqu'on papotait de philosophie aujourd'hui sans objet, je tiens a preciser qu'il existe toutefois des philosophes qui ont des choses non-eoliennes, sensees et constructives a dire, sans qu'on soit pour autant obligatoirement d'accord avec eux (c'est evident). Par exemple Daniel Dennett. Ce dernier admet d'ailleurs trouver infiniment plus interessant de squatter les labos et de mettre la main a la pate plutot que de se plonger dans les revues de philosophie. Mais chacun fait c'qu'il lui plait, plait, plait...

Quant aux distinctions vrai/faux, demontrable/indemontrable et refutable/non-refutable associees a la distinction falsifiable/infalsifiable (voir un certain nombres de posts tout au long de ce topic), je crains qu'il n'y aie quelques confusions (sans doute inherentes a la formulation popperienne). Les deux premieres distinctions sont strictement formelles, cad qu'elles sont de nature mathematique, voire metamathematique (a moins d'etre un "quasi-empiriste" forcene). La troisieme est "universelle" (si l'on n'oublie pas les precautions d'usage). La derniere ne me semble pas pertinente, pas efficace, ni meme utile, et n'est que superficiellement connexe aux deux premieres. Peut-etre meme est-elle "dangereuse" parce que trop ambigue. Mais bon, on peut parfaitement vivre sans s'en preoccuper, isn'it.

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#121

Message par André » 24 mars 2005, 12:50

Groucho_max
La derniere ( la distinction falsifiable/infalsifiable) ne me semble pas pertinente, pas efficace, ni meme utile, et n'est que superficiellement connexe aux deux premieres. Peut-etre meme est-elle "dangereuse" parce que trop ambigue.
Groucho, tu m'enlèves les mots du clavier !

Je me disais justement qu'il y a une différence de nature entre une affirmation infalsifiable parce qu'il n'existe aucune façon de la tester et une qui est infalsifiable parce que démontrée vraie.
La première est inutile parce que non testable ou indémontrable. Pour la deuxième, il est non pertinent d'évoquer son infalsifiabilité.

Donc, Mikaël, quand tu dis
Je pense néanmoins que ce qui est infalsifiable peut être démontré vrai ou très probable, et avoir une certaine utilité.
je pense que tu es dans les patates. 8)

André

Jean-Francois
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Re: petite parenthese

#122

Message par Jean-Francois » 24 mars 2005, 17:21

groucho_max a écrit :Puisqu'on papotait de philosophie aujourd'hui sans objet, je tiens a preciser qu'il existe toutefois des philosophes qui ont des choses non-eoliennes, sensees et constructives a dire, sans qu'on soit pour autant obligatoirement d'accord avec eux (c'est evident)
Un autre exemple: Jacques Bouveresse, qui fait très fort contrepoids rationnel contre les "relativistes" de tout (ti-)poil. On peut en juger par ce texte: "Qu'appellent-ils "penser"?".

Jean-Francois

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Re: petite parenthese

#123

Message par groucho_max » 24 mars 2005, 18:19

Jean-Francois a écrit :
groucho_max a écrit :Puisqu'on papotait de philosophie aujourd'hui sans objet, je tiens a preciser qu'il existe toutefois des philosophes qui ont des choses non-eoliennes, sensees et constructives a dire, sans qu'on soit pour autant obligatoirement d'accord avec eux (c'est evident)
Un autre exemple: Jacques Bouveresse, qui fait très fort contrepoids rationnel contre les "relativistes" de tout (ti-)poil. On peut en juger par ce texte: "Qu'appellent-ils "penser"?".
Je m'en veux de n'y avoir pas pense en tant qu'exemple exemplaire.

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Re: petite parenthese

#124

Message par Mikaël » 24 mars 2005, 18:45

groucho_max a écrit :
Mikaël a écrit :Petit encart sans grand rapport : Aujourd'hui, à l'école, on a lu un texte de Ernst Mach tiré de l'analyse des sensations. Je me sens très proche de ses vues, exception fait de son analyse du "Moi".
Puisqu'on papotait de philosophie aujourd'hui sans objet, je tiens a preciser qu'il existe toutefois des philosophes qui ont des choses non-eoliennes, sensees et constructives a dire, sans qu'on soit pour autant obligatoirement d'accord avec eux (c'est evident). Par exemple Daniel Dennett. Ce dernier admet d'ailleurs trouver infiniment plus interessant de squatter les labos et de mettre la main a la pate plutot que de se plonger dans les revues de philosophie. Mais chacun fait c'qu'il lui plait, plait, plait...
Tu me fait dire ce que je n'ai pas dit et ce qu'Ernst Mach n'a pas dit non plus : évidemment qu'il est plus intéressant de squatter les labos et de mettre la main à la pate plutôt que plonger dans les revues de philosophie, puisque c'est là que se trouve la matière première (oserais-je dire : les sensations ? :P). Je ne comprend pas comment tu peux encore en être à croire que je voue une fascination pour l'abstrait alors que c'est toujours sur le concret que je base mes réflexions. Par exemple, dans les longues discussions qu'on a eu sur les qualia, si je défendais leur existence, c'était au nom d'un empirisme et d'un pragmatisme assez radical, puisque ce sont des entités parmis celles qui me paraissent les plus évidentes et les plus certaines. D'ailleurs, je n'ai toujours pas compris quel contresens tu faisais au sujet des qualia, puisque tu m'as assuré, lors d'un de nos échanges, que tu croyais bien évidemment en l'existence des sensations, de la douleur, de la faim, de la rougeur, etc.
As§tu lu Ernst Mach au fait ?

Pour ma part, je lis des articles de philo parce que :
- il le faut bien vu que je suis en thèse de philo
- parfois il y a des façons intéressantes de voir les choses auxquelles on n'avait pas songé qui s'y trouve, ça peut être donc un caneva intéressant à la réflexion, à condition (évidemment), de ne pas prendre ce qui s'y trouve pour du pain béni, sans esprit critique

Dennett est effectivement un philosophe très intéressant et au style très pédagogique (d'ailleurs je cherche en vain son "The Mind's I" qui contient des expériences de pensées très jolies et intéressantes), même si je suis loin d'être d'accord avec lui sur de nombreux points de philosophie de l'esprit. Pour autant, en quoi trouves-tu Ernst Mach + éolien, + insensé et moins constructif ?

Miky
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Re: petite parenthese

#125

Message par groucho_max » 24 mars 2005, 19:25

Mikaël a écrit :Tu me fait dire ce que je n'ai pas dit et ce qu'Ernst Mach n'a pas dit non plus
Je ne me referais ni a Mach, ni a toi d'ailleurs. Puisque j'avais manifeste mon adhesion a l'affirmation d'Andre (la philosophie n'a aujourd'hui plus d'objet), j'ai profite de ton intervention au sujet de Mach pour ajouter qu'il existait malgre tout - puisque ce n'est pas exclusif - des philosophes qui faisaient honneur a l'esprit humain (je me permets de paraphraser Jacobi et ma concierge). C'est tout. Tu deviens dangereusement parano, Mikael. De longues vacances au soleil ou a la montagne s'imposent.
Je ne comprend pas comment tu peux encore en être à croire que je voue une fascination pour l'abstrait alors que c'est toujours sur le concret que je base mes réflexions.
Je n'ai rien dit de tel. Voir ci-dessus. Mais j'aurais peut-etre pu le dire en precisant qu'il ne s'agit pas d'abstrait mais de litterature masturbatoire. C'est pas pareil. :twisted:

Je passe illico sur les qualia que tu tentes, encore une fois, de me vendre avec la conviction du temoin de Jehova ou du representant en vibromasseurs telescopiques, pour arriver directement a:
As§tu lu Ernst Mach au fait ?
Oui. Il y a longtemps. Mais je pense me souvenir de l'essentiel.
en quoi trouves-tu Ernst Mach + éolien, + insensé et moins constructif ?
Je te retourne ta remarque initiale: ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit (voir la reponse a ta remarque presentement honnoree). Bien que je ne partage pas toutes les options - que non! - de Mach et que je ne comprenne toujours pas son obstination a ridiculiser l'hypothese atomique (alors, cette hypothese n'etait effectivement qu'une hypothese), j'estime malgre tout l'individu qui inspira le Cercle de Vienne premiere mouture.

groucho max
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