Jean-Francois a écrit :jean7 a écrit :Est-ce que cette capacité à porter une morale à travers les ages est impensable pour un texte religieux ?
Je pense que oui. Pour que le texte soit religieux, il faut que la justification de cette morale soit parfaitement irrationnelle (ce qui est juste est la volonté d'un ou de dieux... dont on ne sait rien*) et serve en premier lieu les intérêts du groupe religieux en question.
Contrairement à une éthique philosophique, qui cherche des universaux, la morale religieuse est très contingentée culturellement. Cela fait que la morale religieuse change - malgré ce que souhaiteraient les principaux bénéficiaires* - en fonction de facteurs extérieurs. Cela demande que l'interprétation du texte soit revue (voire que ce texte soit abandonné).
Jean-François
* Si une religion demande des sacrifices humains, aucune morale religieuse issue de cette religion ne fera en sorte que les sacrifices humains soient considérés comme "mauvais" ou "injustes". Au contraire, il se peut même qu'on accorde beaucoup de valeur aux sacrifiés... sans trop de considération pour l'opinion de ces derniers.
** Ex., l'Église est toujours en retard de quelques siècles sur les valeurs laïques.
Bonjour Jean-François,
Je peux être d'accord avec ça, mais alors il faut considérer que la bible ne recueille pas que des textes religieux.
En définitive, ce qui fait qu'un texte est religieux, ce n'est pas le texte, c'est celui qui le lit...
Enfin, j’émets des réserves sur le principe de la rationalité de la justification d'une morale.
Je veux dire qu'il ne me semble pas évident que les morales les plus rationnelles soient par nature les "plus morales".
Par exemple, j'ai eu une amie qui m'expliquait que la morale de son village natal était extrêmement plus rationnelles que la notre car elle incitait à jeté les bébés physiquement douteux aux crocodiles pour en faire d'autres plus sains et plus forts. Cette idée est en conflit avec une morale enjoignant de protéger les plus faibles.
Bref, la morale universelle est une utopie.
A noter aussi qu'une morale justifiée rationnellement n'a pas vraiment d'utilité. La rationalité suffit.
Donc on serait dans une situation où la morale de justification irrationnelle est nuisible et la morale de justification rationnelle est inutile... Foin de la morale alors !
Pourtant, nous sommes tous sensibles à la moralité du comportement d'autrui et attentifs à notre propre comportement. Nous avons tous des retenues qui vont au-delà de notre simple intérêt conscient et rationnel.
Je crois que les choses fonctionnent ainsi :
individuellement ou collectivement
- la morale est essentiellement un héritage
- dans une certaine mesure nous sélectionnons, ajustons ou composons au sein ce cet héritage
- nous justifions "notre" morale par la rationalité ou pas
Là-dedans, les livres, religieux ou pas, ne sont que des sources.
La particularité des livres religieux étant de faire partie d'un "package", tout dépendra du niveau de soumission de chacun à ce package qui n'est d'autre part pas nécessairement homogène et exempt courants plus ou moins permissifs.