Salut à tous.
Comme apparemment Charles Danten ne poursuit pas le débat sur la fiabilité du livre de Thierry Souccar pris en référence :
Lait, mensonges et propagandes, je réponds à moi-même, sous forme d'un exercice de scepticisme.
Dans la deuxième édition de l'ouvrage, revue et augmentée de 2008, j'ai recherché les références pouvant justifier l'affirmation suivante (je retiens les affections pour lesquelles j'ai demandé des références) :
Charles Danten a écrit :Il est désormais scientifiquement admis que le lait de vache et ses sous-produits prédisposent au diabète de type I et II, à l’obésité autant chez l’enfant que chez l’adolescent, aux problèmes gastro-intestinaux comme la diarrhée et la constipation chronique (une large partie de la population est intolérante au lactose), à la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, la maladie de Crohn, la néphropathie immunitaire (une grave maladie rénale) ainsi que certaines migraines qui disparaissent rapidement avec l’arrêt de la consommation de produits laitiers
Polyarthrite rhumatoïde : une seule mention, à propos d'une étude de l'OMS, étude non citée en référence ;
Maladie de Parkinson : deux mentions, aucune référence ;
Maladie de Crohn : aucune mention ;
Néphropathie immunitaire (rappelons que cette dénomination ne représente pas une entité nosologique) : aucune mention ;
Sclérose en plaques : 13 occurrences (SEP, 12 occurrences), cinq références dans le chapitre :
L'énigme de la sclérose en plaques, reprises et numérotées de 1 à 5 ci-après, précédées de citations de Thierry Souccar.
1 - Tous les pays affectés par la SEP sont comme pour le diabète de type 1, de gros consommateurs de laitages
194 [...]
194. BUTCHER PJ. Milk consumption and multiple sclerosis–an etiological hypothesis. Med Hypotheses 1986, 19(2): 169–178
► Publié dans MEd Hypotheses, journal
non revu par les pairs, et accessoirement ayant publié l'
article (secondairement retiré) de Peter Duesberg et coll. en 2009, niant l'étiologie virale du SIDA.
2 - [...] il [
Roy Swank] a formulé l’hypothèse qu’elle était liée à la consommation d’aliments d’origine animale – en particulier les laitages
195.
195. SWANK R. Treatment of multiple sclerosis with low-fat diet. AMA Arch Neurol Psychoatry 1953; 69:91–103
► L'article – de 1953 – suggère une relation entre SEP et une alimentation riche en lait
et en graisses animales ([...]
the consumption of relatively saturated milk and animal fats [...]).
3 - Par contraste, 80 % des malades qui mangeaient le plus de graisses saturées sont décédés de SEP
196. (Contre 5 % du groupe ayant adopté un régime pauvre en graisse « aux premiers stades [sic] de la maladie »).
196. SWANK R. Effect of low saturated fat diet in early and late cases of multiple sclerosis. Lancet. 1990 Jul 7; 336(8706):37–9
► L'étude porte sur 144 patients, suivis pendant 34 ans, répartis en deux groupes (consommation < 20 g par jour et > 20 g par jour de graisses saturées) ; pas de double insu, et surtout pas de distinction entre le lait et les graisses animales.
4 - Depuis les premiers travaux de Swank, de nombreuses études ont confirmé son intuition et l’ont précisée, jusqu’à mettre en cause le lait de vache en 1976
197.
197. BUTCHER PJ. The distribution of multiple sclerosis in relation to the dairy industry and milk consumption. NZ Med 1976; 83 (5666): 427–430.
► L'article est signé du même auteur que la référence [194] ; il a été publié en 1976, dans un journal à
faible facteur d'impact. Le résumé plutôt succint ne permet pas d'en dire grand'chose.
5 - En plus, son équipe [
celle de Michael Dosch] a montré que les personnes atteintes de SEP réagissent de manière anormale au lait de vache
198.
198. WINER S, ASTSATUROV I, CHEUNG R, GUNARATNAM L, KUBIAK V, CORTEZ MA, MOSCARELLO M, O’CONNOR PW, MCKERLIE C, BECKER DJ, DOSCH HM. Type I diabetes and multiple sclerosis patients target islet plus central nervous system autoantigens; nonimmunized nonobese diabetic mice can develop autoimmune encephalitis. J Immunol. 2001 Feb 15; 166(4):2831–41.
► Cet article remet en cause la notion de spécifité des lymphocytes T autoréactifs (LTAR) de chaque maladie auto-immune, et décrit des réactions croisées des LTAR de patients atteints de SEP contre les ilôts de Langerhans, et réciproquement celles des LATR de diabétiques (type I) contre la myéline. Nulle part dans l'article il n'est fait allusion au lait de vache... mais laissons le bénéfice du doute à Thierry Souccar, car il s'agit peut-être d'une erreur de référence (sans doute fait-il allusion à cette
publication).
Au total : seule la question du rôle de la consommation du lait est moyennement référencée, encore que l'on retire une certaine impression de picorage...
À bientôt pour la suite du feuilleton.