Hibou a écrit :Beetlejuice, vous vous trompez sérieusement: je suis seul, je vois une personne se noyer et appeler à l'aide, je ne réfléchis pas pendant longtemps à la situation, je ne me demande pas si on dira que c'est bien ou pas, si on me regarde, si j'aurais une récompense, je plonge. Je vois quelqu'un qui fait du stop sur le bord de la route, je m'arrête.
Ce n'est pas parce que la réflexion n'amène pas à une pensée consciente qu'elle n'existe pas.
En réalité, l'essentiel des réactions socialement dépendantes sont inconscientes parce que dépendent d'un acquis qui à valeur de réflexe.
Il n'empêche qu'il y a quand même un positionnement, donc un choix qui est lié à la culture du protagoniste, qui recherche le comportement adapté à la situation en fonction des normes sociales en vigueurs.
Je vous ai donné l'exemple de ce qu'on appelle en sociologique "la preuve sociale" (je vous encourage à regarder l'article Wikipédia sur le sujet, qui est pas trop mal fait) où, l'individu qui ne sait pas quoi faire dans une situation de stress social (votre exemple de noyade, par exemple), va chercher dans son expérience des comportements jugés acceptables (comportement dépendant des éléments de culture qu'il a assimilé) et ensuite, cherchera, en observant les autres protagonistes, le comportement adapté.
En clair, dans une situation de stress social, face à un dilemme, un individu va agir par mimétisme avec les personnes présentes pour juger de la validité du comportement à adopter parmi la palette de comportement qu'il a en mémoire.
C'est ce qui fait qu'en cas d'agression devant une foule, la foule ne va pas forcement réagir, parce que tout le monde va observer les autres pour chercher le bon comportement à adopter et il est possible que la preuve sociale qui s'applique à la foule soit, dans ce cas, l'inaction, parce que l'urgence de la situation est dilué dans l'hésitation partagé par tout le monde. Ca n'a rien d'une action consciente, c'est purement inconscient.
Quand au fait que vous vous jetiez spontanément à l'eau quand une personne se noie, ça ne coute rien de le dire, c'est comme tout, on suppose toujours qu'en situation d'urgence on réagira bien, qu'en situation de guerre on sera dans la résistance...
Ca ne coute rien de le dire, mais il n'y a que face à une telle situation qu'on sait vraiment comment on va réagir.
Et je dis ça en connaissance de cause, ayant vu certaine situation d'urgence (moins grave cependant qu'une noyade), sans forcement réagir, malgré ma certitude d'être de ceux qui réagirait.
J'ai par exemple été témoin d'un vol, juste à quelque mètre de moi, dans un train, et j'ai mis plusieurs seconde avant de réagir, tétanisé par l'indécision. Et j'ai été le seul, avec la victime, à me lever et a tenté d'arrêter le voleur et même là, je n'ai pas poursuivit le voleur en dehors du wagon, seule la victime l'a fait. Pourtant, j'étais persuadé que dans ce type de cas, je sauterais héroïquement sur l'infâme voleur.
Il y a toujours une marge entre la fiction qu'on se fait de soi et la réalité de son comportement, mais c'est un autre débat.