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Re: Un peu de physiologie.

Publié : 06 mars 2020, 14:01
par spin-up
jean7 a écrit : 06 mars 2020, 13:51 Si ce n'est pas un réflexe, c'est quoi ?
S'il y a un domaine où ça marche comme dans le labo à Libet, c'est bien dans la conduite automobile.
Perso, plus d'une fois sur deux, je sais que j'ai freiné après l'avoir fait.

Dans la première année de conduite, je ne dis pas, mais au bout d'un temps de pratique...
(un problème de définition, j'imagine ?)
Au sens biologique du terme, un reflex est un mecanisme qui ne passe pas par le cerveau.
Il y a une multitude d'actions qui ne passsent pas par le stade conscient, ou précèdent le stade conscient mais sont quand meme traitées par le cerveau.

Serions nous plus heureux si nous étions biochimiquement contraints d'agir en opposition avec notre libre arbitre

Publié : 07 mars 2020, 19:55
par ABC
jroche a écrit : 05 mars 2020, 13:11Le sujet, c'est "serions-nous plus heureux en sachant que...".


Une autre question intéressante pourrait être la suivante :

serions nous plus heureux en nous sachant, dans une situation heureusement fictive, privés de notre libre arbitre ?

Autrement dit, serions nous plus heureux si nos muscles étaient, en toute conscience, contraints d'agir, par une télécommande élaborée (heureusement fictive à ce jour) et mue par quelqu'un autre que nous, d'une façon contraire à ce que nous choisirions de faire si l'on ne nous privait pas, de cette façon, de notre libre arbitre.

J'en doute fort.

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 07 mars 2020, 20:30
par Nicolas78
Ça dépend de si on en a conscience ou non.
Si on a conscience que quelqu'un ou quelques chose commande toutes nos actions, et que cela ne soit pas corrélé a notre conscience, alors je pense que les dégâts psychiques serait tel qu'il pourrait se voir dans une IRM du cerveau, comme c'est le cas pour les personnes en état de stress-post traumatique ayant vécus ou fait des choses contre leurs grès.
Ce n'est qu'un avis.
En revanche, si on a pas conscience de ce processus de manipulation extérieur, ou si le processus nous fait croire que nous somme seul maître a bord, alors ca ne changerais rien, par définition.

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 07 mars 2020, 23:48
par issigi
lipki a écrit : 21 janv. 2020, 03:19 Je tente un peu de philo, pour voir si ça mord.

- Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.
Vous avez deux heures !

J'ai remarqué que, ajouter "vous avez deux heures", après une question philosophique, permet de ce passé des définitions des mots clés.
C'est super pratique :)

Mais je vais quand même en mettre une.
Le libre-arbitre est "un générateur de point de départ de chaîne de causalités" individuel, assimilable a je/moi.
( oui ça n'a aucun sens, ce qui justifie en partie la question initial )

Et j'ajoute une réflexion (qui est à l'origine du questionnement) :
Les humains se font du mal en s'imaginant responsable de leurs actions.
Se savoir domino, ne serait-ce pas bénéfique ?

-----------

J’espère ne pas commettre d'impair avec ce post, si c'est le cas, n'ayez aucune pitié :twisted: .
bonjour,

si le libre arbitre est une illusion, alors tout est illusion.

l'animal, selon ma conception du vivant, ou de l'être, ou du cosmos, de l'espace, du lieu de tous les stimuli se détermine au fur et à mesure des interactions entre son environnement et ce qu'il en perçoit. on pourrait en déduire, par l'unicité de sa présence au monde, qu'il est une entité propre au même titre que celle qui a connaissance de sa présence. par contre, si j'étais un chien qui saurait sa condition de chien , je serais un surchien, le surchien de Nietzsche.

maintenant, pour ce qui est de qualifier cette unicité, la mesurer en terme de bonheur ou de bien-être selon qu'on 'sache' que toute prise sur le monde est une illusion, pour moi personnellement, ça n'a pas de sens.

il faut avoir conscience du libre arbitre

savoir que c'est une illusion

en mesurer l'impact sur le bien-être.

pour moi, c'est insensé

peut-on ne pas avoir conscience de quelque chose qui n'existe pas ??

peut-on donc n'avoir conscience que de ce qui existe ?

l'illusion existe-elle ?

le temps existe-il ?

l'abstraction, la nature conceptuelle de tout ce dont on a conscience existe-elle ?

l'animal repu qui se prélasse au soleil est assurément, à un instant, au nirvana des sens. puis un prédateur se pointe et l'avale d'un coup.

l'histoire préexiste à son écriture toujours, même abstraite, fictive, illusoire.

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 01:28
par Nicolas78
J'ai rarement vu autant de questions aux quelles il est impossible de répondre :lol: ;)

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 09:26
par jroche
Nicolas78 a écrit : 08 mars 2020, 01:28 J'ai rarement vu autant de questions aux quelles il est impossible de répondre :lol: ;)
Pas plus, à mon humble avis, que celle qui sert de sujet à ce fil (si c'est à prendre au premier degré, je n'ai pas analysé les intentions prédéterminées ou non de l'initiateur du fil). Je présume que c'est leur but et je le trouve cohérent.

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 12:29
par ABC
issigi a écrit : 07 mars 2020, 23:48l'illusion existe-elle ?
Oui.
Une illusion est une erreur d'interprétation.
Par exemple, si je plonge un bâton dans l'eau (ou un couteau dans un évier rempli d'eau en faisant la vaisselle à la main) je le vois cassé. Ce que je vois n'est pas une illusion, c'est une conséquence physique, réelle, du phénomène de réfraction de la lumière lors de son passage dans l'eau.

Ce qui est une illusion, autrement dit une erreur d'interprétation, c'est de penser que le bâton est cassé. L'illusion, mon erreur d'interprétation, peut parfaitement exister si, par exemple, j'ai 5 ans et que mon père ne m'a pas encore expliqué le phénomène de réfraction.

Il en est de même pour le mirage d'une ville ou d'une oasis observée dans le désert à un emplacement où, en fait, il n'y a rien. C'est une illusion si je crois qu'il y a vraiment une ville ou une oasis à l'emplacement où je crois l'observer. Ce n'est plus une illusion si j'interprète correctement le phénomène comme la réflexion de l'image de l'objet en question sur une couche d'air chaud. Dans un mirage, les objets que l'on voit existent réellement, seulement il ne sont pas à l'emplacement où on croit les voir.
issigi a écrit : 07 mars 2020, 23:48l'abstraction, la nature conceptuelle de tout ce dont on a conscience existe-elle ?
Oui, si l'on interprète l'abstraction en question comme un outil de prévision.

Non si on accorde à cette abstraction le statut de fidèle représentation de propriétés structurelles interprétées comme objectives d'un phénomène ou d'un objet observé par exemple. Dans cette seconde option, c'est une illusion, c'est à dire une erreur d'interprétation.
issigi a écrit : 07 mars 2020, 23:48le temps existe-il ?
Oui puisqu'on observe son écoulement.

Ce qui est une illusion (c'est d'ailleurs le cas pour toute grandeur physique aussi objective qu'on la pense être) c'est de croire que l'écoulement irréversible du temps ne doive rien à l'interaction entre l'univers que nous observons et une classe d'observateurs. L'écoulement irréversible du temps, comme toute autre grandeur physique, est une propriété de l'interaction entre l'univers et une classe d'observateurs.

L'écoulement irréversible du temps, l'observation de traces du passé (beaucoup, beaucoup, beaucoup plus reproductible et beaucoup, beaucoup, beaucoup plus stables que l'observation de traces du futur) est très directement la conséquence de notre myopie d'observateur macroscopique (la fuite d'information hors de portée de l'observateur macroscopique).

Ce qui est une illusion, c'est d'attribuer à l'écoulement irréversible du temps (ou à toute autre propriété ou phénomène physique d'ailleurs) le statut de phénomène physique objectif (autrement dit de phénomène qui ne devrait absolument rien à l'observateur) alors qu'il est seulement intersubjectif.

Cela correspond sensiblement à une interprétation du type suivant, parfaitement en phase avec notre gros bons sens commun, issue de notre expérience vécue, profondément enracinée en nous et perçue comme une évidence incontestable :
  • le temps s'écoulait avant même qu'un singe un peu plus malin que les autres ne se dresse sur ses deux pattes arrières, puis, peu à peu, parvienne à se considérer lui-même comme objet d'étude et soit en mesure de construire des abstractions, des outils prédictifs donc, de ce qu'il observe.
    .
  • Les dinosaures sont définitivement morts il y a 65 millions d'années. Ils ne sont pas restés suspendus entre la vie et la mort, en état chat de Schrödinger, en attendant patiemment les observations d'un paléontologue compétent pour décider de mourir.
    .
  • Les causes précèdent objectivement les effets, c'est à dire indépendamment du rôle joué par le manque d'information de l'observateur sur les évènements à venir dans l'attribution d'un caractère de relation causale à une corrélation entre évènements passés et évènements futurs (comme par exemple la relation de corrélation entre mesures quantiques faibles pourtant antérieures à des mesures quantiques fortes). C'est bien le choc d'un astéroïde sur la terre, il y a 65 millions d'années, qui a objectivement causé la disparition des dinosaures. L'existence et l'interprétation des traces du passé qui en attestent ne doivent absolument rien aux observateurs que nous sommes etc, etc...
Quand on affirme tout ça relativement à l'écoulement irréversible du temps, on est dans la situation de l'observateur d'un mirage qui croit voir l'objet à l'emplacement que tend à lui faire croire l'observation du mirage. C'est ce que tend à lui faire croire le passage par un filtre interprétatif, notre gros bon sens commun : ce que j'observe se trouve forcément là où je pense l'observer et c'est forcément ce que je pense voir.

Le phénomène observé, l'écoulement irréversible du temps, existe bien puisqu'on l'observe, mais, si on lui attribue un caractère de phénomène physique objectif totalement indépendant d'une classe d'observateurs (en gros, à mon avis, au moins tous les êtres vivants ou pouvant être interprétés comme vivants selon une définition éventuellement un peu élargie, notamment aux virus) il n'est pas là où on pense qu'il se trouve. C'est ça une illusion : une erreur d'interprétation.

Il en est de même pour le libre arbitre. Il existe puisqu'on observe notre aptitude à faire des choix conscients entre différentes options.

Le libre arbitre devient au contraire une illusion si on imagine que ce libre choix est indépendant de la matière dont nous sommes constitués ou si on s'imagine que ces choix sont, d'une certaine façon, selon une vision déterministe et objective de la physique, prédéterminés à l'avance (1).
issigi a écrit : 07 mars 2020, 23:48l'histoire préexiste à son écriture toujours, même abstraite, fictive, illusoire.
Lhistoire du passé ou celle du futur ? Selon nos connaissances actuelles, la physique n'est pas déterministe. Cela signifie (cf. le fil déterminisme et prévisibilité) que nous n'avons pas accès à l'information qu'il nous serait nécessaire de connaître pour faire des prédictions reposant sur la seule connaissance de l'état initial du système considéré (comme c'était sensé être possible au plan du principe dans les modèles d'évolution déterministes proposés par la science de la fin du 19ème siècle)

(1) Un héritage culturel issu de notre science de la fin du 19ème siècle, culture dans laquelle nous baignons encore aujourd’hui, sans toujours le savoir, par une sorte d'effet d’hystérésis. La culture et les croyances, ça évolue doucement. Heureusement d'ailleurs car de telles évolutions déstabilisent une société quand elles sont trop rapides.

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 15:55
par spin-up
ABC a écrit : 08 mars 2020, 12:29 Il en est de même pour le libre arbitre. Il existe puisqu'on observe notre aptitude à faire des choix conscients entre différentes options.

Le libre arbitre devient au contraire une illusion si on imagine que ce libre choix est indépendant de la matière dont nous sommes constitués ou si on s'imagine que ces choix sont, d'une certaine façon, selon une vision déterministe et objective de la physique, prédéterminés à l'avance (1).
Avec ton approche, ce qui vaut pour le libre arbitre vaut tout aussi bien pour la sauce tomate.

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 16:23
par jean7
spin-up a écrit : 08 mars 2020, 15:55 Avec ton approche, ce qui vaut pour le libre arbitre vaut tout aussi bien pour la sauce tomate.
Et alors ?

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 18:02
par spin-up
jean7 a écrit : 08 mars 2020, 16:23
spin-up a écrit : 08 mars 2020, 15:55 Avec ton approche, ce qui vaut pour le libre arbitre vaut tout aussi bien pour la sauce tomate.
Et alors ?
Il n'y pas autant de fils et et de pages de dicussions sur la sauce tomate.

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 18:21
par Etienne Beauman
spin-up a écrit : 08 mars 2020, 18:02
jean7 a écrit : 08 mars 2020, 16:23
spin-up a écrit : 08 mars 2020, 15:55 Avec ton approche, ce qui vaut pour le libre arbitre vaut tout aussi bien pour la sauce tomate.
Et alors ?
Il n'y pas autant de fils et et de pages de dicussions sur la sauce tomate.
Personne ne nie l'existence de la sauce tomate ! ;)

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 18:24
par ABC
ABC a écrit : 08 mars 2020, 12:29Il en est de même pour le libre arbitre. Il existe puisqu'on observe notre aptitude à faire des choix conscients entre différentes options. Le libre arbitre devient au contraire une illusion si on imagine que ce libre choix est indépendant de la matière dont nous sommes constitués ou si on s'imagine que ces choix sont, d'une certaine façon, selon une vision déterministe et objective de la physique, prédéterminés à l'avance (1).
(1) Un héritage culturel issu de notre science de la fin du 19ème siècle, culture dans laquelle nous baignons encore aujourd’hui, sans toujours le savoir, par une sorte d'effet d’hystérésis.
spin-up a écrit : 08 mars 2020, 15:55Avec ton approche, ce qui vaut pour le libre arbitre vaut tout aussi bien pour la sauce tomate.
ainsi que pour tout objet ou phénomène physique existant, c'est à dire (par définition) observable.
spin-up a écrit : 08 mars 2020, 18:02Il n'y pas autant de fils et et de pages de discussions sur la sauce tomate.
Probablement
  • parce que l'interprétation de la sauce tomate est, aux yeux de nombreuses personnes (à mon sens à juste titre) moins importante (et moins subtile si on ne cherche pas à devenir un grand chef étoilé) que l'interprétation du libre arbitre.
  • et parce qu'il n'y a (probablement quasiment) personne qui doute de l'existence de la sauce tomate.
Bon ! Un peu doublé par Etienne :?. Tant pis !

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 18:58
par nks
LoutredeMer a écrit : 04 mars 2020, 17:26 Exemple : 1. Je respire automatiquement c'est un déterminant et suis déterminée à le faire pour vivre. 2. Je choisis par ma volonté parce que j'en ai envie de controler et réguler ma respiration (localisation, intensité, rythme). C'est du LA.
Non, c'est simplement une action consciente. Mais vous pouvez très bien n'en être que le spectateur. Lorsque vous regardez un film, vous ne choisissez pas les scènes qui défilent.

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 19:36
par ABC
LoutredeMer a écrit : 04 mars 2020, 17:26Exemple : 1. Je respire automatiquement c'est un déterminant et suis déterminée à le faire pour vivre. 2. Je choisis par ma volonté parce que j'en ai envie de controler et réguler ma respiration (localisation, intensité, rythme). C'est du LA.
nks a écrit : 08 mars 2020, 18:58Non, c'est simplement une action consciente. Mais vous pouvez très bien n'en être que le spectateur. Lorsque vous regardez un film, vous ne choisissez pas les scènes qui défilent.
Tout particulièrement si, par exemple, je regarde la télévision et que c'est mon épouse qui tient la télécommande (c'est normal, c'est la journée de la femme :D ).

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 19:48
par Dany
ABC a écrit :Le libre arbitre devient au contraire une illusion si on imagine que ce libre choix est indépendant de la matière dont nous sommes constitués...
Là, ce n'est pas une illusion de libre arbitre. C'est justement la définition du libre arbitre religieux, dualiste. Et pour moi, c'est une définition du libre arbitre non illusoire cohérente avec son système de pensée (mais à laquelle je n'adhère pas évidemment, en tant que moniste scientifique).

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 20:14
par Dany
ABC a écrit :ou si on s'imagine que ces choix sont, d'une certaine façon, selon une vision déterministe et objective de la physique, prédéterminés à l'avance (1).
(1) Un héritage culturel issu de notre science de la fin du 19ème siècle, culture dans laquelle nous baignons encore aujourd’hui, sans toujours le savoir, par une sorte d'effet d’hystérésis.
Ca, c'est plus en ligne avec ce qu'on entend dans cette file comme un libre arbitre illusoire.
Note que j'ai répété maintes fois que je n'ai pas besoin d'un déterminisme de Laplace absolu. Le non libre arbitrisme trouve sa source dans la causalité de l'inné et de l'acquis. Ce qui produit bien assez de strates de déterminants en tous genre pour tordre le cou au libre arbitre.

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 20:15
par ABC
ABC a écrit :Le libre arbitre devient au contraire une illusion si on imagine que ce libre choix est indépendant de la matière dont nous sommes constitués...
Dany a écrit : 08 mars 2020, 19:48Là, ce n'est pas une illusion de libre arbitre. C'est justement la définition du libre arbitre religieux, dualiste. Et pour moi, c'est une définition du libre arbitre non illusoire cohérente (à laquelle je n'adhère pas évidemment, en tant que matérialiste).
A ma connaissance, les croyants dans telle ou telle religion ne sont pas tous systématiquement des fondamentalistes ou des ignorants du B A BA en matière scientifique. Penser que notre libre arbitre pourrait ne pas avoir de lien avec la matière dont nous sommes faits, même dans l'hypothèse "dualiste" (1), c'est bien une illusion, c'est à dire une erreur d'interprétation de notre libre arbitre.

(1) Impliquant notamment l'hypothèse selon laquelle nos possibilités d'interaction avec l'univers ne se limitent peut-être pas à ce que nous savons reproductiblement observer à un instant donné du développement de la science.

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 20:30
par Dany
ABC a écrit :A ma connaissance, les croyants dans telle ou telle religion ne sont pas tous systématiquement des fondamentalistes ou des ignorants du B A BA en matière scientifique. Penser que notre libre arbitre pourrait ne pas avoir de lien avec la matière dont nous sommes faits, même dans l'hypothèse "dualiste" (1), c'est bien une illusion, c'est à dire une erreur d'interprétation de notre libre arbitre.
Pas besoin d'être spécialement fondamentaliste, quand on est croyant, pour croire au libre arbitre dualiste. Là, c'est justement le B A BA du croyant.
Il est évident que pour toi, c'est illusoire. Mais pour le croyant, ce n'est pas une erreur d'interprétation. Le croyant est cohérent avec son système de pensée, lui. Seul le dualisme est cohérent avec le libre arbitrisme.
De plus, le déterminisme laplacien n'est pas le seul déterminisme qui nous contraint à agir ou à décider...


ABC, à nks, a écrit :Tout particulièrement si, par exemple, je regarde la télévision et que c'est mon épouse qui tient la télécommande (c'est normal, c'est la journée de la femme :D ).
Même si tu tiens la télécommande, tu es déterminé à aimer le film que tu regardes (entre autres déterminants qui te font asseoir devant la télé et pousser un bouton précis de la télécommande...).

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 21:15
par LoutredeMer
nks a écrit : 08 mars 2020, 18:58
LoutredeMer a écrit : 04 mars 2020, 17:26 Exemple : 1. Je respire automatiquement c'est un déterminant et suis déterminée à le faire pour vivre. 2. Je choisis par ma volonté parce que j'en ai envie de controler et réguler ma respiration (localisation, intensité, rythme). C'est du LA.
Non, c'est simplement une action consciente. Mais vous pouvez très bien n'en être que le spectateur. Lorsque vous regardez un film, vous ne choisissez pas les scènes qui défilent.
Bonjour nks..,

Vous voulez me signifier que c'est notre cerveau qui agirait selon le modèle des déterminants agisssant sur "l'inconscient", lui-même agissant sur la conscience). J'étais en fait venue pour autre chose mais cela répond à votre remarque :

C'est une réflexion de Florence dans un autre fil qui suscite mon commentaire :
Florence a écrit : 08 mars 2020, 18:16 Il n'a pas pu s'en empêcher ? :lol:
Il semble évident que dans l'un ou l'autre cas ("je m'empeche" et "je ne peux pas m'en empecher"), deux zones différentes du cerveau sont sollicitées. Après une petite recherche, je trouve ceci (plus bas) qui le confirme. Je n'ai pas tous les détails des expériences de Libet and co, mais y trouve-t-on cette distinction? :

http://www.blog-lecerveau.org/blog/2015 ... -critique/
Houdé explique que l’accès au mode raisonnement, autrement dit à une pensée plus libre, passe d’abord par le blocage du mode automatique toujours prêt à s’exprimer le premier. Impossible, donc, d’exercer sa pensée critique si l’on ne réussit pas, dans un premier temps, à faire taire cette irrépressible envie d’apporter cette première réponse rapide qui nous vient à l’esprit irrémédiablement.
...
Ce que l’équipe de Houdé a donc mis en évidence, à la suite de plusieurs autres travaux qui vont en ce sens, c’est que des neurones de notre cortex préfrontal inférieur projettent leur axone vers d’autres zones du cerveau impliquées dans ces automatismes de pensée (Houdé parle du sillon intrapariétal latéral, par exemple). Dans ces zones, d’autres neurones dits « inhibiteurs » vont prendre le relais localement pour faire taire des populations entières de ces neurones déjà en train de s’activer automatiquement par le stimulus perçu.
Ce serait donc ce type de câblage inhibiteur que l’on active à la cafétéria lorsque, devant le choix d’une pomme ou d’un gâteau au chocolat pour dessert, on opte finalement pour la pomme, ayant résisté courageusement (!) à notre instinct ancestral pour le sucre, fort utile dans notre passé de chasseur-cueilleur où les calories étaient rares
..
Apprendre à exercer son esprit critique, c’est donc entre autres apprendre à utiliser les capacités d’autorégulation et d’inhibition de son cortex préfrontal.
----------

Cela dit, si être "déterminé", c'est être pourvu d'un cerveau et d'un cortex préfontal aux commandes, oui. Sinon, il n'y aurait pas lieu de tenir cette discussion. Dans ce sens, nous sommes déterminés. Il importe de dépasser ce stade sémantique à mon avis.

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 08 mars 2020, 21:41
par LoutredeMer
ABC a écrit : 08 mars 2020, 19:36
nks a écrit : 08 mars 2020, 18:58Non, c'est simplement une action consciente. Mais vous pouvez très bien n'en être que le spectateur. Lorsque vous regardez un film, vous ne choisissez pas les scènes qui défilent.
Tout particulièrement si, par exemple, je regarde la télévision et que c'est mon épouse qui tient la télécommande (c'est normal, c'est la journée de la femme :D ).
:a2: merci abc, que ferions-nous sans toi? ;)

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 09 mars 2020, 00:31
par jean7
Dany a écrit : 08 mars 2020, 20:14Le non libre arbitrisme trouve sa source dans la causalité de l'inné et de l'acquis. Ce qui produit bien assez de strates de déterminants en tous genre pour tordre le cou au libre arbitre.
Ton erreur consiste à te considérer en tant que chaines causales de ton inné et de ton acquis (voir même en tant que l'ensemble des strates dont tu parle) alors que tu n'en est qu'une conséquence. Tu n'est pas ces strates de déterminants. Tu n'est que la conséquence actuelle de quelques-unes de lignes causales qu'en théorie on pourrait imaginer et qui ont traversé ces strates.

Le libre arbitre est une capacité observable de cet état actuel, observable par les autres hommes qui sont dans le même cas et dont les lignes présentent des degrés de liberté d'avec les tiennes.

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 09 mars 2020, 04:41
par issigi
@ABC

mes questions répondaient à la question du fil qui n'a pas de sens pour moi. quoique, du libre arbitre, un amour illusoire procure du bon temps que ça dure.

une fois su, cette illusion perdue donne du mal puis met en garde. chat échaudé craint l'eau froide.

et on recommence

une nouvelle romance

se remettant en trans

d'un amour plus immense

les psys gagnent bien leur vie sur le lot !

illusion ou apprentissage ? les deux ??

qui ne cesse d'apprendre tout du long ?

l'insu plonge dans l'illusion ? la croyance ? le scepticisme ? la jonglerie ?

tant de questions

elle est pas belle, au su de l"insu, la vie ?

bonne nuit

Bonne idée

Publié : 09 mars 2020, 07:50
par Denis

Salut issigi,

Tu dis :
bonne nuit
Bonne idée. Après une telle bouffée de délire, il est grand temps que tu ailles te coucher.

:mrgreen: Denis

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 09 mars 2020, 09:29
par spin-up
ABC a écrit : 08 mars 2020, 18:24 ainsi que pour tout objet ou phénomène physique existant, c'est à dire (par définition) observable.
Et comment arrives tu a la conclusion que les choix que nous faisons ne sont pas prédeterminés?

Re: Serions nous plus heureux en sachant que le libre arbitre est illusion.

Publié : 09 mars 2020, 12:42
par nks
LoutredeMer a écrit : 08 mars 2020, 21:15 Vous voulez me signifier que c'est notre cerveau qui agirait selon le modèle des déterminants agisssant sur "l'inconscient", lui-même agissant sur la conscience).
Ce n'est pas comme cela que je conçois les choses, il me semble que c'est là une représentation trop centrée sur nous-même (comme les trajectoires des planètes que l'on dessinait lorsque l'on pensait la Terre au centre de l'univers).
Pour moi, vu de l'extérieur, le cerveau n'est jamais qu'un algorithme biologique qui prend continuellement des décisions en analysant son environnement. Parmi ces nombreuses décisions, certaines passent par une zone consciente, nous donnant ainsi l'impression que c'est cette dernière qui les produit.

LoutredeMer a écrit : 08 mars 2020, 21:15 Il semble évident que dans l'un ou l'autre cas ("je m'empeche" et "je ne peux pas m'en empecher"), deux zones différentes du cerveau sont sollicitées. Après une petite recherche, je trouve ceci (plus bas) qui le confirme. Je n'ai pas tous les détails des expériences de Libet and co, mais y trouve-t-on cette distinction? :
Ce que dit l'expérience de Libet (et celles qui ont suivi), c'est que le cerveau prend la décision avant même que celle-ci traverse la zone consciente. Cette dernière ne serait donc pas, comme on en a l'intuition, la partie décideuse, mais seulement une spectatrice des décisions qui s'opèrent mécaniquement dans le cerveau.
En fait, vraisemblablement, le seul rôle de la conscience serait de faire émerger chez l'individu une "conscience de soi" qui contribue au travers d'un panel d'émotions (désir, honte...) à la survie de l'organisme.

LoutredeMer a écrit : 08 mars 2020, 21:15...explique que l’accès au mode raisonnement, autrement dit à une pensée plus libre, passe d’abord par le blocage du mode automatique toujours prêt à s’exprimer le premier. Impossible, donc, d’exercer sa pensée critique si l’on ne réussit pas, dans un premier temps, à faire taire cette irrépressible envie d’apporter cette première réponse rapide qui nous vient à l’esprit irrémédiablement.
Comme je vous l'ai dit, c'est à mon avis uniquement notre conscience de certaines déterminations qui nous donne une sensation de contrôle (ou parfois d'impuissance) sur d'autres déterminations contraires et inconscientes. Pour moi, la véritable liberté consiste à accepter toutes nos déterminations - conscientes et inconscientes - qui dans leur ensemble représentent "ce que nous sommes". On se trompe à mon avis en restant dans la vision cartésienne (dualisme de Descartes) d'une partie consciente qui pourrait contrôler tous les automatismes inconscients. L'expérience quotidienne nous montre que ça ne marche pas, et on ne compte plus le nombre d'alcooliques qui martèlent leur volonté (détermination consciente) à ne plus toucher une goutte d'alcool.

LoutredeMer a écrit : 08 mars 2020, 21:15 Ce serait donc ce type de câblage inhibiteur que l’on active à la cafétéria lorsque, devant le choix d’une pomme ou d’un gâteau au chocolat pour dessert, on opte finalement pour la pomme, ayant résisté courageusement (!) à notre instinct ancestral pour le sucre, fort utile dans notre passé de chasseur-cueilleur où les calories étaient rares
Dans l'absolu, ce n'est rien d'autre qu'une détermination à conserver notre santé qui prend le dessus sur une détermination à obtenir un plaisir immédiat. Elle ne passe dans notre zone consciente que dans la mesure où elle est inhabituelle. Lorsque nous aurons répété plusieurs fois cette décision, elle continuera d'être produite de façon inconsciente.