Kestaencordi a écrit :
Oppression writers have been roundly criticized for violating standard canons of social science inquiry and for viewing sex work through a monochromatic lens.9 Despite this criticism, proponents rigidly adhere to the central tenets of their paradigm, even when confronted with compelling counter-evidence.10 Moreover, most oppression writers restrict their citations to writings of like-minded authors and ignore research findings that contradict the pillars of their paradigm.11
http://www.law.northwestern.edu/jclc/ba ... eitzer.pdf
devinez de qui parle l'auteur de la citation!
une petite lecon d'ethique pour Mme farley. Mme raymond. et Mme poulin
Ma réaction suite à ma lecture en diagonal des textes de Ronald Weitzer.
-SEX TRAFFICKING AND THE SEX INDUSTRY: THE NEED FOR EVIDE RONALD WEITZER Flawed Theory and Method in Studies of Prostitution VIOLENCE AGAINST WOMEN, 2005 934
http://pdf.aminer.org/000/335/185/getti ... eories.pdf
EVIDENCE-BASED THEORY AND LEGISLATION
-
Weitzer attaque la méthodologie de 3 études en particulier.. Parmi les 3 études en particulier, celle de Mélissa Farley publié en 2004 dans Violence against Women, intitulée “Bad for the Body, Bad for the Heart”:1 Prostitution Harms Women Even if Legalized or Decriminalized. VIOLENCE AGAINST WOMEN, Vol. 10 No. 10, October 2004
http://www.prostitutionresearch.com/FarleyVAW.pdf
Weitzer ne présente pas d’exemples de recherches bien menées. IL ne fait que critiquer les recherches. Lorsqu’il donne des références, il ne dit rien sur la méthodologie. À part lorsqu’il donne en exemple des recherches qui ont pris la peine d’avoir un groupe de contrôle. il écrit que plusieurs études ont été menées de manière plus rigoureuse que celle de Farley, mais sans donner d’exemple.
Je trouve que ce texte est biaisé. Il se présente en faveur d’une objectivité et méthode rigoureuse, en dénonçant les failles supposées ou réelles de certains auteurs. Je suis d’accord avec lui, le besoin d’avoir une démarche rigoureuse sur la question de la prostitution est criant. Il m’apparait d’une évidence qu’il faut aller dans les détails, afin de déterminer quels sont les réels experts dans le domaine parmi tous ceux qui sont perçus comme tels. IL m’apparait évident également qu’il existe des biais dans les deux camps. L’industrie du sexe, qui génère des milliards de dollars, a tout intérêt à faire en sorte que les publications ne lui nuisent pas, et il y a fort à parier qu’ils ont réussi à influencer certains auteurs dans leur démarche. Il apparait évident également que des groupes religieux extrémistes ont une vision de la sexualité comme étant quelque chose de fondamentalement mauvais, qui plus est le sexe dans la prostitution. Certains groupes féministes extrémistes voient également la sexualité masculine comme étant fondamentalement mauvaise et voient de l’exploitation à l’endroit des femmes là où il n’y en a pas. Mais ceci étant dit, ce qui compte dans cette affaire, ce sont les faits. Ce n’est pas la morale. Étant donné que parmi les abolitionnistes il y a des soi-disant experts qui utilise la science pour appuyer leur dire, il faut s’attaquer à leur démarche scientifique et tenter de trouver leur faille méthodologique. Se contenter de dire qu’il sont moralistes pluralistes castrateurs, ce n’est pas pertinent et constructif. Il faut prouver que ce soit le cas, prouver que la morale seule dicte leurs opinions.
J’ai donc lu attentivement, espérant en apprendre enfin un peu plus sur les failles de certains auteurs, dans les détails. Parce que le diable est dans les détails comme on dit. Ce que je remarque, c’est que Weitzer manque à son devoir de nous expliquer pourquoi il nous donne ses références, en quoi il croit que les bons chercheurs ont fait de bonnes recherches. IL critique les « mauvais » experts, et lorsque’il donne de « bonnes » références, il ne nous dit pas pourquoi ces références sont meilleures que les autres. Le lecteur est donné ramené à lui-même, obligé d’aller vérifier une par une les références de ce monsieur… je ne l’ai pas fait encore, ça prend trop de temps, et je ne crois pas que personne sur ce forum ne l’a fait… j’ai vérifié une seule de ses « bonnes » références, une que j’ai prise au hasard, David Monto, et il se trouve, en tout cas selon moi, qu’il a mal rapporté les conclusions de ce chercheur.
Critique de Farley : les failles supposées dans la méthode de recherche de Mélissa Farley,.
Ce que j’ai lu jusqu’à date, ce sont des critiques à l’égard des valeurs de base de Farley, et non dans sa méthode de recherche. On en revient encore à cette foutue morale. Comme l’a écrit le gouvernement canadien dans un rapport faisant suite à des auditions :
« L’examen des lois effectué par le Sous-comité a fait ressortir d’importants
points d’entente et de désaccord en ce qui a trait à l’approche juridique et sociale
qu’il convient d’adopter face à la prostitution, ce qui reflète probablement les
divergences d’opinions au sein de la population canadienne en général.
Les divergences d’opinions parmi les membres et entre les témoins
entendus en ce qui a trait à la prostitution sont souvent de nature philosophique. »
(Gouvernement du Canada, LE DÉFI DU CHANGEMENT : ÉTUDE DES LOIS PÉNALES EN MATIÈRE DE PROSTITUTION AU CANADA 2006
http://www.parl.gc.ca/Content/HOC/commi ... rp06-f.pdf),
Le problème est encore vu sous l’angle philosophique, même si , et j’y reviendrai, Weitzer analyse certains détails dans la méthodologie de Farley. . Ce que je comprends en lisant Weitzer à propos de Farley c’est : « elle croit que la prostitution est fondamentalement violente pour les femmes, alors elle ne peut être rigoureuse ». Lorsque Weitzer insiste sur le fait que des auteurs tels que Janice Raymond et Mélissa Farley sont des activistes impliqués dans la campagne abolitionniste, dans un texte qui se veut une critique sérieuse de la méthodologie dans la recherche sur la prostitution, j’entends ce raisonnement circulaire : « les abolitionnistes ont des méthodes peu rigoureuses dans leur démarche. La preuve, c’est que beaucoup d’entre eux sont des activistes de l’abolition de la prostitution ». C’est tout aussi absurde que de dire « l’avocat qui défend x dans le procès qui l’accuse de meurtre n’a pas de bons arguments. La preuve, c’est qu’il est convaincu que X est innocent ». ça tourne définitivement en rond, et ces faux arguments démontrent, une fois de plus, que la question de la prostitution est trop souvent une guerre philosophique. Jusqu’à maintenant, mes recherches indiquent que le mouvement abolitionniste a des recherches scientifiques qui l’appuient, et des données probantes diverses. Quant au mouvement pro industrie du sexe, un argument souvent soulevé est que les abolitionnistes ne sont que des puristes moralistes. Parfois, on critique même le fait de faire des recherches scientifiques sur le lien possible entre la prostitution et le syndrome du stress post-traumatique. J’ai lu plus d’une fois qu’insister comme ça sur la victimisation des personnes prostituées ne les aide pas à prendre en charge leur destin, à leur donner du pouvoir. Autrement dit, la question n’est pas de savoir si oui ou non le syndrome du stress post-traumatique est souvent associé à la prostitution, mais de refuser de s’intéresser à ce sujet parce que c’est trop « négatif ». Pas très fort… surtout, c’est vouloir taire une partie de la vérité, taire la voix de cette frange importante d’ex-prostituées, les pleureuses, celles qui reconnaissent avoir été écorchées d’avoir fait ce « travail ».
Weitzer écrit dans ce texte que la recherche sur les blessures possibles associées à la prostitution est teintée d’une méthodologie biaisée. Il reproche à Farley de voir les personnes prostituées en tant que victime. Farley a répondu à Weitzer (Melissa Farley Prostitution Harms Women Even if Indoors : Reply to WeitzerViolence Against Women 2005
http://vaw.sagepub.com.proxy.bibliotheq ... 0.full.pdf), en précisant qu’elle et son équipe avaient une HYPOTHÈSE DE RECHERCHE qu’elle a CONFIRMÉE avec ses recherches. Son hypothèse est que la prostitution n’est pas un métier comme un autre puisqu’il blesse physiquement et psychologiquement les personnes prostituées.
Farley souligne qu’elle et son équipe ont laissé leur perspective et leur hypothèse transparentes. Qu’ils ont par la suite effectué leur recherche afin de tester leur hypothèse. Les procédures étaient explicitement présentées dans leur rapport de recherche de telle sorte que d’autres chercheurs puissent répliquer leur étude.
Farley souligne également que dans les journaux de psychologie avec revue par les pairs, les questionnaires sont rarement inclus dans leur totalité, mais les informations sont présentes afin que quiconque puisse contacter les auteurs de l’étude pour accéder à ces documents initiaux. Farley mentionne qu’elle a été contactée par plusieurs chercheurs, dont certains parmi eux ont répliqué la méthodologie qu’elle a utilisée et ont subséquemment publié leurs résultats. Baral et coll., 1998; Valera, Sawyer, & Schiraldi, 2001; Zumbeck, Teegen, Dahme, & Farley, 2003).
Weitzer écrit : “Mélissa Farley déclare qu’il existe une fausse distinction entre la prostitution et le trafic humain, ce qui a compliqué les efforts dans la démarche d’abolition la prostitution. Puisque la prostitution créée une demande de trafic, l’industrie du sexe dans sa totalité devrait être combattue ». La première phrase de Farley, souligne Weitzer, serait donc une preuve que le but ultime de Farley n’est pas l’élimination du trafic humain, mais plutôt l’abolition de la prostitution. Quant à la deuxième phrase, Farley a tout faux parce qu’il n’y a aucune raison pour que la prostitution créée une demande pour des victimes du trafic (si le trafic humain est défini comme impliquant la tromperie ou la force).
Il faut cesser de philosopher sur la question et regarder les faits empiriques, ce que ne fait pas Weitzer. Alors que le titre du texte de Weitzer incite à croire qu’il se base sur des faits empiriques, tout en combattant l’analyse purement idéologique ou philosophique du phénomène de la prostitution ou de la traite, il fait exactement le contraire ici en affirmant , sans référence aucune, qu’« il n’y a aucune raison de croire que la prostitution pourrait créer la demande dans l’industrie du trafic humain ».
Pour un exemple de faits empiriques, voici une Citation du texte de Max Waltman publié en 2011 dans le prestigieux journal of international law :
« Concurring with these observations, the National Criminal Investigation Department states that its telephone interceptions show that international traffickers and pimps have been disappointed with the prostitution market in Sweden.”
(PROHIBITING SEX PURCHASING AND ENDING TRAFFICKING: THE SWEDISH PROSTITUTION LAW.
http://www.prostitutionresearch.com/pdf ... 011%29.pdf)
Ainsi donc, le département national suédois d’investigation criminelle fait état d’interceptions téléphoniques avec des proxénètes et des trafiquants d’êtres humains qui se sont dits déçus par le marché suédois de la prostitution. Il n’y a aucune raison de croire que la prostitution pourrait créer la demande dans l’industrie du trafic humain, vraiment ? Ce n’est pas ce que nous indique cet indice de taille, une écoute policière des trafiquants eux-mêmes.
Weitzer a écrit : “If claims that prostitution and trafficking in Sweden have decreased are unsubstantiated, supporters of the law also claim that it has had a salutary symbolic impact: Yen believes that “criminalizing the purchase of sex has positively influenced the cultural values of Swedes . . . . [A] generation of young Swedes has grown up indoctrinated with the belief that prostitution is not socially desirable and is innately harmful to women . . . .”146 Yet this symbolic dividend seems questionable in light of a commission’s conclusion that Swedish men’s attitudes toward women have changed little in recent years.”147
La référence 147 de Weitzer en est une de... Petra Oestergren. Quelle surprise ! Et bien, ça fait plusieurs fois que je fais mention du fait que les critiques du modèle suédois viennent souvent de cette auteure.
Lire ce qui est dit de Petra Oestergren, par Max Waltman dans le texte publié en 2011 dans le Michigan journal of international law :
« III. Misinformation About Sweden’s Law
Unfounded rumors have circulated internationally about Sweden’s law,
surprisingly often attributed to one Swedish prostitution commentator, Petra Östergren, and an old unpublished English-language piece of hers. For instance, the Sex Worker Education and Advocacy Taskforce (SWEAT) promulgated her claims to the South African Law Reform Commission (SALRC) in 2009, but never referred to any published research from Sweden. 104 Östergren argues, inter alia, that “[a]ll of the authorities say that there is no evidence that prostitution was lower overall” and that “hidden prostitution had probably increased.”105 However, none of the reports Östergren cites were published more than two years after the law took effect. Data before and after the law took effect, as well as comparative data from other Nordic countries, undoubtedly show Östergren’s claims are not correct. Moreover, Östergren claims that women in street prostitution faced a tougher
“time” after the law’s enactment with, inter alia, more demands for unsafe
sex and more violent purchasers.107 Not surprisingly, the National Board of Health and Welfare’s 2000 report that Östergren cites is, according to the Board’s own homepage, “not valid anymore.”108 Already in 2003, the Board expressed doubts about such claims:
While some informants speak of a more risk-filled situation, few
are of the opinion that there has been an increase in actual violence.
Furthermore, few people outside of Sweden appear to know how Östergren selected her sample of twenty prostituted women-interviewees to whom she refers frequently. Clues are given in a book published by her in Swedish in 2006, in which Östergren explicitly says she did not attempt to contact or hold interviews with “sellers of sex” who had “primarily bad experiences of prostitution,”113 but, rather, intentionally sought women with “completely different experiences” since the former were claimed to be “the only ones heard in Sweden.”114 Similarly, her 2003 graduate thesis refers to interviews with fifteen female “sellers of sex” of whom “most . . . have a positive view of what they do.”115 Thus, when mentioning “informal talks and correspondence with approximately 20 sex workers since 1996”116 in her English-language piece, she apparently refers to persons selected because they had positive views of prostitution. Evidently, she should have informed readers that critics were excluded. Scholars like Jane Scoular have referred to “Östergren’s interviews with women, who reported experiencing greater stress and danger on the streets” after the 1998 law took effect, without noting this selection bias.“
L’auteur présente le point de vue qu’il faut être critique à l’égard de toute source, même gouvernementale. Or il appert qu’il accorde une grande valeur aux conclusions du juge dans l’affaire Bedford qui n’accorde que très peu de crédit au témoignage de Mélissa Farley.
Cette cause sera amenée en cour suprême. Il faut se demander alors, dans le cas d’un jugement qui renverse celui de la cour d’appel, si Ronald Weitzer accordera autant d’importance qu’il en a accordé pour la cour d’appel…
Weitzer a écrit :
“These men must be viewed as batterers rather than customers,” and Farley (2004) claims that “johns are regularly murderous toward women” (p. 1102). Everyone knows that some johns do indeed have violent proclivities and others are serial killerswhoprey on vulnerablewomenon the streets (Lowman, 2000), but studies of customers caution against
blanket characterizations. Martin Monto, who has studied more than 2,300 arrested customers, has found that most of the men did not accept rape myths or other justifications for violence against women. He concludes that “a relatively small proportion of clients
may be responsible for most of the violence against prostitutes” (Monto, 2000, p. 76) and that “there is no reason to believe that most customers are violent” (Monto, 2004, p. 176)”
Weitzer rapporte mal les conclusions de l’auteur David Monto. Monto a écrit aussi : “The violence experienced by female prostitutes is frequent and often severe, as indicated by a great deal of recent research”,traduit par “ la violence qu’expérimentent les femmes prostituées est fréquente et souvent sévère, comme le suggère une masse de récentes recherches ».
Monto, Martin A. 2004. “Female Prostitution, Customers, and Violence.” Violence Against Women, 10(2):160-188.
http://vaw.sagepub.com.proxy.bibliotheq ... l.pdf+html
David Monto, qui est mal rapporté par Weitzer, a aussi écrit :
“Although it is likely that most customers never engage in violent
behavior toward prostitutes, they do contribute to the perpetuation
of a system that leaves women vulnerable to violence. And
though they may not acknowledge their part in the system, many
are aware that prostitutes are victimized in the course of their
activities. Qualitative accounts reveal that clients may recognize
the violence experienced by prostitutes without acknowledging
their complicity in it (Monto, 2001a). This is further complicated
by the likelihood that in the context of prostitution, some men
may not recognize abusive behavior by themselves or others as
violence (Miller & Schwartz, 1995). »
Monto termine son texte comme ceci « It is essential that researchers and policy makers continue to recognize the significant violence that is associated with prostitution
in our culture and the ways that customers, whether personally abusive or not, contribute to that violence. Incorporating customers into academic scholarship on prostitution can lead to
more balanced and robust research that better informs public policy.”
Même si la plupart des clients ne sont pas violents, il n’en reste pas moins qu’un pourcentage trop élevé est trop violent, de sorte que beaucoup d’études indiquent clairement que les viols sont nombreux auprès des personnes prostituées. La plupart des gens accepteraient-ils de travailler dans des conditions qui les exposent à avoir un client par semaine ou par mois qui le viole ou qui le violente ? ou même une fois par mois ? ou par année ? ET bien, travailler dans la prostitution, c’est s’exposer à ce genre de risque.
Échantillonnage aléatoire
Weitzer déplore le manque d'échantillon aléatoire dans les travaux de Farley, et dans les recherches en général sur la prostitution. Or, comme d'autres chercheurs de la prostitution ont noté, il n'est pas possible d'obtenir un échantillon aléatoire de personnes actuellement prostituées. Ce que reconnait Weitzer. Mais, souligne-t-il, les auteurs manquent à leur devoir en ne prenant pas la peine de mentionner la faiblesse de la représentativité de l’échantillon sur l’ensemble des prostituées. Peut-être est-ce vrai pour Farley, il faudrait vérifier si effectivement elle tente le plus objectivement possible d’analyser la représentativité de ses échantillons d’étude par rapport à l’ensemble des personnes prostituées. Mais mes recherches n’indiquent pas qu’à ce titre, les travaux du « camp » pro industrie du sexe sont plus rigoureux. Aucune critique n’est soulevée à cet égard par Weitzer, qui ne reconnait donc pas que le manque de rigueur se retrouve dans les deux « camps » adverses (soit le camp pro industrie du sexe et le camp abolitionniste). Pour une personne qui prône, comme l’indique son titre, l’importance de la recherche basée sur les faits, il donne plutôt l’impression nette d’avoir un biais en faveur de la décriminalisation de la prostitution, celle de la prostitution « indoor », en ayant deux poids deux mesures quant à sa sévérité dans sa critique des démarches des deux camps opposés. Seulement des critiques à l’égard du camp abolitionniste sont formulées, alors qu’une analyse de la littérature pro industrie du sexe n’a pas besoin d’être poussée pour qu’on se rende compte de biais graves ou de raisonnements fallacieux présents dans les publications pros industrie du sexe.
Les participants des études sont plus susceptibles d’êtres parmi les plus vulnérables des personnes prostituées, souligne Weiter ,alors que Farley a comme hypothèse tout à fait le contraire. Cette dernière souligne que les personnes les plus vulnérables ne peuvent faire partie de l’échantillon, puisqu’elles sont sous la coupe des trafiquants, souvent enfermés et complètement isolés. Elle n’a pas tort : il arrive fréquemment que ces personnes ne puissent effectivement être interrogées. Le milieu dans lesquelles elles se retrouvent est allergique à toute étude, enquête ou interview, sauf des entrevues menées par des équipes présélectionnées. Pour ne nommer que cet exemple, la journaliste d’enquête Lydia Cacho nous explique dans son livre Trafic sexuel, enquête sur l’esclavage sexuel dans le monde, toutes les difficultés elle a eues, quand c’était parfois impossible, pour se rendre dans certains endroits protégés par les trafiquants. En dépit de toutes ses manœuvres afin de passer, souvent avec succès, pour une travailleuse du sexe ou une simple cliente de l’industrie du sexe, elle n’a pas réussi à entrer dans ces endroits « protégés ». Les personnes qui ne sont pas vraiment des clients ou des travailleurs du sexe sont facilement détectées, parfois avec des connaissances informatiques très pointues (par exemple retracer l’emplacement d’un ordinateur avec l’adresse ip, et pouvoir connaitre le nom de la personne qui est sur cet ordinateur).
Max Waltman, dans son analyse de l’affaire Bedford, note cette difficulté d’avoir accès à certains bordels pour effectuer une étude scientifique : « “The court of first instance also summarized a study from Nevada, United States.54 Just as
the courts did not mention facts to the contrary in the London study above, they did not
mention the procedure of selecting interviewees in Nevada where authors readily, and in
writing, had admitted how such access was mediated “through contacts with certain
gatekeepers, including the head of the Nevada Brothel Association and attorneys who had
worked with brothels, and through cold calls to brothels.”55 Other researchers are regularly
denied entry.56 Nevertheless, the Ontario courts did not question how the Nevada study could
only find one person among 40 interviewed prostituted women who reported violent
experiences in the legal brothels.57 These reports of violence are remarkably low compared
with other studies.58 Nor did the courts ask how come all accounts in this study from Nevada
claimed that the women felt protected, while managers and brothel owners saw themselves as
protecting women on the streets.59 Given the nature of the mediated access, these accounts
are of limited value. »
(Max Waltman Ontario Disempowers Prostituted Persons: Assessing Evidence, Arguments, & Substantive Equality in Bedford v. Canada. juin 2012 ttp://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2091216)
Weitzer a pour hypothèse que les personnes prostituées les plus vulnérables sont plus susceptibles de se retrouver dans l’échantillon des recherches, puisque plus susceptibles de contacter les agences de services ou de se retrouver en prison. Il souligne aussi, et cela est contestable, que les personnes qui ont été interrogées par Farley fussent trop souvent des prostituées travaillant à l’extérieur. Or ajoute-t-il, la prostitution de rue est plus violente. Cette affirmation ne fait pas l’unanimité. Soulignons à cet égard que la prostitution juvénile, donc violente puisque faite sur des mineurs qui ne peuvent être consentants, ne se fait pas dans la rue. Michel Dorais, professeur et chercheur à la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval, reconnu comme un expert en sociologie de la sexualité, et Patrice Corriveau, professeur au département de criminologie de L’Université d’Ottawa, ont publié le livre « jeunes filles sous influence. Prostitution juvénile et gangs de rue ». Voici un extrait de cet ouvrage, à la page 48 : « Dans les réseaux de prostitution juvénile dirigés par les gangs de rue, les filles se retrouvent directement dans des maisons closes, forcément clandestines (qui peuvent être un appartement, une chambre d’hôtel ou de de motel, ou encore l’arrière-boutique d’un commerce), où elles sont offertes aux clients. Il arrive, bien sûr, que l’on permette à des jeunes filles de se déplacer à domicile, chez le client, mais à certaines conditions (notamment celle de connaître déjà ce client), car, s’il y a une chose que craint le proxénète, c’est de perdre le contrôle de « ses » filles. ….La prostitution directement en chambre de motel, d’hôtel ou en appartement est la plus facile à surveiller ; les filles y sont parfois retenues prisonnières selon le bon vouloir de leur proxénète Ainsi, des filles ont raconté à des intervenants sociaux ou policiers qu’elles avaient été retenues de force, en permanence, 24 heures sur 24, sept jours sur sept, dans des chambres closes, obligées de satisfaire tout client qui se présentait, plusieurs par jour, sous peine d’être privées de nourriture et battues. Plus l’endroit où la jeune femme se prostitue est privé et clos, plus le proxénète peut garder le contrôle sur elle, et moins la police est susceptible de savoir ce qui s’y passe. Cet isolement accroît les dangers de violence de toute sorte. ».
Généralement, souligne Farley, un petit nombre de personnes interrogées limite la générabilité des résultats. « nous avons rapporté des données d’un large échantillon en provenance de différents pays et de différents milieux prostitutionnels. ,Nous avons décrit en détail où et comment nous avons localisé les répondants. Nous avons tenté d’atteindre un vaste type de travail prostitutionnel, incluant des personnes de diverses races, cultures, âges, lieu de travail et gendres. Nous avons observé, tout comme d’autres chercheurs l’ont fait, que ceux que nous n’avons pas pu atteindre pour les interroger les personnes qui sont les plus vulnérables. »
Weitzer soulève un point pertinent : Farley, effectivement, ne donne pas les points faibles de l’étude. Elle ne tente pas d’analyser la généralisation de ses résultats sur l’ensemble des prostituées. Mais Weitzer échoue à donner un seul exemple d’étude bien menée…
Ensuite, il est pertinent de partager les commentaires de Max Waltman à propos des références qu’a apporté Ronald Weitzer dans l’affaire Bedford. :
“Some commentators (weitzer) have attempted to suggest that abusive and destitute preconditions is a less common cause for entering prostitution among those who are prostituted indoors—e.g., prostitution in brothels, escort agencies, strip, and pornography settings, as distinguished from “street” prostitution.12 However, poor and unreliable data have been invoked by scholars who are suggesting such distinctions, which should caution the reader.13 Moreover, studies show that probably the majority are prostituted both indoors and outdoors”
“The first of the two studies that Weitzer’s claims, supra note 12, were based upon is from Australia, and
did not survey any women in street prostitution—only “call girls,” with women in brothels as a “control group.”
See Roberta Perkins and Frances Lovejoy, Call Girls: Private Sex Workers in Australia (Crawley: Univ. W.
Aust. Press, 2007) at 10. Furthermore, only 95 responded to the survey out of 244 women who responded to
telephone calls, and half of the total calls were left unanswered. Ibid., at 7 & 161. That is an unusually high
drop-out rate, but it receives no attrition analysis. Moreover, virtually no information at all regarding drop-out
rates or other sampling problems is provided regarding the brothel “control group.” Ibid., at 10 & 161.
Altogether there appears thus to be a serious sampling bias at work, making results incomparable to studies
including street prostitution. Weitzer then also cites a Bristol sample of 71 prostituted women in massage parlors
compared to an equal number on the streets. N. Jeal and C. Salisbury, “Health Needs and Service Use of
Parlour-Based Prostitutes Compared with Street-Based Prostitutes: A Cross-Sectional Survey” (2007) 114
BJOG: An International Journal of Obstetrics & Gynaecology 875. Many other survey studies usually employ
persons as interviewers who either are, or have been prostituted. Otherwise, it has been found very difficult to
establish the trust that enables prostituted persons to reveal sensitive information without risking disbelief or
prejudice, such as being stigmatized for not leaving prostitution. See, e.g., Jody Raphael & Deborah L. Shapiro,
“Reply to Weitzer” (2005) 11 Violence Against Women 965 at 967; Silbert & Pines, “Child Abuse as
Antecedent,” supra note 7, at 408; cf. Statens Offentliga Utredningar [SOU] 1995:15 Könshandeln: Betänkande
av 1993 års Prostitutionsutredning [government report series] at 144 (Swed.) (acknowledging the need for “long
time and close contact with prostituted women in order to acquire knowledge of their real situation”). The
Bristol authors did not use this method. However, they raised concerns that “[t]he small sample size for each
group may mean that important differences have not reached significance.” Ibid., at 879. Just as with the study
cited from Australia, such information was not passed on to Weitzer’s readers.“
Ontario Disempowers Prostituted Persons: Assessing Evidence, Arguments, & Substantive Equality in Bedford v. Canada. juin 2012 ttp://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2091216