Salut Mireille!
Tu dis :
Pourquoi ce qui détermine notre action ne viendrait-t-il pas de nous et pourquoi ce libre-arbitre serait inconnaissable et improuvable ? Si tout ce que nous faisons nous vient de ce qu'on a appris de l'extérieur, au final c'est dans le mixage de l'ensemble des connaissances acquises intellectuellement et émotivement que jaillissent nos actions. Si donc on agit conséquemment à cette accumulation de données, le libre-arbitre ne peut pas être inconnaissable pas plus qu'improuvable puisque tous ce détermine à l'intérieur du répertoire de notre connu, duquel on pourrait toujours reculer jusqu'à la source de n'importe quelle action.
Le libre arbitre est surtout, à mon avis, une impression de liberté et une expression « mal » définissable, par nature. Évidemment, nos choix seront dictés par plusieurs facteurs, mais la limite de la connaissance fait en sorte que cette question sera à jamais indécidable. Ce n'est qu'une question de logique. J'en ai déjà parlé (si tu as le courage de relire mes anciens messages, car je t'avoue que je n'ai pas l'envie de rechercher mes anciens messages, ni de reformuler mon opinion en ce qui concerne tes questions tout de même fort légitimes).
Ensuite, tout dépend de la manière dont on définit cette notion vague de « nous » (le « moi »). Où se situe la limite entre ce qui est « nous » et ce qui n'est pas « nous »? Dans la façon dont tu envisages le libre arbitre, j'ai l'impression que tu le réduis à quelque chose qui n'a plus rien à voir avec ce qu'il devait évoquer à la base. C'est un choix arbitraire acceptable, mais il n'en demeure pas moins que les questions que tu poses sont difficiles à répondre de manière « satisfaisante » (c'est relatif) et définitive, pour moi du moins. Aussi, comment savoir ce qu'est cette « source » (en nous?) que tu mentionnes?
Qu'est-ce que nous donne la philosophie qui n'est pas donné ou expliqué de manière scientifique?
La philosophie aide, entre autres, à produire (inventer, imaginer) des concepts et, de façon plus pratique, des concepts scientifiques. Ta question suppose une sorte de séparation nette entre les deux domaines alors qu'en réalité, ils sont souvent liés. Si la science n'est que méthodologie, alors on pourrait pratiquement inventer des machines qui résoudraient tous les problèmes scientifiques. Non, la science, c'est beaucoup plus que ça. Elle incorpore déjà des formes de philosophie (comme celle du langage, de l'information, de la connaissance, la logique, etc.).
Par exemple, la philosophie a aidé à produire des concepts utiles dans l'étude scientifique de la conscience et ainsi mieux orienter ces activités. Tout ça, encore une fois, j'en ai déjà parlé. Si l'on imagine un diagramme de Venn, c'est-à-dire ici deux cercles (l'un désignant l'ensemble des activités scientifiques et l'autre désignant l'ensemble des activités philosophiques) qui se croisent, je crois que la partie la plus « fertile » sera au milieu.
Aussi, on comprend seulement les réponses correspondantes à notre façon de comprendre. Ainsi, pour mieux comprendre ces questions vraiment pas faciles, il faut, je crois, mieux comprendre ce que nous sommes intimement, nos limites et aussi sentir les pièges du langage (dans ce genre de questionnement).
La métaphysique éthique est simplement pour moi les bases non scientifiques (la nécessité) de l'éthique. Ces bases sont souvent trop générales et infalsifiables pour être qualifiée de base scientifique. Il existe aussi une éthique scientifique (très intéressante) qui ne cesse de se développer. Je t'ai déjà donné ma version (assez détaillée pour un forum comme celui-ci) des bases éthiques. Par ailleurs, je redis souvent la même chose dans des termes différents. Penser que je dis toujours des choses nouvelles ou originales, c'est me surestimer. Sur ce forum, je préfère exprimer une pensée plus simple, mais plus structurée et justifiée autant que possible (d'autant plus que j'ai un peu de difficulté à la synthétiser).
Cordialement.