Publié : 16 mai 2005, 22:14
Platecarpus,
Je trouve de toute façon que le débat est assez stérile dans la mesure où il représente un décalage face à son objet. L'important n'est pas de savoir si la psychanalyse est valide. L'important n'est pas de savoir jusqu'où la psychanalyse est valide. Il est aussi stérile de défendre la psychanalyse aveuglément que de la contester aveuglément. La psychanalyse n'a en fait aucune importance. Ce qui est important c'est de savoir ce qu'il en est. L'important est de comprendre le fonctionnement psychologique des personnes pour leur venir en aide lorsqu'elles souffrent et pour concevoir des modèles éducatifs qui leur permettront de se développer harmonieusement pour qu'elles deviennent des adultes responsables et en santé.
Dans tout ça, la psychanalyse n'est qu'un épisode de l'historique d'une science qui a pris l'être humain comme objet. En se référant au critère de Popper, on devrait situer la psychanalyse comme une démarche préscientifique. P'is?
La science qui étudie la psychologie humaine est une science en proie à d'importants problèmes. C'est un "objet" de recherche très chargée, l'être humain. Nous ne devons pas nous surprendre que les questions qui entourent les recherches soient le prétexte de chicanes interminables. Parce que les questions de la psychologie sont très chargées idéologiquement, nous ne devons pas nous surprendre qu'elles donnent lieu à des comportements irrationnels. Pour cette raison, je ne suis pas surpris que des psychanalystes ou des sympathisants de la psychanalyse traitent le corpus psychanalytique comme s'il s'agissait d'une religion et que les hypothèses freudiennes soient traitées comme des dogmes.
Le contraire ne me surprend pas non plus. La psychanalyse compte des opposants dont l'animosité dissimule mal le caractère émotionnel des enjeux. En somme, il y a toutes sorte de façon d'être con.
Face à la psychanalyse, je crois que la sagesse pour un clinicien est de la connaître et de la reconnaître pour ce qu'elle est. Sans plus et sans moins! Et qu'est la psychanalyse? Un édifice théorique spéculatif reposant sur une base empirique très large et très hiérarchisé. Certaines observations sont très factuelles. Celles-ci sont incontestables. D'autres observations sont elles-même plus hypothétiques comme, par exemple, le lien que l'on fait entre une observation factuelle et une autre observation factuelle. Là il y a déjà matière à interprétation et on n'est pas encore dans la "grande théorie" elle-même.
Si l'on comprend la fragilité d'un semblable édifice, on l'utilise avec toute la prudence qui est nécessaire. On l'utilise pour comprendre. On l'utilise comme un carte routière faite maison et griffonné à la main par une personne qui a fait le voyage avant nous mais presque à l'aveuglette et, en tout cas, sans instruments de mesure. Les distances sont-elles fiables? L'orientation par rapport au nord géographique est-elle fiable? Des carrefours importants ont-ils été oubliés? L'auteur de la carte est-il passé à côté d'une grande ville sans s'en rendre compte? A-t-il retenu ce qui faisait son affaire et oublié des choses qui auraient eu de l'importance pour d'autres personnes?
En termes plus pragmatiques, la psychanalyse offrait autre chose qu'une théorie du développement et de la personnalité. Freud proposait une technique thérapeutique. Cette technique s'est révélée assez pauvre. Elle présente bien moins d'application que certains ont voulu l'espérer. La même chose s'est produite pour presque toutes les nouvelles techniques. Je pense, entre autres, à la sismothérapie. Ça a bien marché avec la dépression. On a ensuite essayé de l'étendre au traitement de la schizophrénie avec les abus que l'on sait. La même généralisation se produit avec tous les nouveaux médicaments avec lesquels a fini par traiter n'importe quoi avec des résultats très inégaux. On n'a pas beaucoup de moyens efficaces en psychiatrie. Alors, la tentation "d'essayer" est toujours très forte. Mais l'un n'invalide pas l'autre. On peut avoir parfaitement raison sur une hypothèse théorique et proposer un traitement inefficace. Inversement, on peut disposer d'un traitement efficace et en rendre compte à partir d'une théorie farfelue.
Pour la psychanalyse comme traitement, les psychanalystes lucides (ils sont nombreux) vous diront : "On n'a jamais guéri beaucoup de monde avec ça! " Mais cet aveu est bon pour tous les traitements, écoles et médicaments : On n'a jamais, non plut, guéri beaucoup de monde avec ça! Je pratique actuellement les techniques les mieux documentées en termes d'efficacité (TCC). Malgré tout, ce n'est pas le Pérou! Les résultats mirobolants que l'on calcule dans les recherches expérimentales sont bien difficiles à obtenir dans la réalité de la clinique. Les chercheurs sont t-Ils biaisés? Et les médicaments? À peine mieux que le placebo! Les seul médicaments qui marchent vraiment sont les benzodiazépines. Mais ils font payer leurs magnifiques résultats au prix fort : L'accoutumance et la dépendance.
La seule façon d'être un bon clinicien, c'est d'être une "pute", une "vraie pute" prête à se jeter dans les bras de m'importe quoi qui puisse aider nos clients. La psychanalyse comme traitement à encore une petite place. La psychanalyse comme théorie a encore une place important, du moins dans certains domaines particuliers. Elle est préscientifique! P'is? La culpabilité fait des ravages chez certaines personnes et la psychanalyse est encore la seule à proposer un modèle pour si retrouver, même si ce modèle n'est qu'une carte griffonnée à la main par un cocaïnomane autrichien du début du siècle qui rêvait de baisser sa belle soeur!
Je trouve de toute façon que le débat est assez stérile dans la mesure où il représente un décalage face à son objet. L'important n'est pas de savoir si la psychanalyse est valide. L'important n'est pas de savoir jusqu'où la psychanalyse est valide. Il est aussi stérile de défendre la psychanalyse aveuglément que de la contester aveuglément. La psychanalyse n'a en fait aucune importance. Ce qui est important c'est de savoir ce qu'il en est. L'important est de comprendre le fonctionnement psychologique des personnes pour leur venir en aide lorsqu'elles souffrent et pour concevoir des modèles éducatifs qui leur permettront de se développer harmonieusement pour qu'elles deviennent des adultes responsables et en santé.
Dans tout ça, la psychanalyse n'est qu'un épisode de l'historique d'une science qui a pris l'être humain comme objet. En se référant au critère de Popper, on devrait situer la psychanalyse comme une démarche préscientifique. P'is?
La science qui étudie la psychologie humaine est une science en proie à d'importants problèmes. C'est un "objet" de recherche très chargée, l'être humain. Nous ne devons pas nous surprendre que les questions qui entourent les recherches soient le prétexte de chicanes interminables. Parce que les questions de la psychologie sont très chargées idéologiquement, nous ne devons pas nous surprendre qu'elles donnent lieu à des comportements irrationnels. Pour cette raison, je ne suis pas surpris que des psychanalystes ou des sympathisants de la psychanalyse traitent le corpus psychanalytique comme s'il s'agissait d'une religion et que les hypothèses freudiennes soient traitées comme des dogmes.
Le contraire ne me surprend pas non plus. La psychanalyse compte des opposants dont l'animosité dissimule mal le caractère émotionnel des enjeux. En somme, il y a toutes sorte de façon d'être con.
Face à la psychanalyse, je crois que la sagesse pour un clinicien est de la connaître et de la reconnaître pour ce qu'elle est. Sans plus et sans moins! Et qu'est la psychanalyse? Un édifice théorique spéculatif reposant sur une base empirique très large et très hiérarchisé. Certaines observations sont très factuelles. Celles-ci sont incontestables. D'autres observations sont elles-même plus hypothétiques comme, par exemple, le lien que l'on fait entre une observation factuelle et une autre observation factuelle. Là il y a déjà matière à interprétation et on n'est pas encore dans la "grande théorie" elle-même.
Si l'on comprend la fragilité d'un semblable édifice, on l'utilise avec toute la prudence qui est nécessaire. On l'utilise pour comprendre. On l'utilise comme un carte routière faite maison et griffonné à la main par une personne qui a fait le voyage avant nous mais presque à l'aveuglette et, en tout cas, sans instruments de mesure. Les distances sont-elles fiables? L'orientation par rapport au nord géographique est-elle fiable? Des carrefours importants ont-ils été oubliés? L'auteur de la carte est-il passé à côté d'une grande ville sans s'en rendre compte? A-t-il retenu ce qui faisait son affaire et oublié des choses qui auraient eu de l'importance pour d'autres personnes?
En termes plus pragmatiques, la psychanalyse offrait autre chose qu'une théorie du développement et de la personnalité. Freud proposait une technique thérapeutique. Cette technique s'est révélée assez pauvre. Elle présente bien moins d'application que certains ont voulu l'espérer. La même chose s'est produite pour presque toutes les nouvelles techniques. Je pense, entre autres, à la sismothérapie. Ça a bien marché avec la dépression. On a ensuite essayé de l'étendre au traitement de la schizophrénie avec les abus que l'on sait. La même généralisation se produit avec tous les nouveaux médicaments avec lesquels a fini par traiter n'importe quoi avec des résultats très inégaux. On n'a pas beaucoup de moyens efficaces en psychiatrie. Alors, la tentation "d'essayer" est toujours très forte. Mais l'un n'invalide pas l'autre. On peut avoir parfaitement raison sur une hypothèse théorique et proposer un traitement inefficace. Inversement, on peut disposer d'un traitement efficace et en rendre compte à partir d'une théorie farfelue.
Pour la psychanalyse comme traitement, les psychanalystes lucides (ils sont nombreux) vous diront : "On n'a jamais guéri beaucoup de monde avec ça! " Mais cet aveu est bon pour tous les traitements, écoles et médicaments : On n'a jamais, non plut, guéri beaucoup de monde avec ça! Je pratique actuellement les techniques les mieux documentées en termes d'efficacité (TCC). Malgré tout, ce n'est pas le Pérou! Les résultats mirobolants que l'on calcule dans les recherches expérimentales sont bien difficiles à obtenir dans la réalité de la clinique. Les chercheurs sont t-Ils biaisés? Et les médicaments? À peine mieux que le placebo! Les seul médicaments qui marchent vraiment sont les benzodiazépines. Mais ils font payer leurs magnifiques résultats au prix fort : L'accoutumance et la dépendance.
La seule façon d'être un bon clinicien, c'est d'être une "pute", une "vraie pute" prête à se jeter dans les bras de m'importe quoi qui puisse aider nos clients. La psychanalyse comme traitement à encore une petite place. La psychanalyse comme théorie a encore une place important, du moins dans certains domaines particuliers. Elle est préscientifique! P'is? La culpabilité fait des ravages chez certaines personnes et la psychanalyse est encore la seule à proposer un modèle pour si retrouver, même si ce modèle n'est qu'une carte griffonnée à la main par un cocaïnomane autrichien du début du siècle qui rêvait de baisser sa belle soeur!