Brève de comptoir a écrit :Sympa la chronique. Elle défend ses copains psychanalystes, sans parler de l'autisme et des autistes. Belle mauvaise foi. Il faudrait croire sur parole que les psychanalystes sont des gens sérieux parce qu'ils ont je cite "une renommée internationale". Méthode Coué, c'est bien.
Le documentaire tend à montrer que les psychanalystes ne sont pas les bonnes personnes pour traiter la question de l'autisme parce qu'ils sont incompétents. Difficile à partir de là de vouloir ramener à la question de l'autisme alors que même pour défendre ces psychanalystes, on ne trouve rien d'autre à dire qu'ils sont renommés...
Les méthodes de l'auteur du documentaire sont peut-être limite (choisir un angle, moi j'appelle ça du journalisme) en attendant, il montre bien que les psy sont des gugusses. Les conneries racontées, elles l'ont bien été. Peu importe si c'était hors sujet de l'autisme puisque c'était pour illustré l'angle adopté...
Vous dites que les méthodes de l'auteur du documentaire sont peut-être limite. C'est votre opinion. Mais quelle sera celle du juge ? Le juge trouvera-t-il plutôt qu'elle a dépassé les bornes? J'ose espérer que vous accepterez la décision du juge, ou sera ouvert à réviser vos positions à la lumière des faits nouveaux. Ce que je crois, c'est que le juge décidera que le film, tel qu'il est présenté actuellement, devra être interdit de diffusion. On devra y enlever les extraits où on voit les plaignants.
Vous dites que Mme Eliacheff défend ses copains sans parler d'autisme. Mais il n'est pas question de parler d'autisme ici, il est question d'une démarche de réalisatrice qui sera analysée par un juge qui déterminera si, oui ou non, elle a dénaturé les propos des plaignants. Les avocats de la défense (ceux de Sophie Robert et d'Autistes sans frontières) ont été à ce propos souvent remis à l'ordre par la présidente de la Cour.
Et si les plaignants avaient eu, lors des entrevues, des propos absolument contraires à ce que laisse insinuer le montage vidéo ? Et si la pratique des plaignants se veut d'être ouverte à une approche multidisciplinaire pour la prise en charge de l'autisme ? Et si, comme le souligne Mme Eliacheff, il est vrai que les plaignants mettent en pratiquent un trepied comportant, comme l’un d’eux le résume, une approche éducative toujours, une approche pédagogique si possible, et une approche thérapeutique si nécessaire ?
Vous dites que Mme Eliacheff n'a pas d'arguments, alors qu'elle est allée à l'essentiel. L'essentiel ici n'est pas de débattre sur la prise en charge idéale de l'autisme, mais bel et bien de savoir si le film Le Mur est un véritable documentaire, ou un film polémique. Je vous souligne qu'au procès, l'avocate d'autistes sans frontières l'a avoué. L'avocat des plaignants a réagit en demandant au greffier de bien indiquer ce que vient de dire l'avocate de la partie adverse, qui dit bien qu'il s'agit d'un film polémique et non d'un documentaire.
Caroline Eliacheff a eu également la pertinence de faire mention du document présenté par la CIPPA (
http://old.psynem.org/Cippa/Ressources/cippa.pdf), dans lequel on peut y lire la réaction de quatre autres psychanalystes ayant été approché par SR pour la production de son film. Si, et je dis bien seulement si, ces psychanalystes ne mentent pas dans leurs déclarations respectives, et bien je ne peux m'empêcher de dire que le travail qu'a fait SR avec son film est une poubelle, ni plus ni moins. Ce n'est certainement pas un documentaire si les propos ont été à ce point dénaturés de la manière la plus malhonnête qui soit.
Je cite des extraits des réactions de 3 psychanalystes du film :
TÉMOIGNAGE de LAURENT DANON BOILEAU
"Pour sa partie sur la psychanalyse aujourd’hui, Madame Robert m’a demandé de développer
le concept de « censure de l'amante » (M. Fain, D. Braunschweig).
Dans son montage sur les psychanalystes et l’autisme, elle utilise ce passage comme si je
voulais démontrer que l'autisme était causé par une insuffisante censure de l’amour de la mère
pour son enfant.
Interviewé plus précisément sur l’autisme, j’ai fait part de mon hostilité à toute perspective
rendant les parents responsables de ce trouble de l’enfant. J’ai dit ma conviction de la part
instrumentale de ce trouble, mon intérêt pour les découvertes cognitives, mon attachement à
la théorie du démantèlement (concept psychanalytique que j’ai rapproché de la théorie
cognitiviste du « trouble de la cohérence centrale »). Je crois même avoir évoqué un travail
collectif conduit sous l’égide du Dr Anne Philipe, psychiatre et généticienne, lequel a donné
lieu à une étude parue dans Pediatrics où mon nom figure notamment à côté de celui de
Monica Zilbovicius et de Bernard Golse."
"Sur le plan du soin, je lui ai dit que depuis 20 ans je participe à des prises en charge
pluridisciplinaires. Ma conviction est que la psychanalyse est utile à l’enfant autiste à
condition qu'elle soit articulée à un ensemble d'autres interventions régulières (orthophonie,
psychomotricité, ergothérapie, travail de la communication non-verbale notamment). J’ai dit
que dans mon travail je me situais en aval de l'enfant pour enrichir ses productions sans
chercher à tout prix à le conditionner. Mais j’ai aussi marqué avec force, comme je le fais
toujours, que ma manière de faire n’avait de sens que si parallèlement, d'autres professionnels
avaient des abords plus directement pédagogiques. J'ai tenté d’expliquer la cohérence de cette
diversité qui doit se garder de toute inféodation, tant psychanalytique que comportementaliste"
TÉMOIGNAGE de PIERRE DELION
"Les extraits sont réalisés de telle sorte que ce sont principalement nos hésitations, nos
nuances, notre difficulté à exprimer la complexité de l'autisme par des points de vue
coupés et isolés de leur contexte, qui apparaissent. Par exemple, lors de l’entretien, je
reprends l’importance qu’a eue Bettelheim dans l’intérêt des psychanalystes pour
l’autisme, à une époque où peu de gens se souciaient de la question, même si sa position
consistant à séparer l’enfant de ses parents n’a pas été sans poser de problèmes et
qu’elle est aujourd’hui inacceptable. Coupé au montage quand j’essayais d’expliquer de
façon nuancée sa position historique, il ne ressort dans l’interview que ma défense du
« tout‐Bettelheim », preuve s’il en est que je suis un psychanalyste du passé et donc
illégitime à prétendre quoi que ce soit sur l’autisme aujourd’hui. Je tiens d’ailleurs à
préciser que depuis que j’exerce le métier de pédopsychiatre, j’ai milité sans
discontinuer, mes nombreux écrits à ce sujet en témoignent, pour que les enfants
reçoivent, si possible, des soins à temps partiel, tout en continuant de vivre chez leurs
parents."
"Lors de cet entretien vidéoscopé, j’expose longuement à Sophie Robert ma position
actuelle de pédopsychiatre « intégratif », celle que je pratique et enseigne dans toutes
les occasions qui me sont données au sujet de l’autisme, aussi bien avec les enfants et
leurs familles que je reçois dans le cadre des soins, qu’au niveau du Centre Ressources
Autisme du Nord Pas de Calais (Groupement de Coopération Sanitaire et Médicosociale
créé par mise en commun des moyens du CHRU de Lille (Unité d’Evaluation
Diagnostique dont j’ai la responsabilité) et de ceux de l’Association Autismes Ressources
dirigé par Olivier Masson). Je dis également à Sophie Robert que dans ces cadres
différents comme dans les nombreux cours que je donne, j'explique qu'après un
dépistage le plus précoce possible, je propose toujours aux parents de faire reposer la
prise en charge de leur enfant et sous leur égide, sur un trépied comportant « une
approche éducative toujours, une approche pédagogique si possible et une approche
thérapeutique si nécessaire."
TÉMOIGNAGE de Bernard GOLSE
"j’ai expliqué à Sophie Robert que je persiste à
penser que l’origine des troubles envahissants du développement répond
fondamentalement à un ensemble de causes multiples et variables selon chaque enfant,
d’où la nécessité de recourir à une approche multidimensionnelle, c’est‐à‐dire à une
approche qui associe de manière adaptée à chaque cas, diverses mesures d’aide
appartenant aux trois registres du soin, de l’éducation et de la pédagogie. Et ceci, sur le
fond d’une intégration scolaire digne de ce nom, ce qui n’est pas encore le cas, tant s’en
faut, en dépit de la loi de 2005.
Je lui ai précisé que, personnellement, je pense que certaines techniques éducatives
spécialisées sont tout à fait nécessaires, que certaines rééducations (orthophonique ou
psychomotrice) sont, à un moment ou à un autre, toujours indispensables, mais que les
psychothérapies psychanalytiques ont encore une place utile à tenir, moins pour éclairer
sur la cause intime de l’autisme, que pour nous aider à mieux comprendre le monde
interne de ces enfants dont les souffrances sont immenses, et dont les progrès euxmêmes
ne vont pas sans faire surgir des angoisses qui doivent être continûment
élaborées pour ne pas freiner l’évolution des enfants, et pour leur permettre de
s’adapter eux‐mêmes à leurs nouveaux fonctionnements."
<"Mon propos était donc de préciser que toute méthode qui se présente comme la seule
méthode légitime, se trouve, à mon sens, ipso facto, disqualifiée, car si le tout
thérapeutique a échoué, le tout pédagogique et le tout éducatif échoueront de même"
"Ce montage est malhonnête, ayant coupé le contenu entier de ce que j'avais à
communiquer sur le thème dont Madame Robert avait annoncé l'exploration. Ajoutons
que Mme Sophie Robert s'est engagée à soumettre le montage avant publication, ce
qu'elle n'a nullement fait, non plus que d'avertir à la sortie de son document"
Vraiment pas fort de la part de SR de ne même pas avoir daigné aviser les psychanalystes, qui ont collaboré avec elle pour faire le film, lorsqu'est venu le temps de diffusion. Cela aurait été franchement la moindre des choses qu'ils aient été contactés. Ce manquement de la part de SR ne plaide certainement pas en faveur de son honnêteté.