Bonjour Leonarda,
Je suis entièrement d'accord avec vous sur le fait que le débat devrait porter sur le fond. Les insultes, cris, jérémiades et récrimination n'apportent rien.
Je n'y connais strictement rien en nutrition, mais il y a certains points qui m'intriguent :
- Quel est le problème avec le lait ?
Pour autant que je le sache on en consomme depuis une dizaine de millénaires, le seul problème étant qu'il est indigeste pour les personnes qui, à l'âge adulte, ne produisent plus je ne sais quelle enzyme nécessaire à sa digestion. Pour les autres, ou pour le lait transformé en fromages, il me semble qu'il est parfaitement digeste, et une précieuse source de nutriment, et notamment de calcium.
- Quel est le problème avec le blé ?
Jusqu'à la fin du dix-huitième siècle (introduction de la pomme de terre) c'était la principale nourriture en France. Depuis, notre nourriture c'est diversifiée, incluant notamment beaucoup plus de viande (trop selon certaines sources) et de fruits et légumes (pas assez selon beaucoup de sources).
Pour autant que je le sache, le seul problème avec la farine actuelle est qu'elle est très raffiné, ce qui en ôte des nutriments intéressants (fibres, protéines, sels minéraux ...). Il vaudrait mieux manger des pâtes au blé complet et du pain complet, mais ça à peu d'importance, notre régime alimentaire n'étant pas tellement carencé et les éventuelles carences faciles à corriger. Le gluten n'est gênant que pour les gens qui y sont allergiques, ce qui est rare.
- D'où tirez-vous l'idée que les problèmes de santé du néolithique soient dus à de mauvais aliments ?
Il me semble que la concentration de population et la proximité avec le bétail ont du provoquer une augmentation des maladies infectieuses, et que les problèmes alimentaires devaient surtout être dus à une alimentation trop spécialisée, causant des carences. Comment discriminez-vous les différentes causes ?
- Comment conciliez-vous l'idée que le régime alimentaire actuel serait absolument désastreux avec la prodigieuse augmentation de la durée de vie qu'on observe depuis la révolution industrielle, et particulièrement ces dernières décennies ?
- Les progrès de la médecine permettent aujourd'hui de soigner, de prévenir, et même parfois d'éradiquer des quantité de maladies qui étaient mortelles jadis, de la tuberculose au cancer, de l’appendicite à la variole.
La simple logique montre que quand on découvre un traitement à une maladie, on doit voir :
1. la mortalité due à cette maladie diminuer, et dans le meilleur des cas disparaître (ce qu'on observe effectivement)
2. l'espérance de vie augmenter (ce qu'on observe effectivement)
3. la mortalité due à toutes les autres causes augmenter (parce que les gens meurent quand même, mais d'une autre cause). Et c'est aussi ce qu'on observe.
Hors, vous semblez pensez que l'augmentation de la prévalence d'un bon nombre de maladies a besoin d'une autre explication. Pourquoi ?
- Vous dites "qu'il n'y a aucun danger à consommer des aliments dépourvus de résidus de pesticides et dépourvus d'additifs chimiques". C'est clairement faux. Même en laissant de côté les gens qui s'empoisonnent avec des amanites phalloïdes parfaitement naturelles et même en admettant que vous sous-entendiez un régime correctement équilibré, ce qui compte c'est la toxicité (ou pas) de se qu'on mange, et pas le fait que ce soit naturel (ou pas).
- Ailleurs, vous dites (j'ai la flemme de chercher la citation exacte, désolé

) que le meilleur moyen de valider une thérapie c'est de demander l'avis du malade. C'est clairement faux : outre l'effet placebo on sait que c'est, au contraire, une façon extrêmement biaisé d'évaluer l'efficacité d'un traitement.
Vous connaissez le taylorisme, dans l'industrie ? Une des idées de base est d'augmenter le rendement de la production en optimisant les postes de travail. Un jour, dans un atelier de couture, on a essayé d'optimiser l'éclairage, crucial pour les ouvrières. On l'a augmenté, ça a plu à certaines et le rendement a nettement augmenté, mais certaines se plaignaient de ce que c'était plus fatiguant. Alors on l'a baissé plus qu'au début. Mais là, le rendement a un peu baissé, tout en restant supérieur au départ, parce que les ouvrières n'y voyaient pas assez. Alors on l'a remis au niveau initial et le rendement a augmenté. Plus que pour tous les réglages testés. Les ouvrières étaient très contentes qu'on ait enfin trouvé la bonne valeur et elles produisaient sensiblement plus qu'au départ. Alors qu'au final on n'avais rien changé : tout ce qu'on avait fait, c'est leur montrer qu'on s'intéressait à leurs conditions de travail et leur demander leur avis.
En médecine c'est pareil, un malade peut avoir (en toute bonne foi) l'impression d'aller mieux simplement s'il a l'impression qu'on s'occupe de lui, qu'on l'écoute, etc.
C'est pour ça qu'on fait des tests en aveugle ; c'est pour ça que la parole du patient, aussi respectable qu'elle soit, n'est pas un critère fiable.