Parasciences a écrit :Le pacte de Houdini
Or, je l’ai dit, Houdini avait apparemment laissé derrière lui un message codé par lequel il prouverait son identité s’il faisait un « retour » de nature spirite. Bess Houdini, malade, désemparée par la disparition de son compagnon et maître (à 18 ans, elle était devenue sa partenaire de spectacle), déprime, boit… et tente en effet de communiquer par tous les moyens avec son regretté mari. Chaque samedi, à l’heure de sa mort, elle s’installe dans sa chambre en face de la photo de Harry et attend un signe. Elle a offert une récompense de 10 000 dollars au médium qui produira le message secret que Houdini lui a laissé et convenu de lui envoyer, et qu’il lui a rappelé sur son lit de mort ; la coquette somme offerte va nettement activer le processus. Elle reçoit une avalanche (des milliers !) de lettres et de télégrammes censés délivrer le message. Mais aucun ne la satisfait…
Le « retour de Houdini » à travers plusieurs médiums où il exprime systématiquement ses regrets d’avoir persécuté leurs semblables de son vivant ne la convainc pas. Au point qu’elle songe à retirer son offre quand… la rumeur se propage, en février 1928, qu’Arthur Ford, pasteur de la Première Église Spiritualiste de Manhattan, « a percé le code de Houdini ! ».
« J’ai percé le code posthume de Houdini ! ». Cette déclaration stupéfiante d’un médium spirite américain, Arthur Ford, en 1928, visait carrément à prétendre que, pour la première fois, un vivant avait contacté un mort deux ans après sa disparition. Un homme nommé Houdini, le roi de l’évasion, qui aurait réussi ainsi à s’évader de l’Au-delà pour transmettre aux vivants la preuve que sa conscience subsiste encore quelque part, avec ses souvenirs.
En ce mois de février 1928, les journaux américains ne savent pas quoi imprimer pour célébrer cet événement colossal ; certains annoncent que la suppression de la prohibition ne serait pas plus sensationnelle. On parle d’un cataclysme nucléaire… Le New York Telegram, dans un éditorial solennel, célèbre la première intervention de l’esprit d’un désincarné.
En fait, ce contact se serait produit en deux temps. Tout d’abord, A. Ford, au cours d’une séance spirite dans laquelle, en transe, il sert d’intermédiaire aux désincarnés (c’est la définition même du médium spirite), aurait répercuté l’annonce de son guide « Fletcher » disant « qu’une femme inconnue est très impatiente de dire un mot » : ce mot, c’est « forgive » (Pardon). Or ce mot est le dernier qu’aurait prononcé avant sa mort la mère de Houdini, le mot attendu en vain par le magicien pendant 13 ans, un mot qui arrivait trop tard pour lui, mais pas pour Beatrice, sa femme, mise en son temps dans la confidence et qui, avisée, écrit : « Mon cher Mr Ford,… le mot « Forgive » est bien celui que Houdini espéra toute sa vie ». Du coup, elle veut aller plus loin.
Le 8 janvier 1928, le New York Evening Graphic fait état d’une série de séances données par A. Ford à Bess au cours desquelles un nouveau mot est arrivé à travers « Fletcher » : « ROSABELLE », reçu par voix directe. Viennent ensuite : « NOW, LOOK, NOW, ROSABELLE, ANSWER, PRAY et TELL ». À la dernière séance, le message entier a été transmis : « Un homme qui se dit être Houdini mais dont le nom réel était Erich Weiss est là et souhaite transmettre à sa femme Beatrice le code de dix mots, ce qu’il a promis de faire s’il lui était possible ; ce code est : « ROSABELLE ANSWER TELL PRAY ANSWER LOOK TELL ANSWER ANSWER TELL ».
Le message est transmis le lendemain à Mrs Houdini qui n’a pu être présente à cette séance-là car elle a dû rentrer à l’hôpital suite à une chute. Elle s’exclame : « Oh mon Dieu ! C’est ça ! ». Sur son lit de mort, Harry lui aurait murmuré : « S’il arrive quelque chose, Bess, tu dois être prête. Souviens-toi du message « Rosabelle believe ». Quand tu entendras ces mots, sache que c’est Houdini qui parle ». En fait, les deux mots faisaient partie de ceux employés lors de la simulation de transmission de pensée qu’ils avaient longtemps pratiquée ensemble pour leur numéro de music-hall.
Une autre séance est organisée dans la chambre de Bess, deux jours plus tard. Et la voix s’adresse cette fois à elle et répète le code… : « un de ceux que nous avions l’habitude d’utiliser dans un de nos lectures de pensées ».
Le second mot du code « answer » correspond à la deuxième lettre de l’alphabet = B ; « answer » « answer », 22ème lettre de l’alphabet = V, le 5ème mot du message « TELL » est la cinquième lettre de l’alphabet = E. La 12ème lettre de l’alphabet est « L » et pour faire 12, nous devons utiliser le premier et le second mot du code… Ainsi de suite et on trouve : « Rosabelle Believe ». Mrs Houdini confirme que tout cela est correct. Elle signe un affidavit avec les autres témoins.
Mais voilà que le New York Evening Graphic, qui a raconté cet épisode dramatique par le menu, titre deux jours plus tard : « Le canular de Houdini démasqué ! Séance arrangée au préalable par le médium et la veuve » ! Cette révélation soulève un tollé. Béatrice dément toute collusion de sa part de même que A. Ford. Mais il s’avère que Bess n’était pas la seule à connaître le code. On parle des confidences possibles de Houdini, de son vivant, à une jeune assistante du magicien… Selon un autre scénario, Bess, dans son délire (éthylique ?), aurait murmuré le code sans s’en rendre compte et A. Ford en aurait profité. Il semble bien que Bess et Ford furent des amis très intimes… « Il ne fait aucun doute qu’ils étaient totalement de mèche en tant que partenaires d’une grande et glorieuse mystification », écrit W. Rauscher3/, un pasteur magicien, auteur d’un livre sur cette histoire de code post-mortem !
A. Ford se voit expulsé de la ligue spiritualiste unifiée de New York. Il tourne l’accusation en dérision en soulignant n’avoir même pas revendiqué la récompense offerte « alors que, légalement, elle lui revenait » ! Même Bess se met à douter. Elle se serait même rétractée quant à l’authenticité du message !
Pourtant, jusqu’à sa mort survenue en 1943, elle organisera chaque année à Halloween une séance de spiritisme pour tenter d’entrer en contact avec son regretté mari ; une tradition que certains fidèles du magicien perpétuent tous les ans… jusqu’à aujourd’hui !
Les médiums les plus puissants de monde entier sont ainsi invités à tour de rôle à s’asseoir autour de cette table afin de tenter d’aider le « maître » à se dégager des filets de l’Au-delà pour apporter la preuve de son retour en ouvrant les menottes : cette paire de menottes appartenant au magicien gardée religieusement et qu’il a promis de venir ouvrir « en sortant du royaume des morts » (sic).
La presse spirite nous tient d’ailleurs au courant épisodiquement du déroulement de ces « séances » anniversaires. Rendons-nous à celle de 1999.
Houdini, es-tu là ?
Sur la scène d’un théâtre anglais, autour d’une table éclairée par 3 candélabres où une paire de menottes verrouillée est posée, une douzaine de personnes ont pris place, des Américains, des Britanniques, un Italien… En sourdine, une musique : celle d’un film sur les vampires. Tout le monde attend…
Nous sommes le soir du 30 octobre 1999, au 12 Stephenson Way, à Londres. The Magic Circle, l’association pour les magiciens de théâtre, reçoit, pour la première fois de son histoire, la Séance Officielle Houdini, 73ème du nom.
Lyn Guest de Swarte, éditeur de l’hebdomadaire spirite Psychic News, fait partie du cercle. Et c’est elle qui titra à cette occasion : « Houdini revient à Londres »
Certes, les menottes sont restées closes (!) mais, au cours de la séance, Mrs Guest de Swarte affirma de vive voix recevoir un message des mânes de Houdini parlant « d’un triple miroir ». C’est sur la paroi de la bouteille d’eau placée devant elle qu’elle détecta le phénomène. L’épisode fut filmé par une télévision italienne.
Au sortir du théâtre, tous les participants de la séance reçurent, pour commémorer l’événement, une petite boîte avec dedans un cube en verre dont trois faces étaient coupées en biseau pour former un triangle. « C’était presque identique à ce qu’Houdini avait projeté à travers moi sur le verre de la bouteille ». Et de raconter, dans Psychic News du 6 novembre 1999 : « Comment Houdini a prouvé sa survie avec des miroirs » !
Il est bien dommage que le magicien, en passant de l’autre côté, ait perdu son goût légendaire du spectaculaire !