Cadenas a écrit : 12 avr. 2019, 04:30
LePsychoSophe a écrit : 11 avr. 2019, 11:27
Il s'agit du non-moi qui s'exprime par difficile intégration d'un moi circonscrit.
C'est du langage psychanalytique ça, tu ne vas pas avoir beaucoup de succès ici avec cette explication.
Quand au neurofeedback, dont il est question dans ce documentaire,
les études récentes ne semblent pas montrer d'effet supérieur au placebo.
Je suis le premier à attaquer la psychanalyse mais je ne suis pas le dernier à la défendre.
La personne qui exprime ça dans le reportage n'est pas psychanalyste mais psychologue.
Étant psychologue, je n'ai aucun problème à faire appel à ce corpus théorique.
Je pourrais reformuler ma phrase si vous le souhaitez. Je peux changer de langage. À quoi bon? Les psychologues cognitivistes utilisent un nombre impressionnant de termes différents par rapport aux psychanalystes et pourtant ils reprennent des concepts et des notions similaires.
Ce jeu d'ego ridicule me fait bien rire. Je n'ai aucune chapelle, je suis psychologue clinicien et pioche là où cela me semble bon.
Les gens qui entendent des voix (ou ceux qui pensent que ce sont des voix extérieures, comme des revenants) ont simplement une difficulté à intégrer les pensées comme des pensées, c'est-à-dire un langage interne qui est au cœur de leur conscience, j'ai bien dit au cœur.
Quand je parle du cœur de la conscience, je parle de ce que l'on est au plus profond de nous-mêmes. Vous l'appelez le moi comme les psychanalystes, vous l'appelez le soi comme les cognitivistes, vous l'appelez l'égo, ...
je reconnais qu'il est difficile d'exprimer ce genre de phénomène par les mots. Mon niveau de pédagogie atteint ici ses limites.
Ce qui n'est pas à moi est extérieur à moi. Lorsque j'entends un son, une voix extérieure : elle présente des caractéristiques qui font que je sais que ce n'est pas ma pensée. Je l'externalise lors de son interprétation : je sais qu'elle vient de l'extérieur.
À l'inverse, quand j'ai une pensée qui m'appartient, je sais que c'est ma tête qui produit l'information, ma tête au sens de ce qui m'appartient en propre : mon identité, mon libre arbitre (aïe, avec cette notion ça va partir en brioche... :-)). Je maîtrise la production de la pensée, cette pensée se fait avec ma "voix". Elle présente les caractéristiques qui me sont propres.
Quand je suis entendeur de voix ou schizophrène, ou sous l'effet du substance psychédélique, certaines pensées ne présentent pas les caractéristiques qui me sont propres. Elles prennent des caractéristiques, des personnalités, qui appartiennent à autre qu'à moi. Cela fait que je les mets en dehors du cœur de ma conscience. J'en ai conscience mais comment en périphérie.
Cette distance avec moi, cette zone dans laquelle ma conscience les place, s'appelle le non-moi.
Ce sont toujours des pensées mais intégrées par le cerveau comme des voix (cela active le cortex auditif, on peut parler de neuropsychanalyse ou tout simplement de neuropsychologie si vous êtes allergiques au moins analyse), et sont alors subies. Même lorsqu'elles sont agréables par leur contenu, la sensation éprouvée peut-être désagréable car elles sont subies. Imaginez avoir des pensées, même avec les caractéristiques qui vous sont propres, que vous ne contrôlez pas du tout comme si elles s'imposaient à vous (ne perdez-vous pas totalement votre libre arbitre?). On appelle cela l'automatisme mental et c'est une source d'angoisse majeure dans la schizophrénie. On va retrouver cela à un niveau beaucoup plus léger et avec la différenciation moi // non-moi, dans le trouble obsessionnel compulsif grave.
En psychanalyse : on parle de psychose lorsque des parties du moi sont dissociées entre elles. Il y a donc d'un point de vue psychanalytique chez les entendeurs de voix, une dimension psychotique non négligeable. Cela ne veut pas dire qu'ils sont malades. Nous avons tous un parti psychotique et heureusement. Ils ne sont pas malades, car tout le reste de leur psyché est équilibrée. Ils ont un symptôme et non une maladie.
Je parlais de moi circonscrit pour dire délimité. Si le moi est bien structuré avec des limites claires, il n'y a pas d'entente de voix possible. La pensée est interprétée comme la pensée.
La plupart des patients entendeurs de voix mais qui ne sont pas schizophrènes, font quand même une psychothérapie pour se réapproprier leur cerveau en quelque sorte. Ces voix ne sont rien d'autre que des constructions langagières internes reprenant des paroles ou des attitudes parentales ayant généré des émotions qui n'ont pas été mentalités et/ou verbalisés/exprimés et qui ont généré des psychotraumas (pas forcément pathologiques au sens où on l'entend habituellement).
Toute la théorie et la pratique des thérapies des schémas repose sur ces concepts. Et la thérapie des schémas présente un fort cadre et une forte composante cognitive et comportemental, ;-)