Tania a écrit :Ce qui est remarquable et spectaculaire dans l'épigénétique c'est "l'hérédité de caractères acquis non codé dans l'ADN".
Comme son nom l'indique, l'épigénétique décrit des facteurs imprimant la dynamique de l'expression génomique.
Sur le plan analytique, le domaine épigénétique est étudié séparément de celui de la génétique puisqu'il ne s'agit plus d'étudier des séquences, des fragments, génomiques (biomoléculaires, inhérents au métabolisme de l'être vivant), mais des pressions entraînant des variantes dans l'expression génomique.
La génétique et l'épigénétique sont indissociables dans la dynamique évolutive. Cela rejoint les théories classiques de l'évolution : Notamment celles concernant la pression du milieu sur la formation des espèces, des groupes, des individus. Dans la dynamique évolutive, on ne peut pas tout centrer sur la génétique; bien que la génétique explique largement ce qui permet aux organismes vivants d'évoluer. Par contre, les pressions du milieu, les facteurs mutagènes auxquels sont exposés les organismes vivants, ou les conditions environnementales qui les contraignent à conserver ou modifier certaines caractéristiques, expliquent la raison de cette dynamique évolutive.
Donc la question que je soulève ne se situe pas au niveau du mécanisme mais au niveau de la mémoire de ce mécanisme.
Cela peut être une question de "mémoire", mais pas forcément.
Si par exemple, une terrible famine affecte une génération d'individus (un groupe important) et que la malnutrition engendre d'énormes carences nutritionnelles, affectant la santé, les capacités osseuses, dentaires, immunitaires, etc. Les femmes atteintes par ces énormes carences peuvent transmettre certaines faiblesses à leurs enfants. et dont effectivement, on retrouvera certains aspects de ces fortes carences dans l'hérédité des descendants.
Par exemple, il semble que, chez les néanderthals, une carence, peut être nutritionnelle, entraînant une décalcification précoce de la partie du bassin, se soit transmise chez les femmes - si je ne me trompe pas. Si effectivement certaines anomalies affectent profondément le métabolisme, la physiologie, de l'individu, elles peuvent s'installer sur le plan héréditaire et contaminer les descendants. Donc dans ce cas, c'est une question de "mémoire".
Mais si par exemple un groupe d'individus a fini par adopter un certain comportement, nutritionnel par exemple, en raison de conditions imposées par les ressources du milieu; cela peut influer sur toute l'organisation psychosociale, sur nombre de moeurs, d'habitudes, de comportements, qui auront des conséquences sur la physionomie, la santé, etc. Ce n'est pas une question de transmission héréditaire mais d'adpatation d'un goupe à des conditions environnementales spécifiques.
Dans ces 2 exemples, je parle donc de 2 cas théoriques permettant de distinguer l'aspect génétique, héréditaire ou épigénétique. Mais dans la réalité, l'un et l'autre constituent une dynamique d'ensemble.
...La transmission des caractères acquis est un des mécanismes de l'hérédité avancé pour expliquer la transmission de certaines modifications acquises par des êtres vivants au cours de leur existence à leurs descendants...
C'est le mécanisme-maître. Et il est plus qu'avancé; il est démontré. Cela commence par les eucaryotes et procaryotes qui se transmettent leur patrimoine génétique, jusqu'à nous qui en sommes leurs lointains descendants. S'il n'y avait pas eu ce genre de processus de transmission, en réalité, les pluricellulaires et leurs spéciations, les multicellulaires et les organismes complexes, n'auraient jamais pû se former.
Lorsque nous apparaissons en tant qu'embryon initial, nous ne sommes qu'une unique cellule eucaryote, à laquelle une hérédité d'eucaryote a été transmise.
Et la particularité la plus remarquable de cet eucaryote est d'être la plus parfaite machine à s'adapter de la nature. Cette banale petite cellule est le potentiel d'une immense diversité organisée. Cette multitude d'êtres vivants eucaryotes qui naissent, se transforment, disparaissent, c'est ça l'évolution.
La génétique et l'épigénétique doivent pouvoir se comprendre dans une dynamique globale; vue séparément, en tant que segments de cette dynamique évolutive, on ne peut réellement comprendre.
Le terme d'épigénétique en psychologie
...Le psychologue Erik Erikson développa une « théorie épigénétique du développement humain » traitant des crises psycho-sociales vécues par l'individu, servant ainsi à décrire différentes étapes développementales entrecoupées par ces crises. Selon lui, même si ces crises ont le plus souvent une origine génétique, la manière dont elles se vivent ne peut être expliquée par la génétique et donc, en écho à la théorie en biologie, sont qualifiées d'épigénétiques...
Alors, qu'il y ait une lecture différente d'un même code génétique sous l'influence de l'environnement, est une chose, mais que cette lecture soit héréditaire en est une autre. Si des scientifiques le disent, je n'y peux rien.
Je ne sais pas si le fait d'intégrer la psychologie dans cette discussion ne fait que compliquer le problème - et le débat.
La génétique ou l'épigénétique n'est pas un caractère spécifiquement humain, mais englobant tous les organismes vivants, y compris ceux qui ne sont pas concernés par la psychologie. Secundo, dans le développement humain, il y a l'aspect culturel qui ne concerne pas les êtres vivants qui ne dépendent que d'un contexte naturel.
La nature et la culture dont 2 modes d'adaptation et d'évolution très différents, qui ne procèdent pas des mêmes contraintes, des mêmes nécessités qui peuvent être engendrées par des besoins artificiels. Dans le mode culturel, il existe des artifices liés à l'existence humaine qui peuvent fausser l'appréciation du mode naturel : Par exemple, dans la nature, il n'y a pas de moralité, pas de jugement face à des phénomènes naturels aussi "criminels" soient-ils. Dans la société, la morzale contraint d'adopter des comportements et de les transmettre par l'éducation. Dans la nature, les choses sont ce qu'elles sont, et nôtre seule posture sera de tenter de les découvrir et de les comprendre. La culture, quant à elle, est l'expression d'une réflexion, d'une interprétation, qui peut être aussi bien harmonique que dissonante, vis à vis de choses qui peuvent être aussi bien réelles, naturelles, qu'artificielles ou imaginaires.
Depuis des millénaires, l'être humain s'est développé un contexte propre, un système civilisé, qui l'entretient dans un certain mode de vie. ce système est issu des sociétés naturelles mais n'en est plus une, à proprement dit. On ne peut l'étudier en totalité comme relevant uniquement de la génétique ou même de l'épigénétique. Dans le système civilisé, il y a des écoles, la transmission est linguistique, propre à l'être humain, et se perpétue de générations en générations, grâce à l'écriture par exemple.
Remarque, il y a longtemps, j'étais dans une foire à Bayonne (c'est à la limite du Pays-Basque) et tout d'un coup, je vois un stand qui vendait de la charcuterie, des andouilles précisément, et il y avait une banderole avec le slogan "Ici, on fait des andouilles de père en fils". ca m'avait fait rigoler.