Malkovitch, avant de poursuivre (et puisque
vous tu es nouveau) je vais clarifier une ou deux choses...
Dans la vie de tous les jours, parce que la majorité des gens que je croise ne possède pas les connaissances que certains possèdent ici, ma position (sur ces types de sujets) est le plus souvent celle de celui qui prétend que nous avons beaucoup moins de liberté et de latitude que nous pensons avoir. Par contre, ici, avec des gens qui possèdent les connaissances nécessaires pour débattre de ces sujets, ma position est différente (c'est une question de « contraste » et d'adaptabilité). Ici, ma position n'est pas aussi catégorique que la plupart des sceptiques qui disent que nous n'avons aucune part de liberté.
Malkovitch a écrit :Cependant ça s'applique mieux aux sciences exactes qu'aux sciences humaines.
En effet! ...mais justement, si nous arrivons tous (sauf erreur d'inattention et/ou pour cause de fatigue) à effectuer une équation mathématique sans que nos désirs et émotions influent sur le résultat, il n'est donc pas impossible d'avoir la même rigueur de neutralité lorsque nous analysons autre chose qu'une équation mathématique. Lorsque j'effectue des calculs à propos de mon compte bancaire et des comptes à payer, mes désirs et émotions n'arrivent pas à modifier (interférer) le résultat de mes équations.

...parce que ce qui m'importe, c'est de connaitre le solde réel et concret (objectif) et non pas celui que je voudrais ou ne voudrais pas.
Malkovitch a écrit :...car les émotions sont constamment en éveil et celles-ci induisent des perceptions spécifiques.
Je suis d'accord qu'il y a certains trucs, comme la fatigue (et certaines addictions), dont nous pouvons difficilement contrer les effets. Pour les émotions, ça dépend des individus. Il est évident que si ça fait 50 ans que nous laissons libre cours à nos émotions nous n'arriverons pas à minimiser leurs influences du jour au lendemain, c'est sûr! Mais si cela fait 30 ans qu'on s'exerce à ne pas nécessairement faire ce que ces dernières nous suggèrent, il est tout à fait possible de minimiser grandement leurs influences.
Perso, je distingue les sentiments
* des émotions
* : les dernières sont des sentiments nourris (sustentés, justifiés) par des pensées dont résulte, de l'entretien de ces dernières, une boucle de rétroaction positive (amplificatrice) qui amplifie le sentiment initial (et ainsi de suite). Certaines personnes qui tendent à être lucides et rationnelles depuis des années ne perdent plus de temps à amplifier des sentiments avec des pensées pour se créer des émotions. Ok, à vue de nez, 97 % des gens ne procède pas de cette façon, j’en conviens (et c'est pourquoi je tiens un autre discours hors de ce forum), mais ce que je prétends, c'est surtout qu'il faut faire attention de ne pas généraliser et que ce n'est pas impossible. Même les biais cognitifs ne sont pas observés systématiquement chez 100 % des sujets testés. Même sans les connaitre, certains y sont moins sensibles que d'autres.
* Peu importe les noms, laissons tomber la sémantique et les définitions, ce qui importe, c'est de distinguer 2 trucs quelque peu différents.
Malkovitch a écrit :Ainsi la subjectivité est omniprésente dans le regard qu'on porte sur soi
Bien sûr, si ce n'est que l'objectivité totale n'existe pas de toute façon.

Même les modèles et représentations de la science sont subjectifs et inexacts dans l'absolu, sauf qu'ils permettent quand même de décrire et de prévoir des trucs et ce niveau de subjectivité est donc suffisant pour obtenir des observations/résultats en accord avec ce qui se passe concrètement indépendamment de la subjectivité personnelle de ses acteurs. Ce que je prétends, c'est seulement qu'il est possible d'atteindre un niveau d'objectivité personnelle nous permettant de nous analyser et juger comme pourrait le faire une personne non impliqué personnellement. Ça se pratique. Ce qui importe, ce n'est pas d'atteindre l'objectivité absolue (impossible par définition), mais le niveau requis pour pouvoir observer et prédire (à propos de nous-même) ce que d'autres que nous pourraient faire à propos de nous. C'est d'ailleurs de cette façon qu'on peut prévoir ce qu'une personne qui tente de nous manipuler anticipera à propos de nous, p. ex.
Malkovitch a écrit :Le cerveau ne travaille pas comme un calculateur...
Plus ou moins d'accords. À la
base et même sans se les faire enseigner à l'école, l'espèce humaine semble se distinguer par le fait que chacun de ses individus semble naitre avec (ou acquérir systématiquement et naturellement par la suite) les principes (facultés) de base liés à ce que l'on nomme la raison : principe d'identité, de non-contradiction, du tiers exclu et de causalité. Bien que certains en ont fait des principes (et que d'autres systèmes logiques ont été développés), ce ne sont que des processus qui étaient
déjà en action avant qu'on les identifie. Quant à moi, la différence entre les différents individus est bien moins dans ces facultés de bases que dans les idées, représentations et émotions qu'ils « donnent » à traiter à leurs cerveaux (raison). Autrement dit, le processeur est pratiquement le même (sauf peut-être la vitesse chez certains

) chez tous, mais les programmes et logiciels sont totalement différents. Et si un gourou peut arriver à reprogrammer (
brainwasher) des individus, je ne vois pas pourquoi un individu au moins aussi brillant qu'un gourou ne pourrait pas se «
brainwasher » constructivement (créativement) avec des programmes axés sur la lucidité, le rationnel et l'objectivité. Autrement dit, il n'est pas impossible de pouvoir s'auto-conditionner soi-même.
Malkovitch a écrit :Toutes ses fonctions demeurent actives
Oui, mais peu importe qu'on la situe à l'intérieur ou à l'extérieur et peu importe qu'elle apparaisse avec un temps de latence, il y a bel et bien un « truc » qui peut évaluer et analyser les fonctions de son propre système et donner son accord ou désaccord. Lorsque je m'observe ou que je me « parle » à moi-même, il y a quelque chose qui observe et parle à « autre chose ». Qu'on le veuille ou non, le processus implique une certaine scission artificielle (une nouvelle propriété?) même si au final tout se passe dans le cerveau et ne forme qu'un. Je ne crois pas que cela ne soit qu'une illusion, parce que, manifestement, on peut observer que les individus qui ont plus de capacités que d'autres à effectuer cette dernière (scission) obtiennent manifestement plus de résultats (possibilités) que ceux qui y arrivent moins bien (ou qui ne l'exerce pas). La différence de résultat indique donc (à défaut de savoir et de comprendre précisément ce que c'est) que c'est plus qu'une illusion.
Malkovitch a écrit :il ne s'agit pas de les ignorer pour qu'elles se mettent en sommeil.
Surtout pas! Je suis d'accord, car de toute façon, avec le temps, elles produiront le même effet qu'un condensateur (ce que certains nomment par « refouler ses émotions » p. ex). Mais on peut très bien gérer créativement les idées qu'on leurs associent (interprétation des sentiments) et les voir uniquement pour ce qu'ils sont et rien d'autres (des « pulsions primaires » qui servaient de signaux d'alarme à défaut d'avoir du temps pour réfléchir....devant chercher à se nourrir). Perso, j'ai appris très tôt à gérer mes sentiments créativement pour m'en servir
consciemment comme outils au lieu d'en être bêtement leurs esclaves.
Ce que je dis, c'est seulement que la créativité ne s'applique pas juste dans les arts et les technologies. On peut très bien manipuler certaines de nos pensées et émotion dans le but de les combiner pour favoriser tel ou tel résultat (et partager notre « art » uniquement avec certains proches et amis sans tomber dans le piège de vouloir créer un xième système de pensées pour faire du fric

).
On conditionne bien des soldats pour aller massacrer des gens et ils ne reviennent pas tous avec le syndrome post-traumatique pour autant. Quid de leurs émotions?. Les sportifs de haut niveau conditionnent leur corps et leur esprit! Certains hommes d'affaires acquièrent la capacité de conserver leur sang-froid et de ne pas baser leurs décisions sur leurs émotions etc., etc. Ce n'est pas parce qu'une majorité d'individus ont du mal à s'auto-conditionner créativement (ou à ne pas laisser interférer leurs sentiments) que c'est impossible! C'est tout ce que je prétends : C'est difficile et peu y arrive, mais c'est
possible.
Et ne parlons même pas des psychopathes : peut-être y a-t-il tout un continuum entre la psychopathie et les gens normaux et que ceux qui arrivent à gérer leurs sentiments et émotions mieux que d'autres sont plus près des psychopathes sur l'axe? Mais bon, je vais donner des munitions à Greem en disant cela (c'est donc prédéterminé...)
