miraye a écrit : 10 nov. 2018, 08:41
Parenthèse. L' article me laisse assez perplexe. S'il y a effectivement des raisons de supposer que les populations de hérisson sont en régression *, je n'ai pas retrouvé les sources pour l'affirmation d'une disparition d'ici 2025 et 70% de disparu.
Je met en lien l'étude de 2017 de l'UICN
https://uicn.fr/Liste-rouge-mammiferes/
UNE ESPÈCE DE MAMMIFÈRE SUR TROIS DÉSORMAIS MENACÉE OU QUASI MENACÉE EN FRANCE MÉTROPOLITAINE
Huit ans après le premier état des lieux, la mise à jour de la Liste rouge des espèces menacées montre une aggravation de la situation des mammifères dans l’Hexagone : 33 % des espèces terrestres et 32 % des espèces marines apparaissent menacées ou quasi menacées, contre respectivement 23 % et 25 % en 2009
Le bilan réalisé porte sur le risque de disparition de l’ensemble des mammifères terrestres et marins recensés sur le territoire métropolitain. Après une analyse de la situation de chacune des 125 espèces, les résultats montrent que 17 espèces sont menacées et 24 autres quasi menacées..
Le hérisson est en préoccupation mineure, c'est à dire avec les 70% qui ne sont pas considérés comme menacé dans l'état actuel des connaissances.
Merci des précisions. J'ai néanmoins quelques remarques :
1. Dans la liste rouge, pour les hérissons, nous trouvons :
LC: Préoccupation mineure (espèce pour laquelle le risque de disparition de France métropolitaine est faible)
mais :
Tendance d'évolution des populations : ? inconnue.
L'état n'est donc pas en mesure de nous fournir des données exactes sur l'évolution positive ou négative du nombre de hérissons. Ce qui est confirmé ici :
Face à ce point d'interrogation, nous aurons donc logiquement des "estimations" , ce qui ne facilite pas l'analyse, mais à mon avis est nécessaire en l'absence de données factuelles et entrainera donc des fourchettes de chiffres plutot que des chiffres formels.
2. La date de la liste rouge est 2009 soit une durée de 8 ans, alors que l'estimation de 70% est sur 20 ans, soit à partir de 1997 (l'article que je donne est de 2017). Les données sont donc difficilement comparables, et par conséquent, pas forcément incompatibles.
3. Le
texte gouvernemental de protection précise que :
Sont interdites sur les parties du territoire métropolitain où l'espèce est présente, ainsi que dans l'aire de déplacement naturel des noyaux de populations existants, la destruction, l'altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux.
On note ici une contradiction. Vu l'omniprésence supposée du hérisson dûe à un large habitat en France, pas vraiment spécifique, prairies et bocages (contrairement au chamois uniquement en haute-montagne par exemple), il me semble évident que les champs cultivés, les chantiers routiers, les constructions immobilières... le toucheront presque obligatoirement et de manière notable. Il me semble qu'il y a bien davantage de tracasseries administratives sur la contruction lors de découvertes archéologiques même dénuées d'intérêt comme je l'ai vu récemment pour je ne sais plus quel village que d'états d'âme sur les hérissons versus la multiplicité des chantiers de toutes sortes et le bétonnage excessif favorisant entre autres les dégâts causés lors de crues et d'inondations.
J'ajouterai aux
causes de disparition : "Les fortes précipitations, de plus en plus courantes, liées au réchauffement climatique, altèrent également l’habitat du petit mammifère." , ainsi que la disparition du vers de terre associée, faisant partie de la nourriture du hérisson
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Miraye a écrit :A force d'essayer de mobiliser sur de l'affectif en modifiant les faits (honnêtement je crois que la raison de la mobilisation autour du herisson c'est son côté mignon) on ne vous croit plus quand la situation devient grave...
Non, ca va bien plus loin que cela :
- le
hérisson est "une merveille d’hibernation, un symbole d’autodéfense, qui agit comme un insecticide naturel. "
- Il fait partie de l'équilibre d'écosystèmes très présents et fréquents en France (prairies, bocages...), avec des conséquences sur d'autres espèces et sur les cultures, ainsi que sur la biodiversité. Il ne s'agit pas que du seul hérisson. Une disparition entraîne un nombre importants d'effets sur les autres espèces.
Exemple :
Dans les années 50, 99% des lapins de Grande Bretagne ont disparu suite à la myxomatose. Ce qui a modifié la config du paysage, entraînant augmentation d'autres d'espèces et disparition de certaines comme lézard des sables, alouettes, buses, renards et grand papillon bleu. Si l'on applique le même processus sur ces espèces, on s'aperçoit que les effets sont exponentiels et sans fin...
In the 1950s, 99% of wild rabbits in Britain died from myxomatosis. In the absence of rabbits, scrub and woodland developed, benefitting some species but devastating others: sand lizards lost breeding sites; woodlarks, buzzards and foxes declined; and the large blue butterfly was lost altogether.
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Je reviens sur les estimations nécessaires. On trouve plusieurs
sites disant ceci :
"Depuis les années 1950, le nombre de hérissons est passé de 30 millions à moins d’un million dans chaque grand pays européen. Là où ils étaient près de 100 dans les campagnes, ils ne sont plus que 3 aujourd’hui. Leur espérance de vie s’est également considérablement réduite passant de 10 à 2 ans en une dizaine d’années. Et d’après les prévisions, d’ici 2050, ils pourraient avoir totalement disparu si rien n’est fait."
On se trouve à mon avis forcément face à des estimations, basées en 1950 sur le classement phylogénétique qui fait son apparition. Idem pour maintenant. Le calcul de l'espérance de vie me semble aussi réalisable et pertinent pour faire ces estimations. Et amenant à des prévisions, aléatoires certes pour une part, mais sur des bases solides. Bon, je ne suis pas spécialiste non plus.
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Autre problème selon moi :
L’arrêté [gouvernemental] du 12 décembre 2000 censé protéger cette espèce s’est retourné contre elle, rendant beaucoup bien trop difficiles les conditions pour s’occuper des hérissons orphelins ou blessés, et contraignant les bénévoles à effectuer un stage de deux ans. Quel bénévole peut se permettre un tel temps de formation, alors même que 50 départements n’ont pas de centre de soins et de formation dédié à cette espèce ?
En France, il y a 19 centres habilités à recevoir des hérissons, contre 400 au Royaume-Uni » affirment les militants sur la plateforme Change.org, ce qui se ressent très nettement dans le nombre de hérissons sauvés : « 1 700 en France par an, contre 30 000 au Royaume-Uni en 2015 »."