Pakete a écrit :L'austérité c'est surtout une contraction de l'économie
Seulement pour un temps déterminé, après si c'est correctement mené ça permet de dégager des ressources pour redevenir investisseurs. Mais faire de l'investissement alors qu'on est déjà surendetté et pas efficace, c'est idiot.
Des gens qui travaillent en moins, une économie qui tournent en moins
Tout dépend de comment on l'a mène.
Déjà, si l'économie est si durement touché que ça par une baisse, même forte des crédits publics, c'est qu'elle avait quelque chose qui ne marche pas. L'économie ne devrait normalement pas dépendre de l'argent public, donc le fait de couper progressivement les vannes peut avoir un effet positif sur le moyen terme en la forçant à se restructurer dans un environnement où la rente publique n'existe plus ou existe moins.
Après, c'est toujours le problème d'arriver à le faire intelligemment pour provoquer une restructuration sans que l'effet ne contracte trop l'économie.
De toute manière, le chantage à "l'économie doit croitre" pour éviter les réformes est finalement du même type que le chantage à la liquidité des services financiers pour éviter toute règlementations. C'est d'abord du lobbying des entreprises qui dépendent des crédits publics pour ne pas perdre cette manne.
Sans dire qu'il faut couper le robinet, parce que derrière le besoin de restructuration il y a des gens qui vont perdre leur emploi, il y a quand même un moment où il faut se poser la question de l'efficacité des subsides publics et de ce qui pourrait être mieux employé.
Et des financiers privés qui espèrent mettre la main sur des secteurs "rentables" habituellement régaliens (comme la santé), selon leur calcul.
Oui, on le connais le complot des "financiers" (qui, on ne sait pas, mais ils font peur, houlala), mais outre le fait qu'il faudra prouver qu'il y a ça derrière, est-ce que le fait qu'ils puissent se tenir en embuscade est une raison pour privilégier l'immobilisme alors qu'il y a de toute évidence un problème de dette publique ?
On peut quand même aller au devant du problème plutôt que d'attendre qu'il nous tombent dessus et qu'on soit, cette fois, obligé de vendre réellement le patrimoine de l'Etat, même pas pour payer les dettes, mais parce qu'il n'y aura même plus assez de recette après le défaut pour assurer le service.
Evidement, l'austérité est difficile, parce qu'elle est destructrice sur le moment, mais si elle est intelligemment pensée, elle permet à l'Etat de redevenir investisseur sans faire plonger son budget et faire repartir la machine après coup parce qu'il aura forcé les entreprises à se restructurer quand elle dépendant des deniers publics et que le retour de l'investissement permettra de faire repartir avec des entreprises qui seront redevenues efficaces.
Idem pour les services publics d'ailleurs. Actuellement, une bonne part des pays européens qui sont endettés le sont autant pas une trop grande dépense que par une mauvaise dépense.
Que ce soit la Grèce, l'Espagne, la France ou le Portugal, la dépense publique est bien souvent gaspillée parce que l'Etat n'est pas modernisé, hérite de boulet du passé qui mériterait d'être réformés ou d'une progressive corruption du système parce que le but original de la dépense est détourné par un lobby, par une évolution de la population cible ou un détournement.
Rien qu'avec une modernisation des structures de la dépense publique, tout échelon confondu, à mon avis, tous ces Etats feraient une économie qui s'approcherait pas mal des besoins pour revenir à une gestion plus saine. La Grèce par exemple, gagnerait énormément d'argent en modernisant son fonctionnement d'Etat pour correctement récolter l'impôt, y compris chez les exilés fiscaux.
D'ailleurs c'est en cours, la Grèce a changé sa structure administrative en 2010 pour diminuer le nombre de collectivité locale et les rendre plus efficace en fusionnant certaine (la Grèce avait 54 préfecture pour 10 millions d'hab quand la France a 100 départements pour plus de 60 millions d'habitants...et même pour la France, ça fait beaucoup vu le pouvoir des départements et le nombre d'élus locaux)
Evidement, pour ces Etats (sauf peut-être la France, qui gaspille tellement qu'à mon avis, rien que les réformes structurelle pour rendre la dépense publique efficace suffirait à la remettre en excédent primaire) ça demande aussi un soutien extérieur, voir une annulation d'une partie de la dette pour que les réformes se passent sans trop de heurt au niveau du financement ou qu'il y ait quand même un réinvestissement dans l'industrie pendant que l'Etat ne peut pas jouer ce rôle.
Bon, le soucis c'est qu'aucun pays actuellement en crise n'a devancé le problème, il a fallu attendre la crise et comme chaque fois qu'on fait les choses en urgences, ba c'est d'autant plus douloureux.
Ce n'est pas parce que le programme d'austérité proposé passe par la privatisation du secteur public qu'il n'y a pas d'autres solutions.
Pas partout et parfois c'est justifié de privatisé. Le patrimoine de l'Etat grec, par exemple, est très élevé et pas forcement stratégique (sans parler des investissements gaspillés pour des dépenses de prestiges parfois.)
Après, si on suit un peu les programmes en Europe, il n'y a pas tant de privatisation que ça, par rapport à ce qu'on pourrait attendre. Beaucoup de réforme du travail, de baisse des aides de l'Etat, mais pas tant de vente en fait, à moins qu'elles m'ait échappé.
Faut pas non plus tomber dans la caricature que fait l'extrême-gauche ou l'Etat serait un excellent gestionnaire préoccupé par le bien commun alors que les entreprises sont de méchantes machines a rémunérer les actionnaires.
Il y a certain secteur où l'entreprise est objectivement plus efficace, moins cher et plus créatrice d'emploi que l'Etat et surtout, où l'on peut se poser la question de la légitimité de l'Etat à y être. Il faut quand même se rappeler qu'entreprise d'Etat ça peut aussi bien vouloir dire service public que monopole, magouille entre politique et chef d'entreprise, corruption...
(d'ailleurs c'est un truc que j'ai jamais compris pour la gauche française, même si j'ai dernièrement voté pour eux. Ils reprochent au monde industriel d'être trop proche des politiques, à raison, mais font la promotion des entreprises publiques, où justement, là, le monde industriel côtoie le politique d'encore plus prêt et où l'on nomme les patrons en fonction du fait du prince plus qu'en fonction d'une compétence... moi ça me semble un paradoxe, mais bon...)