Le temps

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Re: Le temps

#1776

Message par externo » 13 mars 2023, 22:04

ABC a écrit : 13 mars 2023, 20:34 James F. Woodward (cf. Quelle est l'origine de l'inertie ?) démonte soigneusement l'hypothèse proposée par Haish, Rueda et Putthoff (HRP) proposant une interprétation de l'inertie comme découlant d'une interaction avec le putatif Zero Point field (lui-même sérieusement mis en cause par E.T.Jaynes, cf. Probability in quantum theory: is zero point field energy real ?). Par une modélisation time-symmetric de l'interaction gravitationnelle, le principe de l'inertie est réconcilable avec une interprétation gravitationnelle et respectueuse du principe de Mach et respectueuse de l'invariance de Lorentz (et ce, sans recours à un "éther" constitué de putatives fluctuations électromagnétiques du vide).
Je pense que vous n'avez pas suivi mes messages dans l'autre fil.
La solution à leurs problèmes a été trouvée pour la première fois par Wolff (1986). Il a découvert deux choses (qui méritent toutes deux un prix Nobel à part entière);

Tout d'abord, à la lecture de la thèse de doctorat de Feynman (voir référence, Feynman et Wheeler, 1945), il était au courant de la conception de Feynman des particules chargées qui "d'une manière ou d'une autre '' généraient des ondes électromagnétiques sphériques d'entrée et de sortie (Feynman les appelait des ondes avancées et retardées), mais Wolff s'est rendu compte qu'il n'y a pas de solutions pour les ondes électromagnétiques vectorielles sphériques (qui sont des ondes mathématiques qui nécessitent à la fois une quantité de force et une direction de force, c'est-à-dire vectorielle). Wolff a eu la prévoyance d'essayer d'utiliser de vraies ondes, qui sont scalaires (définies uniquement par leur amplitude d'onde).
Et cela a ensuite conduit à une série de découvertes remarquables.

Il s'est rendu compte que les ondes entrantes et sortantes sphériques supprimaient le besoin d'une particule séparée, car le centre d'onde des ondes sphériques créait l'effet de particules.
Il a ensuite découvert que lorsqu'une onde stationnaire sphérique se déplaçait par rapport à une autre, les décalages Doppler provoquaient À LA FOIS la longueur d'onde de de Broglie ET l' augmentation de masse de la relativité d'Albert Einstein . (c'est-à-dire que Wolff a démontré que lorsque deux particules chargées (centres d'onde de deux SSW) se déplacent l'une par rapport à l'autre, elles donnent lieu à des battements d'interférence (causés par le décalage Doppler des ondes entrantes et sortantes en raison du mouvement relatif) qui ont été identifiés dans des expériences comme la longueur d'onde de Broglie y=h/mv, et a également donné lieu à des augmentations de fréquence et donc à des augmentations d'énergie/masse (comme E=hf =mc 2) de la Relativité Restreinte.
Malheureusement pour la physique moderne, et finalement pour la connaissance humaine, cette solution évidente n'a jamais été envisagée par de Broglie, Albert Einstein, Bohr, Schrodinger, Heisenberg, Dirac, Born, Feynman, etc. etc. Ainsi, la solution maintenant évidente de réaliser que la matière était une onde stationnaire sphérique qui provoque l'effet de particule ponctuelle au centre d'onde est restée inconnue et ignorée, et à la place, le concept déroutant et paradoxal de la dualité particule/onde a été retenu.
Au début, le principe de Mach a été critiqué parce qu'il semblait prédire l'action instantanée à distance dans l'espace vide. Comment l'information peut-elle voyager d'ici aux étoiles et revenir en un instant ? Ça ne peut pas. La réponse est que le mécanisme d'échange d'énergie inertiel, autrefois inconnu, est l'interaction des ondes de la matière accélérée avec le milieu spatial universel qui l'entoure. L'espace n'est pas vide car il s'agit d'un milieu d'ondes quantiques créé par les ondes de chaque particule de l'univers. L'inertie, la charge et d'autres forces sont considérées par nous comme des effets de l'interaction des ondes avec le milieu spatial environnant. Il n'est pas nécessaire de voyager à travers l'univers.
Il n'y a qu'une seule façon de rationaliser le principe d'inertie de Mach et notre expérience : c'est-à-dire que la matière de l'univers crée le milieu des ondes dans tout l'espace de l'Univers. Ainsi l'inertie d'un objet accéléré est un échange d'énergie avec les ondes dans l'espace qui l'entoure. Nous observons l'espace comme coïncidant avec le cadre des étoiles fixes. Le gyroscope laser utilisé dans les avions commerciaux est une application importante du principe II. Vous pouvez expérimenter vous-même l'inertie de rotation en tournant sur un tabouret de piano.
Il est important de réaliser que l'inertie est une interaction entre un objet accéléré et son espace environnant. Vous ne devriez pas essayer d'imaginer que l'objet interagit avec les étoiles lointaines. Au lieu de cela, la densité de l'espace environnant est déjà créée par les ondes des étoiles lointaines. Cela concorde avec l'expérience de laboratoire utilisant des gyroscopes, des accéléromètres et les gyroscopes laser qui naviguent dans les avions. Avant la connaissance du médium spatial, l'inertie était un paradoxe énoncé par Newton comme suit : action à distance.
Si vous réfléchissez attentivement au Principe II, vous verrez une étrange boucle de rétroaction dans la Nature, comme suit : la matière de l'univers se combine pour dire au médium spatial ce qu'il est et à son tour le médium dit à toute matière comment se comporter. En d'autres termes : la matière de l'univers détermine les particules et les particules déterminent la matière.
http://www.mysearch.org.uk/website3/pdf ... estion.pdf
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#1777

Message par externo » 13 mars 2023, 23:25

ABC a écrit : 13 mars 2023, 20:34 Cette modélisation est très similaire à la modélisation time-symmetric de la réaction de radiation proposée, un temps, par Wheeler et Feynman dans leur théorie de l'absorbeur puis reprise et étendue à la physique quantique par John Cramer dans sa Transactional interpretation of quantum mechanics.

Bref, comme proposé par les physiciens s'appuyant sur une formalisation respectueuse de la symétrie T, la non localité se manifestant tant dans le phénomène de l'inertie (si l'on accepte le principe de Mach) que dans celui de la réaction de radiation ou encore dans l'effet EPR (Can a future choice affect a past measurement outcome?) peut-être obtenue, sans violer l'invariance de Lorenz, en considérant l'action combinée des ondes retardées que nous observons directement et des ondes avancées dont nous observons seulement indirectement par leurs effets.
Je vous propose de lire ce post : viewtopic.php?t=16978&start=50#p630750 et de donner ensuite vos impressions.

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#1778

Message par ABC » 15 mars 2023, 19:27

externo a écrit : 13 mars 2023, 23:25Je vous propose de lire ce post : viewtopic.php?t=16978&start=50#p630750 et de donner ensuite vos impressions.
Mon impression est qu'il est beaucoup trop long pour qu'il soit pertinent de s'investir dans sa lecture sans avoir quelques éléments synthétiques (10 ou 15 lignes tout au plus) mettant l'accent sur ce qui est original dans cette approche permettant de savoir s'il contient une (ou plusieurs, sait-on jamains) idées méritant de faire cet effort.

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#1779

Message par externo » 15 mars 2023, 21:30

ABC a écrit : 15 mars 2023, 19:27 Mon impression est qu'il est beaucoup trop long pour qu'il soit pertinent de s'investir dans sa lecture sans avoir quelques éléments synthétiques (10 ou 15 lignes tout au plus) mettant l'accent sur ce qui est original dans cette approche permettant de savoir s'il contient une (ou plusieurs, sait-on jamains) idées méritant de faire cet effort.
Milo Wolff interprète l'absorbeur comme une onde stationnaire réelle et voit dans la théorie de Cramer une confirmation de ses idées. Il dit avoir résolu le problème tout en restant dans la mécanique classique. C'est de son électron dont s'est servi LaFrenière pour ses modélisations. Dans le livre donné en lien il y a des calculs mathématiques vers la fin qui permettent d'évaluer la pertinence du concept.
An Early View of Wave Structures. In 1945 Wheeler and Feynman (W&F) sought the cause of the radiation from an accelerated charge. Their calculation assumed that the charge generated equal amplitudes of advanced (inward) and retarded (outward) spherical electromagnetic waves. The outward waves evoked a response of the universe, that is, the production of inward waves from absorbing charges elsewhere in the universe. The absorber waves began before arrival of the source waves. The calculated forces due to combined local and absorber waves agreed with an empirical formula by Dirac and appeared to be the cause of energy transfer. Their remarkable result attracted much attention. However, contrary to their assumption, there are no mathematical electromagnetic wave solutions in spherical coordinates! In hindsight, the success of the WSF calculation was due to suppression of the vector electromagnetic waves so that in effect they were calculating scalar (quantum) waves as in the WSM.
John Cramer reviewed the paradoxes of quantum mechanics in the Reviews of Modern Physics (1986) and proposed that the Wheeler-Feynman waves were actually the behavior of real quantum waves. In his Transactional Interpretation of Quantum Theory, an emitter particle ready to radiate sends out an “offer wave". Potential absorber particles reply, sending back a “confirmation wave" Then another set of waves provides a “handshaking" action to establish an energy transfer. This is the essence of the energy transfer mechanism of the Wave Structure of Matter. He shows, in the academic jargon of quantum theorists, that inward and outward waves are a valid interpretation of quantum theory as in the WSM. His important step was to declare quantum waves as real.
https://archive.org/details/Schrdingers ... 4/mode/1up

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#1780

Message par ABC » 12 déc. 2023, 12:25

Gwanelle a écrit : 12 déc. 2023, 11:00je ne sais pas ce que tu veux dire par le présent "existe" ou "n'existe pas"
Ce point est objet de débat. Comme le font remarquer Carlo Rovelli (The Physics and Philosophy of Time - with Carlo Rovelli), Brian Green (la magie du cosmos, l'illusion du temps. Une excellente émission diffusée sur Arte, malheureusement devenue inaccessible en raison de questions de droits d'auteur) ou Sabine Hossenfleder (does past sill exist ?), il n'y a rien, dans les lois de la physique distinguant le présent de tout autre moment.

Le présent, en plus de sa dépendance au référentiel d'observation, le feuilletage 3D de type espace considéré quand on cherche à étendre la notion d'instant présent à l'ensemble de l'univers, est donc une propriété indissociable de l'observateur.

L'idée que la physique ne puisse se passer de l'observateur est une redécouverte réalisée suite aux développements de la physique quantique au début du 20ème siècle, notamment avec le problème de la mesure quantique (1). Cette redécouverte ne passe toujours pas très bien. Que nous le voulions ou non nous sommes, pour la plupart d'entre nous, prisonniers d'une interprétation réaliste du monde qui nous entoure.

Il s'agit de l'hypothèse selon laquelle les propriétés physiques que nous attribuons, par la mesure, à ce que nous observons seraient des grandeurs objectives, intrinsèques à ce qui est observé, recueillies et non créées par l'observation, indépendantes, donc, de la grille de lecture d'une classe d'observateurs (une classe d'observateurs recouvrant l'ensemble des êtres vivants, désignés agents, comme l'admets par exemple Hervé Zwirn, au cours d'un échange lors d'une conférence).

C'est un héritage culturel implicite de la vision que la science nous donnait de l'univers à la fin du 19ème siècle, une vision renforcée par notre intuition d'observateur classique (une vision réaliste tout à fait efficace et suffisante dans la vie de tous les jours mais plus sujette à caution quand on aborde des questions fondamentales en physique). Il n'y a rien de choquant à cela. On ne change pas de paradigme en 10 ans.

(1) Cf. le chat de Schrödinger. Son d'existence, si choquante, est désormais confirmée expérimentalement au niveau mésoscopique par les expériences de Serge Haroche d'électromagnétisme quantique en cavité microonde supraconductrice au LKB. Voir par exemple, à ce sujet, la thèse d'Alexia Auffèves Garnier Oscillation de Rabi à la frontière classique-quantique et génération de chats de Schrödinger

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#1781

Message par Gwanelle » 12 déc. 2023, 17:41

ABC a écrit : 12 déc. 2023, 12:25 L'idée que la physique ne puisse se passer de l'observateur est une redécouverte réalisée suite aux développements de la physique quantique au début du 20ème siècle, notamment avec le problème de la mesure quantique (1).
Je suis d'accord sur toute ton explication mais je trouve qu'elle peut faire penser qu'on est obligé d'en passer par l'étude de théories (physique quantique, relativité) qui ne sont pas accessible à la plupart des gens (il faut quand même avoir un bagage mathématique minimal) .

Pour moi, un philosophe pur même du 19ème siècle , qui ne connaitrait rien de la physique du XX ème siècle pourrait y arriver aussi, simplement en comprenant ce que peut accomplir la science.
l'exemple le plus précoce , et il m'a littéralement impressionnée, c'est Hegel qui dés le début du 19ème dit :
Cependant, les expériences, essais, observations ne savent pas ce qu’ils accomplissent en vérité (…)
Le résultat des observations et des essais, quand ils sont justes, est précisément que seul le concept est objectif.
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#1782

Message par ABC » 12 déc. 2023, 19:10

Gwanelle a écrit : 12 déc. 2023, 17:41 seul le concept est objectif
Je ne comprends pas ce qu'il a voulu dire.

A mon sens l'objectivité, a quelque notion qu'elle s'applique, est une illusion. Selon moi, il s'agit d'une confusion entre objectivité et intersubjectivité. Cette distinction ne me semble pas mineure. A mon sens, fusionner les deux notions est caractéristique du point de vue réaliste, un point de vue réaliste que, pour ma part, j'ai abandonné depuis quelques années.

La notion d'objectivité, une notion d'objectivité qui ne devrait rien à la notion d'observation reproductible, me semble auto-contradictoire. La reproductibilité des observations ne serait pas possible sans enregistrement irréversible d'information...
...laquelle irréversibilité (création d'entropie dite pertinente) repose sur la fuite d'information hors de portée de la classe des observateurs macroscopiques que sont les êtres vivants. De façon assez choquante, les propriétés que nous attribuons à l'univers émergent, en fait, de notre grille de lecture macroscopique de nos interactions avec l'univers.

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#1783

Message par Spartakus » 12 déc. 2023, 22:43

Le présent n'existe pas si le temps existe.
Pas de temps, nous serions tous figé dans le présent pour l'éternité.
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#1784

Message par 25 décembre » 13 déc. 2023, 01:30

#1783Message par Spartakus » 12 déc. 2023, 17:43
Le présent n'existe pas si le temps existe.
Pas de temps, nous serions tous figé dans le présent pour l'éternité.

Le présent est représenté par le plus petit espace temps mais pour l'humain par le plus petit espace temps perceptible par chacun.
Merci de votre réponse intelligente

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#1785

Message par Gwanelle » 13 déc. 2023, 09:18

ABC a écrit : 12 déc. 2023, 19:10
Gwanelle a écrit : 12 déc. 2023, 17:41 seul le concept est objectif
Je ne comprends pas ce qu'il a voulu dire.

A mon sens l'objectivité, a quelque notion qu'elle s'applique, est une illusion. Selon moi, il s'agit d'une confusion entre objectivité et intersubjectivité. Cette distinction ne me semble pas mineure. A mon sens, fusionner les deux notions est caractéristique du point de vue réaliste, un point de vue réaliste que, pour ma part, j'ai abandonné depuis quelques années.

La notion d'objectivité, une notion d'objectivité qui ne devrait rien à la notion d'observation reproductible, me semble auto-contradictoire. La reproductibilité des observations ne serait pas possible sans enregistrement irréversible d'information...
...laquelle irréversibilité (création d'entropie dite pertinente) repose sur la fuite d'information hors de portée de la classe des observateurs macroscopiques que sont les êtres vivants. De façon assez choquante, les propriétés que nous attribuons à l'univers émergent, en fait, de notre grille de lecture macroscopique de nos interactions avec l'univers.
Je suis complétement d'accord avec tout ce que tu dis mais tient compte que le mot objectivité a complétement changé de sens pendant le 19ème, au début du 19ème il garde encore trace du sens donné par les scolastiques même si leurs débats (tels que nominalistes vs réalistes) sont quasiment obsolètes.
Le sens du mot rappelle plus l'opposition universel/particulier que l'opposition monde réel/monde conceptuel, mais je caricature pour faire court (et pour vraiment comprendre en profondeur le sens historique du mot objectivité lire par exemple "Objectivité" de Lorraine Daston et Peter Galison)
L'intersubjectivité est venu beaucoup plus tard, début 20 ème, et à ce moment là l'objectivité avait déjà le sens qu'on lui donne aujourd'hui.
Donc au 19ème, il n'y a pas de fusion ou confusion avec l'intersubjectivité mais plutôt un changement de sens du mot objectif influencé par les réalistes, puis à cause de ce changement de sens, il est devenu nécessaire au 20ème siècle d'inventer un nouveau terme (intersubjectivité) pour faire la distinction.
Hegel ne peut pas faire de (con)fusion entre objectivité et intersubjectivité puisque la distinction n'est pas encore faite, mieux il utilise le mot objectif au sens de son époque et ce mot n'était pas encore complétement dénaturé par les réalistes du 19ème
Donc c'est important d'ignorer la connotation réaliste d'aujourd'hui au terme objectif utilisé par Hegel.
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#1786

Message par ABC » 13 déc. 2023, 12:16

Gwanelle a écrit : 13 déc. 2023, 09:18Hegel ne peut pas faire de (con)fusion entre objectivité et intersubjectivité puisque la distinction n'est pas encore faite.
Effectivement, il ne pouvait pas savoir qu'il faisait cette fusion puisque la distinction n'existait pas encore.

A noter qu'aujourd'hui un réaliste, même s'il s'agit d'un vrai physicien, admet implicitement l'hypothèse métaphysique selon laquelle une preuve d'intersubjectivité, la reproductibilité des résultats de mesure d'une grandeur donnée comme une constante de la physique par exemple (1) est une preuve de leur objectivité.

Cette putative objectivité, ce serait une indépendance des résultats d'observation vis à vis de notre mode d'interaction avec l'univers et donc, implicitement, une information qui resterait valide avec un partitionnement différent des états microscopiques en classes d'équivalences d'états macroscopiques. Ce partitionnement caratérise notre grille de lecture d'observateurs vivants. C'est la base, notamment, de l'existence de traces stables du passé et de l'inexistence de traces stables du futur. Cette intersubjectivité est cruciale car elle est à l'origine d'évènements passés observables et d'évènements futurs inobservables (une distinction inexistante objectivement. On pourrait même se demander si... ...Heu non, rien).

Une métaphore imparfaite d'une perception objective de l'univers et son évolution (car elle passe quand même par une notion d'espace des phases, une modélisation reposant sur ce que nous sommes en mesure d'observer) consisterait à attribuer aux différentes parties de l'espace des phases d'un système observé un interêt des "états" correspondant à ces parties qui serait indépendant de leur volume.

Dans ce cas, cet univers objectif, donc inobservé, n'a plus de propriété car il n'y a plus de grandeurs macroscopiques privilégiées, les grandeurs classiques issues de nos appareils de mesure macroscopiques (les prolongements technologiques de nos sens d'observation), des appareils de mesure auxquels Bohr était bien obligé de faire référence dans l'interprétation de Copenhague.

(1) Intersubjectivité reposant, implicitement, sur la notion d'entropie pertinente, la grille de lecture des observateurs que sont les êtres vivants à l'origine d'une perception de l'écoulement du temps notamment, cf. le temps macroscopique de R. Balian.

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Re: Le temps

#1787

Message par ABC » 22 déc. 2023, 12:40

Nunéro 6 a écrit : 22 déc. 2023, 03:19Si pour Hawking, tu parles de la théorie de l'évaporation des trous noirs, le papier de Kerr ne remet rien en question. L'évaporation est une phénomène à l'horizon du trou noir, et l'horizon n'est pas conditionné à la présence d'une singularité.
Ce qui, par contre, a été remis en cause et accepté par Hawking dès 2004 (indépendamment de cet article de Kerr que je ne connais pas), c'est la non violation du principe de conservation de l'information (1) par l'évaporation de Hawking.

Les travaux (initiés par Don Page en 1992, cf. Don Page - Aspects of Black Hole Evaporation) conduisant à cette conclusion s'appuient sur des approches de type dualité ADS/CFT (2) permettant de projeter, par dualité ADS/CFT, ce qui se passe dans le volume trou noir sur une surface cf. The Most Famous Paradox in Physics Nears Its End.
By the logic of this duality, if you have a black hole in the bulk, it has a simulacrum on the boundary. Because the boundary is governed by quantum physics without the complications of gravity, it unequivocally preserves information. So must the black hole.
(1) Au passage, la conservation de l'information est incompatible avec un écoulement irréversible objectif du temps.

(2) Cette approche est issue des travaux en théorie de cordes, notamment ceux de Juan Maldacena.

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#1788

Message par ABC » 15 mai 2024, 22:57

ABC a écrit : 03 sept. 2022, 09:33 Selon les lois dites fondamentales de la physique, les évolutions sont CPT symétriques ; elles sont donc unitaires, c'est à dire qu'elles sont déterministes et réversibles. Encore dit autrement, elles préservent l'information sur les états passés comme sur les états futurs :
  • l'écoulement irréversible du temps est un manque d'information de l'observateur sur le passé,
  • l'indéterminisme des évolutions est un manque d'information de l'observateur sur le futur.
Ce sujet est développé lors d'une conférence scientifique grand public sur la flèche du temps, samedi 1er juin, à Liancourt Rantigny.
Elle sera accessible en visio. Cette conférence scientifique aura lieu de 14H50 à 16H05 (questions de 16h05 à 16h30).

Inscription en https://www.billetweb.fr/par-bernard-ch ... e-du-temps

Plus de détails en viewtopic.php?t=17248#p644977

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#1789

Message par ABC » 27 mai 2024, 12:50

L'inscription en https://www.billetweb.fr/par-bernard-ch ... e-du-temps permet de visionner, à la date et à l'heure souhaitée, la conférence sur la flèche du temps de ce samedi 1er juin 2024 à 14H50 (un lien est inséré dans l'e-mail de réponse à l'inscription).

Cette conférence scientifique grand public aura lieu de 14H50 à 16H05, à la fondation des Arts et Métiers de Liancourt (questions de 16h05 à 16h30). Elle s’appuie sur de nombreuses animations et confronte 2 points de vue encore en débat concernant l’écoulement irréversible du temps:
  • le point de vue réaliste, représenté par Newton, père de l’espace-temps absolu. Il s'exprime ainsi : je décris et j'observe la réalité
    .
  • le point de vue positiviste, représenté par Feynman. Il s'exprime ainsi : je décris et je prédis ce que je suis en mesure d'observer.

La dernière partie de l'exposé signale une possible interprétation de l'écoulement irréversible du temps qui devrait fortement intriguer les participants. Cette conférence scientifique grand public a 2 objectifs :
  • faire connaitre à un large public ce que la science nous apprend de l'écoulement irréversible du temps.
    .
  • que les participants à cette conférence en ressortent avec un large sourire en ayant passé un bon moment.
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Re: Le temps

#1790

Message par ABC » 29 mai 2024, 14:48

Zebra a écrit : 29 mai 2024, 13:38Dans le courriel de confirmation il y a ce message :
Pour visionner en direct ou en différé cette conférence, en une ou plusieurs fois, veuillez cliquer sur ce lien :
Quand il est écrit "en une ou plusieurs fois" est-ce à dire que la vidéo est accessible pour plusieurs écoutes ou simplement, une écoute, mais en plusieurs fois ? Autrement dit, pourrais-je la regarder à plusieurs reprises ?
J'avais eu une réponse téléphonique de l'organisatrice de la conférence à ce sujet. Elle indiquait que la conférence pouvait être visionnée en différé autant de fois que souhaitées. Par sécurité, j'ai reposé la question par mail à la responsable de la billetterie Christine DRIEU. Elle est accessible par mail par le bouton "send a message" apparaissant quand on clique sur le lien d'inscription. Voilà sa réponse :
Bonjour. On peut revoir la conférence plusieurs fois. Il est également possible de la visionner en partie (La première 1/2 heure par exemple, puis de reprendre le visionnage plus tard). Christine DRIEU

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Re: Le temps

#1791

Message par ABC » 30 mai 2024, 19:22

Gwanelle a écrit : 30 mai 2024, 14:20Si on admet que c'est bien le calcul correct à faire, tout se passe comme si il y a une "causalité non locale" (principe de mach ?) impliquant que nos âges dépendent des étoiles lointaines (?)
Tu mets le doigt sur le point le plus délicat de l'interprétation time-symmetric de l'origine de l'inertie proposée par Woodward en 98 (1).

Interprétation time-symmetric de l'origine de l'inertie versus rétrocausalité de l'interaction gravitationnelle
L'apparente violation de causalité impliquée par l'interprétation time-symmetric de l'origine de l'inertie proposée par Woodward est (selon moi) une illusion réaliste. Pourquoi ?

Parce que l'observateur (encore et toujours lui) ne peut pas se servir de "causes" qui remontent le cours du temps. Il n'a pas d'informations sur les évènements futurs. Il ne peut donc pas engendrer des effets présents visés en se servant d'effets futurs (2). C'est dans ce manque d'information de l'observateur (les informations auxquelles il peut accéder sont stockées dans les traces du passé. Elles émergent de sa grille de lecture thermodynamique statistique) qu'il faut chercher l'origine de toutes les asymétries temporelles (dont le principe de causalité et la classification des évènements en évènements passés et évènements futurs).

L'interprétation rétrocausale des effets quantiques time-symmetric
Je prends l'exemple de la corrélation time-symmetric entre mesures fortes et mesures faibles. Cette symétrie T est interprétée par Aharonov, Vaidman et les physiciens de cette école de pensée comme impliquant des interactions rétrocausale (cf. Can a future choice affect a past measurement's outcome?). D'où vient l'interprétation rétrocausale de la corrélation time-symmetric mesures fortes/mesures faibles quand les mesures fortes sont postérieures aux mesures faibles ?

Les résultats de mesure faible (weak values) sont-ils des "éléments de réalité"
Cela découle du fait que Vaidman considère (avec des arguments de prime abord imparables) que les weak values (mesurées entre des mesures fortes de présélection et des mesures fortes de post sélection) sont des élements de réalité (des grandeurs indépendantes de toute considération d'observateur).

Pourquoi cette interprétation réaliste des résultats de mesure faible ?

Parce que, comme le fait remarquer Vaidman (paraphrasant en cela Einstein dans sa fameuse définition des "élements de réalités") il est possible, sans aucunement perturber le système observé, de prédire avec une probabilité égale à 1 les résultats de mesure faible en se servant de la seule connaissance de l'état présélectionné et de l'état postsélectionné de l'ensemble de particules soumises à ces mesures faibles.

Une fois cette interprétation réaliste des "weak values" admise, la corrélation des résultats de mesures fortes antérieures et la corrélation des résultats des mesures fortes postérieures avec les mesures faibles intermédiaires sont toutes les 2 interprétées comme causes de ces"weak values". En effet, ces "weak values" s'en déduisent de façon univoque sans avoir à perturber l'ensemble des particules observées (les weaks values observées confirment les valeurs prédites).

Les arguments de Vaidman pour défendre l'objectivité des weak values.
Comme le fait remarquer Vaidman, l'objection selon laquelle ces mesures faibles ne pourraient pas être considérées comme des grandeurs objectives car il s'agit seulement de moyennes d'un ensemble de mesures ne tient pas. Pourquoi ? Parce que, comme il le fait remarquer dans un article répondant à une objection à ce sujet (cf. Weak measurement controversy), un ensemble de systèmes possédant une weak value donnée répond à des interactions avec d'autres systèmes de façon très proche de systèmes individuels qui auraient, effectivement, cette propriété.

D'où vient la dissymétrie T entre relation de corrélation passé-présent et relation de corrélation futur-présent ?
Venons en à la dissymétrie de la relation entre :
  • mesures fortes et mesures faibles postérieures
  • mesures fortes et mesures faibles antérieures
car il y a bien une asymétrie. D'où vient cette asymétrie temporelle ? Elle n'a rien d'objectif puisque la corrélation est T-symmetric...

...Elle vient des limitations d'accès de l'observateur macroscopique à l'information. L'information que détient l'observateur macroscopique (3) est irréversiblement enregistrée dans les traces du passé. Les traces du futur ne lui sont pas accessibles. Elles n'ont pas la stabilité et la reproductibilité de lecture garantissant leur intersubjectivité.

On ne peut pas se servir d'effets futurs et de leur corrélation à des faits présents pour affecter le présent
Du coup, alors que :
  • je peux me servir des informations obtenues à l'issue d'une action de présélection pour choisir mes particules de façon à provoquer un effet de mesure faible visé,
  • je ne peux pas me servir des résultats de post sélection dans ce but tout simplement parce que je ne connais pas ces résultats de post sélection.
Le principe T-asymétrique de causalité est donc (selon moi) un principe émergeant :
  • de notre connaissance du passé enregistrée dans les traces du passé, des traces du passé découlant de notre grille de lecture thermodynamique statistique,
  • de notre absence d'informations (accessibles, décodables, reproductiblement lisibles et fiables) relatives à des évènements futurs.
Bref, pour ma part, je ne considère pas la symétrie-T comme une violation du principe de causalité mais comme un élement prouvant que l'asymétrie temporelle doit revenir à qui de droit : l'observateur et sa grille de lecture, une grille de lecture dont émerge la notion de traces du passé. Ces traces du passé, les asymétries temporelles qui en découlent et les informations intersubjectives que nous détenons "sur l'univers" n'existeraient tout simplement pas sans notre grille de lecture (si nous n'étions pas myopes, nous serions aveugles) (4).

(1) La science, je ne t'apprends rien, mais nous ne sommes pas seuls à suivre ce fil (cf. le compteur de lectures), ça prend le temps de vérifier, confimer et valider ses modèles et prédictions avant de livrer ses résultats sur la place publique.

(2) Il m'a fallu plus de 10 ans pour comprendre/admettre que l'on pouvait envisager l'interprétation time-symmetric de l'origine de l'inertie de Woodward sans pour autant violer le principe de causalité (les causes précèdent les effets)...
...mais pour cela, il faut accepter d'abandonner l'interprétation réaliste du principe de causalité et, au contraire, le considérer comme indissociable de la grille de lecture de l'observateur macroscopique, grille dont émergent les traces du passé et les mystérieuses asymétries temporelles. Cf. Forget time de Riovelli :
Where do all these very peculiar features of the time variable come from? I think that these features are not mechanical. Rather they emerge at the thermodynamical level. More precisely, these are all features that emerge when we give an approximate statistical description of a system with a large number of degrees of freedom. We represent our incomplete knowledge and assumptions in terms of a statistical state ρ.
...Et là, un argument massue (en apparence imparable) fuse à la vitesse de la lumière : la chute de l'astéroïde dans la baie de Yucatan, par exemple. C'est bien un fait de nature bon sang ! Il a provoqué l'extinction des dinosaures !! Ca n'a rien, mais alors rien à voir du tout avec des considérations d'observateur et d'informations accessibles à l'observateur, n'est-ce pas !!!

Les causes précèdent les effets, c'est un principe fondamental, objectif, physique, réel, ne devant rien ni à l'observateur, ni à sa grille de lecture. Sortir de là c'est abandonner la base sur laquelle reposent et sont développées toutes nos connaissances scientifiques actuelles.

Je réserve ma réponse à cette objection, en 1ère approche (et même en 2ème) imparable, à un post ultérieur pour ne pas trop alourdir mon post de réponse déjà conséquent.

(3) Les êtres vivants en fait. Ils partagent sensiblement la même entropie pertinente

(4) Ce point et un certain nombre d'autres sont présentés dans un preprint faisant un tour d'horizon des articles scientifiques traitant de la flèche du temps en : "The arrow of time issue, an overview". Une présentation vulgarisée des mêmes considérations est l'objet de la conférence scientifique grand public sur la flèche du temps de ce samedi 1er Juin à 14h50.

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Re: Le temps

#1792

Message par Gwanelle » 04 juin 2024, 09:49

ABC a écrit : 30 mai 2024, 19:22 Les arguments de Vaidman pour défendre l'objectivité des weak values.
Comme le fait remarquer Vaidman, l'objection selon laquelle ces mesures faibles ne pourraient pas être considérées comme des grandeurs objectives car il s'agit seulement de moyennes d'un ensemble de mesures ne tient pas. Pourquoi ? Parce que, comme il le fait remarquer dans un article répondant à une objection à ce sujet (cf. Weak measurement controversy), un ensemble de systèmes possédant une weak value donnée répond à des interactions avec d'autres systèmes de façon très proche de systèmes individuels qui auraient, effectivement, cette propriété.
Mais, selon moi pour qu'un grandeur soit pensée objective il faut justement qu'elle émerge d'une moyenne d'un grand ensemble de mesures (pour lesquelles il y a individuellement dépendance à l'observateur). C'est grace aux convergences des lois des grands nombres qu'il émerge des grandeurs objectives.

Par exemple même si aucune grandeur n'est véritablement indépendante de l'observation, ça n'empêche pas l'homme de décrire le monde macroscopique avec des grandeurs objectives puisqu'il se place au niveau de description où la dépendance à l'observateur peut être ignoré
(l'indétermination de Heisenberg peut être négligé au niveau macroscopique mais s'applique bien universellement, en toute rigueur).


ABC a écrit : 30 mai 2024, 19:22 pour ne pas trop alourdir mon post de réponse déjà conséquent.
Tes posts me rendent timide. Ils me donnent le sentiment d'être la seule à profiter de nos échanges.
Ôte-toi de mon soleil !

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Re: Le temps

#1793

Message par ABC » 04 juin 2024, 12:27

ABC a écrit : 30 mai 2024, 19:22Les arguments de Vaidman pour défendre l'objectivité des weak values.
Comme le fait remarquer Vaidman dans un article répondant à une objection à ce sujet (cf. Weak measurement controversy), un ensemble de systèmes possédant une weak value donnée répond à des interactions avec d'autres systèmes de façon très proche de systèmes individuels qui auraient, effectivement, cette propriété.
Gwanelle a écrit : 04 juin 2024, 09:49Mais, selon moi pour qu'une grandeur soit pensée objective il faut justement qu'elle émerge d'une moyenne d'un grand ensemble de mesures (pour lesquelles il y a individuellement dépendance à l'observateur).
Pour éviter tout risque de présenter incorrectement les arguments assez subtils de Vaidman concernant son interprétation des résultats de mesure faible, je vais privilégier la citation d'extraits de son article Weak measurement controversy
.
The statistical nature of weak values was questioned. Although measuring weak value requires an ensemble, it is argued that the weak value, similarly to an eigenvalue, is a property of a single pre- and post-selected quantum system (1).
.
Even among proponents of this concept, the weak value is frequently understood as a mere generalization of the expectation value
for the case when the quantum system is post-selected, i.e., a conditional expectation value [71, 72]
.
If we have a system with a known eigenvalue of a variable, we know with certainty the result of a measurement of this variable. This is what makes this situation not statistical. This is not the case if we know that the system is described by a particular known expectation value of a variable.
.
What we have found in [70], is that when the system is described by a weak value, it interacts with other systems almost identically to the system described by numerically equal eigenvalue, but significantly different from the case of numerically equal expectation value.
.
(1) Si, entre 2 mesures fortes de présélection de spin up et de post sélection de spin droits d'un ensemble de spin 1/2, je fais des mesures faibles de spin selon un angle alpha, j'obtiens une valeur qui
  • d'une part confirme (presque) sans perturber les systèmes observés, une prédiction que je peux faire connaissant l'état up préselectionné et l'état right post sélectionné.
  • d'autre part, comme dans le cas d'un système possédant un propriété obtenue à l'issue d'une mesure quantique forte, la weak value donne un comportement caractérisant individuellement le système concerné.
[70] Vaidman L, Ben-Israel A, Dziewior J, Knips L, Weißl M, Meinecke J, Schwemmer C, Ber R, Weinfurter H. 2016 Weak value beyond conditional expectation value of the pointer readings

[71]Wiseman HM. 2002 Weak values, quantum trajectories, and the cavity-qed experiment on wave-particle correlation.
Phys. Rev. A 65, 032111.

[72]Dressel J, Malik M, Miatto FM, Jordan AN, Boyd RW. 2014 Colloquium: Understanding quantum weak values: Basics and applications. Rev. Mod. Phys. 86, 307–316.
.
Gwanelle a écrit : 04 juin 2024, 09:49Tes posts me donnent le sentiment d'être la seule à profiter de nos échanges.
Le nombre de lectures me semblent indiquer que ce fil est suivi en lecture par pas mal de participants silencieux (à moins qu'il s'agisse de bots ?). Toutefois, je développerai le point que j'ai laissé en suspens seulement si tu en poses la question.

Pour rappel, il concerne l'objection réaliste suivante : comment oser attribuer le principe de causalité aux limitations d'accès de l'observateur à l'information (son absence de connaissance des évènements futurs) alors que les causes naturelles, les causes ne devant absolument rien à l'observateur (2) respectent parfaitement le principe de causalité (les causes précèdent les effets) ?

(2) Comme, par exemple, la chute de l'astéroïde en partie responsable de l'extinction des dinosaures il y a 66 millons d'années. Comment peut-on oser impliquer l'observateur dans cette cause naturelle qui ne lui doit absolument rien ? C'est absurde !

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#1794

Message par Zebra » 04 juin 2024, 13:31

ABC a écrit : 04 juin 2024, 12:27
Gwanelle a écrit : 04 juin 2024, 09:49Tes posts me donnent le sentiment d'être la seule à profiter de nos échanges.
Le nombre de lectures me semblent indiquer que ce fil est suivi en lecture par pas mal de participants silencieux (à moins qu'il s'agisse de bots ?).

Il y a probablement plusieurs personnes qui préfèrent lire vos échanges sans intervenir. Le risque de dire des bêtises monumentales (quand "on a pas tout à fait" gros euphémisme le même niveau que les intervenants) est énorme. Vos discussions sont remplies d'argumentations scientifiques, d'explications, de liens et de fichiers, d'analogies, d'exemples concrets et j'en passe. C'est une superbe source d'apprentissage pour quiconque lisant vos échanges.

ABC a écrit : 04 juin 2024, 12:27 Pour rappel, il concerne l'objection réaliste suivante : comment oser attribuer le principe de causalité aux limitations d'accès de l'observateur à l'information (son absence de connaissance des évènements futurs) alors que les causes naturelles, les causes ne devant absolument rien à l'observateur (2) respectent parfaitement le principe de causalité (les causes précèdent les effets) ?

(2) Comme, par exemple, la chute de l'astéroïde en partie responsable de l'extinction des dinosaures il y a 66 millons d'années. Comment peut-on oser impliquer l'observateur dans cette cause naturelle qui ne lui doit absolument rien ? C'est absurde !
ABC a écrit : 04 juin 2024, 12:27 Toutefois, je développerai le point que j'ai laissé en suspens seulement si tu en poses la question.

Le point laissé en suspens a été développé durant la conférence. SVP Gwanelle :prie:, peux-tu poser la question afin que les lecteurs (surtout ceux ayant assistés à ladite conférence) aient la réponse d'ABC* ?

*Et ainsi, peut-être valider leur compréhension (ou pas, c'est selon héhé !)
Je préfère et de loin, une vérité emballée dans un papier sablé qu'un mensonge emballé dans un papier de soie.


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Re: Le temps

#1795

Message par spin-up » 04 juin 2024, 14:14

ABC a écrit : 30 mai 2024, 19:22 Le principe T-asymétrique de causalité est donc (selon moi) un principe émergeant :
  • de notre connaissance du passé enregistrée dans les traces du passé, des traces du passé découlant de notre grille de lecture thermodynamique statistique,
  • de notre absence d'informations (accessibles, décodables, reproductiblement lisibles et fiables) relatives à des évènements futurs.
Bref, pour ma part, je ne considère pas la symétrie-T comme une violation du principe de causalité mais comme un élement prouvant que l'asymétrie temporelle doit revenir à qui de droit : l'observateur et sa grille de lecture, une grille de lecture dont émerge la notion de traces du passé. Ces traces du passé, les asymétries temporelles qui en découlent et les informations intersubjectives que nous détenons "sur l'univers" n'existeraient tout simplement pas sans notre grille de lecture (si nous n'étions pas myopes, nous serions aveugles) (4).
Le fait qu'il existe une classe d'observateur pour laquelle le temps est asymétrique ne montre elle pas de fait une asymétrie générale?

Pour dire qu'il y a une vraie symétrie-T, Il faudrait montrer qu'il peut exister des observateurs différents. Par exemple, des observateurs qui ne voient que des traces du futur, ou des observateurs pour lequel le temps est symétrique.

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Re: Le temps

#1796

Message par ABC » 05 juin 2024, 09:06

spin-up a écrit : 04 juin 2024, 14:14Le fait qu'il existe une classe d'observateurs pour laquelle le temps est asymétrique ne montre elle pas de fait une asymétrie générale?
La violation de symétrie CPT, donc d'unitarité, par l'indéterminisme et l'irréversibilité observable des évolutions (dont la mesure quantique (1)) est générale/intersubjective pour une classe d'observateurs : les êtres vivants (selon moi).

Les êtres vivants ont une même grille commune de lecture, la même entropie pertinente (cf. Incomplete descriptions and relevant entropies, 1999, Balian). Il s'agit de la quantité d'information manquant à l'observateur macroscopique pour caractériser l'état microscopique d'un système physique donné connaissant son état macroscopique (2).

Comment émergent l'indéterminisme, la violation de réversibilité et le principe de causalité ?
Ils émergent (selon moi, mais ce point de vue me semble majoritaire) de l'absence de traces reproductiblement lisibles du futur. Vis à vis de notre grille de lecture thermodynamique statistique, les traces du futur ne nous sont pas accessibles. Les traces du futur (les atomes d'un futur animal ou d'une future plante par exemple) n'ont pas l'accessibilité, la décodabilité, la stabilité et la résistance aux agressions de l'environnement garantissant l'intersubjectivité à l'origine de l'existence (pour nous, êtres vivants) de traces du passé.
Cf. Déterminisme et libre arbitre

Les traces du passé émergent de notre myopie,
Les traces du passé émergent d'un partitionnement intersubjectif (dans tout le règne du vivant) des états microscopiques en gigantesques classes d'équivalence d'états macroscopiques percus comme peu ou pas distingables. Vis à vis de notre grille de lecture, ces états sont stables. Le passage d'un état microscopique à un autre au sein d'un même état macroscopique s'opère à l'insu de l'observateur macroscopique (3).

Ces changements sont non pertinents vis à vis de notre grille de lecture. C'est notre grille de lecture thermodynamique statistique, le manque intersubjectif d'information associé à cette grille, qui fait émerger le temps (cf Le temps macroscopique, 1995, Balian)...
...et en fait, toutes les informations (qualifiées, selon un abus de langage inévitable, de propriétés de l'univers) avec lesquelles nous caractérisons nos interactions avec l'univers.

(1) Sans prise en compte du manque d'information de l'observateur sur les états quantiques postsélectionnés, la mesure quantique est time-symmetric comme l'on explicité en 1964 Aharonov, Bergmann et Lebowitz Time Symmetry in the Quantum Process of Measurement, Phys. Rev. 134, B1410, Aharonov, P. G. Bergmann, J. L. Lebowitz (1964). Cf. aussi A Time-Symmetric Formulation Of Quantum Mechanics, November 2010 Physics Today 63(11):27 Yakir Aharonov, Sandu Popescu, Jeff Tollaksen.

(2) L'état macroscopique est caractérisé par seulement un tout petit nombre de grandeurs pertinentes à une échelle d'observation macroscopique : volume, pression, température, acidité, humidité, poids... en regard du nombre gigantesque d'informations requises pour caractériser complètement un état microscopique.

(3) Si j'écris un numéro de téléphone sur une feuille de papier et que je le mets dans ma poche, le lendemain, l'état microscopique de ma feuille de papier aura changé du tout au tout... ...Et pourtant il y sera toujours écrit le même numéro de téléphone.
spin-up a écrit : 04 juin 2024, 14:14Pour dire qu'il y a une vraie symétrie-T, Il faudrait montrer qu'il peut exister des observateurs différents. Par exemple, des observateurs qui ne voient que des traces du futur, ou des observateurs pour lequel le temps est symétrique.
Si on élimine le rôle de l'observateur, il y a symétrie CPT, donc unitarité des évolutions, déterminisme et réversibilité et donc ni indéterminisme, ni écoulement irréversible du temps (cf. Déterminisme et libre arbitre et The time arrow issue, an overview).

Comme le font remarquer Sean Caroll et Huw Price, la flèche du temps implique une violation de symétrie CPT.

Time-Reversal Violation Is Not the "Arrow of Time, Sean Caroll, nov. 2012
So BaBar looked at B mesons, they found that T is indeed violated. SLAC press release: “Time’s quantum arrow has a preferred direction, new analysis shows.” that is extremely misleading.
.
Entropy increases with time; we remember yesterday and not tomorrow; ice cubes melt, and don’t spontaneously generate in warm glasses of water; cream and coffee mix and don’t unmix; we are born young and grow older; we can make choices about our upcoming actions but not about our past. This new measurement in the B meson system — indeed, the entire phenomenon of T violation — has absolutely nothing to do with that arrow of time.
.
The particle-physics processes are perfectly reversible. Information is not lost over time; you can figure out exactly what the quantum state used to be by knowing what it is now. It’s “unitary,”
.
Time’s Arrow and Eddington’s Challenge, Huw Price, Séminaire Poincaré XV Le Temps (2010)
The thermodynamic arrow isn’t just a T-asymmetry, it is a PCT-asymmetry as well. There are many familiar process whose PCT-reversed processes are equally compatible with the underlying laws, but which never happen, in our experience.

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Re: Le temps

#1797

Message par spin-up » 06 juin 2024, 14:20

ABC a écrit : 05 juin 2024, 09:06 Comment émergent l'indéterminisme, la violation de réversibilité et le principe de causalité ?
Ils émergent (selon moi, mais ce point de vue me semble majoritaire) de l'absence de traces reproductiblement lisibles du futur. Vis à vis de notre grille de lecture thermodynamique statistique, les traces du futur ne nous sont pas accessibles. Les traces du futur (les atomes d'un futur animal ou d'une future plante par exemple) n'ont pas l'accessibilité, la décodabilité, la stabilité et la résistance aux agressions de l'environnement garantissant l'intersubjectivité à l'origine de l'existence (pour nous, êtres vivants) de traces du passé.
Cf. Déterminisme et libre arbitre
Mais de fait ca forme une orientation temporelle.
Il y a une direction du temps qui laisse des traces accessibles à des observateurs munis d'une grille de lecture thermodynamique statistique, et une qui n'en laisse pas. Elles ne sont pas équivalentes...

...sauf si, il existe des grilles de lectures qui fonctionnent dans le sens opposé. Auquel cas, le futur et le passé sont effectivement equivalents.

Je comprends l'idée que la direction du temps est une propriété emergente a l'échelle macroscopique et statistique. Mais elle emerge tout de même, et à moins que je me trompe, il n'emerge qu'une seule direction.
ABC a écrit : 05 juin 2024, 09:06 Si on élimine le rôle de l'observateur, il y a symétrie CPT, donc unitarité des évolutions, déterminisme et réversibilité et donc ni indéterminisme, ni écoulement irréversible du temps (cf. Déterminisme et libre arbitre et The time arrow issue, an overview).
Mais on ne peut pas éliminer le role de l'observateur. Les observateurs existent et leurs observations myopes orientées dans le temps agissent sur la réalité.

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Re: Le temps

#1798

Message par Gwanelle » 06 juin 2024, 16:57

Zebra a écrit : 04 juin 2024, 13:31
ABC a écrit : 04 juin 2024, 12:27 Pour rappel, il concerne l'objection réaliste suivante : comment oser attribuer le principe de causalité aux limitations d'accès de l'observateur à l'information (son absence de connaissance des évènements futurs) alors que les causes naturelles, les causes ne devant absolument rien à l'observateur (2) respectent parfaitement le principe de causalité (les causes précèdent les effets) ?

(2) Comme, par exemple, la chute de l'astéroïde en partie responsable de l'extinction des dinosaures il y a 66 millons d'années. Comment peut-on oser impliquer l'observateur dans cette cause naturelle qui ne lui doit absolument rien ? C'est absurde !
ABC a écrit : 04 juin 2024, 12:27 Toutefois, je développerai le point que j'ai laissé en suspens seulement si tu en poses la question.

Le point laissé en suspens a été développé durant la conférence. SVP Gwanelle :prie:, peux-tu poser la question afin que les lecteurs (surtout ceux ayant assistés à ladite conférence) aient la réponse d'ABC* ?

*Et ainsi, peut-être valider leur compréhension (ou pas, c'est selon héhé !)

Pardon, essayer de comprendre "lentement" ne me gêne pas, je n'ai aucune retenue à réfléchir pendant des jours, faire des hypothèses, me tromper, faire des erreurs, avant de poser des questions qui risquent de me donner trop vite "sur un plateau" une réponse .
La première fois que j'ai entendu les arguments du type "l'univers existait objectivement avant qu'il y ait des observateurs" c'était contre le solipsisme convivial (Wigner).
Je ne voyais pas (personnellement) les raisons objectives de considérer qu'un événement tel que la disparition des dinosaures serait indépendant de l'observateur alors qu'un événement qui se passe juste devant l'observateur non, l'un est plus loin que l'autre mais les deux sont également dans l'univers observable de toute façon (sans que l'un ait plus de valeur intrinsèque, objective, que l'autre), on parle dans les deux cas d'une information préservée concernant un événement... pourquoi la plus loin de nous serait (objectivement) indépendant de nous et la plus prés ne le serait pas ?
Je ne veux penser à l'objection de l'objection que quand je serai sure d'avoir compris la pertinence de l'objection déjà.
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Re: Le temps

#1799

Message par Jean-Francois » 06 juin 2024, 17:36

ABC a écrit : 05 juin 2024, 09:06L'état macroscopique est caractérisé par seulement un tout petit nombre de grandeurs pertinentes à une échelle d'observation macroscopique : volume, pression, température, acidité, humidité, poids... en regard du nombre gigantesque d'informations requises pour caractériser complètement un état microscopique
Commentaire purement sémantique: "microscopique" n'est possiblement pas le terme adéquat parce que vous parlez de phénomènes sub-atomiques. L'échelle microscopique est, grosso modo de l'ordre de la grosse molécule à l'assemblage de cellules (i.e., tissu biologique). C'est pourquoi je ne suis pas trop d'accord avec cette affirmation:
"Si j'écris un numéro de téléphone sur une feuille de papier et que je le mets dans ma poche, le lendemain, l'état microscopique de ma feuille de papier aura changé du tout au tout..."

Elle paraitra un peu plus froissée au microscope mais sa texture sera sensiblement la même que la veille. Par contre, au niveau sub-atomique, les caractéristiques des protons, électrons, etc., auront probablement changé du tout au tout.
Et pourtant il y sera toujours écrit le même numéro de téléphone
N'est-ce pas, justement, parce que tout indique que le temps suit une "direction" unique à l'échelle "newtonienne" que l'on considèrerait comme paranormal le fait que le numéro n'ait jamais été inscrit sur le papier après une nuit dans la poche?

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Re: Le temps

#1800

Message par ABC » 06 juin 2024, 18:04

ABC a écrit : 05 juin 2024, 09:06 Si on élimine le rôle de l'observateur, il y a symétrie CPT, donc unitarité des évolutions, déterminisme et réversibilité et donc ni indéterminisme, ni écoulement irréversible du temps (cf. Déterminisme et libre arbitre et The time arrow issue, an overview).
spin-up a écrit : 06 juin 2024, 14:20Mais on ne peut pas éliminer le role de l'observateur. Les observateurs existent et leurs observations myopes orientées dans le temps agissent sur la réalité.
C'est très proche que je voulais dire. Les propriétés que nous attibuons à la réalité émergent de notre grille de lecture, cad notre façon de partionnionner les états "microscopiques" (au sens pic de Dirac dans l'espace de phase en physique classique et état quantique pur en physique quantique) en gigantesques classes d'équivalence d'états macroscopiques caractérisés par un tout petit nombre de grandeurs macroscopiques caractérisant cette grille de lecture (cf. Incomplete descriptions and relevant entropies, 1999, R. Balian).

La quantité d'information caractérisant un état macroscopique est très très inférieure à celle requise pour caractériser l'un de ses états microscopiques. C'est ce mécanisme qui (selon moi) engendre les traces du passé, l'irréversibilité des évolutions et leur indéterminisme (la fuite d'information), la classification des évènements en évènements passés et évènements futurs, le principe de causalité et l'écoulement irréversible du temps (1). Le temps absolu Newtonien a perdu sa direction universelle avec la Relativité Restreinte (2), il a perdu sa flèche objective supposée avec la physique statistique.

Bien que nous soyons du même avis à ce sujet, il n'y a pas unanimité. Prigogine, par exemple, était vent debout contre l'attibution d'un rôle à l'observateur concernant la flèche du temps. Je le cite "Nous sommes les enfants de la flèche du temps, nous n'en sommes pas les parents", cf. la vidéo Ainsi parle ... ...Ilya Prigogine, canal U, plus particulièrement à 16m28s et les 2 minutes suivantes (mais cette vidéo de 40 minutes est très intéressante à être lue en entier, notamment concernant les structures dissipatives).

Ce point de vue d'une irréversibilité et d'un indéterminisme tous 2 objectifs : Toutefois, l'une des dernières occasions d'attribuer à la flèche du temps cosmologique un caractère objectif, reposait sur l'évaporation des trous noirs. Pendant un certain temps, Hawking pensait engendrer, via ce phénomène, une violation de la préservation de l'information. Hawking a finalement reconnu en 2004 avoir perdu le pari engagé en 1997 avec Preskill quant à la perte définitive d'information par évaporation des trous noirs, une perte objective d'information qu'il avait conjecturée. cf. à ce sujet : Je n'ai toujours pas répondu à l'objection réaliste rejetant l'attribution d'un rôle à la grille de lecture thermodynamique statistique de l'observateur concernant le principe de causalité (un rôle du coarse graining en physique statsitique), un rôle faisant tomber le principe de causalité de son piédestal de principe fondamental à celui d'émergence statistique. Je le ferai, car c'est une question de Zebra
Zebra a écrit : 04 juin 2024, 13:31Zebra
mais pas dans ce mail. Il serait trop long.

(1) Cf. La vidéo de la conférence sur la flèche du temps. Elle reste accessible pendant 6 mois à 1 an selon la fréquence des inscriptions.

(2) On peut réintroduire une direction d'écoulement du temps privilégiée sans violer l'invariance relativiste en RG en y réintroduisant l'observateur via son diamant de Lorentz (l'intersection du cône de futur de sa naissance avec le cône de passé de sa mort), un observateur que notre physique fin 19ème siècle, objective, déterministe, réversible pensait avoir réussi à éliminer.
Cf. Diamonds's Temperature: Unruh effect for bounded trajectories and thermal time hypothesis, 2004, P. Martinetti, C. Rovelli
Dernière modification par ABC le 06 juin 2024, 23:05, modifié 1 fois.

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