jean7 a écrit : 18 janv. 2022, 23:58[...]Pour le bourreau, je voyais cette pratique plus comme un appel au sens moral. Mais après tout, on peut considérer ça comme une souffrance par le témoin. Ça reste qu'il ne ressent pas du tout ce que ressent un supplicié physique.
Tu encules les mouches, joue sur les mots et, comme Kraepelin le mentionne, tu confonds souffrance physique et psychologique.
Par définition, être empathique implique un être qui
n’est pas en train de vivre ce dont envers quoi se manifeste son empathie, sinon ce ne serait pas de l’empathie, mais l’expérimentation de la situation comme telle!
Donc, naturellement qu’en étant empathique l’on ne ressent pas tout ce que ressent, précisément à la virgule près (
jusqu’au bout du bout du bout, comme le dirait Denis), ce qu’expérimente le sujet.
Mais si l’on torture devant toi un être humain et que seul « l’appel à ton sens moral » s’active dans ton cerveau, sans que tu ne ressentes rien « émotico-psychologiquement » (
et même physiquement), c’est que tu fais probablement partie des « psychopathes » dont le cerveau ne génère pratiquement aucune empathie. L’empathie n’est pas qu’une « compréhension technico-intellectuelle », c’est aussi un ressenti émotionnel et parfois même tout ce qu’il y a de plus « physico-matériel »!
Par exemple, certains peuvent avoir de fortes réactions physiques, comme vomir à la vue de trucs immonde. D’autres, à la vue d’un mec qui reçoit un coup de pied dans les couilles, leur entrejambe se crispe et ressentent comme un choc électrique le long de la colonne vertébrale. Idem dans le cas où l’on observe un sportif qui se casse un membre avec fracture ouverte! Dans d’autres circonstances, nous pouvons avoir la chair de poule. Et comme Kraepelin le mentionne, de par ce que nous avons déjà expérimenté provoquant souffrance et douleur, le cerveau procède par association et « interpolation ». C’est d’ailleurs en quoi consiste certaines méthodes destinées aux acteurs! Et certains d’entre eux, qui entrent profondément dans leur personnage pendant plusieurs semaines lors d’un long projet de film ont parfois du mal à sortir du personnage ensuite.
Bref, personne ne prétend qu’être empathique est égal à devenir « un parfait clone » (
en terme de ressenti et de sensation) de celui qui vit telle ou telle situation, mais prétendre qu’on ne peut comprendre et/ou avoir une idée assez juste, dans les grandes lignes, de ce que peuvent vivre, ressentir et éprouver certains individus est absurde (
si l’on tient compte du fait que personne n’a exactement la même faculté d’empathie et donc qu’il est impossible de trancher pour tous et en toute situation).
Mais bon tu as dit que ce n’est pas ce que tu contestes. Mais...
jean7 a écrit : 18 janv. 2022, 23:58En ce sens, dire "on ne peut pas ressentir la souffrance d'un autre" ma semble une assertion exacte. En mode redico, je lui donnerais au moins 80% dans l'état de ce que j'en sais ou pense en avoir compris.
...sauf que de focaliser sur une formulation précise comme «
on ne peut pas ressentir la souffrance d'un autre [sic] » pour en faire une espèce d'assertion qui serait à valider/réfuter scientifiquement (
pour trancher une question bcp plus complexe qui ne se résume pas qu'a cette formulation) n’est pas pertinent en ce sens qu'il est évident (
sans même avoir besoin de réaliser l'expérience) que l'activité totale du cerveau d'un individu empathique doit nécessairement différer de l'activité du cerveau de l'individu faisant l'objet d'empathie (
c.f mon introduction : être empatique ≠ expérimenter la situation)! D’ailleurs, même entre deux individus recevant un coup de marteau sur un doigt, la douleur n’est pas forcement équivalente en terme d'intensité!
Mais bon, invoquer les notions de « conscience phénoménale » et/ou de «
qualia » me paraît inutile dans le cadre où il est évident, dès qu’on a un enfant, P. Ex., entre autres, qu’on peut (
enfin certains, plutôt empathique que le contraire, peuvent) très bien, non seulement « comprendre techniquement », mais aussi ressentir un tantinet ce que peuvent ressentir (
bcp plus intensément, c’est certain, c'est une évidence!!!) des parents qui, P. Ex., entre autres, perdent un enfant dans des circonstances dramatiques.
Ce qui est vrai ou exact (
la nuance), cependant, c’est que parfois certains individus (plutôt ptétencieux) s’imaginent tout savoir et/ou être « meilleur~plus endurant » (
par association d’expérience similaire et/ou se rapprochant de) ce que vivent certains, alors qu’ils ne se doutent pas de l’intensité que ces derniers peuvent ressentir ou subir (
qui est bcp plus intense de ce qu'eux ont vécu~expérimenté). Autrement dit, P. Ex., entre autres, ce n’est pas parce qu’on a expérimenté n douleur~souffrance lors de telle ou telle situation similaire qu’un autre individu, lui, n’expérimente pas « n+10 d'intensité » lors d’une expérience similaire. D’où parfois les jugements rapide que certaines portent sur les autres. Mais ça revient à l’exemple « basique » du coup de marteau sur le doigt (
pouvant générer plus ou moins de douleur pour certains) et quand on en est conscient, du fait que l’intensité puisse varier pour une même expérience, ça n’empêche pas de savoir, comprendre et même de pouvoir « ressentir » ce que ressent, jusqu’à un certain point, un individus face à telle ou telle situation et c’est tout ce qui importe!
