davidsonstreet a écrit :Ce serait bien naïf de croire que les ressources énergétiques ne font pas partie des préoccupations des stratèges américains
Ca tombe bien, vu que ce n'est pas ce que je dis...
Je ne reproche pas aux conspiro de s’intéresser à l'aspect géostratégie de l'énergie et des ressources mais de faire systématiquement le raccourcis: s'il y a une guerre X menée par les américains ou Israël (parce que c'est l'un des deux dans 95% des cas) c'est pour voler le [ressources abondantes dans le pays].
Quand bien même l'arrière pensée énergétique et approvisionnement existe, ça n'en reste pas moins une conception extrêmement caricaturale des guerres qui sert en fait juste aux conspiros à faire ce qu'ils adorent: diviser le monde en deux, avec les gentils opprimés d'un coté et les méchants capitalistes/impérialistes de l'autre.
En réalité, la question des approvisionnement sert effectivement de toile de fond à beaucoup de conflit mais ne se résume surement pas à une volonté d'un des belligérants de voler celles de l'adversaire. Pour réellement analyser pas trop mal la situation, il faut prendre en compte les flux, les rapports de force, les alliances formelles ou de fait, les bénéfices politiques...la possession de ressource, si c'est une variable essentielle, n'est pas l'unique variable.
C'est pour ça que l'argumentation de Salusa sur l'armée Iranienne est un bon entrainement. Il balance des raccourcis débiles du type: l'Iran a des gros canons, donc c'est une superpuissance. C'est le même type de raccourci stupide que de résumer toute les politiques militaires de la planète à la seule volonté de piller les ressources d'en face.
En réalité, si on analyse, il y a autant de conflit pour sécuriser des routes d'approvisionnements ou s'assurer une prédominance dans une zone de passage que pour la possession stricto-sensu des ressources.
On en a l'exemple parfait avec l'affaire des iles entre le Japon et la Chine que certains journalistes ont décrit en insistant sur le fait que les iles en question avait peut-être dans leurs zones maritimes des gisements de pétroles, comme si ça suffisait à comprendre la situation. En réalité, ce qui se joue et qui continuera à se jouer sur d'autre soucis territoriaux, c'est le découpage des sphères d'influences en mer de Chine entre la Chine et ses voisins, à savoir le Japon, le Vietnam, l'Indonésie, la Corée du Sud et Taiwan.
Le Japon surtout, craint d'être attiré dans l'orbite chinoise alors qu'elle est devenu un partenaire commercial incontournable et abandonner à ce pays le contrôle de la mer de Chine ça serait dépendre de sa bonne volonté pour l'approvisionnement d'un pays qui dépend massivement de l'extérieur.
Le contrôle d'un maximum d'île est une façon de freiner l’inexorable montée de la puissance maritime chinoise dans ces mers disputées tout en obtenant effectivement quelques ressources potentiels aussi (mais c'est potentiel et je doute qu'un potentiel soit suffisant pour risquer une guerre, sachant que la Chine et le Japon ont été en statu-quo pendant des années...l'enjeu doit être plus compliqué qu'un potentiel pétrolier)
S'y ajoute le contexte historique et politique au moment où le Japon doute de lui même après Fukushima et alors que la crise continue dans le monde et où la Chine fait face à une accumulation de problème que le régime aura du mal à gérer sans se réformer et réformer le pays, alors même qu'il y a des conflits importants au sein du parti.
Et dans les deux cas, le nationalisme est une bonne façon de détourner l'attention. En se battant pour des îles, on oublie qu'on fait face dans les deux pays à un certain nombre de gros problèmes. On ravive donc les souvenirs de la guerre sino-japonaise.
On peut aussi rajouter la question de la présence américaine que tout les acteurs testent en réalité avec les différentes escalades, bêtement parce qu'aucun pays de la région ne veut se retrouver seul contre la Chine et teste donc la capacité des USA à s'imposer dans le pacifique pour savoir si ça vaut le coup diplomatiquement de s'opposer à la montée en puissance de la Chine ou pas.
La question des ressources n'est qu'une part d'un problème globale qui est politique, économique et militaire et qui joue un acte mineure d'une pièce qui tente de déterminer l'équilibre des puissances en Asie (un jeu particulièrement compliqué tant les données territoriales sont complexes, les données économiques plus encore et tant les problèmes posées par la crise deviennent cruciaux dans certains espaces.)
Mais je suis quasi sur que si un conspiro du type de Salusa "analysait" le conflit, il en resterait à "il y a des ressources, donc ils se battent pour" sans plus. Et comme en plus les Japonais sont alliés des américains...
Denis a écrit :Je ne sais pas à quel point la perspective d'une intervention militaire en Iran est réellement un sujet d'actualité.
Il n'y a que Salusa qui parle d'une perspective d'intervention. Même si je la crois personnellement possible, quand je parle d'actualité, je parle plutôt de commenter l'échange diplomatique entre l'Iran, Israël et les USA et la propagande Iranienne. Ce n'est pas des chances d'une intervention que je parles.
Il me semble que c'est plus un sujet endémique qu'un sujet d'actualité.
Je ne pense pas qu'on puisse parler d'endémique.
En réalité ce qui est endémique c'est l'intérêt des médias pour le sujet, mais le sujet en lui même est quasi continu depuis des années et la menace d'une intervention ne passe par par les mêmes modalités depuis tout ce temps.
De plus, la question du nucléaire iranien n'est qu'un volet récent d'une confrontation plus ancienne. Pour la faire courte et probablement raccourcie, l'Iran a depuis des années des ambitions de puissance régionale et une position stratégique importante et ça ne plait pas aux USA en particulier et aux Occidentaux en général puisque l'Iran n'est pas un allié et n'entend pas en être un. S'y ajoutent ensuite des problématiques plus régionales qui s'y superposent.
D'où une confrontation ancienne sur fond de leadership régional (qui est une question plus anciennes encore), de géopolitique du gaz et du pétrole et de sphère d'influence.