Brunaud a écrit :On ne passe pas d'une période à une autre sans heurts. C'est l'histoire qui nous l'enseigne.
En fait, pour être précis, ce que les théories historiques enseignent, c'est que:
-les périodes sont des intervalles de temps commodes définit par les historiens qui dépendent souvent bien plus de l'imaginaire collectif du pays qui établit la chronologie que de la réalité. A tel point que les historiens ont crée des tas de périodes intermédiaires pour décrire mieux les continuités et les ruptures qu'on observe (l'antiquité en compte des dizaines, le moyen-âge 3, 4 voir plus selon les spécialistes....)
Les 4 grandes périodes classiques ne correspondent en fait qu'à peu de réalité, à tel point qu'il y a régulièrement de vif débat pour savoir si on doit placer le dernier siècle de l'empire romain dans le moyen-âge ou l'antiquité, si le quatrocento italien fait encore parti du moyen-âge....la seule coupure qui ne fait quasiment pas débat, du moins en Europe, c'est celle de l'époque moderne, que tout le monde s'accorde à placer autour de la première révolution industrielle).
-Qu'en réalité, le temps et l'histoire s'organise en continuité et rupture qui dépendent des endroits et des thèmes. Par exemple, la fin de l'empire romain qui marque traditionnellement la fin de l'antiquité en France est une rupture forte sur le plan de la symbolique politique, qui enclenchera par la suite les mouvements de restaurations impériales et la structuration du pouvoir entre rois, papes et empereurs pour les siècles suivant. Mais sur le plan de la société, c'est loin d'être une rupture.
La ruralisation est déjà largement en cours, la dominance de l'Eglise comme lien social structure les sociétés anciennement romaines (pas encore les sociétés germaniques en train de se convertir), la décentralisation du pouvoir est également un mouvement en cours, la fin des armées de métiers aussi, le servage commence à poindre....
Donc bon les grandes périodes, c'est largement une invention à postériori pour classer le temps. Et les cycles, n'en parlons pas.
Actuellement, on vit effectivement une période d'importante rupture qui sera peut-être, pour les historiens du futur, un moment marquant la fin et le début d'une période quand ils devront décider de classifier le temps, mais il ne s'agit pas de cycle (qui sous-entend une sorte d'automaticité des mécanismes) et c'est certainement pas lié à des questions new-âge.
Les crises crééent de la misère, la misères jette les gens dans la rue, et quand les gens sont dans la rue le ventre vide, c'est la guerre civile qui couve
En réalité, pas tant que ça. Les périodes de graves misères sont plutôt des facteurs de destructions du lien social et donc de dilution de la société, avec installation d'un chaos rampant mais pas forcement explosif, sinon de manière désordonnée et locale.
Les plus grandes rébellions et guerres civiles demandent d'autres facteurs que simplement la misère et le désespoir ((voir, le désespoir est plus déclencheur de fuite et de repli que de révolte.)
Et d'une certaine manière, c'est d'autant plus risqué, parce qu'une guerre civile ou une rébellion, si elle divise une société, peuvent permettre de la reconstruire après la crise parce que les vainqueurs sauront s'imposer. Dans le cas d'un chaos rampant, il n'y a pas de vainqueur et donc pas d'organisation. La société se dilue donc, migre, se retourne vers le local, au profit de petit chef et engendre en général une corruption et une violence endémique.
Suffit de voir ce qui se passe avec les mafias et les gangs dans certains ghettos ou quartiers pauvres de grandes villes. La rupture de la présence d'une autorité légitime conjugué à peu de perspective d'emploi entraine un développement d'une identité de quartier, d'un repli sur soi et de l'apparition d'autorités locales alternatives, dont certaines s'imposent en général par la violence et le contrôle d'une économie parallèle. La violence devient endémique et la méfiance entre localité et la corruption s'installe.
Il n'y a que rarement des révoltes, mais finalement c'est bien plus grave que s'il y en avait, parce que la société est complètement diluée dans ces endroits et demande un effort considérable pour rebâtir un lien entre les communautés et la société à plus grande échelle.