Nicolas a écrit :Le cerveau produit bien « la » conscience... tout simplement.
Pour moi, ta réponse est, encore une fois, une réponse philosophique, de l'ordre de ce qui est irréfutable, mais aussi pragmatique. C'est une hypothèse (forcée) de travail. Cependant, je ne connais pas la preuve scientifique d'une telle affirmation. Ça semble évident, mais c'est justement ce genre d'affirmation générale qui pourrait donner la fausse illusion de mieux comprendre la conscience en tant que principe.
À mon sens, ton affirmation n'est pas une vérité, mais elle signifie principalement qu'il faut toujours partir de choses connues objectivement pour agrandir indéfiniment cette connaissance objective. J'ai l'impression que tu as possiblement mêlé conclusion (plutôt inconnue, du moins pour l'instant) et hypothèse (point de départ) pragmatique et scientifique évidente.
Je trouve que le terme « produire » peut laisser penser qu'il existerait un lien causal total de la matière vers l'esprit sans autres possibilités. Il semble plus prudent d'utiliser le terme « corrélat » au lieu du terme « produit ». Je ne sais pas si tu y vois une différence. Personnellement, j'en vois une.
Le cerveau est théoriquement un organe que l'on pourra toujours mieux étudier (selon le développement et le potentiel technologique entre autres). En ce sens, au sens biologique, le cerveau est tout à fait définissable et connaissable. Ainsi, ce qu'il produit (je reprends ton terme) devrait être connaissable également. Non? Affirmes-tu alors que la conscience est une notion parfaitement connaissable scientifiquement? L'activité (les constituants) du cerveau qui produit la conscience (le produit) doit être au même niveau compréhensible (causal) que la conscience, puisque cette activité « produirait » celle-ci. Or, d'un point de vue scientifique, il se trouve que la conscience est un terme très vague. Celui-ci est lié à la subjectivité tout comme la volonté, l'intention ou la liberté. Cette notion n'est donc pas au même niveau intégré de l'activité matérielle ou connaissable du cerveau. C'est, grosso modo, ce petit raisonnement qui me fait douter de la valeur scientifique ou réfutable de ton affirmation.
De plus, « quelles » consciences le cerveau génère-t-il? « La » conscience, au sens scientifique, est plutôt une variable et non une constante. Même le simple éveil (non stimulé par une activité ou une pensée consciente quelconque) pourrait être « vécu » d'une façon différente d'une personne à l'autre. Je dirais même qu'il n'est pas impossible qu'il y ait naturellement des formes de conscience (minimale) étrangères hors d'un système cérébral.
Pour l'instant, de toute évidence, il faut maintenir les activités scientifiques qui permettent d'établir le plus objectivement possible les corrélations complexes entre l'activité cérébrale (si possible l'activité corporelle globale ou plus large) d'un individu (avec un passé unique) et des états mentaux (au sens large) témoignés, compréhensibles et raisonnablement fiables (même si une forme d'anthropomorphisation est inévitable). Cela me semble encore l'activité la plus enrichissante pour mieux cerner les multiples facettes de la conscience.
Bref, je suis d'accord pour dire qu'il existe bel et bien des corrélations entre des activités cérébrales précises et des états mentaux (émotionnel, sensitif, etc.) relativement précis. Mais est-ce que cela démontre que le cerveau produit bien la conscience en totalité? Je ne le sais pas. D'une manière partielle, oui, je suis d'accord.
Cependant, j'ai l'impression que, même si elle était générée « complètement » par une activité cérébrale, il subsisterait toujours un mystère en elle-même, ne serait-ce que dans la constatation de quasi innombrables états matériels du cerveau qui puissent changer significativement les façons (peut-être infinies) d'être conscient et donc les comportements. Et cela, c'est sans prendre en considération la possibilité que le cerveau augmente de volume (indéfiniment?) au fil du temps ou le rôle possible des cellules gliales dans le traitement de l'information, par exemple.
Au-delà de l'hypothèse pragmatique/scientifique, penser que la conscience ne puisse réellement pas exister ressemble à une croyance fataliste, à mon avis.