ressuscitée a écrit :Bonne initiative du modérateur.
Si elle vous paraît bonne, vous pourriez peut-être la suivre plutôt que vous évertuer à tenir ce fil aussi éloigné de son sujet original que possible...
Je ne vous ai rien demandé, j'ai juste répondu à vos questions inquisitrices.
J'ai posé
une question directement liée à un sujet que vous avez abordé. Vous avez affirmé être scientifique, j'ai demandé dans quelle branche. Si c'est ça l'Inquisition, pour vous...
Mais puisque vous insistez, et que pour ma part, j'ai déjà répondu à vos questions, je vous interroge à mon tour : que faites-vous dans la vie ? quelle profession ? quelle formation ? quels diplômes ?
Pouvez-vous répondre ?
Bien essayé.
***
Bref, pour en revenir au véritable sujet, voici mon opinion sur les NDE en général :
Il est de fait que la mémoire humaine est tout sauf fiable (avec la possible exception des personnes atteintes d'hypermnésie, mais ces cas sont extrêmement rares). Contrairement à l'idée qu'on s'en fait, toute la recherche en neurologie et psychologie confirme que les souvenirs sont des
interprétations, non des
enregistrements. La mémoire peut changer la couleur d'une voiture ou la forme d'une pièce (oui, je sais, je paraphrase
Memento, mais je vous merde, c'est un bon film et j'aime bien Christopher Nolan). Et lorsqu'en plus il s'agit de souvenirs remontant à plusieurs années -voire plusieurs décennies-, alors là, la fiabilité tient rien de moins que du miracle (sauf peut-être pour certaines personnes atteintes d'Alzheimer, mais je n'en jurerais pas).
Il est de fait également que les faux souvenirs induits existent, notamment dans les cas où l'hypnose est employée. Je ne saurais me prononcer sur leur fréquence, je ne connais pas suffisamment le sujet. Je conseille en tous cas à ceux que cela intéresse de se renseigner sur la technique "
Lost in the mall", d'Elizabeth Loftus, qui démontre avec quelle aisance on peut induire de faux souvenirs chez une personne (par le moyen notamment de la confabulation).
Il est de fait aussi que l'humain, étant par nature un animal social, peut être -et est régulièrement- influencé par son entourage, que ce soit volontaire de la part dudit entourage ou non. C'est ce qu'on appelle la
contagion sociale de la mémoire (dit comme ça on dirait une maladie...).
Prenons par exemple le cas (assez terrifiant mais très intéressant) du
procès contre la maternelle McMartin, aux USA. Durant ce procès, des enfants (360 en tout !) ont affirmé en toute bonne foi se souvenir d'abus sexuels par leurs enseignants. Tout cela fut pris très au sérieux par la police -du moins initialement-, jusqu'à ce qu'un psychologue clinicien (le Dr Michael Maloney) fasse remarquer que les enquêteurs avaient -tout à fait involontairement- influencé le témoignage des enfants, en leur posant des questions biaisées et en les récompensant en cas de réponse jugée "valide" (=utile pour leur enquête). Lesdits témoignages devinrent rapidement rocambolesques -mais pourtant toujours honnêtes !- puisque les gosses affirmèrent se rappeler avoir vu leurs enseignants pratiquer des rites sataniques, voler comme des oiseaux, voyager en montgolfière et traîner les enfants dans tunnels souterrains. Un enfant affirma même avoir été abusé par Chuck Norris !
Pourtant, affirma le procureur et de nombreuses personnes, si tant d'enfants affirmèrent avoir été violées, et vu que beaucoup de leurs histoires concordèrent, c'est forcément qu'il s'était passé quelque chose !... Eh ben non.
Le pire, c'est que c'est loin d'être le seul cas de ce genre dans le monde judiciaire. Il y a une raison pour laquelle les témoignages sont jugés moins importants que les preuves matérielles.
Il est de fait, enfin, même si peu de gens le savent, que tout le monde peut être sujet aux illusions et aux hallucinations. En fait, un être humain sur deux fera une hallucination auditive durant sa vie. Ajoutez à cela le fait qu'il est la plupart du temps impossible de savoir s'il s'agissait bien d'une hallucination et il y a rapidement de quoi devenir parano si on n'y prend pas garde...
De tout cela, je conclus que se baser sur des témoignages, c'est se baser sur des sables mouvants. Il ne s'agit pas d'assumer que tous les témoins sont des menteurs, des idiots ou des fous (comme se plaisent à l'affirmer plusieurs personnes sur ce fil, aucun zézé n'a jamais affirmé cela et ça ne fait avancer aucun débat d'ériger de tels hommes de paille), mais simplement de constater que, puisque la mémoire n'est pas fiable, puisqu'il n'est pas possible de savoir qui enjolive/déforme -volontairement ou non- ses souvenirs, puisqu'enfin on ne peut pas déterminer qui n'a pas simplement "créé" un souvenir, alors on ne peut tout simplement pas raisonnablement utiliser des témoignages comme preuve de quoi que ce soit.
À lire absolument (en anglais, désolé) :
Reconstruction of Automobile Destruction : An Example of the Interaction Between Language and Memory, d'Elizabeth Loftus et John Palmer. Comme l'indique le titre, c'est un exemple et non une étude, mais c'est néanmoins très instructif.