Lulu Cypher a écrit :Je conçois que tu ne trouves pas forcément mes propositions irréfutables... mais il te suffit de considérer que je suis ce nouvel interlocuteur pour que d'un seul coup une proposition qui n'était pas irréfutable avant le devienne.
Il faut tout de même démontrer logiquement qu'une certaine proposition est irréfutable (ou réfutable). Il faut donc que la personne qui soutient une telle affirmation explique en quoi cette affirmation serait irréfutable (ou réfutable). Ce n'est pas une question de goût, de décision personnelle ou de jugement, mais de précision théorique. Un « pion » gris est peut-être réfutable sans que nous ayons réussi à voir qu'il l'était du fait que nous n'aurions pas évalué suffisamment ou correctement les conséquences logiques du cadre théorique qui, aussi, peut être significativement (toujours) incomplet. Il me semble important de les considérer dans notre analogie du plateau. Enfin...
Lulu Cypher a écrit :Établis une proposition qui est irréfutable pour toi et qui ne soit pas une proposition alambiquée ou totalement étrangère à notre mode de pensée minimalement pragmatique (pourquoi?) et j'essaierai de calquer mon interprétation sur cette proposition.
J'ai parlé de plusieurs choses irréfutables déjà. J'en écris quelques-unes et choisis celle qui te semblera la plus propice à démontrer ton interprétation.
● Multivers.
● Principe de la conscience absolue.
● Le hasard pur sans cause.
● L'immortalité d'une forme relative (vivante).
● L'existence d'un véritable libre arbitre (non forcément « individuel »).
● Principe de l'égoïsme.
● Certaines interprétations de la relativité restreinte et de la théorie quantique (voir les propos de ABC).
● Dualité implicite du couple « sujet/objet ».
● Intention fondamentale.
Ces exemples ne sont surement pas mutuellement exclusifs, mais font grandement appel à des propos irréfutables et subjectifs. Si je reprends l'exemple de l'immortalité d'une forme vivante, je suppose (à priori) qu'il y aura toujours des représentants de l'espèce (vivante) que l'on observe. En effet, si des extraterrestres nous observent et qu'ils ont (éventuellement) la confirmation parfaite que tous les humains sont morts, alors la théorie « tous les humains sont mortels » devient plutôt un fait (historique) et n'est plus vraiment une théorie au sens qu'il n'y a plus de prédiction à faire. De toute façon, je crois comprendre un peu mieux là où tu veux en venir et je pense savoir quel type d'interprétation tu me proposeras. On verra...
Revenons à l'exemple de Zeus, si tu le veux. Il y a plusieurs interprétations de la signification du terme « Zeus ». Si Zeus est cet être invisible marié à sa sœur et ayant les caractéristiques mythiques qu'on lui connait, alors la probabilité de son existence tend déjà vers zéro du simple fait de la logique et du bon sens. On est dans une situation similaire à celle du chapeau invisible. Ici, l'investigation scientifique ne fait pas baisser significativement cette probabilité d'existence déjà presque nulle.
Par contre, si Zeus représente seulement la volonté d'un être transcendant qui cherche, d'une façon générale, à interagir avec nous ou à nous façonner sans que l'on en sache la raison, alors il n'y a pas la possibilité de rendre cette volonté réfutable, puisqu'il est toujours possible d'imaginer une autre explication (narcissique) de plus en plus indirecte que celle déjà réfutée lorsque cette explication est réfutable.
Aussi, Zeus pourrait seulement être un terme pour représenter notre ignorance du phénomène de la foudre. Si l'on affirme que cette ignorance est, par nature, totale et indépassable, alors nous sommes dans une croyance injustifiée, car il n'est pas impossible d'imaginer que l'on comprendra mieux le phénomène un jour ou l'autre. De toute façon, dans ce cas, nous ne sommes plus dans le cadre d'une théorie explicative, qu'elle soit scientifique ou métaphysique, mais simplement dans l'expression manifeste de notre incompréhension.
Ainsi, la question devient la suivante. Le fait de découvrir sans cesse des explications scientifiques à des phénomènes concrets, observables, donc sans la nécessité de l'hypothèse de l'existence d'une « intention inconnaissable », est-il la démonstration d'une baisse de la probabilité d'une telle existence? Par exemple, en physique quantique, l'impossibilité (actuelle) de démontrer scientifiquement que le hasard (qui survient lors de la mesure) n'est pas la conséquence de causes déterminées permet-elle de conclure que l'existence de telles causes est moins probable? Ne faudrait-il pas connaitre l'étendue de l'ensemble de tout ce qui existe et de ce qui nous est totalement inconnu pour conclure positivement aux deux questions précédentes? S'il est effectivement nécessaire de connaitre toute cette étendue pour conclure positivement, alors on ne peut pas, en réalité, conclure positivement aux deux questions, puisque cette connaissance est impossible par définition.
Est-ce que l'augmentation de la compréhension du monde habituel qui nous entoure fait diminuer la probabilité de l'existence d'un monde fondamentalement incompréhensible pour nous? Notre compréhension du monde (de l'univers) n'est-elle pas limitée par la finitude de notre cerveau, par notre conditionnement (subjectif)? Le fait actuel est qu'il subsiste toujours des choses qui échappent à notre compréhension. La quantité de choses que nous savons ne pas bien comprendre ne diminue pas du fait que nous comprenons toujours plus de choses, bien au contraire. Ces choses pas bien comprises sont seulement déplacées, transformées et éloignées de notre expérience quotidienne. La plupart du temps, une réponse engendre une nouvelle question (pas impertinente, à priori) qu'on ne pouvait même pas appréhender avant de connaitre la réponse.
Si nous sommes d'accord sur l'incomplétude intrinsèque de la connaissance, alors on devrait, selon moi, s'apercevoir qu'il n'y a aucun moyen scientifique qui permet de changer significativement la probabilité de vraisemblance d'une proposition complètement métaphysique.
Certains « pions » de la science remplacent certains de l'irréfutabilité de manière involontaire... pas l'inverse.
Vraiment désolé de te reposer encore la question, mais je suis parfois très bête et je n'arrive pas à bien saisir la possibilité (théorique) de ce que tu exprimes. Est-ce que tu pourrais donner un exemple précis et concret d'un tel pion de la science qui remplacerait un certain pion de la métaphysique?
Voici ce que je pense que tu tentes d'exprimer. Si nous supposons que Zeus envoie des éclairs pour nous punir (pour nous faire peur ou pour je ne sais quoi) d'une faute particulière et observable que l'humain aurait commise, alors on pourra établir constamment des hypothèses réfutables. Par exemple, la foudre sera présente après une durée précise (ou un intervalle que l'on déterminera) à la suite d'un comportement précis d'un groupe d'individus. Cette hypothèse est réfutable et sera réfutée. Le fait de pouvoir constamment trouver et réfuter ce type d'hypothèse fait diminuer la probabilité d'existence de ce genre de dieux là. L'augmentation de la connaissance scientifique fait aussi diminuer cette probabilité, puisque les prévisions seront bien meilleures. C'est, en gros, ce que je comprends de ton propos.
Pour ma part, je dis simplement que ces dieux-là n'étaient pas irréfutables à la base, puisqu'il y a moyen de tester certaines de leurs caractéristiques (avant même de connaitre les mécanismes de décharge électrostatique). Il reste la possibilité que Zeus envoie des éclairs selon sa seule volonté propre inconnaissable. Encore là, ce n'est pas une proposition irréfutable (ou bien c'est simplement l'expression de notre ignorance), car l'on peut imaginer pouvoir un jour prévoir toujours mieux la probabilité d'apparition des éclairs à l'intérieur d'un intervalle précis de temps et d'un endroit précis (ou d'en provoquer selon notre volonté propre). Une telle coïncidence entre notre volonté et celle de Zeus étant très peu probable, il s'ensuit du peu de vraisemblance de l'existence de Zeus.
Le danger d'une proposition comme « Zeus envoie des éclairs » est de renforcer notre impression de compréhension (bien qu'il n'y a aucune explication théorique dans cette affirmation) du fait que l'on nomme l'ensemble (que nous avons rendu abstrait, conceptuel) des phénomènes de la foudre par un nouveau nom, une nouvelle étiquette (ici, Zeus). Et là, ça devient simplement l'expression d'une paresse intellectuelle se justifiant faussement par l'inutilité de chercher à mieux comprendre.
Tu sais, je prends plus ça comme un jeu intellectuel.
Malgré l'impression sérieuse que je peux parfois projeter, c'est la même chose pour moi.
Et, il est vrai aussi que nos points de divergences sont relativement minimes, je trouve.