Psyricien a écrit :Définissez donc en quoi cette entité « Dieu » est dotée d'une « conscience pure ». D'ailleurs, qu'est-ce qu'une « conscience pure »?
C'est seulement l'idée subjective d'une conscience pure (ou le principe d'un univers vivant en soi), en ce sens que l'univers lui-même existerait comme un tout en tant que tel, et non seulement en tant que la seule collection de tous les « éléments » existants. On peut aussi penser que c'est une inconscience pure également (mais, à ce moment-là, le terme « créatif » serait moins approprié). De toute façon, ce n'est pas important, car je ne faisais pas allusion à un être suprême défini, mais plutôt à un principe créatif et/ou infini. L'idée logique (totalement inutile scientifiquement, et non scientifique) est simplement d'admettre qu'il puisse exister une réalité inconnaissable à tout jamais pour l'ensemble des entités limitées et mortelles que nous sommes. Que ce soit « Dieu », un principe créatif, une forme d'absolu, un infini, une conscience pure (peu importe), ces appellations demeurent des définitions négatives pour exprimer cette réalité (hypothétique, spéculative). J'espère que tu comprends alors qu'on ne peut pas vraiment définir clairement la « conscience pure » qui n'est qu'une expression additionnelle pour mieux pressentir subjectivement cette idée de possibilité (de principe « vital » créatif).
Pour moi, le terme « existence » est un terme plus fondamental que le temps ou l'espace. Il n'est donc pas illogique en soi d'imaginer des « mondes possibles » sans équivalents visuels dans notre monde concret.
Psyricien a écrit :Ça ressemble à un terme sans grande définition qui « pop » là au milieu de la phrase pour sauver l'appellation « Dieu »... d'un truc, qui (vous l'admettez à demi-mot) est passif!
C'est normal, c'est une définition négative. La créativité, la liberté, ce genre de termes « philosophiques, poétiques » ne peuvent pas vraiment se définir positivement ou de façon scientifique. As-tu déjà vu le terme « créativité » dans le formalisme scientifique? Ses unités? Moi, non! Le sens intuitif de ces termes n'en permet pas une définition précise et positive. Par exemple, si l'on fabrique un programme qui réussit à « créer » une œuvre musicale jugée splendide, peut-on néanmoins parler de véritable « créativité » sachant pourtant le caractère déterministe, algorithmique du programme? Ça serait contradictoire, à mon avis. La créativité est un terme subjectif, relié à nos impressions. Il est donc naturel de ne pas pouvoir le définir objectivement. De là à dire que ça n'existe pas du fait qu'il n'est pas, par nature, un concept suffisamment objectif, c'est un pas que je n'ose pas franchir. Sinon, nous pourrions bien penser que la conscience n'existe pas réellement pour les mêmes raisons.
Processus classique de tout croyant... ajouter des lois ex nihilo, pour justifier que leur Dieu invisible existe même si on ne le voit pas!
Donc, votre « croyance » consiste en un Dieu qui ne fait rien... pourrait-on en connaitre l'utilité?
Pour une énième fois, ce n'est pas ma croyance. C'est relié à l'idée qu'il puisse exister une chose inconnaissable, inobservable (par rapport à une entité limitée et temporaire). C'est juste ça. Pourquoi tant d'acharnement?
Ce principe est donc « passif » par rapport à toute entité précise, à tout observateur, ce qui n'implique pas qu'il soit absolument passif (ou inexistant). Pour moi, il peut exister ou il peut également ne pas exister. Je n'en sais absolument rien. J'ai déjà expliqué en quoi ce sentiment de « Dieu » pouvait être important pour certains (pas pour moi). Et s'il existe réellement, je n'ai effectivement aucune idée de son utilité effective. Ça ne me semble pas un questionnement important.
Si je suis passif vis-à-vis des constituants d'un système, je suis passif absolument du point de vue du système.
Du point de vue d'un système, oui, cette créativité infinie hypothétique est absolument passive. Je dis simplement que ça ne signifie pas qu'elle soit absolument passive ou inexistante en soi. Je n'ai pas défini ce principe par la somme de ces « constituants » ou par un système.
Il n'influence aucun élément constituant de l'Univers, mais il influence l'Univers.
Il est passif en ce sens qu'il est indétectable et inobservable (pour nous). À mon avis, tu t'attardes sur des détails sémantiques sans grande importance.
Vous entendez donc que votre Créativité est « active ». En quoi l'est-elle?
Je ne le sais pas. Je n'entends pas vraiment une telle chose, car je n'arrive tout simplement pas à qualifier positivement quelque chose d'intemporel, d'infini ou de purement créatif.
Si tu changes les définitions à postériori, on ne va pas s'en sortir! Ce n'est pas la définition (« Dieu ») sur laquelle nous nous sommes entendus.
Il y a eu un mal entendu alors. Il me semble que j'avais clairement défini « Dieu » comme un principe « inobservable » au contraire de « dieu » comme une entité (éventuellement observable), un « créateur » de notre univers parmi d'autres créateurs possibles.
Ton numéro d'équilibriste commence à devenir ardu, comme en témoigne le nombre de mots qui requiert maintenant « majuscule » ou « minuscule ».
C'est ton impression. Je la respecte.
Est observable tout ce qui a une action sur un élément du réel!
C'est ta définition de la réalité. Pour moi, la réalité est tout ce qui existe d'une manière ou d'une autre, que la chose soit observable ou non.
« L'univers est infini » et « L'infini ne s'observe pas » implique « L'univers ne s'observe pas ».
Je ne sais pas si l'univers est infini ou non, puisque l'infini ne s'observe pas. L'univers « en entier » (si un tant soit peu on ne le réduit pas à l'univers actuellement visible qui n'est alors pas infini), s'il est infini, ne s'observe effectivement pas (puisque, de plus, nous faisons partie de l'univers et que nous ne pouvons nous détacher de lui afin de l'observer entièrement). On peut observer des « bouts » d'univers cependant. Je me demande qui commet de grosses erreurs de logique élémentaire. En tout cas, je me questionne toujours à ce sujet. Tu sembles confondre des principes (règles) logiques avec des propriétés ensemblistes (d'inclusion). Si une propriété (hypothétique) de l'univers ne s'observe pas, est-ce que ça veut dire que toutes les autres propriétés de l'univers ne s'observent pas? Pas vraiment! D'ailleurs, « l'univers est infini » est déjà une expression qui demanderait quelques précisions avant de tenter un quelconque formalisme à ce sujet.
Psyricien a écrit :Dave a écrit :En ce sens, je ne vois toujours pas ce qui est si grave dans le fait d'affirmer que ce principe « Dieu » (que j'avais déjà précisé dès le départ) ne s'observe pas.
C'est que s'il n'est pas « observable », ça veut dire qu'il n'a (n'a eu et n'aura) aucune action sur le monde réel (l'ensemble des entités interagissant dont nous faisons partie).
Je ne vois toujours pas le problème logique ici, car, contrairement à toi, je n'utilise pas le terme « observation » dans le sens « interaction ». Tout le problème est là, entre ces deux termes. Ce n'est pas pour rien que je pense que notre problème n'est pas vraiment un problème de logique, mais plutôt un problème de définitions différentes. Pour moi, même si cette créativité fondamentale infinie (hypothétique) n'est pas, par essence, observable, ça ne signifie pas qu'elle n'a joué aucun rôle (bien que ce rôle soit incompréhensible), qu'elle n'a eu aucune interaction avec notre univers observable.
Tu décides que la réalité se réduit à la réalité « Observable » et objective, mais ce n'est pas si clair pour moi de comprendre le sens que tu donnes à ces termes. D'ailleurs, on est pas loin des définitions circulaires, rendu à ce niveau. C'est surprenant de penser que tu n'y vois que de la simplicité et de la clarté. De mon côté, je préfère rester prudent, car j'y vois plutôt une complexité (logique, épistémologique). Par ailleurs, tu sembles très intelligent. Il se peut donc que tu comprennes des choses (logiques) que je ne comprends pas. Mais, même en étant très brillant, on n'est tout de même pas à l'abri d'une erreur. Enfin...
C'est donc au même niveau que toutes les croyances débiles sur des choses qui n'ont aucun impact sur le réel.
Ce n'est pas un argument, c'est ta croyance, ton jugement. D'ailleurs, je n'ai jamais dit que j'entretenais une telle croyance en un principe créatif. J'en déduis que tu affirmes que, d'un point de vue logique (et non en mode science), toute affirmation (ou théorie) irréfutable est équiprobable. Je ne suis pas en accord avec cette vision.
Psyricien a écrit :Bref, attention à séparer :
-->Observable
-->Observer
-->Interpréter
Donc, tu as vraiment l'impression que je ne comprends pas la différence entre ces notions? Le problème, c'est que j'y vois là un dialogue inséparable (un tiers inclus) dans la réalité entre ces notions. Bien sûr, elles sont différentes, mais elles ne sont pas complètement disjointes entre elles (en particulier « observation/interprétation »). Il me semble que si cette situation (problématique) était en fait aussi simple (voire simpliste) que tu le prétends, toute épistémologie (théorie de la connaissance) serait probablement un projet de clarification déjà suffisamment réalisée ou très peu utile à poursuivre. C'est vrai que si nous pouvions miraculeusement, complètement séparer l'objectivité de la subjectivité, il n'y aurait surement plus (beaucoup) d'ambigüité. Pour moi, ce n'est pas sans raison que des personnes ont affirmé que « ce qui est incompréhensible est le fait de pouvoir comprendre des choses » (ou quelque chose du genre). Il y a là un mystère, une incomplétude qui persiste, une subjectivité, une métacognition.
Psyricien a écrit :Dave a écrit :J'aimerais poursuivre mon raisonnement, mais, avant, il faudra régler un autre point de désaccord. Es-tu d'accord que, pour un instant donné (pour une période précise), ce que l'on peut observer est un sous-ensemble (stricte) de ce qui peut interagir avec nous (dans cette même période)?
Observation :
« L’observation est une expérience de sélection et de recueil d'informations sur un phénomène. »
Non, ce sont deux ensembles équivalents. Tu confonds ici :
-->La collecte d'information (via l'interaction).
-->Avoir conscience d'avoir collecté de l'information, et savoir/pouvoir l'extraire.
Toujours la même chose, bref un souci de distinction observation/interprétation.
Cette sélection me semble pourtant également présente dans l'extraction des informations. Du moins, une expérience de sélection ne se fait pas sans une attention, sans une conscience minimale. Honnêtement, je n'arrive simplement pas à comprendre comment tu peux penser une telle chose (une telle équivalence).
Par exemple, au 18
e siècle, nous ne pouvions même pas concevoir ce que pouvait être une onde gravitationnelle (du moins, à ma connaissance). Aujourd'hui, nous avons réussi, grâce à des instruments qui n'auraient pas existé sans une certaine conception, une certaine interprétation de la réalité, à détecter de telles ondes. Elles représentent donc des informations (indirectes, interagissant très faiblement à notre niveau) jugées objectives que nous n'aurions pas pu collecter sans cette interprétation de la réalité. Au 18e siècle, cette « information » n'était donc pas observable, bien que de telles ondes « interagissaient » tout de même avec nous (du moins, existaient dans la réalité). Aussi, peut-on dire logiquement que cette information existe de manière purement objective parce qu'elle est observable? Non! De manière intersubjective? Oui!
Je pense que ton idée de réduire la réalité à la réalité observable n'est pas justifiée. Comment aurions-nous pu collecter une information sans l'instrument conçu pour détecter cette information? Si tu rejettes toute forme d'interprétation (de subjectivité) à l'observation, et bien, tu en viens à nier l'observateur (le sujet). L'instrument comme tel n'observe pas les informations qu'il collecte, puisqu'il n'est pas un observateur (forcément un tant soit peu conscient), à moins que tu considères que l'instrument possède en lui-même une conscience minimale (une sorte de proto-conscience qui semble invérifiable)? De toute façon, il y a une continuité naturelle ou volontaire entre l'observation et l'interprétation.
En définissant l'observation (sans observateur) comme étant l'interaction, tu évacues la problématique de la subjectivité, tu l'ignores à défaut d'en tenir compte. La façon dont tu définis l'observation implique que pratiquement tout ce qui existe serait un genre d'observateur. L'instrument qui collecte les photons est un observateur, la roche qui reflète sa forme (qui contient ses propres informations intégrées) serait un observateur, etc. Pour moi, ça devient intenable. Je pense que cette torsion du terme « observation » provient du refus qu'il y ait déjà une certaine forme d'interprétation dans l'observation et une certaine forme d'observation dans l'interprétation. Si ce genre de tiers inclus t'irrite, puisque tu y verrais un côté paradoxal (voire contradictoire), sache qu'il n'est pas exclu que la réalité (immanente) soit « paradoxale ». Pour moi, une observation indétectable n'est pas une observation. Ça me semble être le gros bon sens.
Par ailleurs, ça me rappelle le cas où tu mentionnes que les mathématiques ne sont pas une science, car c'est un outil. Cette façon extrémiste de catégoriser les choses (sans aucune souplesse dans le langage), comme si les mathématiques ne pouvaient pas être les deux à la fois, comme si elles ne formaient pas une science formelle, m'apparait déraisonnable. Ce genre de rigidité radicale me semble néfaste (du moins, dans un dialogue). Je ne crois pas être le seul à avoir remarqué cette facette dans tes propos. Enfin, ce n'est qu'une remarque.